Psychanalyse - Psychologie individuelle - Alfred Adler (1870-1937), "Der Sinn des Lebens et Über den nervösen Charakter" (1911), "Le Tempérament nerveux" (Ûber den nervösen Charakter, 1912), "Connaissance de l'homme. Étude de caractérologie individuelle" (Menschenkenntnis, 1921) ...
Last update: 12/31/2016
Le sentiment d’infériorité, d’inadéquation et d’insécurité détermine-t-il l’objectif de l’existence d’un individu? - La psychothérapie des premières années du XXe siècle était dominée par l'approche freudienne et portait exclusivement sur les pulsions ínconscientes et l'héritage émotionnel de l'individu. Alfred Adler est le premier psychanalyste à repousser les limites de la théorie au-delà de l'horizon freudien en suggérant que le patient était également sous l'influence de bien d'autres forces aussi présentes que conscientes, et que le poids de son environnement, social notamment, était essentiel.
C'est sur ces concepts qu'il fonda sa propre approche, la "psychologie individuelle". Et dans ce contexte, Adler s était très tôt intéressé à la notion d'infériorité et aux effets positifs ou négatifs de l'estime de soi. Travaillant avec des patients atteints de handicap physique et observant l'effet que leur infirmité provoquait sur leurs capacités et leur estime de soi, il en vint à penser que le facteur décisif résidait dans l'image que ces individus avaient d'eux-mêmes. C'est ainsi que s'imposa le fameux "complexe d'infériorité", une expérience commune à tous les êtres humains et qui remonte à la petite enfance: tous les enfants se sentent naturellement inférieurs, se sachant entourés d'êtres plus forts et plus capables qu'eux. Le sentiment d'infériorité est au coeur du processus de développement psychique qui se déroule en continu, de défi en défi. Mais ce sentiment d'infériorité peut s'installer et se généraliser, conduisant à un déséquilibre de la personnalité. Adler décrivit également le déséquilibre inverse, ou "complexe de supériorité", qui se manifeste par la nécessité de tendre en permanence vers un nouveau but : ici, le fait d'atteindre l'objectif, loin de renforcer la confiance de l'individu, ne fait que le pousser à reprendre sa quête de reconnaissance et de dépassement...
Alfred Adler (1870-1937)
La psychologie d'Adler privilégie dans son approche l'unité fondamentale de la personne et la finalité qui régit sa conduite : il décrit un être humain plongé dans une insécurité originaire, qui éprouve dès son éveil un sentiment d'infériorité qui appelle constamment une compensation : d'où une tension psychique permanente qui va retentir sur l'organisme et entraîner des troubles fonctionnels si elle persiste.
Né à Vienne en 1870, docteur en médecine en 1895, Alfred Adler est un élève de S. Freud dès 1902 mais se sépare rapidement (1910) du mouvement psychanalytique : il refuse de reconnaître le rôle de la libido et pense que l'on peut rendre compte de la vie psychique de l'individu à partir d'un sentiment d'infériorité résultant de l'état de dépendance dont chacun fait l'expérience dans son enfance. Dès 1907, dans "Studie über Minderwertigkeit von Organen "(Étude sur l'infériorité des organes), Adler conçoit un processus vital qui allie un corps tendu dans un effort continu pour s'adapter aux exigences extérieures et maintenir son équilibre par des phénomènes de défense et de compensation, et un processus psychique qui, en corrélation avec le corps, est constamment orienté vers un but de supériorité et de perfection, et donc de compensation. "Der nervöse Charakter" (Le Tempérament nerveux, 1911) approfondit les racines de ce développement du sentiment d'infériorité et de sa compensation asociale dans le sens d'une fiction renforcée comme idée directrice de la névrose.
À partir de 1912 il travaille sur la psychologie des enfants en organisant des centres de consultations psychopédagogiques dans trente écoles de Vienne. En 1914 il fonde la Revue Internationale de Psychologie individuelle et privilégie le caractère unique de chaque personne humaine.
Agrégé à l'Institut de pédagogie de Vienne en 1924 il gagne les Etats-Unis et enseigne à la Colombia University de New York (1927), puis au Long Island Medical College de New York (1932). Il fonde aux Etats-Unis en 1935 il fonda le Journal of Individual Psychology. Entretemps, il publie son fameux "Menschenkenntnis" (Connaissance de l'homme, 1926) qui montre l'apport de la Psychologie adlérienne à l'amélioration de nos rapports avec les hommes et de notre propre vie. Suivent des ouvrages d'éclaircissement et de pédagogie qui entendent promouvoir une efficacité dans la mise en oeuvre de sa conception de la psychologie individuelle : "Die Technik der Individualpsychologie" (La technique de la psychologie individuelle, 1930), "The Pattern of Life" (Le style de vie), "What Life should mean to you" (Notre opinion sur le sens de la vie)...
