1760-1780 - Lectures XVIIIe Chronologie/Timeline
Last update 12/31/2016
XVIIIe - Oeuvres 1760-1780 - James MacPherson, Fragments of Ancient Poetry Collected in the Highlands of Scotland (1760) - Carlo Goldoni, Les Rustres (I rusteghi, 1760) - Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761) - Jean-Jacques Rousseau, Émile ou De l’éducation (1762) - Jean-Jacques Rousseau, Le Contrat social (1762) - Voltaire, Traité sur la tolérance (1763) - Gotthold Ephraim Lessing, Minna von Barnhelm (1763-1767) - Johann Joachim Winckelmann, Geschichte der Kunst des Altertums (1763) - Thomas Reid, Inquiry into the Human Mind on the Principles of Common Sense (1764) - Horace Walpole, The Castle of Otranto (1764) - Oliver Goldsmith, The Vicar of Wakefield (1766) - Jean-Honoré Fragonard, Les hasards heureux de l'escarpolette (1767) - Denis Diderot, Le Rêve de D’Alembert (1769) - Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach, Système de la nature (1770) - Tobias Smollett, The Expedition of Humphry Clinker (1771) - Johann Gottfried Herder, Traité sur l'origine des langues (1771) - Sophie von La Roche, Geschichte des Fräuleins von Sternheim (1771) - Denis Diderot, Le Neveu de Rameau (1762-1773) - Johann Wolfgang von Goethe, Die Leiden des jungen Werther (1774) - Nicolas Restif de La Bretonne, Le Paysan perverti (1775) - Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, Le Barbier de Séville (1775) - Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire (1776) - Thomas Paine, Common Sense (1776) - Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) - Jacques Cazotte, Le Diable amoureux (1776) - Edward Gibbon, Decline and Fall of the Roman Empire (1776-1788) - Fanny Burney (1752–1840), Evelina (1778), Cecilia (1782) and Camilla (1796) - Denis Diderot, Jacques le Fataliste (1778) - Buffon, Les Époques de la nature (1778) - Gotthold Ephraim Lessing, Nathan der Weise (Nathan le sage, 1799)...
À partir du milieu du XVIIIe siècle, la croissance démographique s'accélère dans la plupart des pays. L'Espagne passe de 8,0 millions d'habitants en 1756 à 104 millions en 1787, et l'Angleterre de 6,5 millions en 1750 à 9,6 millions en 1800. L'Europe dans son ensemble passe de 118 millions en 1700 à 140 millions en 1750 et 187 millions en 1800. L'Angleterre connaît un rythme beaucoup plus rapide que la France, dont l'augmentation annuelle a atteint son maximum. Quant à la Russie, sa population, qui n'était que de 15,5 millions d'habitants en 1600, est passée à 17,5 millions en 1700 et, en partie à cause de l'accroissement naturel et en partie grâce à des acquisitions territoriales, à 27 millions en 1780. La Russie, relativement insignifiante pendant la majeure partie du dix-septième siècle, est devenue partie intégrante de la scène diplomatique de l'Europe du dix-huitième siècle, et a gagné plus que tout autre État dans les nombreuses guerres de cette période...
A partir de 1760, les agitations révolutionnaires qui avaient caractérisées le milieu du XVIIe siècle reprennent plus largement encore, des poussées nationales et démocratiques sous George III roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1760-1820), mais plus globalement trois grandes questions qui mobilisent les "opinions", le servage, les impôts et la religion. En Europe de l'Est et du Centre, le paysan est un serf, et Catherine II, pour contrer toute révolte populaire et se concilier la noblesse, institutionalise dans les années 1770s le servage, plus de 800.000 paysans sont ainsi distribués à des nobles. Tant avec la Prusse de Frédéric II qu'avec l'Autriche de Marie-Thérèse puis de Joseph II, le servage subsistera jusqu'en 1848. La question de l'égalité fiscale est de même une préoccupation dans un contexte qui veut que la terre soit la principale richesse et donc assujettie à l'impôt. La mise en place de cadastres dans la plupart des pays européens est une première tentative mais sans résoudre le véritable problème de l'égalité de tous devant l'impôt. Quant à la question religieuse, elle ne se pose pas dans les mêmes termes dans les différentes régions d'Europe. Frédéric II de Prusse et l'empereur Joseph II privilégient une politique tolérante qui vise à assurer l'égalité aux diverses confessions, tandis que l'on discute âprement dans l'Europe catholique du Centre et du Sud des rapports de l'Etat avec l'Eglise, le gallicanisme de Louis XIV affirmant la suprématie de l'Etat tandis que les débats se concentre sur la question de la Compagnie de Jésus, le bras de la papauté. Le dernier bûcher d'hérétiques brûlera en 1767...
- Au tournant des années 1760 se multiplient les découvertes qui donnent corps à l'idée de «révolution industrielle». Le phénomène est surtout spectaculaire dans la filature de coton. Après ses débuts en Angleterre, la révolution industrielle gagne l'Europe à partir de la fin du XVIIIe siècle, Josephy Wright, dit Wright of Derby (1734-1797) est de ces artistes qui s'enthousiasme pour le progrès en marche, ayant passé presque toute sa vie dans son Derby natal, important centre industriel anglais de l'époque : il compose ainsi en 1772 "cinq tableaux nocturnes" de forges, symbole de la grandeur du travail humain...
