Analyse transactionnelle - Eric Berne (1910-1970), “Games People Play” (1964), "What Do You Say After You Say Hello? (1972) - Thomas A. Harris, "I’m OK—You’re OK" (1967) - Muriel James, Dorothy Jongeward, "Born to Win: Transactional Analysis with Gestalt Experiments" (1971) - James Redfield, "The Celestine Prophecy" (1993) - ...
Last update: 12/12/2023
"People play games as a substitute for real intimacy, and every game, however unpleasant, has a particular payoff for one or both players" (Les gens jouent à des jeux pour remplacer l'intimité réelle, et chaque jeu, aussi désagréable soit-il, a un intérêt particulier pour l'un des joueurs ou pour les deux) - Chacun de nous pense être en en relation avec d'autres personnes, mais en réalité si nous le sommes c'est qu'en fait nous jouons ensemble et nous jouons tous à des jeux. Il y a déjà plus d'un demi-siècle, "Games People Play", d'Eric Berne, a révolutionné à sa manière notre compréhension de ce qui se passe réellement au cours de nos interactions sociales les plus élémentaires : c'est ainsi qu'il a décrit les interactions humaines à travers la métaphore des "jeux" que les gens jouent dans leurs relations, souvent de manière inconsciente. Plus de cinq millions d'exemplaires plus tard, le classique du Dr Eric Berne est toujours aussi révélateur qu'il ne l'était le jour de sa première publication. Nous passons en fait notre temps à jouer, jeux sexuels, jeux conjugaux, jeux de pouvoir avec nos patrons et jeux de compétition avec nos amis...
En 1961, le psychiatre Eric Berne a publié un livre au titre très ennuyeux, « Transactional Analysis in Psychotherapy » (Analyse transactionnelle en psychothérapie). Ce livre est devenu l'ouvrage de base dans son domaine, a fait l'objet de nombreuses références et s'est vendu à un prix raisonnable. Trois ans plus tard, il a publié une suite basée sur les mêmes concepts, mais dans un style plus familier, du moins après les 50 ou 60 premières pages écrites, quant à elles, dans un style toujours aussi sérieux et érudit. Mais avec son titre brillant et ses catégories amusantes et pleines d'esprit sur la motivation humaine, « Games People Play » ne pouvait qu'attirer l'attention. Les ventes du premier tirage de 3 000 exemplaires ont été lentes, mais deux ans plus tard, grâce essentiellement au bouche à oreille et à une modeste publicité, le livre s'est vendu à 300 000 exemplaires en version reliée. Il est resté deux ans sur la liste des best-sellers du New York Times (ce qui est inhabituel pour un ouvrage de non-fiction) et a créé un modèle pour tous ces futurs écrivains qui firent soudainement fortune en écrivant un best-seller de psychologie ...
« I'm OK-You're OK » fut une icône du boom de la psychologie pop des années 1960 et 1970 : dans un épisode de "Seinfeld", Jerry Seinfeld ouvrira la porte de son appartement pour trouver George Costanza, un cas désespéré, étalé sur le canapé en train de lire "I'm OK-You're OK". La demande pour les livres de Eric Berne et Thomas A. Harris fut énorme, et aujourd'hui l'un et l'autre restent confortablement installés au panthéon des titres qui se sont vendus à plus de 10 millions d'exemplaires. Et l'on ajouter une spécificité qui fait les distinguenty de bien d'autres ouvrages de la même catégorie, c'est que « I'm OK-You're OK », fut/est non seulement lu mais aussi utilisé.
Eric Berne, médecin psychiatre et psychanalyste canadien, est principalement connu pour avoir fondé l'Analyse Transactionnelle (AT), une théorie de la personnalité et un modèle tant de communication interpersonnelle que de psychothérapie dont l'approche s'est aisément imposée comme simple, accessible et pratique (on parle de « jeux psychologiques », de « transactions » et de « scénarios de vie ») : elle est basée sur l'idée que les gens ont des « états du moi » distincts (Parent, Adulte, Enfant), qui influencent leurs comportements et leurs relations avec les autres. "Games People Play" a pu ainsi s'imposer comme une approche permettant d'analyser des schémas relationnels inconscients et comprendre des comportements sociaux complexes. Pour un psychologue, ce put être un outil utile pour explorer les motifs répétitifs de comportements et aider les patients à les reconnaître et à les changer.
Une approche donc rapidement populaire et pratique, mais des concepts que l'on a pu estimer par trop simplifiés (pour ne pas dire simpliste) et une relative absence de validation empirique qui en feront rapidement un outil complémentaire plutôt qu'une méthode principale dans le cadre de la psychothérapie pour des troubles sévères. On l'a souvent jugée plus adaptée à la résolution de problèmes relationnels, au développement personnel, de dynamique au sein des groupes, et aux interventions dans les organisations, qu'à la prise en charge clinique de pathologies graves....
The "OBESERVATION of spontaneous social activity, most productively carried out in certain kinds of psychotherapy groups, reveals that from time to time people show noticeable changes in posture, view-point, voice, vocabulary, and other aspects of behaviour. These behavioural changes are often accompanied by shifts in feeling. In a given individual, a certain set of behaviour patterns corresponds to one state of mind, while another set is related to a different psychic attitude, often inconsistent with the first. These changes and differences give rise to the idea of ego states.
In technical language, an ego state may be described phenomenologically as a coherent system of feelings, and operationally as a set of coherent behaviour patterns. In more practical terms, it is a system of feelings accompanied by a related set of behaviour patterns. Each individual seems to have available a limited repertoire of such ego states, which are not roles but psychological realities. This repertoire can be sorted into the following categories: (1) ego states which resemble those of parental figures; (2) ego states which are autonomously directed towards objective appraisal of reality and (3) those which represent archaic relics, still-active ego states which were fixated in early childhood. Technically these are called, respectively, exteropsychic, neopsychic, and archaeopsychic ego states. Colloquially their exhibitions are called Parent, Adult and Child, and these simple terms serve for all but the most formal discussions.
L' "OBSERVATION de l'activité sociale spontanée, menée de la manière la plus productive dans certains types de groupes de psychothérapie, révèle que, de temps à autre, les gens montrent des changements notables dans leur posture, leur point de vue, leur voix, leur vocabulaire et d'autres aspects de leur comportement. Ces changements de comportement s'accompagnent souvent d'une évolution des sentiments. Chez un individu donné, un certain ensemble de comportements correspond à un état d'esprit, tandis qu'un autre ensemble est lié à une attitude psychique différente, souvent incompatible avec la première. Ces changements et ces différences donnent naissance à l'idée d'états du moi.
En langage technique, un état du moi peut être décrit phénoménologiquement comme un système cohérent de sentiments, et opérationnellement comme un ensemble de modèles de comportement cohérents. En termes plus pratiques, il s'agit d'un système de sentiments accompagné d'un ensemble de comportements connexes. Chaque individu semble disposer d'un répertoire limité de ces états du moi, qui ne sont pas des rôles mais des réalités psychologiques. Ce répertoire peut être classé dans les catégories suivantes : (1) les états du moi qui ressemblent à ceux des figures parentales ; (2) les états du moi qui sont orientés de manière autonome vers une évaluation objective de la réalité et (3) ceux qui représentent des reliques archaïques, des états du moi encore actifs qui ont été fixés dans la petite enfance. Techniquement, ces états du moi sont appelés respectivement état extéropsychique, état néopsychique et état archéopsychique. Dans le langage courant, les expositions sont appelées Parent, Adulte et Enfant, et ces termes simples servent à toutes les discussions, sauf les plus formelles.
The position is, then, that at any given moment each individual in a social aggregation will exhibit a Parental, Adult or Child ego state, and that individuals can shift with varying degrees of readiness from one ego state to another. These observations give rise to certain diagnostic statements. ‘That is your Parent’ means: ‘You are now in the same state of mind as one of your parents (or a parental substitute) used to be, and you are responding as he would, with the same posture, gestures, vocabulary, feelings, etc’ ‘That is your Adult’ means: ‘You have just made an autonomous, objective appraisal of the situation and are stating these thought-processes, or the problems you perceive, or the conclusions you have come to, in a non-prejudicial manner.’ ‘That is your Child’ means: ‘The manner and intent of your reaction is the same as it would have been when you were a very little boy or girl.’
La position est donc qu'à tout moment, chaque individu d'une agrégation sociale présentera un état du moi parental, adulte ou enfantin, et que les individus peuvent passer avec plus ou moins de facilité d'un état du moi à l'autre. Ces observations donnent lieu à certains diagnostics. C'est votre Parent » signifie : »Vous êtes maintenant dans le même état d'esprit que l'un de vos parents (ou un substitut parental) et vous réagissez comme lui, avec la même posture, les mêmes gestes, le même vocabulaire, les mêmes sentiments, etc. C'est votre enfant » signifie : “La manière et l'intention de votre réaction sont les mêmes que lorsque vous étiez un tout petit garçon ou une toute petite fille”.
The implications are:
1. That every individual has had parents (or substitute parents) and that he carries within him a set of ego states that reproduce the ego states of those parents (as he perceived them), and that these parental ego states can be activated under certain circumstances (exteropsychic functioning). Colloquially: ‘Everyone carries his parents around inside of him.’