(1929, Alfred Adler, Gelatin silver prints, Metropolitan Museum of Art)
"Le Tempérament nerveux" (Über den nervösen Charakter, 1912)
Ce livre est resté l'ouvrage fondamental d`Adler et s'adressait d'abord à des médecin et des psychiatres : il y consommait sa rupture avec la théorie freudienne. en soulignant le rôle de la volonté de puissance aux dépens de la sexualité, en contestant le primat des besoins physiologiques et en donnant dans sa conception de l'homme une importance de premier plan aux buts sociaux et aux relations de la personnalité avec la société.
Adler estime d'autre part que l'être humain est un individu unique et indivisible, de sorte qu`aucune manifestation vitale ne peut être interprétée isolément mais toujours, au contraire, en fonction de l'ensemble de la personnalité : "Avec ce livre, dit-il, j'ai fondé l`école de la PSYCHOLOGIE INDIVIDUELLE."
"Il ne sera peut-être pas inutile d'avertir les lecteurs que nous ne concevons pas la psychologie individuelle telle que, pour la première fois, elle se trouve exposée dans ce livre, comme étant liée nécessairement à un substratum organique.
Nous cherchons plutôt à montrer que l'évolution psychique de l'homme et les déviations qu'elle subit, c'est-à-dire les névroses et les psychoses, sont déterminées par l'attitude qu'il adopte à l'égard de la logique absolue de la vie sociale. C'est du degré de la déviation, c'est-à-dire de l'inadaptation aux exigences cosmiques et sociales, que dépendent et la nature et le degré des troubles Psychiques. Le nerveux vit et s'épuise pour un monde qui n'est pas le nôtre. L'opposition dans laquelle il se trouve avec la vérité absolue est plus grande que la nôtre. Cette opposition n'a pas pour cause telle ou telle structure cellulaire du cerveau et n'est pas sous la dépendance de telles ou telles influences humorales : elle est déterminée par un sentiment d'infériorité dont les origines remontent à une enfance difficile et Pénible. Ce sentiment ouvre la vole à toutes sortes d'erreurs qui exercent une influence décisive sur le développement psychique. Nous nions la prédisposition organique à la névrose, mais, tout en la niant, nous croyons avoir fait ressortir, mieux que les autres auteurs, la manière dont l'infériorité organique contribue à la création de certaines attitudes psychiques et le mécanisme par lequel la faiblesse corporelle fait naître le sentiment d'infériorité."
L'espace social est le dynamisme de la personnalité : l`évolution psychique de l'homme et les déviations qu'elle subit, c`est dire que les névroses et les psychoses, sont déterminées par l`attitude adoptée par le sujet à l'égard de la vie sociale. Alors que. pour Freud, le complexe d'OEdipe est fondamental chez l`enfant, pour Adler, c'est le SENTIMENT D'INFERIORITE qui constitue la situation complexuelle essentielle. Mais ce sentiment d`infériorité peut être "compensé" par le système nerveux central. Cette tentative de COMPENSATION est la névrose, création asociale ou antisociale d'un adulte qui a souffert d`une enfance difficile ou pénible et qui ne voit plus la nécessité absolue de la coopération humaine.
Dès lors s'impose un "but compensateur", qui détermine tous les détails, même les plus infimes de la personnalité qui imprègne aussi bien les rêves, les souvenirs que les actes manqués. L'individu se crée un style de vie à lui; son caractère représente une "routine intelligente" dont se servent aussi bien la tendance à la sécurité de l`individu que ses dispositions morbides, affectives et névrotiques. Cette routine joue pour le nerveux un rôle protecteur, et c`est ce parti pris névrotique que le médecin doit peu à peu détruire chez le patient. Saisir la signification de cette routine, la comprendre d`après sa formation génétique, déterminer sa fonction dans le plan de la vie dont elle constitue une représentation symbolique, tel est l`objet que poursuit la psychologie individuelle. (Trad. Payot. 1926, rééd. 1948).
"Ce serait une erreur de croire que ces lignes d'orientation n'existent que chez le névrosé. L'homme sain lui-même devrait renoncer à l'espoir de s'orienter dans le monde, s'il n'introduisait des fictions dans l'image qu'il se fait du monde et de sa propre vie ; et nous avons déjà vu que ces fictions reposent sur des expériences anciennes (« régression »). C'est dans des moments d'inquiétude et d'insécurité qu'elles manifestent leur action avec une force particulière, deviennent des impératifs de la foi, de l'idéal, du libre arbitre ; en dehors de ces moments, elles agissent en sourdine, dans l'inconscient, comme tous les mécanismes psychiques dont elles ne sont que les images verbales. Au point de vue logique, elles peuvent être considérées comme des abstractions, des simplifications, destinées à résoudre les difficultés de la vie par analogie avec les faits les plus simples.