La révolution technique anglaise du XVIIIe siècle marque donc le triomphe définitif du machinisme. Les nécessités d'une production largement accrue, la disposition de matériaux plus facilement utilisables (métal) entraînent naturellement une mécanisation plus poussée. La machine, dans beaucoup de domaines, prend alors en quelque sorte en charge l'outil, la machine-outil va faire son apparition. La machine à vapeur symbolise le nouveau système technique. Après des essais plus ou moins fructueux de Denis Papin et de Thomas Savery, l'appareil est mis au point en 1712 par Thomas Newcomen et prend, entre 1772 et 1782, sa forme définitive avec James Watt. Utilisée dans les mines pour l'exhaure de l'eau, la machine à vapeur doit son expansion à la mécanisation d'un grand nombre de fabrications. Jouffroy d'Abbans l'adapte à un navire (1766), Joseph Cugnot à une voiture (1769), inaugurant ainsi l'ère des transports à vapeur....
- La Révolution américaine - 1765, augmentation des taxes par la Grande-Bretagne, 1773, Tea Party de Boston, 1774,, premier Congrès continental de Philadelphie, Révolution américaine ou Guerre de l'Indépendance des colonies américaines, sept années de lutte, 1775-1783, de colons qui ne supportent plus la politique économique et fiscale d'une Grande-Bretagne, en difficultés économiques suite à la guerre de Sept Ans et devenue maîtresse d'un immense empire nord-américain qu'elle ne sait maîtriser. Alors que cette guerre d'Indépendance se déroule en deux phases, 1775-1778, puis 1778-1783 avec l'entrée en guerre des Français, les colons ont su se doter d'une structure d'autorité et d'une légitimité qui contrebalancent une puissance anglaise par ailleurs divisée et mal commandée. Le traité de Versailles du 3 septembre 1783 reconnaît l'indépendance des Etats-Unis, proclamée par le Congrès le 4 juillet 1776, elle porte des changements politiques radicaux qui ouvrent la voie à des futures transformations sociales et économiques. Politiquement, tout en défendant l'individu, elle instaure, au nom du bien commun, un gouvernement puissant... Et, en Europe comme en Amérique du nord, en réaction contre le rococo, on assiste aux développement dans les arts du mouvement néoclassique (v.1760-1830), de l'imitation des formes gréco romaines pour asseoir une esthétique de l'ordre moral...
- Denis Diderot recommande à l'impératrice Catherine II de Russie un ouvrage de Pierre-Paul Lemercier de La Rivière de Saint-Médard écrit en 1767, "L'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques". Diderot, en cette époque des Lumières, semble ainsi porter une alliance singulière entre le "despotisme éclairé" et les idées "économiques" des physiocrates qui publient une dernière fois la formule de l'ordre "naturel" tel qu'ils le conçoivent, la richesse est matière, c'est bien la terre qui multiplie les grains de blé semés, ici on ignore du concept d'utilité qui s'imposera au siècle suivant : le "Tableau économique" (1758), de François Quesnay , "La Philosophie rurale" (1764) du marquis de Mirabeau, la "Physiocratie, ou constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain" (1768), de Pierre Samuel du Pont de Nemours. Prééminence donc de l'agriculture, de la propriété foncière, au fondement de l' ordre naturel. Mais plus encore, si les physiocrates défendent la liberté, le laisser-faire, ils rejettent expressément la liberté politique. L'autorité souveraine est unique, supérieure à tous les individus, à toutes «les entreprises injustes des intérêts particuliers», le despotisme "légal", défendront-ils...
Caspar Wolf (1735–1783), "Panorama des Grindelwaldtales mit Wetterhorn, Mettenberg und Eiger" (1774, Kunsthaus Zürich )
- Le préromantisme anglais et le Sturm und Drang sont nés d'une réaction contre la philosophie des Lumières, d'abord parce qu'on refuse de croire que l'homme soit tellement un être de raison ou risque même de le devenir, ensuite parce que les vertus poétiques de la poésie raisonnable paraissent limitées, que le temps des règles classiques semble révolu et que la nature est devenue le mot de ralliement de la jeune génération.
En Allemagne, la réaction à la philosophie des Lumières apparaît vers 1770, particulièrement en Rhénanie. Le mouvement a eu pour centre des villes comme Darmstadt, Stuttgart, Francfort et Strasbourg, qui, bien que française, avait une université de langue allemande. Goethe, Klinger (1752-1831), H. L. Wagner (1747-1779) étaient nés dans les pays du Rhin ; les frères Jacobi étaient de Düsseldorf, mais d'autres venaient de loin, de l'extrême-est de l'Allemagne : Lenz avait grandi en Courlande, Herder était originaire de Riga, Hamann, que tous ont vénéré, a été appelé « le Mage du Nord » et il était fonctionnaire à Königsberg. Tard venu, puisque sa première pièce est de 1782, Schiller était souabe. À la vérité, un seul d'entre eux aurait sans doute accepté de se voir ranger sous l'étiquette Sturm und Drang, c'est l'auteur dramatique Friedrich Maximilian von Klinger. Sturm und Drang est, en effet, le titre d'une de ses pièces, publiée en 1776...
1760
- Début du règne de George III (1760-1820), un règne de 59 ans qui vit la victoire des Britanniques lors de la guerre de Sept Ans, la résistance de l'Angleterre à la France révolutionnaire et napoléonienne, mais aussi connut la défaite de la révolution américaine.