2. That every individual (including children, the mentally retarded and schizophrenics) is capable of objective data processing if the appropriate ego state can be activated (neopsychic functioning). Colloquially : ‘Everyone has an Adult.’
3. That every individual was once younger than he is now, and that he carries within him fixated relics from earlier years which will be activated under certain circumstances (archaeopsychic functioning). Colloquially : ‘Everyone carries a little boy or girl around inside of him.’
At this point it is appropriate to draw Figure 1A, which is called a structural diagram. This represents, from the present viewpoint, a diagram of the complete personality of any individual. It includes his Parental, Adult, and Child ego states. They are carefully segregated from each other, because they are so different and because they are so often quite inconsistent with each other. The distinctions may not be clear at first to an inexperienced observer,but soon become impressive and interesting to anyone who takes the trouble to learn structural diagnosis. It will be convenient henceforth to call actual people parents, adults or children, with no capital letters; Parent, Adult and Child, capitalized, will be used when ego states are referred to. Figure 1B represents a convenient, simplified form of the structural diagram.
Les implications sont les suivantes
1. Que chaque individu a eu des parents (ou des parents de substitution) et qu'il porte en lui un ensemble d'états du moi qui reproduisent les états du moi de ces parents (tels qu'il les a perçus), et que ces états du moi parentaux peuvent être activés dans certaines circonstances (fonctionnement extéropsychique). En langage courant, on dit : « Tout le monde porte ses parents en lui ».
2. Que chaque individu (y compris les enfants, les retardés mentaux et les schizophrènes) est capable de traiter des données objectives si l'état du moi approprié peut être activé (fonctionnement néopsychique). En langage courant : « Tout le monde a un adulte ».
3. Que chaque individu a été plus jeune qu'il ne l'est aujourd'hui et qu'il porte en lui des reliques fixes de ses années antérieures qui seront activées dans certaines circonstances (fonctionnement archéopsychique). On dit familièrement : « Chacun porte en lui un petit garçon ou une petite fille ».
A ce stade, il convient de dessiner la figure 1A, appelée schéma structurel. Il représente, du point de vue actuel, un diagramme de la personnalité complète d'un individu. Il comprend les états du moi du parent, de l'adulte et de l'enfant. Ils sont soigneusement séparées les unes des autres, parce qu'elles sont très différentes et parce qu'elles sont souvent incompatibles les unes avec les autres. Les distinctions peuvent ne pas être claires au début pour un observateur inexpérimenté, mais elles deviennent rapidement impressionnantes et intéressantes pour quiconque prend la peine d'apprendre le diagnostic structurel. Il sera désormais commode d'appeler les personnes actuelles parents, adultes ou enfants, sans majuscule ; les termes Parent, Adulte et Enfant, avec majuscule, seront utilisés lorsqu'il sera fait référence aux états du moi. La figure 1B représente une forme pratique et simplifiée du diagramme structurel...."
L'Analyse Transactionnelle (Transactional Analysis, TA) est à la fois une théorie de la personnalité et une méthode de psychothérapie.
En introduction : les adultes ont autant besoin de contacts physiques que les enfants, mais comme ils ne sont pas toujours disponibles, nous faisons des compromis (Adults need physical contact as much as children, but it is not always available so we compromise) et recherchons plutôt des « caresses » (strokes) émotionnelles symboliques de la part d'autres personnes. Une star de cinéma, par exemple, peut recevoir des centaines de lettres de fans hebdomadaires, tandis qu'un scientifique peut recevoir le sien d'une seule recommandation positive de la part d'une personnalité de premier plan dans son domaine. Berne a défini le "stroke" comme « l'unité fondamentale de l'action sociale » (fundamental unit of social action). Un échange de coups est une transaction, d'où la création de l'expression « analyse transactionnelle » (transactional analysis) pour décrire la dynamique de l'interaction sociale (the dynamics of social interaction).
1) Berne a défini la personnalité humaine en fonction de trois états du moi : Parent, Adulte et Enfant. Chacun de ces états du moi (ego states) représentent différentes façons de penser, de ressentir et de se comporter...
"Parent" (Parent - rules, judgments) : Cet état est basé sur les règles, les normes et les valeurs apprises de nos figures d'autorité (parents, enseignants, etc.). Il peut être critique (normes rigides, jugements) ou nourricier (encouragement, protection).
"Adulte" (Adult - logical, rational) : Cet état correspond à la rationalité et à la logique. Il traite l'information de manière objective, sans être influencé par les émotions ou les jugements de valeur. Il est l'état du moi le plus utile pour la résolution de problèmes.
"Enfant" (Child - emotions, spontaneity) : Cet état est lié à l'expérience émotionnelle. Il peut être libre et créatif (l'Enfant libre) ou soumis et adaptatif (l'Enfant soumis). Il est souvent associé aux besoins affectifs et aux émotions.
Dans son livre "Des jeux et des hommes" (Games People Play, 1964), Berne décrit les états du moi de la manière suivante : « Un État du Moi est un système cohérent de pensées et de sentiments directement associé à un ensemble correspondant de comportements. L'Adulte est en interaction avec la réalité objective, l'Enfant avec les émotions et le Parent avec les normes et les valeurs. »
Les trois moi (The three selves) ? L'analyse transactionnelle est issue de la psychanalyse freudienne, que Berne avait étudiée et pratiquée. Un jour, il a eu un patient adulte de sexe masculin qui a admis qu'il était en réalité « un petit garçon habillé en adulte ». Lors des séances suivantes, Berne lui a demandé si c'était le petit garçon qui parlait ou l'adulte. À partir de ces expériences et d'autres encore, Berne en est venu à penser qu'il existe en chacun de nous trois moi ou « états du moi » qui se contredisent souvent. Ils sont caractérisés par
- les attitudes et la pensée d'une figure parentale (Parent) ;
- la rationalité, l'objectivité et l'acceptation de la vérité d'un adulte (Adulte) ;
- les positions et fixations d'un enfant (Enfant).
Les trois moi correspondent (très) vaguement au surmoi (parent), au moi (adulte) et au ça (enfant) de Freud.
"THE unit of social intercourse is called a transaction. If two or more people encounter each other in a social aggregation, sooner or later one of them will speak, or give some other indication of acknowledging the presence of the others. This is called the transactional stimulus. Another person will then say or do something which is in some way related to this stimulus, and that is called the transactional response. Simple transactional analysis is concerned with diagnosing which ego state implemented the transactional stimulus, and which one executed the transactional response. The simplest transactions are those in which both stimulus and response arise from the Adults of the parties concerned. The agent, estimating from the data before him that a scalpel is now the instrument of choice, holds out his hand. The respondent appraises this gesture correctly, estimates the forces and distances involved, and places the handle of the scalpel exactly where the surgeon expects it. Next in simplicity are Child-Parent transactions. The fevered child asks for a glass of water, and the nurturing mother brings it..."
"L'unité de la relation sociale s'appelle une transaction. Si deux personnes ou plus se rencontrent dans un groupe social, tôt ou tard, l'une d'entre elles parlera ou donnera un autre signe de reconnaissance de la présence des autres. C'est ce qu'on appelle le stimulus transactionnel. Une autre personne dira ou fera alors quelque chose qui est d'une certaine manière lié à ce stimulus, et c'est ce qu'on appelle la réponse transactionnelle. L'analyse transactionnelle simple vise à diagnostiquer quel état du moi a mis en œuvre le stimulus transactionnel et lequel a exécuté la réponse transactionnelle. Les transactions les plus simples sont celles dans lesquelles le stimulus et la réponse découlent des adultes des parties concernées. L'agent, estimant d'après les données dont il dispose que le scalpel est l'instrument de prédilection, tend la main. Le répondant évalue correctement ce geste, estime les forces et les distances en jeu et place le manche du scalpel exactement là où le chirurgien l'attend. Viennent ensuite, en toute simplicité, les transactions entre enfants et parents. L'enfant fiévreux demande un verre d'eau et la mère nourricière le lui apporte..."
2) Les transactions entre individus se font à travers ces états, et les déséquilibres ou malentendus dans les relations sont souvent le résultat de transactions dissonantes entre ces derniers ...
"TRANSACTIONS usually proceed in series. These series are not random, but are programmed. Programming may come from one of three sources: Parent, Adult or Child, or more generally, from society, material or idiosyncrasy. Since the needs of adaptation require that the Child be shielded by the Parent or Adult until each social situation has been tested, Child programming is most apt to occur in situations of privacy and intimacy, where preliminary testing has already been done. The simplest forms of social activity are procedures and rituals. Some of these are universal and some local, but all of them have to be learned...."
« Les transactions se déroulent généralement en série. Ces séries ne sont pas aléatoires, mais programmées. La programmation peut provenir de l'une des trois sources suivantes : le parent, l'adulte ou l'enfant : Le parent, l'adulte ou l'enfant, ou plus généralement, la société, le matériel ou l'idiosyncrasie. Comme les besoins d'adaptation exigent que l'enfant soit protégé par le parent ou l'adulte jusqu'à ce que chaque situation sociale ait été testée, la programmation de l'enfant a le plus de chances de se produire dans des situations de vie privée et d'intimité, où des tests préliminaires ont déjà été effectués. Les formes les plus simples d'activité sociale sont les procédures et les rituels. Certains sont universels et d'autres locaux, mais tous doivent être appris.... »
Berne décrit une transaction comme un échange d'unité de communication entre deux personnes. « Une transaction est la plus petite unité d'une communication. Elle est constituée d'un stimulus et d'une réponse, chacun pouvant être de nature Parent, Adulte ou Enfant. » ("Des jeux et des hommes"). Chaque transaction engage un état du moi, et l'AT vise à analyser quelles parties des états du moi des interlocuteurs interagissent lors de ces échanges. Des transactions qui peuvent être "complémentaires", lorsque les échanges sont harmonieux (une transaction Adulte-Adulte qui se déroule de manière rationnelle et logique) ou "croisées", quand elles surviennent lorsqu'un message est envoyé d'un état du moi mais reçoit une réponse inattendue d'un autre état (sources de malentendus ou des conflits).