Et nous avons vu que les tentatives de l'enfant de faire face aux difficultés auxquelles il se heurte constituent précisément ces faits les plus simples, dans ce qu'ils ont de plus primitif, proviennent du réseau des tendances, formé par les souvenirs aperceptifs. Rien d'étonnant, si nous les retrouvons également chez le sauvage, chez le primitif, car toutes les questions humaines exigent une solution qui tienne compte du désir de puissance.
Aussi les hypothèses fantaisistes de Freud et de Jung sont-elles, non seulement superflues, mais même susceptibles d'induire en erreur. Tout geste humain, au sens large du mot, se reproduit dans chaque individu comme une création nouvelle. Dans le rêve, ce mode d'aperception apparaît avec le plus de netteté ; mais nous aurons encore à revenir sur ce sujet.
Le nerveux étant constamment obsédé par le sentiment d'insécurité, sa « pensée analogique », ses tentatives de solution par analogie avec des expériences plus anciennes, présentent un caractère plus accusé et plus prononcé. Son misonéisme (Lombroso), sa crainte de tout ce qui est nouveau, des décisions et des épreuves proviennent de sa foi insuffisante en lui-même et ne le quittent jamais. Il est tellement enchaîné à ses lignes d'orientation, qu'il prend à la lettre et cherche à réaliser, que, sans s'en rendre compte, il a renoncé une fois pour toutes à aborder avec sérénité et sans parti-pris, la solution de questions que pose la réalité. Et les limitations que la réalité lui
impose, les incompatibilités auxquelles il se heurte en voyant les choses s'entrechoquer durement dans la vie réelle, loin de le décider à renoncer à sa fiction préformée, le poussent au contraire à s'enfoncer dans le plus profond pessimisme.
Le psychopathe met encore plus d'ardeur que le névrosé à réaliser sa fiction. Le névrosé est victime dans la vie réelle de la ligne d'orientation qu'il s'est créée lui-même, ce qui a pour effet une dissociation apparente de sa personnalité : voulant satisfaire à la fois aux exigences du monde réel et à celles du monde imaginaire, il aboutit à une situation ambivalente, c'est-à-dire à une impasse qui l'immobilise et paralyse ses mouvements.
La forme et le contenu de la conduite du névrosé ont pour source les impressions de l'enfant qui se sent négligé. Ces impressions, qui découlent nécessairement d'un sentiment primitif d'infériorité, provoquent à leur tour une attitude agressive, destinée à vaincre l'état d'insécurité. C'est cette attitude agressive qui explique et détermine toutes les tentatives faites par l'enfant pour élever son sentiment de personnalité : tentatives heureuses et qui l'encouragent à recommencer ; tentatives malheureuses qui servent d'avertissement ; tentatives dictées par des tendances qui, découlant d'un fâcheux défaut organique, se transforment en un ensemble de prédispositions psychiques ; tentatives enfin qu'on a surprises chez d'autres et qu'on cherche à reproduire d'après ce modèle. Toutes les manifestations de la névrose s'expliquent par ces tentatives d'atteindre le but final, qui est celui d'une supériorité virile. Elles découlent de prédispositions psychiques et mentales, toujours en éveil, toujours prêtes à engager la lutte pour la conquête du sentiment de personnalité, toujours aux ordres de la fiction dominatrice qui, pour s'affirmer, se sert de ces modes de réaction dont l'origine remonte à l'enfance. Lorsque la névrose a atteint un degré de développement prononcé, elle appelle à son secours toutes ces prédispositions et les stimule au point qu'elles finissent par se comporter comme si elles n'existaient que pour elles-mêmes. L'angoisse, qui devait servir précédemment à préserver le sujet de l'isolement, de l'humiliation, à lui faire oublier son sentiment de petitesse, subit une substantialisation ; l'obsession qui, conformément au sens primitif de la fiction, permettait au sujet d'affirmer sa supériorité, en accumulant des difficultés le plus souvent absurdes, devient, elle aussi, une manifestation autonome ; quant à l'impuissance, aux paralysies, aux douleurs hystériques et aux troubles fonctionnels, ce sont là autant de moyens symboliques et pseudo-masochistes dont le sujet se sert pour se faire valoir ou pour se soustraire à une décision qu'il redoute.
Ce qui caractérise l'état d'insécurité du névrosé, tel que je l'ai observé et décrit, c'est qu'il aboutit à un renforcement des prédispositions et de leurs conséquences tel que des manifestations fonctionnelles primitivement insignifiantes finissent par assumer les formes et les aspects les plus bizarres, lorsqu'une nécessité interne l'exige.
En raison même de son sentiment d'insécurité, le névrosé a ses yeux fixés constamment sur l'avenir. Toute la vie présente ne lui apparaît que comme une préparation, circonstance qui contribue à stimuler le travail de son imagination et à l'éloigner du monde réel. Comme pour le croyant, son royaume n'est pas de ce monde et, comme le croyant, il ne peut se détacher de la divinité qu'il a lui-même créée, de l'idéal qu'il s'est imposé : l'élévation, l'exaltation de son sentiment de personnalité. Cette manière de vivre en dehors de la réalité crée un certain nombre de traits de caractère d'un ordre très général.