- Mort d'Israël ben Éliézer, dit le Baal Shem Tov , initiateur en Pologne du hassidisme, qui se répond rapidement dans de nombreuses communautés juives. Il oppose la piété et la charité au judaïsme talmudique fondé sur l'étude, le ḥassid, ou dévot, se rapproche de Dieu par la ferveur des actes et des pensées...
- Bataille de Vandavachy (Wandiwash), près de Madras, les Anglais infligent une défaite décisive aux Français.
- Avec le développement de l'esprit de plantation en Amérique, apogée (1760-1830) de la traite du commerce triangulaire, reliant les ports européens, la côte africaine et l'Amérique..
- James MacPherson (1736-1796) publie les "Fragments of Ancient Poetry Collected in the Highlands of Scotland and Translated from the Gaelic or Erse Language" (1760), la figure d'Ossian, auteur prétendu de ces poèmes, connait immédiatement un succès considérable dans une Europe en quête d'une antique épopée nationale digne de l'Odyssée..
- Oliver Goldsmith (1728-1774), "The Citizen of the World", série de lettres satiriques sur les moeurs anglaises..
- Carlo Goldoni (1707-1793), "Les Rustres" (I rusteghi, 1760)
- Lié à Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), historien de l’art allemand, qui prône la «manière simple et noble du bel antique», Raphaël Mengs (1728-1779) incarne la réaction néo-classique, le retour à la pureté de la statuaire grecque et au dessin de Raphaël. - "Le jugement de Pâris" (1757), musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. - "Apollon, Mnémosyne et les neuf muses" (1760-61). Fresque, Villa Albani, Rome. - "Persée et Andromède" (1773-76), musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg...
- Giambattista Tiepolo (1696-1770), "Jeune Femme au Perroquet" (1760-61), Ashmolean Museum, Oxford. Une série de portraits de femmes réalisés pour Elisabeth Petrovna, impératrice de Russie...
- Miguel Cabrera (1695-1768), "De Espanol y Mestiza, Castiza" (Museo de America, Madrid), peintre espagnol de l'ethnie des Zapotèques, l'un des plus grands peintres du vice-royaume de Nouvelle-Espagne...
1761
- Bataille de Panipat, le Grand Moghol, malgré l'appui des Marathes, est battu par un chef de guerre afghan : il n'y a plus désormais d'armée indienne pour s'opposer à la pénétration britannique....
- Haidar Alî (1720-1782), sultan du royaume de Mysore en Inde du Sud, de 1761 à sa mort, oppose une forte résistance aux avancées militaires de la Compagnie britannique des Indes orientales, son fils poursuivra son oeuvre en 1782...
- Début d'une expédition en Arabie (1761-1767) organisée à la demande du roi du Danemark Frédéric V et à la demande de Johann David Michaelis (1717-1791), théologien et orientaliste de l'université de Göttingen, explorer la géographie de l'Arabie, répertorier les plantes et les animaux, décrire les habitudes, les coutumes, chercher à connaître les maladies et les remèdes propres à la région, enfin, recueillir autant de livres et de manuscrits anciens que possible. Y participeront Carsten Niebuhr, Friedrich Christian von Haven, George Wilhelm Baurenfeind...
- Carlo Goldoni (1707-1793), "La Trilogie de la villégiature" (La villeggiatura, 1761)
- James Macpherson (1736-1796) publie "Fingal", une épopée supposée composée par Ossian, barde écossais du IIIe siècle de notre ère, et traduite du gaélique: une vague d’ «ossianophilie» déferle sur toute l’Europe à l’aube du romantisme, exploits guerriers de héros valeureux et exaltation des paysages embrumés et ciels tourmentés...
- Carlo Gozzi (1720-1808), "L'amore delle tre melarance" (L'amour des trois oranges)
- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), "Julie ou la Nouvelle Héloïse", le récit d'une impossible passion entre Saint-Preux, un précepteur roturier, et son élève Julie, fille du baron d'Etanges, l'abolition des classes par le sentiment amoureux...
"Après le souper, nous fûmes nous asseoir sur la grève en attendant le moment du départ. Insensiblement la lune se leva, l'eau devint plus calme, et Julie me proposa de partir. Je lui donnai la main pour entrer dans le bateau ; et, en m'asseyant à côté d'elle, je ne songeai plus à quitter sa main. Nous gardions un profond silence. Le bruit égal et mesuré des rames m'excitait à rêver. Le chant assez gai des bécassines, me retraçant les plaisirs d'un autre âge, au lieu de m'égayer, m'attristait. Peu à peu, je sentis augmenter la mélancolie dont j'étais accablé. Un ciel serein, les doux rayons de la lune, le frémissement argenté dont l'eau brillait autour de nous, le concours des plus agréables sensations, la présence même de cet objet chéri, rien ne put détourner de mon cœur mille réflexions douloureuses.