Risque de stéréotypage des comportements, simplification grossière ? C'est l'une des critiques les plus fréquentes adressée à cette classification des transactions interpersonnelles dans des catégories spécifiques. Il faut en effet éviter de « suranalyser » chaque interaction selon des schémas prédéfinis, ce qui pourrait enfermer certaines personnes dans des étiquettes rigides (Parent critique, Enfant soumis, etc.).
Peut-on réduire les relations humaines à des transactions interpersonnelles? Cette approche pourrait manquer de profondeur lorsqu'il s'agit de comprendre des aspects plus profonds et inconscients de la psyché ...
Des transactions aux "Jeux" ...
« Un jeu est une série de transactions avec une motivation cachée, menant à un résultat bien défini et prévisible, qui conforte un scénario de vie» ("Des jeux et des hommes").
Étant donné notre grand besoin de recevoir des "caresses", Berne a observé qu'en termes biologiques, les êtres humains considèrent que tout rapport social - même s'il est négatif - est préférable à l'absence de tout rapport. Ce besoin d'intimité est aussi la raison pour laquelle les gens s'engagent dans des « jeux », qui deviennent un substitut au contact authentique. Il a défini un jeu comme « une série continue de transactions ultérieures complémentaires qui progressent vers un résultat bien défini et prévisible ». Nous jouons à un jeu pour satisfaire une motivation cachée, et cela implique toujours un gain.
La plupart du temps, les gens ne sont pas conscients qu'ils jouent à des jeux ; il s'agit simplement d'un élément normal de l'interaction sociale. Les jeux ressemblent beaucoup au poker, lorsque nous cachons nos véritables motivations dans le cadre d'une stratégie visant à obtenir un gain, c'est-à-dire à gagner de l'argent. Dans l'environnement professionnel, le gain peut être la conclusion d'une affaire ; les gens parlent du « jeu de l'immobilier », du « jeu de l'assurance » ou du « jeu de la bourse », reconnaissant ainsi inconsciemment que leur travail implique une série de manœuvres visant à obtenir un certain gain. Et dans les relations étroites ? Le gain implique généralement une certaine satisfaction émotionnelle ou une augmentation du contrôle.
" ... Of more significance as an introduction to game analysis are informal rituals, and among the most instructive are the American greeting rituals.
1A: ‘Hi!’ (Hello, good morning.)
1B: ‘Hi!’ (Hello, good morning.)
2A: ‘Warm enough forya?’ (How are you?)
2B: ‘Sure is. Looks like rain, though.’ (Fine. How are you?)
3A: ‘Well, take cara yourself.’ (Okay.)
3B: ‘I’ll be seeing you.’
4A: ‘So long.’
4B: ‘So long.’
It is apparent that this exchange is not intended to convey information. Indeed, if there is any information, it is wisely withheld. It might take Mr A fifteen minutes to say how he is, and Mr B, who is only the most casual acquaintance, has no intention of devoting that much time to listening to him. This series of transactions is quite adequately characterized by calling it an ‘eight-stroke ritual’. If A and B were in a hurry, they might both be contented with a two-stroke exchange, Hi-Hi. If they were old-fashioned Oriental potentates, they might go through a two-hundred stroke ritual before settling down to business. Meanwhile, in the jargon of transactional analysis, A and B have improved each other’s health slightly; for the moment, at least, ‘their spinal cords won’t shrivel up’, and each is accordingly grateful.
This ritual is based on careful intuitive computations by both parties. At this stage of their acquaintance they figure that they owe each other exactly four strokes at each meeting, and not oftener than once a day. If they run into each other again shortly, say within the next half-hour, and have no new business to transact, they will pass by without any sign, or with only the slightest nod of recognition, or at most with a very perfunctory Hi-Hi. These computations hold not only for short intervals but over periods of several months...."
« ... Les rituels informels sont plus importants en tant qu'introduction à l'analyse du jeu, et les rituels de salutation américains sont parmi les plus instructifs.
1A : 'Hi!' (Bonjour)
1B : « Hi ! » (Bonjour, bonjour)
2A : « Warm enough forya » (Assez chaud pour toi ?) (Comment vas-tu ?)
2B : 'Bien sûr. On dirait qu'il va pleuvoir » (Bien. Comment allez-vous ?)
3A : « Eh bien, prenez soin de vous ». (D'accord.)
3B : « A bientôt ».
4A : « Au revoir.
4B : « Au revoir ».
Il est évident que cet échange n'est pas destiné à transmettre des informations. En effet, s'il y a une information, elle est sagement cachée. Il faudrait peut-être quinze minutes à M. A pour dire comment il va, et M. B, qui n'est qu'une simple connaissance, n'a pas l'intention de consacrer autant de temps à l'écouter. Cette série de transactions est très bien décrite en l'appelant « rituel des huit coups ». Si A et B étaient pressés, ils pourraient tous deux se contenter d'un échange en deux temps, Hi-Hi. S'ils étaient des potentats orientaux à l'ancienne, ils pourraient passer par un rituel de deux cents coups avant de se mettre au travail. Entre-temps, dans le jargon de l'analyse transactionnelle, A et B ont légèrement amélioré leur santé mutuelle ; pour l'instant, au moins, « leur moelle épinière ne se ratatinera pas », et chacun leur en est reconnaissant.
Ce rituel est basé sur des calculs intuitifs minutieux effectués par les deux parties. À ce stade de leur connaissance, ils estiment qu'ils se doivent exactement quatre coups à chaque rencontre, et pas plus d'une fois par jour. S'ils se rencontrent à nouveau prochainement, disons dans la demi-heure qui suit, et qu'ils n'ont pas de nouvelles affaires à traiter, ils passeront sans aucun signe, ou seulement avec un léger hochement de tête en guise de reconnaissance, ou tout au plus avec un « Hi-Hi » très superficiel. Ces calculs sont valables non seulement pour de courts intervalles, mais aussi pour des périodes de plusieurs mois. ..."
"... The important clinical point about ‘good’ feelings is that people who save ‘brown’ stamps, the ‘bad’ feelings or ‘feeling bads’ discussed above, are often reluctant to accept ‘gold’ stamps when they are offered in the form of compliments or ‘strokes.’ They are quite comfortable with the familiar, bad, old feelings, but do not know where to put good ones, and so they will turn them away or ignore them by pretending not to hear. As a matter of fact, a zealous collector of ‘brown’ stamps can turn even the most sincere compliments into veiled insults, so that instead of wasting them by refusing them or not hearing them, he will transform them into counterfeit browns.
The most common example is: ‘My, you look good today!’ bringing out the response: ‘I knew you didn’t like the way I looked last week.’ Another is: ‘My, that’s a beautiful dress!’ eliciting: ‘So you didn’t like the one I wore yesterday!’ With a little practice, anyone can learn to transform compliments into insults, and by spraying a little feces over a pleasant gold stamp, turn it into an unpleasant brown one...."
... Le point clinique important concernant les « bons » sentiments est que les personnes qui conservent les timbres « bruns », les « mauvais » sentiments ou les « sentiments négatifs » évoqués ci-dessus, sont souvent réticentes à accepter les timbres « or » lorsqu'ils sont offerts sous la forme de compliments ou de « caresses ». Ils sont tout à fait à l'aise avec les anciens sentiments, mauvais et familiers, mais ne savent pas où mettre les bons, et donc ils les repoussent ou les ignorent en faisant semblant de ne pas les entendre. En fait, un collectionneur zélé de timbres « bruns » peut transformer les compliments les plus sincères en insultes voilées, de sorte qu'au lieu de les gaspiller en les refusant ou en ne les entendant pas, il les transformera en faux bruns.
L'exemple le plus courant est le suivant : « Tu as l'air en forme aujourd'hui », ce qui entraîne la réponse suivante : « Je savais bien que tu n'aimais pas les femmes : Je savais que tu n'aimais pas mon apparence la semaine dernière. Un autre exemple est le suivant : « Ma foi, c'est une belle robe ! », ce qui entraîne la réponse suivante : « Tu n'as donc pas aimé celle que j'ai portée hier ! Avec un peu d'entraînement, tout le monde peut apprendre à transformer les compliments en insultes et, en pulvérisant un peu d'excréments sur un agréable timbre doré, à le transformer en un déplaisant timbre brun.... »
"STROKING" & Besoins psychologiques (Psychological Needs)
Le concept de "strokes" d’Eric Berne met en lumière l’importance fondamentale de la "reconnaissance émotionnelle" dans les relations humaines. Les strokes sont des unités de validation émotionnelle, et les individus les recherchent constamment pour combler leurs besoins psychologiques, que ces strokes soient positifs ou négatifs. Dans ce cadre, apprendre à identifier et à donner des strokes positifs peut transformer les interactions et favoriser un meilleur bien-être émotionnel.
