Il n'y a jamais eu de rupture avec le passé, et l'on confond l'accélération du changement (qui est indéniable) avec la discontinuité historique, s'imaginant à tort qu'il existe un point quelconque où l'Histoire finit et où le passé cesse d'avoir un rapport avec le présent. Le progrès, toutefois, est autre chose que la continuité. Les rêves technologiques des années 1880 et 1890 se sont intégrés à nos habitudes, et nous trouvons toute naturelle la transformation des conditions de vie apportée par l'énergie électrique, par l'automobile, le tracteur et l'avion, par les moyens de lutte contre les épidémies et les parasites - pour ne

mentionner que quelques exemples. Il est moins facile de reconnaître le changement, au moins aussi important, apporté par la technologie dans nos perspectives d'avenir. Le fait que nous commençons à nous sentir sous la menace des conséquences dramatiques des inventions techniques, exprimant à quel point est ancrée en nous la conviction que l'être humain a désormais le pouvoir de transformer et de façonner, à son gré et impunément, aussi bien le milieu naturel que le milieu social. 

Le bouleversement des perspectives que cela implique ne date pas du XXe siècle; on peut le faire remonter au XVIIIe et même au XVIIe siècle. Mais c'est seulement en ce XXe siècle que la science et la technologie ont fourni les moyens de réaliser les rêves des temps passés. Et la croyance que l'être humain possède maintenant la maîtrise technique des forces de la nature, lui permettant de balayer tous les anciens fléaux, famine, maladie, misère et les souffrances qui en découlent, ne se limite plus à une poignée de savants ou de visionnaires, mais a pénétré tous les pays et toutes les classes sociales.

L'action de la science et de la technologie sur le fait que les espérances humaines se sont élevées à des hauteurs qui, jadis, eussent été jugées utopiques ou même blasphématoires, s'est vue renforcée par l'évolution sociale et politique du siècle. Jusqu'à une époque que l'on peut situer entre la Révolution française et les malchanceuses révolutions de 1848, l'histoire, au sens ancien de "res gestae", a été le fait d'une minorité, la majorité subissant obscurément son sort ingrat, ne réagissant occasionnellement que par des explosions de rébellion paysanne ou de guerre civile. Il n'y a guère que cent soixante-dix ans que la majorité a commencé à jouer dans l'histoire un rôle actif et suivi. On pourrait même envisager d'écrire l'histoire du XXe siècle en relatant les entrées en scène successives de groupes nouveaux, aux revendications spécifiques, depuis les mouvements en faveur de la classe ouvrière et de l'émancipation des femmes, au début du XXe siècle, jusqu'aux mouvements de libération des anciens territoires coloniaux, aux demandes formulées dans le monde entier par les peuples de couleur pour une égalité de traitement et de chances dans la vie, et les contestations de la jeunesse, entraînée par les étudiants en révolte, en vue d'une participation plus large aux décisions qui conditionnent la société. Ces différentes catégories sont éminemment disparates quant à l'importance numérique, au caractère et au but poursuivi. Elles ont néanmoins un trait commun : toutes expriment, et en même temps intensifient, l'essor sans précédent des espérances de l'humanité - une proportion beaucoup plus grande d'êtres humains exigeant davantage et croyant en la possibilité de l'obtenir -, ce qui nous apparaît comme étant peut-être la caractéristique la plus frappante et la plus singulière du XXe siècle.

En ce début du XXIe siècle que voit-on? Cette révolution de l'espoir a été frustrée. Jamais auparavant, dans l'histoire, on n'a vu de si grands changements se produire en si peu de temps, et pourtant, jusqu'ici, ils se sont révélés, quant à leur ampleur et leurs résultats, inférieurs à ce qu'on attendait....

Et, merveille de l'esprit humain, si le XXe siècle a peut-être trop déçu pour croire, comme pour le XIXe, que le progrès humain est une certitude, il pense encore qu'il devrait en être une, l'espérance renait à chaque génération ...