En premier lieu, le névrosé a pour ainsi dire le culte des moyens susceptibles de servir au but qu'il poursuit. Il s'impose généralement un code de conduite soigneusement circonscrit, il fait preuve d'exactitude, de ponctualité, de pédantisme, afin, d'une part, de ne pas augmenter inutilement les « grandes difficultés de la vie » ; afin, d'autre part, de se sentir supérieur aux autres, en se distinguant par la manière de travailler, de se vêtir, de se conduire.
Ces traits de caractère lui apparaissent généralement comme un fardeau excessivement lourd, au point que, son état morbide aidant, il s'attribue volontiers le rôle d'un héros ou d'un martyr. En cherchant à surmonter cette nouvelle difficulté qu'il a créée lui-même, il aspire à rehausser une fois de plus son sentiment de personnalité. Lorsqu'il s'entend interpeller: «Où étais-tu donc lors de la répartition des biens de ce monde?» il peut du moins invoquer l'écrasante, l'infranchissable montagne de symptômes derrière laquelle il se trouve. Ce trait de caractère renforcé sert souvent à le mettre en contact avec l' « ennemi », à laisser mûrir les situations susceptibles de faire naître des conflits entre lui et son entourage, à lui fournir des prétextes et des reproches « justifiés ». Et ces éternels reproches ont, à leur tour, pour effet de tenir en éveil son sentiment, son attention et lui fournissent la possibilité de se prouver à lui-même qu'on le néglige, qu'on ne compte pas avec lui. On retrouve déjà ce trait dans l'enfance de certains nerveux, qui l'utilisent pour s'asservir une personne donnée, la mère par exemple, en l'obligeant à ranger tous les soirs les vêtements avec soin et d'une manière rigoureusement déterminée, à être toujours présente, à s'abstenir de toute différence dans le traitement des enfants, etc.
On voit en même temps surgir l'angoisse et la timidité et, contrairement à tous les autres essais d'explication, je persiste à croire que le phénomène psychique de l'angoisse naît d'une excitation hallucinatoire d'une prédisposition de nature somatique qui s'est formée imperceptiblement dans l'enfance, sous la menace d'une lésion corporelle ; et que cette même prédisposition est conditionnée plus tard, surtout dans la névrose, par le but final qui consiste à se soustraire à la dépression du sentiment de personnalité, à s'asservir d'autres personnes et à échapper aux exigences de la vie en s'enfonçant de plus en plus dans l'atmosphère psychique créée par l'angoisse..."
(Origine et développement du sentiment d'infériorité. - Ses conséquences).
Parmi les chapitres essentiels, citons les suivants :
- L'infériorité et les comportements de compensation
Adler nous expliquent comment les individus compensent des sentiments d'infériorité en adoptant des comportements "nerveux" ou exagérés. Ces comportements sont souvent des tentatives pour surmonter un sentiment de faiblesse ou d'inadéquation, et peuvent se manifester par des tendances à la surcompensation ou à la recherche de supériorité. Un chapitre qui éclaire le rôle des complexes d'infériorité et des mécanismes compensatoires dans le développement des troubles de la personnalité.
Adler évoquera la notion de « pulsion pathologique du pouvoir », comment certains individus cherchent à compenser un sentiment d'infériorité par une quête excessive de pouvoir ou de supériorité, et comment cette « pulsion » devient pathologique lorsqu'elle est dirigée uniquement vers la satisfaction personnelle, au détriment des relations sociales harmonieuses.
- Le "tempérament nerveux" et son origine sociale
Adler décrit le tempérament nerveux comme un mode de vie façonné par des interactions sociales et familiales défavorables. Un chapitre fondamental pour saisir comment le milieu social influence le développement des traits de personnalité "nerveux". Adler montre que l'influence familiale, les attentes sociales et les modèles de comparaison jouent un rôle central dans la formation des angoisses et des comportements d'évitement. L'importance du contexte social dans la santé mentale est ici parfaitement décrit.
- Le style de vie et la finalité des comportements nerveux
Adler explore ici le concept de "style de vie" dans le contexte des individus nerveux, montrant que chaque personne élabore un style de vie unique qui guide ses comportements. Chez les individus nerveux, ce style de vie peut inclure des comportements d’évitement ou des attitudes de défense, conçus pour contourner les situations perçues comme menaçantes. On y retrouve des fameuses "stratégies de survie" qui influencent les comportements au quotidien...
- Les symptômes nerveux et leurs fonctions
Adler analyse les symptômes des individus nerveux, comme l'angoisse, la phobie, et la somatisation, en les interprétant comme des "signaux" de défense contre l'infériorité. Plutôt que de les voir comme des symptômes isolés, Adler les comprend comme des comportements orientés vers un objectif de protection ou d'évasion. Un aperçu des manifestations psychosomatiques et de la manière de les interpréter en thérapie...