En se plaçant dans le cadre de l'analyse transactionnelle, on explicite ce concept ainsi :
- Du besoin fondamental de reconnaissance ..
Selon Berne, chaque être humain a un besoin de reconnaissance ou d’attention de la part des autres. Ce besoin est comparable à celui des nourrissons qui ont besoin de contacts physiques pour se développer (un concept qu’il emprunte à la psychologie développementale). En grandissant, ce besoin de reconnaissance évolue pour inclure à la fois des signes verbaux et non verbaux (regards, compliments, sourires, etc.).
- On peut distinguer différentes typologies de "strokes" ..
Les "strokes" peuvent être positifs ou négatifs : "positifs ", ils renforcent l’estime de soi et les relations sociales (un compliment, un sourire, ou une parole d'encouragement); "négatifs", quand bien même ils seraient désagréables (critique, insulte), Berne explique que les gens préféreront même des "strokes" négatifs plutôt que l’indifférence, car ne pas recevoir de reconnaissance est extrêmement difficile sur le plan psychologique. Pour certains, les strokes négatifs peuvent être un moyen de combler leur besoin de reconnaissance quand ils ne reçoivent pas d’attention positive.
On peut distinguer de même les "strokes conditionnels", des signes de reconnaissance basés sur une action ou un comportement, des "strokes inconditionnels", qui concernent la personne elle-même, indépendamment de ce qu’elle fait, des strokes qui peuvent s'avérer puissants émotionnellement.
Dans les jeux relationnels décrits par Berne, les individus cherchent souvent des strokes, même s’ils sont négatifs. Par exemple, dans le jeu « Oui, mais... », une personne reçoit des strokes en restant dans une position de victime, car cela attire l’attention et la sympathie des autres.
Les strokes servent à combler des besoins émotionnels non satisfaits et à maintenir un scénario de vie spécifique, qu'il soit sain ou dysfonctionnel.
En thérapie, aider les patients à comprendre leurs besoins en "strokes" peut être essentiel pour les aider à sortir de schémas relationnels nuisibles. En prenant conscience des types de strokes qu'ils recherchent (et parfois créent eux-mêmes), ils peuvent travailler sur des moyens plus positifs et sains de recevoir de la reconnaissance.
"... A GAME is an ongoing series of complementary ulterior transactions progressing to a well-defined, predictable outcome. Descriptively it is a recurring set of transactions, often repetitious, superficially plausible, with a concealed motivation; or, more colloquially, a series of moves with a snare, or ‘gimmick’. Games are clearly differentiated from procedures, rituals, and pastimes by two chief characteristics: (1) their ulterior quality and (2) the payoff. Procedures may be successful, rituals effective, and pastimes profitable, but all of them are by definition candid; they may involve contest, but not conflict, and the ending may be sensational, but it is not dramatic.
Every game, on the other hand, is basically dishonest, and the outcome has a dramatic, as distinct from merely exciting, quality. It remains to distinguish games from the one remaining type of social action which so far has not been discussed. An operation is a simple transaction or set of transactions undertaken for a specific, stated purpose. If someone frankly asks for reassurance and gets it, that is an operation. If someone asks for reassurance, and after it is given turns it in some way to the disadvantage of the giver, that is a game. Superficially, then, a game looks like a set of operations, but after the payoff it becomes apparent that these ‘operations’ were really manoeuvres; not honest requests but moves in the game...."
« ... Un JEU est une série continue de transactions ultérieures complémentaires qui progressent vers un résultat bien défini et prévisible. Il s'agit d'un ensemble de transactions récurrentes, souvent répétitives, superficiellement plausibles, avec une motivation cachée ; ou, plus familièrement, d'une série de mouvements avec un piège, ou « gimmick ». Les jeux se distinguent clairement des procédures, des rituels et des passe-temps par deux caractéristiques principales : (1) leur qualité ultérieure et (2) le gain. Les procédures peuvent être réussies, les rituels efficaces et les passe-temps rentables, mais tous sont par définition candides ; ils peuvent impliquer un concours, mais pas un conflit, et la fin peut être sensationnelle, mais elle n'est pas dramatique.
En revanche, tout jeu est fondamentalement malhonnête et son issue est dramatique, et non simplement excitante. Il reste à distinguer les jeux du dernier type d'action sociale qui n'a pas encore été abordé. Une opération est une simple transaction ou un ensemble de transactions entreprises dans un but spécifique et déclaré. Si quelqu'un demande franchement à être rassuré et l'obtient, il s'agit d'une opération. Si quelqu'un demande à être rassuré et, une fois qu'il l'a reçu, le tourne d'une manière ou d'une autre au désavantage de celui qui l'a donné, il s'agit d'un jeu. À première vue, donc, un jeu ressemble à un ensemble d'opérations, mais après le gain, il devient évident que ces « opérations » étaient en réalité des manœuvres ; non pas des demandes honnêtes, mais des mouvements dans le jeu.... »
"THE GAMES" (Les "jeux psychologiques")
En jouant à un jeu avec quelqu'un et dans toute interaction sociale, nous prenons l'un des trois états de base - parent, adulte et enfant - et nous pouvons facilement passer de l'un à l'autre. Au lieu de rester neutre, authentique ou intime, pour obtenir ce que nous voulons, nous pouvons ressentir le besoin d'agir comme un parent autoritaire, ou comme un enfant coquet, ou de prendre l'aura sage et rationnelle d'un adulte. Dans chaque mode, nous pouvons être productifs ou improductifs.
Les jeux sont des interactions répétitives dans lesquelles les individus échangent des rôles (Parent, Adulte, Enfant) et qui constituent des formes de manipulation émotionnelle. Chaque jeu a une thèse - son postulat de base et la manière dont il se déroule - et une antithèse - la manière dont il aboutit à sa conclusion, l'un des joueurs effectuant une action qui, dans son esprit, fait de lui le « vainqueur ».
Les jeux auxquels nous jouons, selon Berne, sont comme des boucles usées de ruban adhésif que nous avons héritées de l'enfance et que nous continuons à laisser tourner. Bien que limitatifs et destructeurs, ils sont aussi une sorte de réconfort, nous dispensant d'affronter les problèmes psychologiques non résolus.
Pour certains, les jeux sont devenus un élément fondamental de leur identité. Nombreux sont ceux qui ressentent le besoin de se battre avec leurs proches ou d'intriguer avec leurs amis pour rester intéressés. Cependant, prévient Berne, si nous jouons trop de « mauvais » jeux pendant trop longtemps, ils deviennent autodestructeurs. Plus nous jouons à des jeux, plus nous attendons des autres qu'ils y jouent aussi ; un joueur acharné peut devenir un psychotique qui lit trop ses propres motivations et préjugés dans le comportement des autres.
".. The most common game played between spouses is colloquially called ‘If It Weren’t For You’, and this will be used to illustrate the characteristics of games in general.
Mrs White complained that her husband severely restricted her social activities, so that she had never learned to dance. Due to changes in her attitude brought about by psychiatric treatment, her husband became less sure of himself and more indulgent. Mrs White was then free to enlarge the scope of her activities. She signed up for dancing classes, and then discovered to herdespair that she had a morbid fear of dance floors and had to abandon this project.
This unfortunate adventure, along with similar ones, laid bare some important aspects of the structure of her marriage. Out of her many suitors she had picked a domineering man for a husband. She was then in a position to complain that she could do all sorts of things ‘if it weren’t for you’. Many of her women friends also had domineering husbands, and when they met for their morning coffee, they spent a good deal of time playing ‘If It Weren’t For Him’.
As it turned out, however, contrary to her complaints, her husband was performing a very real service for her by forbidding her to do something she was deeply afraid of, and by preventing her, in fact, from even becoming aware of her fears. This was one reason her Child had shrewdly chosen such a husband.
Le jeu le plus courant entre époux est familièrement appelé « If It Weren't For You », et il sera utilisé pour illustrer les caractéristiques des jeux en général. Mme White se plaint que son mari limite fortement ses activités sociales, de sorte qu'elle n'a jamais appris à danser. Suite à un changement d'attitude de sa part, dû à un traitement psychiatrique, son mari est devenu moins sûr de lui et plus indulgent. Mme White a alors pu élargir le champ de ses activités. Elle s'inscrit à des cours de danse, puis découvre à son grand désespoir qu'elle a une peur morbide des pistes de danse et doit abandonner ce projet.
Cette malheureuse aventure, ainsi que d'autres semblables, a mis à nu certains aspects importants de la structure de son mariage. Parmi ses nombreux prétendants, elle avait choisi un homme dominateur comme mari. Elle était alors en mesure de se plaindre qu'elle aurait pu faire toutes sortes de choses « si tu n'étais pas là ». Nombre de ses amies avaient également des maris dominateurs et, lorsqu'elles se rencontraient pour prendre leur café du matin, elles passaient beaucoup de temps à jouer à « Si ce n'était pas pour lui ».
Or, contrairement à ce qu'elle se plaignait, son mari lui rendait un véritable service en lui interdisant de faire quelque chose qui lui faisait très peur et en l'empêchant, en fait, de prendre conscience de ses craintes. C'est l'une des raisons pour lesquelles son enfant avait judicieusement choisi un tel mari.