Immergés dans le monde - Nous sommes bien, quoique nous puissions nous illusionner, les enfants de cette planète Terre, qui reste consubstantielle à nos possibilités de penser et d'exister : nous avons beaucoup de données, d'informations, de théories, de technologies, mais nous ne savons, et ne saurons sans doute jamais, penser ni  notre naissance ni notre mort, et nous n'aurons sans doute jamais la moindre idée de la façon dont notre cerveau nous donne ce mince filet de conscience que nous tentons d'appliquer tant au monde qui nous entoure qu'à notre propre individualité...

Le XXe siècle? un demi-siècle d'une richesse inouïe, de tous les bouleversements politiques et sociaux mais plus encore d'une créativité qui semblait inépuisable, puis vint, en fin de siècle, une progressive désertification de l'esprit, recyclant les idées des siècles précédant dans l'illusion technologique d'une semblante immortalité, insouciance ou indifférence ...

1840-1999..?

En France, c'est une coalition générale d'ouvriers socialistes, de bourgeois parisiens et d'intellectuels romantiques qui renverse la monarchie en 1848, mais la deuxième République évolue rapidement vers un régime conservateur et se laisse vite dominer par le prince-président: le coup d'État du 2 décembre 1851, consacrant l'écrasement des républicains, marque le retour a un gouvernement personnel que Louis-Napoléon Bonaparte s'efforce de consolider par le prestige militaire et la prospérité économique, laquelle était fondée sur le développement des banques, du commerce et de l'industrie. Le régime s'assouplit et devient plus libéral à partir de 1860 mais se heurte à une opposition croissante; les échecs militaires au Mexique, et la sombre défaite de 1870 dans la guerre contre la Prusse provoquent la chute du second Empire. 

L'arrivée de Napoléon III au pouvoir avait marqué la disparition ou la transformation du romantisme : ce fut la retraite de Vigny et de Lamartine et l'exil, créateur il est vrai, de Victor Hugo. Une réaction se produit alors contre les excès du lyrisme, de la passion, et aussi contre les intentions politiques qui s'étaient manifestées dans l'art; on prône un art objectif, une rigueur scientifique dans l'observation et dans l'expression. L'art pour l'art, le Parnasse, le roman réaliste, voire expérimental et naturaliste, ont en commun la haine des œuvres de confidences ou de passions désordonnées. Le moment est venu où philosophes et savants renoncent au débat métaphysique, pour engager une réflexion et un dialogue sur les conditions d'une connaissance objective de la réalité sous toutes ses formes. Le mathématicien et philosophe Auguste Comte avait rédigé un "Cours de philosophie positive"; le physiologiste Claude Bernard expose, dans l' "Introduction à l'étude de la médecine expérimentale", les principes fondamentaux qui, selon lui, doivent gouverner toute science digne de ce nom; Louis Pasteur, à son tour, veut donner à l'étude des phénomènes biologiques une méthode rationnelle; Hippolyte Taine, de son côté, tente une explication positive des faits historiques, littéraires et artistiques.

La société bourgeoise en plein essor traduit, à sa façon, en réalités financières et en bien-être immédiat ce goût des choses concrètes et solides : c'est le triomphe du capitalisme organisé. La naissance du syndicalisme - le droit de coalition est accordé en 1864 - n'équilibre pas cette prépondérance des hommes d'affaires et d'argent, si tôt prévue par Balzac.

Mais dans le domaine de la peinture, le retour à l'objet, loin d'aboutir à une esthétique conservatrice, provoque retour à la nature, au paysage, au vrai, chez Millet, Corot et Daumier, mais surtout chez Courbet et Manet.

Le poète Baudelaire symbolise une autre tendance qui s'écarte à la fois du romantisme et du positivisme. Réaliste, par son refus des hypocrisies et des fausses pruderies, idéaliste et même mystique dans ses efforts pour créer le monde merveilleux de son imagination et de ses rêves, il annonce un art nouveau, malgré la condamnation des "Fleurs du Mal" en 1857, par le tribunal correctionnel. Rimbaud, Lautréamont, Verlaine transfigurent à leur tour les mouvements secrets de l'âme, par une libre poésie originale...