- La peur de l’échec et l’évitement des défis
Adler consacre ce chapitre à la manière dont le tempérament nerveux conduit à éviter les situations qui pourraient remettre en question la perception de soi. Il nous explique comment les individus nerveux construisent des "mécanismes d'évitement" pour éviter les situations menaçantes ou incertaines, menant souvent à une inhibition de leurs capacités. On peut ainsi comprendre l'origine de certains troubles anxieux et des comportements d’évitement dans la thérapie comportementale...
- La guérison par la coopération sociale
Un dernier chapitre qui propose une solution très adlérienne pour aider les individus nerveux : la réintégration dans des relations sociales équilibrées et de coopération. Adler soutient que le traitement du tempérament nerveux passe par le renforcement du sentiment communautaire et la diminution des comportements individualistes ou compétitifs.
"Connaissance de l'homme. Étude de caractérologie individuelle" (Menschenkenntnis, 1921)
Ecrit pour un vaste public, Adler reprend ici sa thèse essentielle de l'étroit conditionnement social de l'être individuel. La fusion de la personnalité avec la communauté, l'adaptation de l'enfant à son milieu sont les processus indispensables de l'équilibre psychique. ll s'agit, comme le montrait "Le Tempérament nerveux", d'une domestication des instincts, qui se réalise grâce au "sentiment social" et par le mécanisme d'une "compensation" du sentiment d'infériorité.
Dans cette perspective générale, Adler, dans la première partie de son livre, décrit le développement de l'organisme psychique en étudiant successivement la faculté de percevoir, la représentation, la sensibilité, la pensée, les rapports entre les sexes, etc.
La seconde partie de l'ouvrage forme un traité de caractérologie individuelle, appuyé sur un très grand nombre d'exemples, Adler attachant une extrême importance à toutes les applications pratiques de ses principes. ll souligne l'unicité de la personnalité psychique qui ne peut jamais être étudiée à partir d'un phénomène arbitrairement isolé.
L'homme est un tout, régi par deux grandes normes universelles : le sentiment de communion humaine, qui unit les individus; et, en sens contraire, les mouvements exprimant la volonté de puissance, la recherche de la supériorité, qui isolent l'individu et l'inclinent à s'opposer à son milieu. Les différences entre les individus s'expliquent par les rapports d'influence réciproque du sentiment de communion et de la volonté de puissance - jeu de forces antagonistes dont la forme extérieurement manifestée est ce que nous nommons le "caractère".
Adler examine alors les traits de caractère de nature agressive (vanité, jalousie, envie, avarice, haine) et de nature non agressive (isolement, angoisse, pusillanimité, instincts indomptés exprimant une adaptation amoindrie). Il traite enfin des états affectifs, qui manifestent les traits de caractère, mais d'une manière renforcée. Sa conclusion est que la volonté de puissance, présente en tout être humain, suscite une vanité et une ambition dont le développement hypertrophié fait obstacle au progrès régulier de l'individu en contrariant ou même en étouffant le sentiment de communion humaine. (Trad. Payot, 1949)
"Conditionnées par la nécessité de s'adapter à l'entourage, la capacité de recevoir des impressions et l'aptitude originale du mécanisme psychique à poursuivre toujours un but nous amènent à penser que la conception du monde et la ligne d'orientation idéale d'un individu doivent apparaître de très bonne heure dans l'âme de l'enfant, non pas déjà formées et saisissables par une expression, mais en quelque sorte se mouvant dans des sphères qui nous donnent l'agréable impression du connu, que nous trouvons compréhensibles, qui sont toujours en opposition à un sentiment de l'insuffisance. Des mouvements psychiques ne peuvent se dérouler que lorsqu'un but est présent sous les yeux. L'atteindre, on le sait, suppose nécessairement la possibilité ou la liberté du mouvement. Et l'enrichissement qui résulte de toute liberté du mouvement ne doit pas être sous-estimé. Un enfant qui, pour la première fois, se lève du sol, entre en cet instant dans un monde tout nouveau; il éprouve d'une manière ou d'une autre une atmosphère hostile. Il peut ressentir, du fait de la force avec laquelle il se dresse sur ses pieds, une espérance accrue pour son avenir ; il peut, en risquant ses premiers essais de mouvement, spécialement en apprenant à marcher, soit éprouver des difficultés d'intensité variable, soit n'en rencontrer aucune. De telles impressions, des événements qui, pour nous autres adultes, apparaissent souvent comme d'insignifiantes vétilles, exercent une énorme influence sur la vie psychique enfantine et avant tout sur la formation de la conception que l'enfant se fait du monde."