Je commençai par me rappeler une promenade semblable faite autrefois avec elle durant le charme de nos premières amours. Tous les sentiments délicieux qui remplissaient alors mon âme s'y retracèrent pour l'affliger ; tous les événements de notre jeunesse, nos études, nos entretiens, nos lettres, nos rendez-vous, nos plaisirs, "E tanta fede, e si dolci memorie, E si lungo costume!", ces foules de petits objets qui m'offraient l'image de mon bonheur passé, tout revenait, pour augmenter ma misère présente, prendre place en mon souvenir. C'en est fait, disais-je en moi-même ; ces temps, ces temps heureux ne sont plus ; ils ont disparu pour jamais. Hélas l ils ne reviendront plus ; et nous vivons, et nous sommes ensemble, et nos cœurs sont toujours unis ! Il me semblait que j'aurais porté plus patiemment sa mort ou son absence, et que j'avais moins souffert tout le temps que j'avais passé loin d'elle. Quand je gémissais dans l'éloignement, l'espoir de la revoir soulageait mon cœur ; je me flattais qu'un instant de sa présence effacerait toutes mes peines ; j'envisageais au moins dans les possibles un état moins cruel que le mien. Mais se trouver auprès d'elle, mais la voir, la toucher, lui parler, l'aimer, l'adorer, et, presque en la possédant encore, la sentir perdue à jamais pour moi ; voilà ce qui me jetait dans des accès de fureurs et de rage qui m'agitèrent par degrés jusqu'au désespoir. Bientôt je commençai de rouler dans mon esprit des projets funestes, et, dans un transport dont je frémis en y pensant, je fus violemment tenté de la précipiter avec moi dans les flots, et d'y finir dans ses bras ma vie et mes longs tourments. Cette horrible tentation devint à la fin si forte, que je fus obligé de quitter brusquement sa main pour passer à la pointe du bateau.
Là, mes vives agitations commencèrent à prendre un autre cours ; un sentiment plus doux s'insinua peu à peu dans mon âme..."
- A Madrid, Giambattista Tiepolo (1696-1770), en 1761, à la demande du roi d'Espagne Charles III, peint les fresques du Palais royal (1762-1766) et sept toiles commandées pour l'église d'Aranjuez. - "Apothéose de l’Espagne, détail (1762-66). Fresque, antichambre de la reine".
- Le roi Charles III d’Espagne (1716-1788) invite Raphaël Mengs (1728-1779), peintre néo-classique, à Madrid en 1761 et lui confie la voûte du palais d’Aranjuez, plusieurs plafonds à Madrid, des fresques à L’Escurial et de nombreux tableaux religieux. - "Charles III d’Espagne" (1761), musée du Prado, Madrid. - "Marie-Louise de Parme, Princesse des Asturies" (1765), musée du Prado, Madrid. - "Marie-Josèphe de Lorraine, archiduchesse d'Autriche" (1767), musée du Prado, Madrid.
- Jean Honore Fragonard (1732-1806), "Le Baiser volé" (Hermitage, Saint-Petersbourg)
- Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), "L'Accordée de Village" (Musée du Louvre, Paris)
1762
- Début du règne de Catherine II de Russie (1762-1796), après avoir, épouse de Pierre III, détrôné celui-ci à la suite d'un coup d'État militaire. Elle laisse à sa mort, en 1796, le souvenir du plus glorieux règne en Russie depuis celui de Pierre Ier le Grand, le grand-père de Pierre III. Elle unifiera l'Empire après l'avoir considérablement agrandi aux dépens de la Pologne, disparue en 1795, et de la Turquie (la Crimée et ses grands ports de la mer Noire, Odessa). "Despote éclairée", elle renforce l'autocratie, réprime durement les révoltes de ces serfs (la moitié de la population russe). Elle s'entourera d'une cour brillante à laquelle se joindront Diderot, Voltaire, Grimm et d'Alembert.
- Expulsion des jésuites de France - La Compagnie de Jésus représentait tout ce que les Lumières combattaient, un ordre religieux puissant, incontrôlable, implanté dans l’enseignement, confesseurs des rois. Les magistrats jansénistes en France réexamine les statuts de l’ordre en 1761 et ferment leurs collèges en 1762...
Publication de "Émile ou De l’éducation", un traité d'éducation portant sur «l'art de former les hommes», de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) - "..A peine l'enfant est-il sorti du sein de sa mère, et à peine jouit-il de la liberté de mouvoir et d'étendre ses membres, qu'on lui donne de nouveaux liens : on l'emmaillotte, on le couche la tête pressée et les jambes allongées, les bras pendants à côté du corps; il est entouré de linges et de bandelettes de toute espèce qui ne lui permettent pas de changer de situation; heureux si on ne l'a pas serré au point de l'empêcher de respirer et si on a eu la précaution de le coucher sur le côté [...]. Il était moins à l'étroit, moins gêné, moins comprimé dans l'amnios qu'il ne l'est dans ses langes; je ne vois pas ce qu'il a gagné de naître."
La "Profession de foi du vicaire savoyard" est un passage célèbre du livre IV de Émile, ou De l'éducation, Rousseau se fait l'apôtre de la "religion naturelle" et, tout en s'opposant aux religions révélées qui n'apportent guère plus que leur cérémonial, se range au culte essentiel qui est celui du coeur..
"Vous ne voyez dans mon exposé que la religion naturelle : il est bien étrange qu'il en faille une autre ! Par où connaîtrai-je cette nécessité? De quoi puis-je être coupable en servant Dieu selon les sentiments qu'il inspire à mon cœur? Quelle pureté de morale, quel dogme utile à l'homme et honorable à son auteur puis-je tirer d'une doctrine positive, que je ne puisse tirer sans elle du bon usage de mes facultés? Montrez-moi ce qu'on peut ajouter, pour la gloire de Dieu, pour le bien de la société, et pour mon propre avantage, aux devoirs de la loi naturelle, et quelle vertu vous ferez naître d'un nouveau culte, qui ne soit pas une conséquence du mien. Les plus grandes idées de la divinité nous viennent par la raison seule. Voyez le spectacle de la nature, écoutez la voix intérieure. Dieu n'a-t-il pas tout dit à nos yeux, à notre conscience, à notre jugement? Qu'est-ce que les hommes nous diront de plus? Leurs révélations ne font que dégrader Dieu, en lui donnant les passions humaines..."
- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)," Du contrat social", « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant...»
"..Sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt qu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement et puisque le plus fort a toujours raison, il ne s'agit que de faire en sorte qu'on soit le plus fort. Or, qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse? S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par devoir; et si l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force; il ne signifie ici rien du tout.
Obéissez aux puissances. Si cela veut dire, cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu; je réponds qu'il ne sera jamais violé. Toute puissance vient de Dieu, je l'avoue; mais toute maladie en vient aussi : est-ce à dire qu'il soit défendu d'appeler le médecin? Qu'un brigand me surprenne au coin d'un bois, non seulement il faut par force donner la bourse; mais, quand je pourrai la soustraire, suis-je en conscience obligé de la donner? car enfin le pistolet qu'il tient est aussi une puissance.
Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes..." (Rousseau, Contrat social, I, III).
- Carlo Goldoni (1707-1793), "Barouf à Chioggia" (Le baruffe chiozzotte, 1762)
- Le Salon de Mlle de Lespinasse (1762-1776), Julie de Lespinasse quitte Mme du Deffand en 1763 pour ouvrir son propre salon, rue de Bellechasse, fréquenté par Turgot, Marmontel, Condorcet ou Condillac, elle est l’égérie du Rêve de D’Alembert, écrit par Diderot, et son salon est présenté comme le «laboratoire de l’Encyclopédie»....
- Denis Diderot (1713-1784), "Le Neveu de Rameau" (1762-1773), un dialogue entre Diderot et Jean-François Rameau, neveu du célèbre compositeur d'opéra, personnage bohème qui permet de soulever des questions de société, de morale et de littérature...
"Un après-dîner, j'étais là, regardant beaucoup, parlant peu et écoutant le moins que je pouvais, lorsque je fus abordé par un des plus bizarres personnages de ce pays où Dieu n'en a pas laissé manquer. C'est un composé de hauteur et de bassesse, de bon sens et de déraison. Il faut que les notions de l'honnête et du déshonnête soient bien étrangement brouillées dans sa tête, car il montre ce que la nature lui a donné de bonnes qualités sans ostentation, et ce qu'il en a reçu de mauvaise sans pudeur. Au reste, il est doué d'une organisation forte, d'une chaleur d'imagination singulière, et d'une vigueur de poumons peu commune. Si vous le rencontrez jamais et que son originalité ne vous arrête pas, ou vous mettrez vos doigts dans vos oreilles, ou vous vous enfuirez. Dieux, quels terribles poumons ! Rien ne dissemble plus de lui que lui-même. Quelquefois il est maigre et hâve comme un malade au dernier degré de la consomption; on compterait ses dents à travers ses joues ; on dirait qu'il a passé plusieurs jours sans manger, ou qu'il sort de la Trappe. Le mois suivant, il est gras et replet comme s'il n'avait pas quitté la table d'un financier, ou qu'il eût été enfermé dans un couvent de Bernardins. Aujourd'hui en linge sale, en culotte déchirée, couvert de lambeaux, presque sans souliers, il va la tête basse, il se dérobe, on serait tenté de l'appeler pour lui donner l'aumône. Demain, poudré, chaussé, frisé, bien vêtu, il marche la tête haute, il se montre, et vous le prendriez au peu près pour un honnête homme. Il vit au jour la journée, triste ou gai selon les circonstances. Son premier soin, le matin, quand il est levé, est de savoir où il dînera ; après dîner, il pense où il ira souper. La nuit amène aussi son inquiétude. Ou il regagne à pied un petit grenier qu'il habite, à moins que l'hôtesse, ennuyée d'attendre son loyer, ne lui en ait redemande la clef ; ou il se rabat dans une taverne de faubourg où il attend le jour, entre un morceau de pain et un pot de bière. Quand il n'a pas six sols dans sa poche, ce qui lui arrive quelquefois, il a recours soit à un fiacre de ses amis, soit au cocher d'un grand seigneur qui lui donne un lit sur de la paille, à côté de ses chevaux. Le matin, il a encore une partie de son matelas dans ses cheveux..."
- Carle van Loo (1705-1765), "Portrait d’innocente, Guillemette de Rosnyvinen de Piré" (v. 1762), musée des Beaux-arts de Rennes.
- Christoph Willibald Gluck (1714-1787) crée à Vienne l'opéra "Orfeo ed Euridice",traduction d'une nouvelle conception de l'opéra construite avec le poète italien Ranieri de' Calzabigi visant à donner une plus grande fluidité entre l'air et le récitatif ...
- En 1762, Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) se produit à Munich, puis à Vienne, devant l'impératrice Marie-Thérèse, puis de juin 1763 à novembre 1766, grande tournée européenne de la famille Mozart , au cours de laquelle ils sont reçus en France par Louis XV et en Grande-Bretagne par George III alors que le jeune virtuose écrit alors ses premières symphonies.
1763
- John Wilkes (1727-1797), fondateur en 1762 du journal le North Briton, attaque personnellement, le 23 avril 1763, les tentatives autoritaires du nouveau roi d'Angleterre, George III. Emprisonné et poursuivi, il sera considéré comme un martyr de la liberté...