1840-1860 - La photographie - Réalisme, peindre la réalité - Marxisme - Le Communisme - Préraphaélisme - Désobéissance civile - L'Exposition universelle (1851, Londres) - Guerre de Crimée (1853-1856) - Le règne de la reine Victoria (1838-1901) - Abolition de l'esclavage (1833-1848) - L'époque du chemin de fer (1842) - Anarchisme - Effet Doppler - Cartoon - Illusionnisme - Positivisme - L'hygiène à l'hôpital - Entropie (1854) - La société à responsabilité limitée (1856) - Gray's Anatomy - La sélection naturelle (Darwin,1859) - Abduction ..

Le naufrage du vieux monde (1900-1918) - Les premières années du XXe siècle inaugurent la fin des grandes monarchies, une réalité qui passe presque inaperçue dans la bourgeoisie. Dans la foulée de la Révolution industrielle, la misère du prolétariat  urbain s'aggrave, la multiplication de la tuberculose en est l'un desz signes. C'est aussi le début des attentats politiques qui vont marquer tout le XXe siècle. Les souverains continuent toutefois de bénéficier d'un soutien populaire porté par l'euphorie patriotique. Les nationalismes sont exacerbés par les ambitions hégémoniques des différents Etats, l'acquisition des colonies et la grande fierté d'avoir des armées bien équipées. De fait, on aboutit à un accroissement des tensions entre les grandes nations européennes, l'Empire allemand se sent encerclé, la chute de l'Empire ottoman réveille les mouvements autonomistes slaves, ébranlant l'Autriche-Hongrie pluri-ethnique, l'attentat de Sarjevo de 1914 est l'ultime étincelle ...

La guerre de 1914-1918 ouvre une crise terrible. Les pertes humaines sont effroyables, en quantité et en qualité, les ruines matérielles et morales sont énormes. Tandis qu'en Russie la révolution succède à la guerre (1917), la France retrouve après l'armistice un équilibre apparent. Paris s'illumine, s'enivre de fêtes et de spectacles; les expositions et les concerts se multiplient. La Société des Nations suggère l'espoir d'une paix universelle. Pourtant, des indices inquiétants apparaissent : la grande dépression économique de 1929 touche indirectement l'Europe et révèle la faiblesse du monde libéral. Mais l'amélioration du niveau de vie, les progrès des moyens de communications (avion, automobile) et de la radio, la multiplication des journaux, les manifestations sportives en vogue, masquent le malaise et les troubles sociaux, qui aboutissent d'ailleurs à élever sensiblement le bien-être des salariés. 

La littérature, bloquée ou ralentie pendant la guerre, connaît un prodigieux renouveau dans tous les domaines. L'art dramatique, qui en est un aspect majeur, est mis au premier plan par des hommes de théâtre comme Jacques Copeau, puis Pitoeff, Dullin, Jouvet et Baty. Jules Romains, Giraudoux, Bourdet, Salacrou, Guitry et, à partir de 1932, Jean Anouilh fournissent à d'excellents acteurs des textes brillants et souvent profonds. Le roman est aussi d'une exceptionnelle richesse; document précieux et original sur les complexités de l'être, avec Proust et Gide, il est le lieu de confidences infiniment nuancées chez Colette, de révélations d'âmes déchirées et de drames poignants chez Bernanos et Mauriac; il est parfois l'occasion d'œuvres monumentales, comme chez Martin du Gard et Jules Romains, qui replacent les hommes au cœur d'une époque complexe et passionnante; retour à une vie rustique, simple et saine chez Giono, il peut aussi nous inviter à cet épique et terrible Voyage au bout de la nuit que Céline accomplit en ricanant, préface à des voyages plus terrifiants encore... La poésie brille d'un éclat intense, moins peut-être par les réussites de Valéry, Aragon, Eluard, Max Jacob, Cocteau ou Supervielle que par le renouvellement de l'imagination poétique, la proscription impitoyable des lieux communs, le refus des contraintes rationnelles et le dédain des habitudes sclérosées. Cette révolution est provoquée dans l'âme même des poètes par le mouvement dada et le surréalisme. Elle ne devait pas aboutir à une destruction de la littérature, comme certains l'avaient cru, mais à une transformation profonde de l'idée de littérature et peut-être de l'idée de l'art et de la beauté. Les grands peintres, Matisse, Braque, Dufy, Picasso, continuent une œuvre qui devient moins théorique et plus accessible. Fernand Léger cherche un langage convenant à la vie moderne et aux machines. Modigliani, Soutine, Chagall traduisent leurs rêves et leur conception du monde et des hommes. Le mouvement dada et le surréalisme touchent des peintres comme Duchamp et Picabia; Max Ernst et Chirico mêlent le rêve, voire l'hallucination, à l'image. Jamais on aura vu une telle prolifération de styles artistiques après la révolution du XIXe siècle. Cette période voit en même temps l'extraordinaire croissance du cinéma, devenu a la fois art autonome, moyen d'expression et forme de création artistique. En France, grâce à de remarquables réalisateurs comme Jacques Feyder, René Clair, Jean Renoir, Abel Gance, les progrès et les réussites du Septième Art sont impressionnants...