Pour Adler, l'intelligibilité du dynamisme de la vie psychique n'est pas à rechercher dans la pulsion sexuelle, mais, a contrario de Freud, dans une aspiration à la perfection qui s'est construite dans l'enfance sous l'emprise de l'hérédité, de l'éducation des hasards sociaux. L'enfant se trouve positionner en venant au monde en état d'infériorité et doit combattre non seulement ses propres pulsions biologiques, mais aussi celles de son contexte familial et social. C'est cette aspiration à la perfection qui va lui permettre de préserver le sentiment de supériorité qui anime toutes les conduites humaines. La névrose voit ainsi l'individu fuir le contact d'une réalité qui lui échappe pour sauvegarder une supériorité qui tourne dans le vide.
Le Chapitre sur le "Sentiment d'infériorité et de compensation" est l'un des concepts phares d'Adler. Adler nous montre comment le sentiment d'infériorité est un moteur central de la motivation humaine, poussant les individus à compenser par des comportements qui visent à rétablir leur estime de soi, et influençant leur comportement et leurs relations interpersonnelles....
"C'est le sentiment d'infériorité, d'insécurité, d'insuffisance, qui fait qu'on se pose un but dans la vie et qui aide à lui donner sa conformation. Dès les premières années de l'enfance, le désir de se pousser au premier rang, d'obliger l'attention des parents à se porter sur vous. Tels sont les premiers indices de cette impulsion ouverte à être apprécié, estime, qui se développe sous l'influence du sentiment d'infériorité et qui amène l'enfant à se fixer un but où il apparaîtra supérieur à son milieu ambiant.
A conditionner la fixation de ce but supérieur participe la grandeur du sentiment social ou sentiment de communion humaine. On ne saurait apprécier ni enfant ni adulte sans établir une comparaison entre le sentiment de communion existant en lui et l'apport de son impulsion à la puissance et à la supériorité sur autrui. Le but est dressé de telle sorte que son obtention ouvre la possibilité de se sentir supérieur ou sa personnalité en une mesure qui fera paraître la vie comme valant d'être vécue.
C'est aussi ce but qui confère leur valeur aux impressions, qui guide et influence les perceptions, qui donne leur forme aux représentations et dirige la force créatrice avec laquelle nous créons des représentations, en concevons des souvenirs ou les écartons dans l'oubli. Si l'on considère que les impressions ne sont nullement des grandeurs absolues, mais qu'elles aussi subissent l'influence de la poursuite d'un but, dominatrice de l'âme, si de plus on n'a garde d'oublier que nos perceptions se font toujours selon un choix, dans une intention secrète bien définie, et que nos représentations ne contiennent de même aucune valeur absolue, mais dépendent de l'influence qu'exerce sur elles le but poursuivi, qu'en outre, nous nous efforçons toujours d'orienter chaque événement du côté qui nous paraît propre à maintenir notre but en évidence, alors on comprend qu'ici aussi tout reste relatif et ne garde que l'apparence de valeurs certaines, inébranlables.
Par une fiction, avec une sorte de véritable force créatrice, nous nous accrochons à un point solide, implanté, qui n'existe pas dans la réalité. Cette conviction, proprement conditionnée par une défectuosité de la vie de l'âme humaine, ressemble à beaucoup d'essais que font la science et la vie elle-même, par exemple en partageant la terre par des méridiens, irréels mais fort appréciés comme choses admises. Dans tous les cas de fictions psychiques, nous avons affaire à des phénomènes du genre que voici : nous admettons un point fixe, quoiqu'un examen plus précis nous convaincra nécessairement que ce point est inexistant. Mais nous procédons ainsi uniquement pour obtenir une orientation dans le chaos de la vie, pour pouvoir effectuer un calcul. Toutes choses, à commencer par l'impression, sont pour nous transférées dans un domaine calculable, où nous pouvons agir. Tel est l'avantage que nous offre le fait d'admettre un but ferme, quand nous considérons la vie d'une âme humaine.
(...)
"Il existe dans la vie organique une analogie au mécanisme psychique de la tendance à la compréhension en vertu de quoi l'organe psychique répond toujours au sentiment d'infériorité par l'impulsion à en finir avec ce véritable supplice. C'est un fait établi que les organes vitaux essentiels, quand ils présentent une faiblesse, se mettent, pour peu qu'ils soient viables, à réagir par une extraordinaire augmentation des résultats de leur fonctionnement. Ainsi, la circulation du sang se heurte-t-elle à des difficultés, le cœur travaillera avec des forces accrues; il attirera ce potentiel de tous les points de l'organisme, il y puisera un agrandissement et son volume dépassera celui d'un cœur donnant son travail normal. Il n'en va pas autrement de l'organe psychique ; sous la pression de la petitesse, de la faiblesse, du sentiment d'infériorité, il cherchera, par d'intenses efforts, à maîtriser ce sentiment et à l'écarter.