- Guerre coloniale franco-anglaise (1754-1763) - Le Traité de Paris marque une étape décisive dans l'avenir de l'Amérique du Nord, elle sera anglo-saxonne. La Grande-Bretagne gagne le Canada, la Louisiane, et le Sénégal sur la France et prend la Floride à l'Espagne. En Amérique, les colons anglais, qui ne craignent plus la France désormais, vont prendre plus d'assurance à l'égard de la Couronne.
- Le traité d'Hubertsbourg qui termine la Guerre de Sept ans, conclut à un statu quo territorial. Les vainqueurs, la Russie dont l'influence est croissante, et la Prusse qui devient la 5e grande puissance...
- Michel Adanson (1727-1806), "Méthode nouvelle pour apprendre à connaître les familles des plantes", naturaliste et botaniste qui explora le Sénégal...
- Voltaire (1694-1778), "Traité sur la tolérance", inspiré par l’affaire Calas qui se déroule de 1761 à 1765 à Toulouse, une erreur judiciaire commise à l'encontre de Jean Calas, un protestant accusé d'avoir tué son fils pour l'empêcher de se convertir au catholicisme. En 1760, Voltaire s’était fait de même l’ardent défenseur de Jean-Paul Sirven, un protestant accusé d'avoir tué sa fille, et avait obtenu sa réhabilitation...
- Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), "Geschichte der Kunst des Altertums" (Histoire de l'art de l'Antiquité), puis les Anmerkungen (1767, Remarques), l'œuvre maîtresse de l'historien, inspirées des célèbres descriptions des statues du Belvédère du Vatican, de l'Apollon et du Torse. Contrairement à ses prédécesseurs, il n'écrit plus l'histoire des artistes, mais celle de l'art, c'est-à-dire du style...
- Cesare Bonesana, marquis de Beccaria (1738-1794), "Dei deletti e delle pene" (Des Délits et des Peines), le livre qui déclencha une réforme profonde des institutions répressives dans toute l'Europe, le chapitre XVI, "Della Tortura", met en évidence, contre la torture, la présomption d'innocence et la nécessité que la peine soit proportionnelle à la faute, sans cruauté inutile...
- Voltaire (1694-1778), "Dictionnaire philosophique portatif", augmenté à chaque réédition, devenu en 1769 "la Raison par alphabet", puis le "Dictionnaire philosophique".
- Le marquis de Mirabeau (1715-1789), "La Philosophie rurale"
- Giuseppe Parini (1729-1799), "Il giorno" (La Journée), une satire de la noblesse milanaise, le poète lombard est l'une des figures les plus importantes du néoclassicisme italien...
- Joshua Reynolds, "Portrait of Nelly O'Brien" (1763), Londres, The Wallace Collection. - "Mrs Susanna Hoare et son enfant", 1763-1764, Wallace Collection, Londres.
- Joseph-Marie Vien (1716-1809), "La Marchande d'Amour" (1763, Musée national du Château de Fontainebleau), précurseur du néoclassicisme.
- Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), "Portrait of Georges Wille" ( Musée Jacquemart André, Paris)
1764
- En Pologne, début du règne de Stanislas II Auguste (1732-1798), dernier roi de Pologne, fin de l'Etat nobiliaire et période de Réformes et des Lumières. Après la confédération de Radom (1767), sous l'influence de l'opposition conservatrice, le roi abandonne ses projets de réforme les plus audacieux et passe des accords avec Catherine II, qui soumettait alors la Pologne à sa garantie.
- Intégration de l'Ukraine à la Russie.
- Moses Mendelssohn (1729-1786), "Traité sur l'évidence dans les sciences métaphysiques" (Abhandlung über die Evidenz in den metaphysischen Wissenschaften)
- Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), "History of Ancient Art " (Histoire de l'art dans l'Antiquité)
- Voltaire (1694-1778), "Jeannot et Colin".
- Angelica Kauffmann (1741-1807), "Johann Joachim Winckelmann" (1764), Kunsthaus Zürich.
- Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), en 1764, la présentation de "L’Accordée de village" (1761, musée du Louvre, Paris) marque sa renommée, il est le peintre de la vertu et des mœurs bourgeoises et populaires lassé des galanteries mythologiques. - "Piété filiale" (1763), musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. - "Le miroir brisé" (1763), Wallace Collection, Londres.
1765
- Le mouvement d'indépendance d'Amérique du Nord - Tensions croissantes entre la métropole et les colonies (interdiction de s'établir à l'ouest des Appalaches, entrave du commerce des colonies pour leur propre compte, levée d'impôts directs pour amortir les dettes de guerre britanniques, etc.), et, en 1765, la loi du timbre sur les documents, journaux, livres. William Pitt et Edmund Burke prennent parti pour les colons mais n'obtiennent que des succès partiels. En 1766, suppression du timbre, mais entrée en vigueur de nouvelles taxes douanières.
- À la mort de son époux François Ier, en 1765, l'impératrice Marie-Thérèse associe son fils Joseph II au pouvoir, en tant que corégent de la monarchie autrichienne.
- Réhabilitation de Jean Calas, un protestant injustement condamné, par l'entremise de Voltaire..
- Reconstruction de Mogador par le sultan alawite Muhammad II ibn Abd Allah pour concentrer le commerce du Maroc avec les Européens.
- Robert Clive (1725-1774) est nommé gouverneur des comptoirs anglais de l'Inde, le protectorat de la Compagnie britannique va s'étendre sur le Bengale et la vallée du Gange...
- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), Les Confessions (rédigées entre 1765 et 1770, avec publication posthume en 1782 et 1789), une justification essentielle entreprise par Rousseau après Le Sentiment des Citoyens, libelle anonyme où Voltaire attaquait sa vie privée et révélait l'abandon de ses enfants..
"Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi.
Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu.
Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : «Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ; j'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus : méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime, quand je l'ai été : j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même, Être éternel. Rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables ; qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes indignités, qu'ils rougissent de mes misères. Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur aux pieds de ton trône avec la même sincérité, et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose : je fus meilleur que cet homme-là..."
- Pompeo Batoni (1708-1787), "L'Honorable Colonel William Gordon" (Fyvie Castle, Aberdeenshire)
- John Singleton Copley (1738-1815), "Boy with Squirrel" (1765, Museum of Fine Arts, Boston), le plus célèbre des portraits du peintre né à Boston..
- Francesco Zuccarelli (1702-1788), "Paysage avec l’histoire de Cadmos tuant le dragon" (1765), Tate Britain, Londres.
- Joshua Reynolds, "George Clive and his family with an Indian maid", 1765, Gemäldegalerie (Berlin)
- Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), "Corésus et Callirhoé" (1765), musée du Louvre, Paris.
- Thomas Gainsborough (1727-1788), "Karl Friedrich Abel" (1765), National Portrait Gallery, Londres.
- Giandomenico Tiepolo (1727-1804), "El mundo nuevo", "El charlatán veneciano" (1765, Prado Museum)
- Giuseppe Tartini (1692-1770), "Sonate en sol mineur, Trille du diable", la plus connue des oeuvres du violoniste...
1766
- Début du règne de l'empereur d'Autriche Joseph II (1765-1790), "despote éclairé"
- Voyage de Louis Antoine de Bougainville (1729-1811) autour du monde (1766-1769), le premier d'un navigateur français : il quitte Brest avec La Boudeuse et L'Etoile, traverse l'Atlantique, fait escale au Brésil, emprunte le détroit de Magellan, passe par la Polynésie, fait escale en 1768 à Tahiti, aux Samoa, aux Grandes-Hébrides, en Nouvelle-Guinée, à l'île Maurice...
- Henry Cavendish (1731-1810) isole l'hydrogène en 1766.
- Jacques Turgot (1727-1781), Réflexions sur la formation et la distribution des richesses
- Oliver Goldsmith (1728-1774), "Le Vicaire de Wakefield" (The Vicar of Wakefield)
- Christoph Martin Wieland (1733-1813), "Agathon" (1766-1767)
- Allan Ramsay (1713-1784), "David Hume" (Scottish National Portray Gallery, Edimbourg).
- Hubert Robert (1733-1808), "Le port de Ripetta à Rome" (1766), Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris. - "Le Grand jet d'eau de la Villa Conti à Frascati" (v. 1761), musée des Beaux-arts et d'archéologie, Besançon.
- Gregorio Guglielmi (1714-1773), "Apothéose du Commerce éclairé" (1766-1767, plafond de la salle des fêtes du palais Schaezler, Augsbourg), l'un des plus brillants décorateurs italiens du XVIIIe siècle., après Tiepolo, de Rome à Vienne, Berlin, Turin, Saint-Pétersbourg, un fresquiste virtuose, habile à faire plafonner des foules allégoriques (plafonds à fresques de la petite et de la grande galerie du château de Schönbrunn, 1760-1762, Vienne; allégorie des Quatre Facultés, 1755; les Quatre Parties du monde, 1765-66, palais royal, Turin, et musée de Varsovie)...
- Francesco Guardi (1712-1793), "Audience Granted by the Doge" ou "The Doge of Venice in the Sala del Collegio" (Louvre), "The Grand Canal Looking toward the Rialto Bridge" (1765, Pinacoteca di Brera, Milano), on a pu dire de lui qu'il n'avait jamais réussi à se rendre complètement maître du vocabulaire des peintres décoratifs qu'étaient son beau-frère Giambattista Tiepolo (1696-1770) ou son frère Gian Antonio (1699-1760), il est pourtant "le dernier poète de la Venise du XVIIIe siècle..."
1767
- James Hargreaves (1720-1778), tisserand à Standhill, met au point la première machine à filer mécanique, "spinning jenny", pour la filature du coton.
- 1767-1785 - En Allemagne, une réaction à la philosophie des Lumières apparaît vers 1770, particulièrement en Rhénanie, le "Sturm und Drang", un mouvement qui s'incarne dans une génération née au milieu du siècle et avec une netteté qui se rencontre rarement dans l'histoire des littératures. Deux oeuvres s'en détachent, le "Werther" de Goethe (1773) et "Die Räuber" (les Brigands, 1780-81) de Schiller, et des auteurs tels que Johann Gottfried von Herder (1744-1803), l'inspirateur, Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803), Jakob Michael Reinhold Lenz (1751-1792), Heinrich Leopold Wagner (1747-1779). Les Lumières avaient fait de la raison l'une des forces les plus importantes de l'époque, une raison qui permettait d'échapper à notre "Unmündigkeit" (immaturité, Kant). A contrario, dans ces fragments de critique littéraire, Herder met en valeur la chanson populaire, une idée opposée à la rationalité des Lumières, dépourvue de valeur éducative ou morale. Le modèle littéraire, ou musical, du Sturm und Drang est le génie originel, un génie qui vit selon ses propres lois et règles et agit selon ses propres désirs, le sentiment prévaut sur la raison ou l'intellect...