La guerre menace à nouveau le monde : l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne (1933), la guerre d'Éthiopie, la guerre d'Espagne qui, en 1936, met aux prises volontaires des brigades internationales et corps expéditionnaires des gouvernements autoritaires (Italie et Allemagne), marquent le déchaînement des violences. La guerre de 1939 devient vite une conflagration générale : submergée par les divisions blindées, harcelée par l'aviation ennemie, la France est occupée en 1940. L'appel du général de Gaulle, le 18 juin, déclare que la lutte continue. Les Alliés débarquent en Afrique du Nord en 1942, en Normandie le 6 juin 1944 et les Allemands renoncent à la lutte en 1945. Il faut ensuite des années d'efforts pour remettre en état les ports, les chemins de fer, reconstruire souvent des villes entières....

Avant même d'avoir pansé ses blessures, la France doit faire face aux graves problèmes de la décolonisation : les peuples d'Asie et d'Afrique aspirent à une indépendance aussi rapide et complète que possible. A peine sortie de la guerre d'Indochine (1954), la France se trouve plongée dans la guerre d'Algérie, pays où vivent à côté de 9 millions d'Arabes, 1 million d'hommes d'origine européenne, fixés là depuis plusieurs générations. Le 13 mai 1958, à la suite des troubles provoqués par cette guerre, la IVe République fait place à une Ve, présidée par le général de Gaulle. Les accords d'Évian (1962) mettent fin aux hostilités.

Les Français sont entraînés comme tous les peuples civilisés dans le vertige merveilleux et terrifiant de la vie moderne; l'automobile est devenue d'un usage courant, l'aviation commerciale joue un rôle de plus en plus important, la télévision diffuse partout les images du monde entier. Les villes deviennent tentaculaires, en particulier l'agglomération parisienne, étourdissante et enfiévrée, qui ne cesse de s'étendre.

Dans ce monde hypertendu, la terreur du péril atomique subsiste depuis 1945 mais, en 1966, l'espoir d'un modus Vivendi raisonnable entre les deux puissants blocs américain et soviétique, l'action pacifiste des chefs d'État et des papes Jean XXIII et Paul VI rassurent un peu l'opinion.