But there was more to it than that. His prohibitions and her complaints frequently led to quarrels, so that their sex life was seriously impaired. And because of his feelings of guilt, he frequently brought her gifts which might not otherwise have been forthcoming; certainly when he gave her more freedom, his gifts diminished in lavishness and frequency. She and her husband had little in common besides their household worries and the children, so that their quarrels stood out as important events; it was mainly on these occasions that they had anything but the most casual conversations. At any rate, her married life had proved one thing to her that she had always maintained: that all men were mean and tyrannical. As it turned out, this attitude was related to some daydreams of being sexually abused which had plagued her in earlier years.
Mais ce n'est pas tout. Ses interdictions et ses plaintes conduisaient fréquemment à des querelles, de sorte que leur vie sexuelle était sérieusement perturbée. En raison de son sentiment de culpabilité, il lui apportait souvent des cadeaux qu'elle n'aurait pas pu recevoir autrement ; il est certain que lorsqu'il lui a laissé plus de liberté, ses cadeaux ont diminué en quantité et en fréquence. Elle et son mari n'avaient pas grand-chose en commun en dehors des soucis domestiques et des enfants, de sorte que leurs querelles apparaissaient comme des événements importants ; c'est surtout à ces occasions qu'ils avaient des conversations autres que les plus décontractées. Quoi qu'il en soit, sa vie conjugale lui a prouvé une chose qu'elle avait toujours soutenue : que tous les hommes sont méchants et tyranniques. Il s'est avéré que cette attitude était liée à certains rêves d'abus sexuels qui l'avaient tourmentée dans les années précédentes.
There are various ways of describing this game in general terms. It is apparent that it belongs in the large field of social dynamics. The basic fact is that by marrying, Mr and Mrs White have an opportunity to communicate with each other, and such an opportunity may be called social contact. The fact that they use this opportunity makes their household a social aggregation, as contrasted with a New York subway train, for example, where people are in spatial contact but rarely avail themselves of the opportunity and so form a dis-social aggregation. The influence the Whites exert on each other’s behaviour and responses constitutes social action. Various disciplines would investigate such social action from different points of view. Since we are here concerned with the personal histories and psychodynamics of the individuals involved, the present approach is one aspect of social psychiatry; some implicit judgement is passed on the ‘healthiness’ of the games studied. This is somewhat different from the more neutral and less committed attitudes of sociology and social psychology. Psychiatry reserves the right to say ‘Just a moment!’, which the other disciplines do not. Transactional analysis is a branch of social psychiatry, and game analysis is a special aspect of transactional analysis...."
Il existe plusieurs façons de décrire ce jeu en termes généraux. Il est évident qu'il appartient au vaste domaine de la dynamique sociale. Le fait essentiel est qu'en se mariant, M. et Mme White ont la possibilité de communiquer entre eux, et cette possibilité peut être appelée contact social. Le fait qu'ils utilisent cette possibilité fait de leur ménage une agrégation sociale, contrairement à une rame de métro new-yorkaise, par exemple, où les gens sont en contact spatial mais profitent rarement de cette possibilité et forment donc une agrégation désociale. L'influence que les Blancs exercent sur le comportement et les réactions des uns et des autres constitue une action sociale. Diverses disciplines étudieraient cette action sociale de différents points de vue. Puisque nous nous intéressons ici à l'histoire personnelle et à la psychodynamique des individus concernés, la présente approche constitue un aspect de la psychiatrie sociale ; un jugement implicite est porté sur la « santé » des jeux étudiés. Cela diffère quelque peu des attitudes plus neutres et moins engagées de la sociologie et de la psychologie sociale. La psychiatrie se réserve le droit de dire « un instant », ce qui n'est pas le cas des autres disciplines. L'analyse transactionnelle est une branche de la psychiatrie sociale, et l'analyse des jeux est un aspect particulier de l'analyse transactionnelle...."
(“Games People Play” )
"LET THE GAMES BEGIN"
"The games are classified into families according to the situations in which they most commonly occur: Life Games, Marital Games, Party Games, Sexual Games and Underworld Games; then comes a section for professionals on Consulting Room Games, and finally, some examples of Good Games..."
La partie principale de “Games People Play” est un thésaurus des nombreux jeux auxquels les gens jouent, tels que les suivants.
- « Si tu n'étais pas là » (“If it weren’t for you”) ...
Il s'agit du jeu le plus courant entre conjoints, dans lequel l'un des partenaires se plaint que l'autre est un obstacle qui l'empêche de faire ce qu'il veut vraiment dans la vie. Berne a suggéré que la plupart des gens choisissent inconsciemment leur conjoint parce qu'ils veulent qu'on leur impose certaines limites. Il a donné l'exemple d'une femme qui semblait désespérée d'apprendre à danser. Le problème, c'est que son mari détestait sortir, ce qui limitait sa vie sociale. Elle s'est inscrite à des cours de danse, mais a découvert qu'elle avait terriblement peur de danser en public et a abandonné. L'idée de Berne est que ce que nous reprochons à l'autre partenaire se révèle plus souvent être un problème interne. Jouer à « Si tu n'étais pas là » nous permet de nous décharger de la responsabilité d'affronter nos peurs ou nos défauts.
- « Pourquoi ne le fais-tu pas ? oui, mais » (“Why don’t you—yes, but”) ...
Ce jeu commence lorsque quelqu'un expose un problème dans sa vie et qu'une autre personne répond en offrant des suggestions constructives sur la manière de le résoudre (This game begins when someone states a problem in their life, and another person responds by offering constructive suggestions on how to solve it). Le sujet dit « Oui, mais... » (“Yes, but…” ) et commence à trouver à redire sur les solutions proposées. En mode adulte (Child mode), nous examinerions et adopterions probablement une solution, mais ce n'est pas le but de l'échange. Il permet au sujet d'attirer la sympathie des autres sur son incapacité à faire face à la situation (Child mode). Les personnes qui résolvent le problème ont, quant à elles, l'occasion de jouer les parents sages (the opportunity to play wise Parent).
Berne a analysé ainsi des dizaines de jeux tels que "Je suis plus fort que toi", "Regarde ce que tu m’as fait faire", ou encore "Oui, mais…".
- "Oui, mais..." ("Yes, but...") : Une personne sollicite des conseils ou de l'aide pour résoudre un problème, mais rejette systématiquement toutes les solutions proposées par l’autre.
- LIFE GAMES (Jeux de la vie) - « Maintenant je t'ai, fils de pute » (“Now I’ve Got You, You Son of a Bitch”) ; « Vois ce que tu m'as fait faire » ("See What You Made Me Do") ; "Alcoholic" ; "Debtor" ...
- "Battre son rival" ("Now I've Got You, You Son of a Bitch") : Une personne attend une opportunité pour accuser ou critiquer violemment un autre, souvent à la suite d'une accumulation de ressentiment.
- "Coup de pied dans l'escalier" ("Kick Me") : La personne accumule des frustrations ou du ressentiment et les libère soudainement sur quelqu’un de plus vulnérable ou dans une situation où elle est protégée des représailles.
"Regardez ce que vous m'avez fait faire" ("See What You Made Me Do") : Une personne fait quelque chose de problématique ou de destructeur, puis blâme une autre personne pour son propre comportement.
- MARITAL GAMES (Jeux conjugaux) : « Femme frigide » ("Frigid Woman") ; « Regarde comme j'ai essayé » (Look How Hard I’ve Tried); "Corner"; "Courtroom" ; "Harried" ; "If It Weren't for You" ; "Sweatheart" ...
"ALMOST any game can form the scaffolding for married life and family living, but some, such as ‘If It Weren’t for You’, flourish better or, like ‘Frigid Woman’, are tolerated longer, under the legal force of contractual intimacy. Marital games, of course, can only be arbitrarily separated from sexual games, which are treated in a separate section. Those games which characteristically evolve into their most full-blown forms in the marital relationship include ‘Corner’, ‘Courtroom’, ‘Frigid Woman’ and ‘Frigid Man’, ‘Harried’, ‘If It Weren’t for You’, ‘Look How Hard I’ve Tried’ and ‘Sweetheart’...."
- "Sans toi je ne serais rien" ("If It Weren’t For You") : Une personne cherche à manipuler une autre en feignant une dépendance totale, en lui faisant croire qu’elle est indispensable pour son bien-être.
- PARTY GAMES : "Ain't It Awful" ; "Blemish" ; "Schlemiel" ; "Why Don't You - Yes But" ...
"PARTIES are for pastimes, and pastimes are for parties (including the period before a group meeting officially begins), but as acquaintanceship ripens, games begin to emerge. The Schlemiel and his victim recognize each other, as do Big Daddy and Little Old Me; all the familiar but disregarded processes of selection get under way. In this section four games which are typically played in ordinary social situations are considered: ‘Ain’t It Awful’, ‘Blemish’, ‘Schlemiel’, and ‘Why Don’t You – Yes But’..."
- "Pourquoi ne... - Oui, mais..." ("Why Don’t You - Yes, But...") : Très similaire à « Oui, mais... », dans ce jeu, une personne demande des conseils ou des solutions (« Pourquoi ne fais-tu pas… »), mais répond par un « Oui, mais… » à chaque suggestion, maintenant ainsi une position de victime et frustrant l’autre.