Que si ce sentiment exerce un empire particulièrement lourd, le danger surgit de voir l'enfant, si vive est son angoisse de demeurer handicapé pour la suite de ses jours, ne pas trouver suffisamment à s'apaiser par la simple compensation et l'exagérer (surcompensation). L'impulsion à la puissance et à la supériorité s'exaspère et devient maladive. A de tels enfants les conditions ordinaires de leur vie ne suffiront plus. Conformément à leur but placé si haut, ils iront chercher des démarches ambitieuses, étonnantes. Ils s'efforcent d'assurer leur propre position avec une précipitation insolite, avec de violentes impulsions dépassant de loin la commune mesure, et sans égard pour leur entourage. De la sorte, ils manifestent de la bizarrerie et provoquent des perturbations dans l'existence des autres, qu'ils contraignent évidemment à réagir, à se défendre. Ils sont contre tous et tous s'opposent à eux. Non pas que tous les cas aboutissent au pire. Il se peut qu'un tel enfant suive longtemps des voies susceptibles de paraître extérieurement normales ; le trait du caractère qui, en l'espèce, se renforce d'abord, j'ai nommé l'ambition, peut se traduire en actes suivant une manière qui ne soulève pas de conflit ouvert avec autrui. Mais il se trouve régulièrement que les dispositions qu'il prend ne causent à personne un pur plaisir, et qu'elles ne produisent aucun effet vraiment utile, car le chemin ainsi suivi paraît inadmissible à notre culture. En effet, étant donnée leur ambition, qu'au cours de l'enfance ces sujets ne sauraient aucunement diriger et mettre en oeuvre avec des résultats féconds, ils seront toujours une gêne sur le chemin des autres. Plus tard s'ajoutent à cela d'autres phénomènes encore, qui signifient déjà de l'hostilité envers l'organisme social que doit être la société humaine.
Tels sont avant tout la vanité, l'orgueil et, une impulsion à surpasser les autres à tout prix, ce qui peut aussi se présenter de telle sorte que les intéressés, sans tendre eux-mêmes toujours plus haut, se contentent de l'abaissement d'un autre. La distance, la grande différence entre eux et autrui, leur importe alors par-dessus tout. Au demeurant, la position ainsi prise envers la vie ne trouble pas seulement l'entourage ; elle laisse au sujet lui-même une impression désagréable, puisqu'elle le pénètre tellement des ombres de la vie qu'il ne saurait voir éclore aucune joie authentique.
Par des efforts insolites, destinés à dépasser qui que ce soit, ces enfants se mettent en opposition avec les obligations communes qui sont le lot des humains. A comparer ce type des amoureux de la puissance à l'idéal d'un homme être social, on pourra, après un peu d'expérience, résoudre le problème qui demanderait d'évaluer, au moins approximativement, dans quelle mesure un individu s'est écarté du sentiment de la communion humaine...."
Parmi les différents chapitres que compose l'ouvrage, on peut citer les suivants :
- dans le chapitre sur le "But de vie" et les "Finalités", Adler aborde l'idée que chaque individu poursuit inconsciemment un "but de vie" (ou "plan de vie"), une finalité qui guide inconsciemment ses comportements. Une notion d'autant plus cruciale qu'elle introduit l’idée d’une logique téléologique (orientée vers un but) dans la psychologie humaine, en opposition au déterminisme freudien.
- dans le chapitre sur "Le style de vie", Adler nous explique que le "style de vie" d'un individu est sa manière unique de s’adapter aux situations, formée dès la petite enfance. Un chapitre qui nous livre une perspective sur le développement de la personnalité et la formation des schémas comportementaux.
"V. - Tension entre les deux sexes. - A la base de tous les phénomènes que nous venons de considérer, se trouvent des déviations de notre culture. Dès qu'un préjugé s'y est inséré, il envahit tout l'ensemble et revient partout. C'est ainsi que le préjugé de l'infériorité féminine, avec l'orgueil masculin corrélatif, trouble continuellement l'harmonie entre les deux sexes. Il en résulte une tension extrême, qui atteint en particulier les rapports créés par l'amour et qui ne cesse de menacer, lorsqu'elle ne les anéantit pas, toutes les possibilités d'être heureux. Voilà pourquoi il est si rare de rencontrer un ménage harmonieux, et pourquoi beau coup d'enfants, à mesure qu'ils grandissent, conçoivent le mariage comme une chose extrêmement difficile et périlleuse. Des préjugés comme celui que nous avons exposé plus haut, et des associations d'idées du même ordre empêchent souvent les enfants d'acquérir une exacte compréhension de la vie. Que l'on pense seulement à ces nombreuses jeunes filles qui ne voient dans le mariage qu'une sorte de pis-aller, et à ces homme et femmes qui n'y trouvent qu'un mal nécessaire. Les difficultés provoquées par cette tension entre sexes ont pris de nos jours des proportions démesurées ; elles s'intensifient d'autant plus que se prononcent davantage, chez la jeune fille, depuis son enfance, l'aspiration à se rebeller contre le rôle qui lui est imposé, et, chez l'homme, l'exigence de jouer un rôle privilégié, en dépit de tout l'illogisme inhérent à ces tendances ..."
