Fiction & NonFiction, by decade - Back to 1950s
Ce qui se lit, ce qui se pense ...
"Everything began in the 1950s?" - 2,5 milliards habitants sur la planète Terre en 1950 - L'Ancien monde, celui des Baby-boomers des années 1950-1960 s'installe progressivement, très progressivement, en pleine Guerre froide et décolonisation, a contrario les technologies de la communication s'imposent avec une rapidité inégalée, en une décennie la télévision remplacera la radio, les journaux et magazines seront les premières sources d'information et de loisirs. Dans le même temps, David Riesman vend aux Etats-Unis plus de 1,4 millions de "The Lonely Crowd", arguant que le grand retour de la prospérité matérielle qui gagne rapidement tout l'Occident conduit non à la pacification sociale mais à la désolation intérieure, la télévision installant conformité et uniformité, la société moderne substituant au "inner-directed type" du siècle précédent le "other-directed individuals", façonnés par la culture des pairs et des médias, orienté vers l'autre, préférant être aimés qu'estimés.. C.Wright Mills montre, quant à lui, comment les conditions et les styles de vie de la classe moyenne, issus d'éléments des nouvelles classes inférieures et supérieures, représentent la société moderne dans son ensemble (1951, White Collar)...
Fondée sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe de Yalta est divisée en deux blocs idéologiques prêts à s'affronter. Les années 1950 débute avec « Computing Machinery and Intelligence » (Mind, Alan Turing) et "The Human Use of Human Beings : Cybernetics and society" dans lequel Wiener alerte déjà l'être humain sur les nouveaux problèmes qui vont préoccuper la société de l’information et de la communication à venir, deux décennies sous le signe de l'automation (1950-1960). En fond de Guerre froide et de décolonisation, Baby-Boom (1945-1960), naissance et développement de la société d'abondance, émancipation du Tiers-Monde (1952), âge d'or de la peinture abstraite occidentale, l'ordinateur tête pensante des machines (1952), la pilule contraceptive (1952), la déstalinisation (1953), la structure de l'ADN (1953), la Télévision à son âge d'or (1954), la révolution du transistor (1954-1957), le Mouvement afro-américain des droits civiques (1955), Hamburger (Ray Croc, 1954) et Coca-Cola by Raymond Loewy (1955), et Grand Bond en avant (Chine, 1958), "Eros et civilisation" (1955), Thérapie familiale et American way of life, la famille comme unité de production des identités humaines (Talcott Parsons), insurrection en Pologne et en Hongrie (1956), Marilyn Monroe (1956), Spoutnik I (1957) et Méritocratie (1958), Traité de Rome et Communauté économique européenne (1958), et menace omniprésente de l'anéantissement nucléaire entraînant une épidémie de films populaires horrifiant les spectateurs d'images de dévastation nucléaire et de créatures mutantes. Une décennie qui s'achève avec le General Problem Solver, un programme informatique créé en 1959 par Herbert Simon, Cliff Shaw et Allen Newell dans le but de construire un solveur de problèmes universel ..
L'expressionnisme abstrait ou action painting est la première grande tendance artistique qui se fait jour aux Etats-Unis, dans un contexte où domine une abstraction froide et géométrique. Les novateurs anticonformistes des années précédentes sont désormais encensés, des cours de littérature se donnent de toute part, la notion d'avant-garde est un produit comme un autre, la répétition, la monotonie, l'effet anesthésiant du familier sont les ressorts de l'art d'un Andy Warhol, le pop art tente de réduire le fossé qui s'est creusé entre l'art et le grand public, exposition et exhibition, aidées par les nouveautés technologiques du temps, se confondent, et tandis que le le Théâtre de l'absurde avec "La Cantatrice chauve" d'Eugène Ionesco, "En attendant Godot", de Samuel Beckett, laisse peser des interrogations infinies sur le sens de ce monde, le Nouveau Roman, avec Michel Butor, Alain Robbe-Grillet et Nathalie Sarraute, épuisent les derniers soubresauts de l'existentialisme. Trois écrivains symbolisent la rébellion contre les moeurs sociales de leur époque et auront une immense influence sur ce qu'on appellera la "contre-culture" de la décennie suivante, Allen Ginsberg, Jack Kerouac et Williams Burroughs.
Alors que disparaît Staline, que Khroutchev dénonce les abus du stalinisme, en France comme dans le monde anglo-saxon, qu'entre en littérature et sur les écrans la Science-Fiction, les livres de poche ou "paperbacks" commencent à proliférer sous la forme de livres bien imprimés et bon marché sur tous les sujets imaginables, - on y apprend la pensée positive mais aussi à cuisiner, à recevoir ses amis, à décorer son appartement ou à jardiner -, les emprunteurs de livres deviennent acheteurs, de nouveaux lecteurs de livres à une échelle jamais connue auparavant : pour la première fois le livre entre dans le domaine des achats impulsifs, boostés par le grand nombre d'exemplaires imprimés, 200 millions d'exemplaires en format de poche sont écoulés aux Etats-Unis. ..
Le 17 juin 1950 Rowohlt Verlag lance en Allemagne le "Taschenbuch", "Little man - what next?" de Hans Fallada, "Au bord de la vie" de Graham Greene, "Le livre de la jungle" de Rudyard Kipling, "Castle Gripsholm" de Kurt Tucholsky, chaque livre avec un tirage de 50000 exemplaires, 6200000 exemplaires seront vendus à la mi-octobre 1950. Puis, avec l'essor des humanités en Allemagne, la série "Bücher des Wissens" de S.Fischer Verlag et "rowohlts deutsche enzyklopäfies" d'Ernesto Grassi : mais jusqu'en 1960 on hésite encore face à ce nouveau phénomène et ces "nouveaux arbres de la connaissance" (Hans Magnus Enzensberger) qui poussent un peu partout dans les gares et lieux publics. En février 1953, la Librairie générale (Daniel Filipacchi) lance sa collection "Le Livre de poche", en 1958 suit "J'ai Lu" (Flammarion), en 1962, "10/18" (Plon), et Penguin en 1954 lance ses Penguin Classics avec la traduction de l'Odyssée d'Homère ...
De 1950 à 1960, la généralisation de l'industrialisation de l'économie américaine engendre une restructuration importante du travail, Erich Fromm dénonce le conformisme de la modernité (1955), Raymond Williams se penche sur le concept de culture (1958), les travaux de Roland Barthes sur la sémiotique attribuent à la publicité le rôle d'aveugler les consommateurs sur leurs véritables besoins, Noam Chomsky et sa grammaire générative défend l'hypothèse de l'origine innée du langage, au kitchen sink dramatists de peintres britanniques répond les "Angry young men", illustrés par John Osborne au réalisme sans concession, Lévi-Strauss commence à opposer son anthropologie structurale à tous les courants de l'anthropologie anglo-saxonne de l'époque, évolutionniste, culturaliste ou fonctionnaliste, de "Invisible Man" de Ralph Ellison (1952), "East of Eden" de Steinbeck, 'L'expérience intérieure", de Georges Bataille, "Bonjour Tristesse" de Françoise Sagan (1954), à "On the Road" de Jack Kerouac (1957) et "Junky" de William Burroughs, une littérature à fleur de peau ...
A la fin de la décennie, et jusqu'à la fin de la suivante, la Nouvelle Vague impose toute son immense créativité dans le cinéma français, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Éric Rohmer, Claude Chabrol, Jacques Rivette, Alain Resnais, Louis Malle, Agnès Varda et Jacques Demy nous ouvre un nouveau monde, Sir Alfred Hitchcock nous plonge dans la psychose ...
Last update: 01-02-2023