- SEXUAL GAMES : "Let's You and Him Fight" ; "Perversion" ; "Rapo" ; "The Stocking Game" ; "Uproar" ...
"SOME games are played to exploit or fight off sexual impulses These are all, in effect, perversions of the sexual instincts in which the satisfaction is displaced from the sexual act to the crucial transactions which constitute the payoff of the game. This cannot always be demonstrated convincingly, because such games are usually played in privacy, so that clinical information about them has to be obtained secondhand, and the informant’s bias cannot always be satisfactorily evaluated. The psychiatric conception of homosexuality, for example, is heavily skewed, because the more aggressive and successful ‘players’ do not often come for psychiatric treatment, and the available material mostly concerns the passive partners..."
- UNDERWORLD GAMES : "Cops and Robbers" ; "How Do You Get Out of Here" ; "Let's Pull a Fast One on Joey" ...
"WITH the infiltration of the ‘helping’ professions into the courts, probation departments and correctional facilities, and with the increasing sophistication of criminologists and law enforcement officers, those concerned should be aware of the more common games prevalent in the underworld, both in prison and out of it. These include ‘Cops and Robbers’, ‘How Do You Get Out of Here’ and ‘Let’s Pull a Fast One on Joey’...."
- CONSULTING ROOM GAMES : "Greenhose" ; "I'm Only Trying to Help You"; "Indigence" ; "Peasant" ; "Psychiatry" ; "Stupid"; "Wooden Leg" ...
- "Je suis plus fort que toi" ("I'm Only Trying to Help You") : Un individu essaie constamment de montrer qu'il est plus fort, plus résistant ou meilleur que l'autre.
- "La jambe de bois" (Wooden leg)
Une personne jouant à ce jeu aura l'attitude défensive suivante : « Qu'attendez-vous d'une personne qui a une jambe de bois, une enfance difficile, une névrose ou de l'alcoolisme ? (What do you expect of a person with a wooden leg/bad childhood/neurosis/alcoholism?”). Elle se sert d'une caractéristique de sa personne pour justifier son manque de compétence ou de motivation, afin de ne pas avoir à assumer l'entière responsabilité de sa vie (to take full responsibility for their life).
- GOOD GAMES : « Sage à domicile » (Homely sage) ; « Ils seront contents de m'avoir connu » (“They’ll be glad they knew me”) ; "Busman's Holiday" ; "Cavalier" ; "Happy to Help" ...
"What Do You Say After You Say Hello?" ("Que dites-vous après avoir dit bonjour ?") est l’un des derniers ouvrages majeurs d’Eric Berne, publié en 1972, après sa mort. Ce livre approfondit et complète ses précédentes théories de l'Analyse Transactionnelle (AT), en mettant un accent particulier sur les "scénarios de vie" et les "positions de vie". L'œuvre explore comment les individus, après une première interaction sociale (dire "bonjour"), suivent inconsciemment des scénarios préétablis qui influencent leur destinée et la manière dont ils vivent leurs vies.
"Life Plans - The destiny of every human being is decided by what goes on inside his skull when he is confronted with what goes on outside his skull. Each person designs his own life. Freedom gives him the power to carry out his own designs, and power gives him the freedom to interfere with the designs of others. Even if the outcome is decided by men he has never met or germs he will never see, his last words and the words on his gravestone will cry out his striving. If by great misfortune he dies in dust and silence, only those who know him best will get the slogan right, and all outside the private chambers of friendship, marriage, and medicine will see him wrong. In most cases he has spent his life deceiving the world, and usually himself as well. We will hear more about these illusions later.
Each person decides in early childhood how he will live and how he will die, and that plan, which he carries in his head wherever he goes, is called his script. His trivial behavior may be decided by reason, but his important decisions are already made: what kind of person he will marry, how many children he will have, what kind of bed he will die in, and who will be there when he does. It may not be what he wants, but it is what he wants it to be..."
« Projets de vie - Le destin de chaque être humain est décidé par ce qui se passe à l'intérieur de son crâne lorsqu'il est confronté à ce qui se passe à l'extérieur de son crâne. Chaque personne conçoit sa propre vie. La liberté lui donne le pouvoir de réaliser ses propres projets, et le pouvoir lui donne la liberté d'interférer avec les projets des autres. Même si l'issue est décidée par des hommes qu'il n'a jamais rencontrés ou des microbes qu'il ne verra jamais, ses dernières paroles et les mots inscrits sur sa pierre tombale témoigneront de ses efforts. Si, par malheur, il meurt dans la poussière et le silence, seuls ceux qui le connaissent le mieux comprendront le slogan, et tous ceux qui se trouvent en dehors du cercle privé de l'amitié, du mariage et de la médecine verront qu'il s'est trompé. Dans la plupart des cas, il a passé sa vie à tromper le monde et, en général, à se tromper lui-même. Nous reviendrons plus tard sur ces illusions.
Chaque personne décide dans sa petite enfance comment elle vivra et comment elle mourra, et ce plan, qu'elle porte dans sa tête où qu'elle aille, s'appelle son scénario. Son comportement trivial peut être décidé par la raison, mais ses décisions importantes sont déjà prises : le genre de personne qu'il épousera, le nombre d'enfants qu'il aura, le genre de lit dans lequel il mourra et qui sera là lorsqu'il mourra. Ce n'est peut-être pas ce qu'il veut, mais c'est ce qu'il veut que ce soit... ».
LIFE SCRIPTS ("Les scénarios de vie")
« Un scénario de vie est un plan inconscient basé sur des décisions prises dans l'enfance, qui dirige le comportement de l'individu jusqu'à ce qu'il prenne une décision consciente pour le changer. » ("Que dites-vous après avoir dit bonjour?"). Berne explique que chaque personne développe un scénario de vie dès l'enfance, un script interne basé sur des messages reçus des figures parentales et des expériences de vie. Ce scénario influence les jeux que l'on joue à l'âge adulte. Certains scénarios peuvent être limitants, comme ceux où une personne se perçoit comme éternelle victime ou sauveur.
Les Scénarios de Vie sont les déterminants profonds de notre "destinée" ...
Berne développe et approfondit le concept central des scénarios de vie, déjà introduit dans ses travaux antérieurs. Selon lui, les individus créent dès l’enfance des scénarios, ou "scripts", qui orientent leurs actions, pensées et comportements tout au long de leur vie. Ces scénarios sont souvent influencés par les parents, les éducateurs, et d'autres figures d'autorité.
Berne va distinguer trois étapes dans ces scénarios ...
- Le Prologue : Ce sont les premières années de la vie, où les parents ou les tuteurs plantent les premières idées du scénario.
- Le Développement : C'est la période où l'individu répète certains comportements appris et intègre des rôles ou des scripts dans sa personnalité.
- Le Final : C'est le moment où le scénario aboutit à une forme de conclusion, positive ou négative, en fonction des scripts inconscients que l’individu a adoptés.
Berne affirme que ces scénarios peuvent être destructeurs ou limitants, dictant le succès ou l’échec d'une personne, et que l'AT permet de les identifier et de les transformer.
Le Premier "Bonjour" et ce qui Suit ...
Le titre du livre illustre un point fondamental : une fois qu’une interaction commence (le "bonjour"), ce qui suit est souvent déterminé par le scénario de vie inconscient de la personne. Chaque individu aborde ses relations avec une "histoire" qu'il cherche inconsciemment à jouer. Cette idée montre que nos comportements ne sont pas simplement des réactions au moment présent, mais souvent le produit de scripts plus profonds que nous suivons sans nous en rendre compte.
Berne nous montre ainsi comment, après le "bonjour", les gens tombent souvent dans des transactions (échanges sociaux) qui suivent leurs scénarios de vie, reproduisant des dynamiques familières, même lorsqu'elles sont nuisibles.
La Structure des Scénarios ...
Berne propose que chaque scénario de vie possède une structure sous-jacente, avec des éléments répétitifs et prévisibles. Il compare ces scénarios à des pièces de théâtre où chacun joue un rôle spécifique, influencé par des messages parentaux précoces, des injonctions ("Sois parfait", "Ne réussis pas", "Ne grandis jamais"), et des permissions.
Le scénario de vie peut ainsi comprendre trois éléments ...
- Les Injonctions parentales : Des messages implicites ou explicites reçus dans l’enfance qui limitent les choix de vie. Par exemple, des injonctions comme "Ne réussis pas" ou "Ne sois pas heureux" influencent les décisions et les actions futures.
- Les Contre-injonctions : Des messages donnés par les parents ou la société qui encouragent des comportements spécifiques, souvent en opposition aux injonctions.
- Les Décisions précoces : Ce sont les décisions inconscientes prises par l’enfant en réponse aux injonctions et contre-injonctions reçues, qui finissent par constituer la base du scénario de vie.
Berne explore comment les personnes peuvent prendre conscience de ces éléments cachés pour réécrire ou abandonner des scénarios de vie négatifs.
LIFE POSITIONS ("Les positions de vie")
La Grille Fondamentale de l'AT - Bien que le concept soit également abordé dans "Games People Play" (1964), où il introduit la théorie de l'analyse transactionnelle et les jeux psychologiques, c'est dans "What Do You Say After You Say Hello?" que l'analyse des "positions de vie" (life positions) prend une place centrale et qu'il den étudie l'impact sur le scénario de vie (ou "life script") des individus. Et c'est en effet dans ce livre, qu'Eric Berne explore comment ces croyances fondamentales sur soi et les autres influencent nos décisions, nos comportements et notre façon de mener notre vie. Il explique comment ces positions de vie se forment dans l’enfance et déterminent, à un certain degré, les scénarios ou scripts de vie que les gens suivent inconsciemment. Le livre est riche en exemples pratiques, illustrant les concepts de Berne à travers des cas de la vie réelle.