- Enfin, un chapitre sur sur "L'importance du contexte social", dans lequel Adler insiste sur le rôle de l'environnement social dans le développement de l'individu, en particulier la famille et les premières relations sociales...
"Nous nous sommes appliqué à indiquer que, pour pouvoir émettre une conclusion sur la personnalité d'un individu, il faut le juger et le comprendre dans sa situation. Par situation nous entendons la position de l'homme dans l'ensemble du monde et envers son proche entourage, sa position en face des questions qu'il rencontre sans interruption, comme celles de l'activité, de l'association, du rapport avec ses semblables. Sur cette voie, nous avons établi que ce sont les impressions pénétrant en l'homme du fait de son entourage qui influent sur l'attitude du nourrisson, et plus tard de l'enfant et de l'adulte, de la manière la plus persistante à travers la vie. On peut déjà déterminer au bout de quelques mois de l'âge le plus tendre, comment un enfant se comporte envers la vie. Il n'est plus possible, dès lors, de confondre entre eux deux nourrissons ou de les assimiler l'un à l'autre quant à leur position envers l'existence, car chacun présente déjà un type prononcé, qui devient de plus en plus net sans perdre la direction qu'il suivait dès l'abord.
Ce qui se développe dans l'âme de l'enfant sera toujours plus pénétré par les rapports de la société avec lui; on voit se produire les premiers indices du sentiment inné de communion humaine, on voit fleurir des mouvements de tendresse organiquement conditionnés, qui vont si loin que l'enfant cherche l'approche des adultes. On peut toujours observer que l'enfant dirige ses inclinations tendres sur autrui, non pas sur lui-même comme le veut Freud. Ces mouvements sont différemment gradués et varient suivant les personnes à qui ils s'adressent.
Chez des enfants parvenus au delà de leur deuxième année, on peut aussi constater cette différence dans les expressions de leur langage. Le sentiment de solidarité, de communion est implanté de nature dans l'âme enfantine, et il ne quitte l'individu que sous l'action des plus graves déviations maladives de la vie de son âme. il reste à travers toute la vie, nuancé; il se restreint ou s'amplifie; dans les cas favorables il dépasse le cercle des membres de la famille pour s'étendre à la tribu, au peuple, à l'humanité entière. Il peut même franchir ces limites et se répandre sur des animaux, des plantes et d'autres objets inanimés, finalement jusque sur le cosmos universel.
Dans notre effort suivi pour parvenir à comprendre l'être humain, nous avons ainsi acquis un important appui : nous avons compris la nécessité qu'il y a à considérer l'homme comme un être social."
"Le Sens de la vie, Étude de psychologie individuelle"
Cet ouvrage, le dernier d'Alfred Adler, constitue une synthèse de ses idées philosophiques et psychiatriques. "Quelles lois régissent la vie psychique ? Dans ce livre, Alfred Adler s'attache à la compensation du sentiment d'infériorité - compensation défectueuse avec son cortège de névrose, perversion sexuelle, toxicomanie ou délinquance ; compensation " réussie "où l'individu a su s'ajuster" à la collectivité grâce au sentiment social. Plus que dans ses œuvres antérieures, Adler insiste sur le sentiment social et sur l'importance du sens de nos responsabilités sociales vis-à-vis de nos semblables." (Editions Payot)
"Ma vie de psychiatre, de psychologue et d'éducateur à l'école et dans les familles m'a donné l'occasion d'observer un vaste matériel humain. Je me suis fait un strict devoir de ne rien avancer qui ne puisse être confirmé et prouvé par mon expérience personnelle. Il n'est pas étonnant que sur ce sujet je me sois parfois trouvé en contradiction avec l'opinion préconçue d'autres auteurs qui ont moins approfondi la vie humaine. Je me suis efforcé aussi d'examiner froidement les arguments valables opposés aux miens, ce qui m'était d'autant plus facile que je ne me crois lié par aucune règle stricte et par aucun parti pris. Bien plus, je souscris volontiers à l'axiome : on peut tout expliquer différemment. La singularité de l'individu ne se laisse pas saisir dans une courte formule. Les règles générales, telles que les formule la psychologie individuelle que j'ai créée, ne doivent pas être plus qu'un moyen de secours pour éclairer provisoirement un champ de vision dans lequel l'individu sera ou non inclus. Une telle appréciation des règles, une souplesse et une affinité plus accentuées pour les nuances ont renforcé toutes les fois ma conviction de la force créatrice libre de l'individu dans sa première enfance, à laquelle est subordonnée celle de sa vie ultérieure, après que l’enfant s'est donné une loi dynamique fixe pour sa vie. Dans cette conception qui laisse à l'enfant la voie libre dans ses tendances à la perfection, au fini, à la supériorité ou bien à l'évolution, on peut considérer l'influence des aptitudes, qu'elles soient héréditaires ou humainement modifiées, ainsi que l'influence du milieu et de l'éducation, comme les éléments avec lesquels l'enfant forgera son style de vie par son art créateur."