Fiction & NonFiction, by decade - Back to 1930s
Ce qui se lit, ce qui se pense ...
1930-1939, la population de la planète Terre, évaluée à 2,07 milliards d'habitants, connaît un taux de croissance de près de 20%, une expansion démographique qui va constituer un aspect capital de l'évolution sociale des décennies à venir, et pourtant, succédant aux Années folles, les années 1930, entre la crise économique de 1929 et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, sont une bien décennie sombre...
Après quelques années de stabilité, 1924-1929, au cours desquelles l'Europe n'a pas retrouvé sa prépondérance d'avant 1914, en 1929-1930, la dépression des années 30 sera la pire que le capitalisme n'ait jamais connue, réduisant de moitié la production industrielle des deux premières économies du monde, les États-Unis et l’Allemagne. Quant à l'avant-garde européenne, elle semble déjà s'être épuisée dès la fin des années 20 avec le futurisme, le dadaïsme et le surréalisme. Des régimes s’installent ou se consolident, autoritaires, voire totalitaires, souvent guidés par des " chefs " qui leur donnent leur nom : franquisme en Espagne, stalinisme en Union soviétique, national-socialisme en Allemagne, fascisme en Italie. Ils utilisent, entre autres moyens, ces nouveaux vecteurs de "culture de masse" qui se développent alors, la presse écrite, la radio - en 1930, le nombre d'Américains écoutant la radio était estimé à 60 millions, la moitié de la population -, le cinéma, le sport. C'est dans ce contexte le livre de poche fait son entrée dans le monde avec les English PenguinBooks, le 30 juillet 1935, 3 millions d'entre eux sont vendus dès la première année, - "The Mysterious Affair at Styles, d'Agatha Christie, "A Farewell to Arms", d'Ernest Hemingway, "The Unpleasantness at the Bellona Club", de Dorothy Sayers, et en 1937, Pelican vient doubler Penguin dans le domaine de la non fiction avec comme premier titre "The Intelligent Woman's Guide to Socialism, Capitalism, Sovietism & Fascism" de George Bernard Shaw. Bientôt imité aux Etats-Unis par les "Pocket Books" de Simon & Schuster, en 1938, et dont le premier titre est "The Good Earth" de Pearl Buck, portant tous le fameux "complete and Unabridged". Débute en Espagne en 1939 la "Collection Australe" avec "La rebellion de las masas" de José Ortega y Gasset...
La décennie débute avec Bergson, qui publie les "Deux Sources de la Morale et de la Religion" (1932), puis "La Pensée et le Mouvant", Aldous Huxley, "Le Meilleur des Mondes", Jankélévitch, "La Mauvaise Conscience", Edmund Husserl, "Méditations cartésiennes", Malraux, "La Condition Humaine", alors qu'Hitler devient chancelier du IIIe Reich (1933), de grands romans et d'immenses écrivains, Robert Musil, William Faulkner, Garcia Lorca, Dashiell Hammett, Hermann Hesse, Berthold Brecht, T. S. Eliot, John Dos Passos, Louis-Ferdinand Céline, Aldous Huxley, Hermann Broch, Erskine Caldwell, Ernest Hemingway, John Steinbeck, Georges Simenon, Virginia Woolf, Francis Scott Fitzgerald, Alfred Döblin, Zora Neale Hurston, Georges Bernanos, Jorge Luis Borges, André Gide, Cesare Pavese, Witold Gombrowicz, André Breton, Archibald Joseph Cronin, Jean-Paul Sartre écrit "La Nausée", le premier roman de l'existentialisme, peu de décennie porte ainsi au devant de la scène de l'histoire de la littérature autant de créativité et de diversité....
En 1934, Bachelard publie "Le Nouvel esprit scientifique" et Karl Popper, avec "La Logique de la Découverte scientifique", s'attache à définir la scientificité sans le critère de la vérifiabilité. Margaret Mead réfute les idées occidentales sur les rôles attribués aux sexes, Antonio Gramsci analyse le processus d'hégémonie culturelle par lequel les groupes sociaux dominants conservent leur pouvoir (1937), Norbert Elias examine les liens entre ordre social et comportement individuel (1939), Robert King Merton applique l'analyse de Durkheim à la société américaine (1938) et vient à conclure que les comportements déviants sont le résultat de tensions, il est vrai que le racisme et l'antisémitisme sont alors de langage courant. L'idée que la culture populaire touche un public passif, qu'on pousse à la consommation de produits inutiles en lui donnant l'illusion de choisir, pour le profit de quelques-uns, remonte aux années trente, quand l'évidence de la manipulation du public, jointe à la montée du fascisme en Europe, atteignit son comble. Le cadre théorique de la science informatique se met en place alors qu'Alan Turing décrit une "machine" hypothétique qui jette les bases des ordinateurs modernes, et qu'Alonzo Church et Kurt Gödel énoncent que tout problème de calcul fondé sur une procédure algorithmique peut être résolu par une machine de Turing, John Maynard Keynes en 1936 introduit l'idée d'un chômage involontaire permanent et insiste sur la responsabilité de l'État, qui est seul capable d'élever la demande effective au niveau requis pour la réalisation du plein emploi. Ludwig Wittgenstein débute ses "Investigations philosophiques" et Edmund Husserl "La Crise des sciences européennes" ...
Années de crise sociale et années fastueuses pour Hollywood, l'essor est prodigieux depuis l'avènement du "parlant" en 1928, le véritable art populaire du XXe siècle, jusqu'à la guerre, est en effet le cinéma. Pulp magazines, Comic book, et Swing complètent ce tableau si contrasté. Les lois de Nuremberg annoncent la tragédie à suivre, et à la fin de la décennie éclate la Seconde Guerre mondiale, "Dort, wo man Bücher verbrennt, verbrennt man am Ende auch Menschen" avait lancé Heinrich Heine en 1820-1821 (Almansor), comme pressentant l'autodafé nazi du 10 mai 1933 ...
Fin de la décennie, 1939, l'année "magique" de l'histoire du cinéma américain tant par la qualité des films produits que par le nombre de spectateurs se pressant dans les salles, plus de 50 millions de tickets vendus pour "The Wizard of Oz", 39 millions pour "Mr. Smith Goes To Washington", 10 millions pour "Gone with the Wind"...
Last update: 01-02-2023