- « La position fondamentale d'un individu détermine la nature de ses relations. La plus saine est : ‘Je suis OK, tu es OK’» - Les positions de vie sont des croyances fondamentales que les individus développent sur eux-mêmes et sur les autres, qui influencent leur manière d'interagir avec le monde. Ces croyances sont souvent inconscientes et déterminent en grande partie nos comportements, nos relations et notre bien-être émotionnel.
Les quatre positions de vie sont les suivantes :
- Je suis OK, tu es OK (I’m OK – You’re OK) : position saine et équilibrée. Une personne qui adopte cette position se considère comme une personne valable et considère aussi les autres de manière positive (« Je suis une personne valable, et les autres le sont aussi»). Les personnes dans cette position sont capables de résoudre des conflits de manière rationnelle et empathique, et elles cherchent à établir des relations égalitaires. En analyse transactionnelle, aider une personne à adopter cette position est souvent un des principaux objectifs, car elle favorise des relations positives et une vision saine de soi et des autres.
- Je ne suis pas OK, tu es OK (I’m OK – You’re Not OK) : position de dévalorisation de soi (« Je vaux mieux que les autres »). Une position peut conduire à des comportements de mépris, de domination, voire d’agression. Exemple de jeu relationnel : Une personne dans cette position pourrait jouer à des jeux comme "Le Tribunal" ou "Battre son rival", où elle critique ou rabaisse systématiquement les autres.
- Je suis OK, tu n'es pas OK (I’m Not OK – You’re) : position arrogante ou agressive (:« Je ne vaux rien, mais les autres sont meilleurs que moi»). Une position associée à des sentiments d'infériorité, de dévalorisation de soi, et de dépendance. Exemple de jeu relationnel : Une personne dans cette position pourrait jouer à "Oui, mais…", où elle sollicite de l’aide mais trouve des raisons de rejeter chaque solution proposée, renforçant ainsi son sentiment d'incompétence.
- Je ne suis pas OK, tu n'es pas OK (I’m Not OK – You’re Not OK) : la position la plus négative et la plus désespérante, l’individu se perçoit comme étant sans valeur, tout comme les autres.(« Je ne vaux rien, et les autres non plus»). Une position souvent associée à des sentiments de dépression, d’apathie, et à des relations marquées par le conflit ou l'isolement. Les individus dans cette position peuvent se retirer des relations sociales ou avoir des comportements autodestructeurs.
Berne suggère que ces positions de vie se développent dans l’enfance, souvent en fonction des interactions avec les parents ou les figures d'autorité. Par exemple, un enfant qui reçoit peu d’attention positive peut développer la croyance qu'il n'est « pas OK ». Toutefois, les positions de vie peuvent évoluer. Avec un travail thérapeutique ou un développement personnel, les individus peuvent passer d’une position négative (comme « Je ne suis pas OK – Tu es OK ») à une position plus équilibrée et positive (« Je suis OK – Tu es OK »).
La Réécriture du Scénario - L'un des apports majeurs de ce livre est l'idée que, même si les scénarios de vie sont puissants et profondément enracinés, ils peuvent être réécrits. Berne propose que les individus, une fois conscients de leurs scripts de vie, peuvent les changer pour adopter des scénarios plus sains et épanouissants. Cela nécessite une prise de conscience de ses transactions, de ses jeux psychologiques et de ses positions de vie.
Dans la pratique thérapeutique, le but est souvent d’aider les patients à reconnaître la position de vie qu’ils adoptent et à comprendre comment elle influence leurs relations et leur bien-être. En aidant les patients à adopter la position « Je suis OK – Tu es OK », les thérapeutes visent à améliorer l’estime de soi, à réduire les comportements conflictuels ou autodestructeurs, et à favoriser des relations interpersonnelles plus saines.
Eric Berne (1910-1970)
Eric Bernstein a grandi à Montréal, au Canada ; son père était médecin et sa mère écrivain. Il obtient un diplôme de médecine à l'université McGill en 1935 et suit une formation de psychanalyste à l'université de Yale. Devenu citoyen américain, il a travaillé à l'hôpital Mt Zion de New York et, en 1943, a changé de nom pour devenir Eric Berne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille comme psychiatre dans l'armée américaine, puis reprend ses études auprès d'Erik Erikson à l'Institut psychanalytique de San Francisco. Installé en Californie à la fin des années 1940, il se désengage de la psychanalyse, et son travail sur les états du moi évolue au cours de la décennie suivante vers l'analyse transactionnelle. Il a créé l'Association internationale d'analyse transactionnelle et a combiné sa pratique privée avec des postes de consultant et d'hôpital. Berne a écrit et publié sur un grand nombre de sujets. Outre son autre best-seller, "What Do You Say After You Say Hello" (1975), qui examine l'idée des « scripts de vie », il a également publié "Layman's Guide to Psychiatry and Psychoanalysis" (1957), "Structure and Dynamics of Organizations and Groups" (1963), "Sex in Human Loving" (1970) et, à titre posthume, "Beyond Games and Scripts" (1976)....
"Born to Win: Transactional Analysis with Gestalt Experiments", Muriel James, Dorothy Jongeward (1971)
Muriel James est une figure importante dans le domaine de la psychologie, en particulier pour son travail en analyse transactionnelle (AT). Elle est co-auteure, avec Dorothy Jongeward, du célèbre ouvrage "Born to Win" (publié en 1971), qui est un guide accessible et pratique pour comprendre et appliquer les concepts de l'analyse transactionnelle dans la vie quotidienne. C'était il y a plus de vingt-cinq ans et plus de quatre millions de lecteurs plus tard, 'ouvrage eut un impact considérable dans les domaines du développement personnel, de la psychologie humaniste, et même dans l'entreprise pour la gestion des relations interpersonnelles.
L'analyse transactionnelle examine, nous la savons, les interactions humaines sous forme de transactions et identifie les différents "états du moi" (Parent, Adulte, Enfant) qui influencent notre comportement. Dans "Born to Win", James met l'accent sur l'idée que chaque personne est née avec un potentiel de vie porteur de réussite et d'épanouissement et nos deux auteurs vont particulièrement populariser le concept de "positions de vie" qui veut que chaque individu adopte une position fondamentale sur lui-même et sur les autres, souvent inconsciente : les fameux "Je suis OK, tu es OK", "Je suis OK, tu n'es pas OK" (position défensive, méfiante), "Je ne suis pas OK, tu es OK" (position d'infériorité, de soumission), "Je ne suis pas OK, tu n'es pas OK" (position de désespoir, d'impuissance). L'idée de cette typologie est d'encourager l'individu à adopter la position "Je suis OK, tu es OK" pour des relations plus saines et équilibrées.
"Born to Win" propose de plus des méthodes pour identifier et, si nécessaire, réécrire les "scripts de vie" que nous construisons dès l'enfance et qui influencent nos comportements futurs, pour permettre un développement personnel plus épanoui.
En intégrant des techniques de la Gestalt-thérapie, les auteurs visent à rendre le processus de développement personnel plus expérientiel et ancré dans le "ici et maintenant". La Gestalt encourage l'individu à explorer ses sensations, émotions et comportements pour mieux se connaître.
Enfin, dernier aspect clé du livre, son message de responsabilisation personnelle. Les auteurs encouragent les lecteurs à prendre en main leur vie et à faire des choix conscients pour devenir la meilleure version d’eux-mêmes. Le titre "Born to Win" (Né pour gagner) reflète cette idée que chaque personne a le potentiel d'avoir une vie réussie et épanouie, en apprenant à mieux se comprendre et à mieux interagir avec les autres.
Thomas A. Harris, "I’m OK—You’re OK" (1967)
Matif du Texas, Harris a suivi des études de médecine à l'université Temple de Philadelphie et, en 1942, a commencé sa formation de psychiatre à Washington DC, à l'hôpital St Elizabeth. Il a été psychiatre dans la marine américaine pendant plusieurs années et se trouvait à Pearl Harbor lors de l'attaque. Après la guerre, Harris a occupé un poste d'enseignant à l'université de l'Arkansas et, pendant un certain temps, a été haut fonctionnaire dans le domaine de la santé mentale. En 1956, il s'installe comme psychiatre à Sacramento, en Californie, et devient directeur de l'Association internationale d'analyse transactionnelle (International Transactional Analysis Association) ...
"If we become more conscious of our ingrained reactions and behavior patterns, our life can begin to be genuinely free" (Si nous devenons plus conscients de nos réactions et de nos comportements ancrés, notre vie peut commencer à être véritablement libre) - Un classique extrêmement populaire (plus de 7 millions d’exemplaires vendus) d'une psychologie basée sur la théorie de l’analyse transactionnelle d’Eric Berne qui a aidé, nous dit-on, des millions de personnes qui ne se sentaient jamais bien avant à trouver la liberté de changer, de libérer leur efficacité ADULTE et atteindre une pleine intimité avec les personnes partageant leurs vies.