La littérature et les arts n'ont pas été stérilisés par la terrible guerre mondiale et les angoisses de l'après-guerre. Dans le foisonnement de la peinture moderne, toutes les tendances peuvent s'exprimer; la querelle de l'art figuratif et de l'art abstrait prouve surtout l'enthousiasme et la conviction des combattants, tandis que d'excellents artistes comme Dunoyer de Segonzac, La Patellière, Chapelain-Midy ou Balthus poursuivent, à l'écart des discussions d'écoles, une œuvre durable. Lurçat ressuscite la tapisserie et restaure l'artisanat. Le cinéma, qui survit même aux pires jours de l'occupation, connaît une profusion qui n'exclut pas la qualité, grâce à d'excellents réalisateurs toujours actifs : Renoir, René Clair, Allégret, mais aussi Clouzot, René Clément, Bresson, Cayatte, Tati, précédant Vadim, Hossein, Camus et ceux de la Nouvelle Vague, Resnais, Godard, Truffaut, dont l'optique rejoint parfois étonnamment celle du nouveau roman, comme en témoigne l'unité de vues de Resnais et de Robbe-Grillet dans leur film "l'Année dernière à Marienbad". Après les souffrances de la guerre et ses crimes (Saint-Pol Roux, Max Jacob, Desnos en seront les victimes), la littérature a refleuri; essayistes et romanciers s'interrogent sur la condition humaine (Sartre, Camus, Julien Green) ou s'efforcent de retrouver à leur façon la réalité du monde (Robbe-Grillet, Butor). Le théâtre retrouve tout son éclat avec Salacrou, Anouilh, Ionesco. Mais c'est l'abondance des œuvres et des talents poétiques qui traduit le mieux le drame moderne et les nouvelles formes de bonheur et d'inquiétude. Bousquet, Reverdy, Eluard, Aragon, Breton, Michaux, Saint-John Perse, Prévert, Cadou, Senghor, Jouve, Emmanuel, Ponge ont exprimé toutes les expériences, les espérances, la douleur et la joie suprême de nos vies. L'être humain du XXe siècle échappera-t-il à l'emprise de l'État technocratique, aux ensembles concentrationnaires et aux machines?  

Guerre froide (1947-1991), Baby-Boom (1945-1960), naissance de la société d'abondance - Le rêve des classes moyennes - Les années de croissance à partir de 1950 coïncident avec l'augmentation massive des prestations sociales - Décolonisation - Musique pop (1950) - Beat Generation (1950) - "Chasse aux sorcières" aux Etats-Unis (McCarthy, 1950-1954) - Appel de Stockholm (1950) - 3794 récepteurs TV en France - Carbone-14 (1951) - Le Jean de Levi-Strauss (1951) - Théâtre de la dérision (1950-1965) - Emancipation du Tiers-Monde (1952) - Fluxus (1952) - Âge d'or de la peinture abstraite occidentale - L'ordinateur commande les machines (1952) - La pilule contraceptive (1952) - Déstalinisation (1953) - La structure de l'ADN (1953) - La pétrochimie supplante la carbochimie (1953) - Pression sociale (1951) - Expérience de Miller et Urey (1952) - Pensée de groupe - Double hélice de l'ADN (1953) - Taxe sur la valeur ajoutée (1954) - Le Moyen-Orient, foyer de crise (1945-1965) - Révolution cubaine (1953-1959) - La Télévision (1954) - Soul - La révolution du transistor (1954-1957) - Mouvement afro-américain des droits civiques (1955)- Guerre froide, guerre de Corée (1950-1953) - L'Absurde - Guerre d'Algérie (1954-1962)- Hamburger (Ray Croc, 1954) - Coca-Cola by Raymond Loewy (1955) - Eros et civilisation (1955) - Arrivée des premières radios à transistors - Deuxième plan quinquennal en Inde (1955) - Insurrection en Pologne et en Hongrie (1956) - Marilyn Monroe (1956) - Le Nouveau Roman - Le Grand Bond en avant (Chine, 1958) - Ennéagramme - Télévangélisme -  Thérapie familiale - American way of life - Cognitivisme (1956) - Et Dieu créa la femme (1956) - Objectivisme - Mythologies (1957) - Spoutnik I (1957) - Happening - Grammaire générative - Enlèvement par des extraterrestres (1957) - Théorie des mondes multiples - Laser - La Méritocratie (1958) - Hyperréalisme - Traité de Rome, Communauté économique européenne (1958) - ..

Si les années 1960 n'apportent aucun changement au statu quo politique international toujours basé sur "l'équilibre de la terreur", tandis que la planète Terre atteint 3 milliards d'habitants en 1960, la décennie vit la fin du colonialisme, l'éclosion des villes nouvelles, la démocratisation du design. Le nombre total d'Européens partant en vacances va quintupler (1962-1990), Espagne, Italie, la France dispose en 1960 de 1,9 millions de récepteurs TV, qui prennent le relai du cinéma, tandis que la moitié de la population des Etats-Unis s'en remet exclusivement à la télévision pour s'informer...