L’analyse transactionnelle délimite trois états-ego (parent, adulte et enfant) comme base du contenu et de la qualité de la communication interpersonnelle. Malgré une « enfance heureuse » (Happy childhood), dit Harris, la plupart d’entre nous vivent le sentiment de ne pas être à l’aise avec un enfant sans défense qui est entièrement dépendant des autres (parents) pour leur caresse et leurs soins (most of us are living out the not ok feelings of a defenseless child wholly dependent on ok others (parents) for stroking and caring). À un certain stade de notre vie, nous adoptons une « position » sur nous-mêmes qui détermine de façon très importante la façon dont nous nous sentons envers nous-mêmes, particulièrement par rapport aux autres. Et pour une grande partie de la population, cette position est que "je ne suis pas OK-tu es OK" (I’m Not OK-You’re OK). Cette position négative de la vie (life position), partagée par les personnes qui réussissent et celles qui échouent, contamine notre potentiel adulte rationnel, nous laissant vulnérables aux réactions inappropriées et émotionnelles de notre enfant et au comportement non critique programmé via nos parents.
En explorant les quatre « positions de vie » de base, nous pouvons changer radicalement nos vies :
“The purpose of this book is not only the presentation of new data but also an answer to the question of why people do not live as good as they know how already. They may know that the experts have had a lot to say about human behavior, but this knowledge does not seem to have had the slightest effect on their hangover, their splintering marriage or their cranky children.” («L'objectif de ce livre n'est pas seulement de présenter de nouvelles données, mais aussi de répondre à la question de savoir pourquoi les gens ne vivent pas aussi bien qu'ils le savent déjà. Ils ont beau savoir que les experts ont beaucoup à dire sur le comportement humain, cette connaissance ne semble pas avoir eu le moindre effet sur leur gueule de bois, l'éclatement de leur mariage ou leurs enfants grincheux»). Et une fois que nous comprendrons positions et jeux qui nous correspondent, "once we understand positions and games, freedom of response begins to emerge as a real possibility ..."
Harris a utilisé le travail de Berne ("Games People Play") comme base pour son propre ouvrage (l'ouvrage de Berne est sans doute meilleur), mais au lieu d'analyser les jeux auxquels les gens jouent, il s'est concentré sur le concept de des trois voix internes qui nous parlent tout le temps sous la forme de personnages archétypaux : le Parent, l'Adulte et l'Enfant.
Nous avons tous des « données » parentales, adultes ou enfantines qui guident nos pensées et nos décisions, et Harris pensait que l'analyse transactionnelle libérerait l'adulte, la voix du raisonnement. L'adulte nous empêche d'être détournés par une obéissance irréfléchie (enfant) ou par des habitudes ou des préjugés enracinés (parent), ce qui nous laisse un vestige de libre arbitre. L'adulte représente l'objectivité qui a inspiré la déclaration de Socrate : « La vie non examinée ne vaut pas la peine d'être vécue ». C'est le raisonnement, la voix morale qui nous permet de grandir, en vérifiant les données de l'Enfant ou du Parent pour voir si elles sont appropriées à une situation donnée (The Adult prevents us being hijacked by unthinking obedience (Child), or by ingrained habit or prejudice (Parent), leaving us a vestige of free will. The Adult represents the objectivity that inspired Socrates’ statement, “The unexamined life is not worth living.” It is the reasoning, moral voice that lets us grow, checking Child or Parent data to see if it is appropriate for a given situation). Harris fournira ainsi de de nombreux exemples de conversations montrant des personnes prises dans des schémas Enfant ou Parent, montrant combien il est difficile d'éliminer le racisme ou tout autre type de préjugé lorsque l'on n'a pas conscience des schémas dans lesquels on opère.
What does the title phrase “I’m OK—You’re OK” actually mean? - Que faut-il faire pour être « OK » ? Harris a observé que les enfants, en vertu de leur peu de pouvoir dans un monde d'adultes, apprennent que « je ne vais pas bien, alors que toi, en tant qu'adulte, tu vas bien » (I’m OK—You’re OK” is true even when we don’t see evidence of it). Chaque enfant apprend cela, quand bien même il aurait une enfance heureuse. L'Adulte, lui, doit passer par une véritable rééducation émotionnelle pour atteindre cette même position, et souvent c'est le cadre thérapeutique qui va permettre de reconnaître l’importance des "messages parentaux" ou des croyances héritées de notre éducation qui influencent nos comportements. En identifiant ces messages, les patients peuvent évoluer vers un comportement plus adulte et rationnel.
James Redfield, "The Celestine Prophecy" (1993)
La profession psychiatrique dominante n'a jamais fait beaucoup de place à l'approche que portait l'analyse transactionnelle, mais elle fait néanmoins partie de la panoplie des psychologues et des conseillers qui ont besoin de techniques pratiques pour provoquer le changement. Et l'analyse transactionnelle a même trouvé sa place dans la fiction. James Redfield a reconnu que Harris et Berne l'avaient influencé de manière déterminante dans la rédaction de l'un des livres les plus vendus des années 1990, « The Celestine Prophecy » (La Prophétie des Andes). Les « drames de contrôle » auxquels se livrent ses personnages, et dont ils cherchent à se libérer, sont basés sur les jeux et les positions de l'analyse transactionnelle ; la survie des personnages du livre - et en fait l'évolution de la race humaine - dépend de leur capacité à voir au-delà de ces réactions automatiques.
"The Celestine Prophecy", qui a connu un succès mondial, est une œuvre de fiction devenue véritable guide de transformation spirituelle : il nous propose une vision du monde fondée sur la spiritualité, la synchronicité ('un des concepts centraux du livre, c'est-à-dire le fait que des événements apparemment sans lien surviennent simultanément de manière significative), et l'évolution de la conscience humaine. Il a eu un impact considérable sur le mouvement du New Age, encourageant les lecteurs à prêter attention aux "coïncidences significatives" dans leur vie et à voir ces événements comme des messages de l'univers ou des indices pour guider leur chemin personnel.
La Prophétie des Andes explore de même l'idée que l'humanité est en train de vivre une évolution de la conscience. Le roman nous explique que cette transformation spirituelle est en cours depuis des millénaires et qu'elle va atteindre un point culminant dans notre époque contemporaine. Le protagoniste découvre que cette évolution implique de passer d'une vision matérialiste du monde à une perspective plus spirituelle, où les individus prennent conscience de l'interconnexion entre toutes choses, entre eux-mêmes et l'univers. Le livre est structuré autour de la découverte de neuf révélations anciennes, que le protagoniste trouve dans un manuscrit mystérieux découvert au Pérou. Ces révélations, qui sont progressivement révélées au cours de l'histoire, fournissent des clés pour comprendre le sens de la vie et atteindre une spiritualité plus profonde.
Voici un aperçu de ces révélations :
- Première Révélation : Prendre conscience des coïncidences significatives dans la vie et les interpréter comme des signes spirituels.
- Deuxième Révélation : Comprendre que l'humanité vit une transformation de la conscience collective, passant de la matérialité à la spiritualité.
- Troisième Révélation : Réaliser que tout est énergie, et que les êtres humains influencent l'énergie autour d'eux à travers leurs pensées et intentions.
- Quatrième Révélation : Comprendre que les luttes de pouvoir dans les relations humaines découlent de la quête de cette énergie, et que cette énergie peut être trouvée directement dans l'univers.
- Cinquième Révélation : Apprendre à se connecter à cette énergie universelle à travers des pratiques spirituelles et une ouverture intérieure.
- Sixième Révélation : Reconnaître que les interactions humaines sont souvent basées sur des "jeux de pouvoir" pour obtenir de l'énergie des autres, et qu'il est possible de sortir de ces schémas en reconnaissant la dynamique.
- Septième Révélation : Découvrir comment se libérer des anciens schémas de vie et suivre une voie de synchronicité et d'intuition pour vivre une vie plus fluide et guidée.
- Huitième Révélation : Comprendre que nous sommes tous en train d'évoluer spirituellement, et que cette évolution implique de transcender les peurs et les luttes personnelles.
- Neuvième Révélation : Envisager un avenir où les êtres humains vivent en harmonie avec l'univers, en pleine conscience de leur connexion spirituelle avec le cosmos.
Un des thèmes importants du roman est l'idée selon laquelle les interactions humaines sont souvent caractérisées par des luttes de pouvoir pour l'énergie. Selon Redfield, chaque personne cherche inconsciemment à capter l'énergie des autres pour se sentir plus puissant ou plus en contrôle. Ces "jeux de pouvoir" sont au cœur des conflits humains. L'un des messages clés du livre est que nous pouvons briser ces cycles en apprenant à nous connecter directement à l'énergie universelle, plutôt que d'essayer de la voler à travers des interactions conflictuelles.
Redfield souligne également le rôle crucial de la nature dans le développement spirituel. Selon lui, la nature est une source d'énergie et de sagesse, et il est essentiel pour les humains de renouer avec elle pour se reconnecter à l'univers. Le livre suggère que la contemplation et l'observation de la nature peuvent aider à ressentir l'énergie universelle et à renforcer la connexion spirituelle.
Grâce à ses neuf révélations, Redfield propose ainsi des clés pour transcender les luttes de pouvoir, vivre en harmonie avec soi-même et les autres, et contribuer à l'évolution spirituelle collective de l'humanité.