A la fin de la décennie, les évènements de mai 1968 ont révélé le profond désarroi d'une jeunesse déçue par la société de consommation et les clivages socio-politiques traditionnels, mais sans réelles alternatives proposées, la génération des années 1950s épuise le champs des possibilités et se réfugie dans un égocentrisme forcené qui bloque tant cette fin du XXe siècle que les générations suivantes. L'Europe euphorique des "Sixties" ne se remettra plus en question. A l'Est, le printemps de Prague vient manifester la fragilité des certitudes idéologiques et celle du système communiste. Les Eglises elles-mêmes sont ébranlées par l'évident déclin de leur influence dans les sociétés. 

A la fin des années 1960s, le socle des connaissances est constitué, structuré, désormais ce socle, élaboré au long des siècles précédents, n'évolue plus en profondeur, mais s'actualise au gré des évolutions technologiques et sociétales ...

Alors que le fast-food entame sa marche triomphante dans les années 1970 et 1980, que vient de se terminer (1969) le premier salon mondial de l'érotisme, qu'une culture alternative tente de concevoir de nouveaux conformismes et modes de vie, que le nombre de toxicomanes et de décès dus à la drogue accuse une croissance importante, que le terrorisme commence à marquer l'opinion, un dialogue s'instaure entre les deux blocs , l'OTAN et le Pacte de Varsovie sur la limitation des armes stratégiques et le désarmement. Une nouvelle prise de conscience sensibilise la société aux problèmes de l'environnement. Les années 1968-1970 marquent, avec l'augmentation du chômage et de l'inflation, la fin du long boom d'après-guerre, 1972 voit l'explosion des prix des matières premières, 1973-1974 la première crise pétrolière. C'est à la fin des années 1970 qu'apparaissent les premiers ordinateurs personnels grand public ...

En 1987, la Terre compte cinq milliards d'habitants, les années 1980 montrent un nombre sans cesse croissant d'êtres humains utilisant toujours davantage d'énergie, l'explosion démographique rapproche l'échéance de l'épuisement total des réserves énergétiques fossiles: la consommation globale d'énergie primaire augmente, au cours de cette décennie, de 18% pour atteindre 6885 millions de tonnes d'équivalent pétrole par an, pour une population qui s'est accrue de 16%....

Au seuil des années 1990, avec la fin du conflit Est-Ouest, l'ordre mondial instauré après la Seconde guerre mondiale s'écroule  (1989), un grand bond démocratique dans la foulée des bouleversements en Europe centrale et orientale : un mouvement qui accélèrent la construction européenne et accompagne l'expansion des jeunes démocraties en Amérique latine. Le régime capitaliste basé sur l'économie de marché souvent teintée d'une forme plus ou moins grande d'intervention étatique apparaît désormais comme le grand modèle triomphant de cette fin de siècle.

Mais ce modèle démocratique reste fragile, trop souvent, par le fait de l'incompétence des détenteurs de pouvoir et l'appauvrissement des idées politiques qui s'accélèrent au siècle suivant : la société civile va tendre à se retirer dans l'indifférence ou à céder aux mouvements extrêmes-droites et populistes. Alors que certains revenus continuent à croître malgré un temps de travail qui diminue dans la même proportion, la différence entre sociétés riches et pauvres est plus frappante que jamais ...

1990 - L'effondrement des régimes communistes et la renaissance de nationalismes oubliés par l'histoire imposent à l'Europe de tenter de redéfinir son identité et ses valeurs. Mais la faillite du système socialiste à l'Est ne peut faire oublier la persistance de la crise morale et économique de l'Ouest. La démocratie, seul garant de la liberté individuelle, n'évolue plus et connaît une crise politique qui va s'accroissant au long du siècle suivant, une génération de technologues va s'emparer des leviers du pouvoir avec pour seul motif affiché la persistance des modèles économiques et sociaux de dominations d'une masse indifférente ou parfois tentée par un populisme rampant, quant au renouvellement des idées, c'est bien une désertification croissante qui va s'accélérant ....