- Mercier de la Rivière (1719-1801) publie en 1767 "Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques", ouvrage passé par le chef de file des physiocrates, Quesnay. Le succès est tel que Diderot impose le livre dans des milieux philosophiques, par ailleurs très hostiles aux physiocrates. Il y montre l'existence de lois naturelles que le législateur positif doit respecter, dont la liberté individuelle et la libre disposition des biens. Seul le «despotisme légal» d'un souverain absolu est capable de faire respecter cet ordre naturel car les intérêts personnels d'un monarque héréditaire sont inséparables de ceux de la nation : en effet, le prince et les propriétaires se partagent le produit net de la terre qui fournit au premier l'impôt, aux seconds le revenu. Mercier ne sera le penseur que d'un seul livre...
- Moses Mendelssohn (1729-1786), "Phädon oder über die Unsterblichkeit der Seele" (Phédon ou entretiens sur l'immortalité de l'âme), début de la renommée du philosophe, « j'ai tâché, d'accommoder les preuves métaphysiques de Platon au goût de notre siècle...»
- Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781), "Laokoon : oder über die Grenzen der Malerei und Poesie", son principal traité d'esthétique.
- Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), "Monumenti antichi inediti, spiegati ed illustrati"
- Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781), "Minna von Barnhelm", sa meilleure pièce, écrite sur fond de la guerre de Sept Ans, la Saxe contre la Prusse, les amours contrariés du major Tellheim, officier prussien blessé et devenu inapte au service, et la saxonne Minna...
- Joseph Priestley (1733-1804), "The History and Present State of Electricity"
- Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach (1723-1789), "Christianisme dévoilé, ou Examen des principes et des effets de la religion chrétienne"
- Voltaire (1694-1778), "L'Ingénu", conte philosophique, un jeune Huron, né en réalité de parents français, débarque à Saint-Malo, séduit une demoiselle et, au fil d'épreuves tragi-comiques, perd peu à peu de sa naïveté pour s'intégrer à la bonne société, satire du mythe rousseauiste du «bon sauvage»...
- Jean-François Marmontel (1723-1799), "Bélisaire", roman historique et philosophique d'un proche de Voltaire, long conte moral sur le dévouement à l'État, le rôle et le caractère du souverain, la simplification des lois, l'égalisation des impôts, l'inutilité du luxe, la tolérance, un livre qui lui vaudra une grande réputation et fut censuré par la Sorbonne...
- Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), "Les hasards heureux de l'escarpolette" (1767), Wallace Collection, Londres, l'oeuvre la plus renommée du peintre de "la douceur de vivre"...
- Giambattista Tiepolo (1696-1770), "L’Immaculée Conception" (1767-68), musée du Prado, Madrid.
- Jean-Antoine Houdon (1741-1828), "L'Écorché", statue en plâtre. - "L'écorché bras replié sur la tête", Montpellier, musée Fabre.
- Jean Siméon Chardin (1699-1779), "Le gobelet d'argent" (Musée du Louvre, Paris)
- Louis Michel van Loo (1707-1771), "The Devin Family", un portraitiste de la Cour (la Famille de Philippe V, 1743, Prado ; esquisse à Versailles ; Louise Isabelle de Bourbon, 1745, Prado) reconnu pour la finesse psychologique de ses portraits, portraits de Marivaux (1756, Paris, musée de la Comédie-Française), de la Princesse Galitzine (1759, Moscou, musée Pouchkine), de J. G. Soufflot (1767, Louvre), de Denis Diderot (1767, id.), de Joseph Vernet et de sa Femme (1767-68, musée d'Avignon)...
- Luigi Boccherini (1743-1805) et Joseph Haydn (1732-1809) écrivent les premiers quatuors de l'histoire de la musique (1767-1769)...
1768
- Premier voyage (1768-1771) de James Cook (1728-1779) qui découvre les îles de la Société et explora la Nouvelle-Zélande (1768-1771).
- Seconde guerre russo-turque (1768-1774) au cours de laquelle la flotte ottomane est détruite à Cesme.
- Secousses démocratiques à Genève qui limite en 1768, au profit des bourgeois, les privilèges de l'oligarchie.
- Insurrection paysanne en Ukraine polonaise.
- Fondation de la Royal Academy of Arts (RA) en 1768 par un groupe d'artistes dirigé par le portraitiste Joshua Reynolds.
- Pierre Samuel du Pont de Nemours (1739-1817), "Physiocratie, ou constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain"
- Joseph Priestley (1733-1804), "Essay on the First Principles of Government"
- Voltaire (1694-1778), "Le Dîner du comte de Boulainvilliers" - "L’Homme aux quarante écus", roman d'économie politique, condamné par le Parlement (1768) combattant les idées de Roussel de La Tour et de Mercier de La Rivière.
- Laurence Sterne (1713-1768), "Voyage sentimental à travers la France et l'Italie" (A Sentimental Journey Through France and Italy by Mr. Yorick) - L'ouvrage est traduit par Johann Christoph Bode sous le tite de "Yoricks empfindsame Reise", qui connaît un grand succès et propage le terme de "empfindsale" (sensible) qui va inspirer bien des poètes allemands. L'’Empfindsamkeit devient un mouvement esthétique avec Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803), Christian Fürchtegott Gellert (1715-1769), Johann Timotheus Hermes (1738-1821) et Sophie de La Roche (1730-1807) ...
- Johann Gottfried Herder (1744-1803), "Sur la nouvelle littérature allemande" (Über die neuere deutsche Litteratur, 1767-1768), "Silves critiques" (Kritische Wälder, 1769), apporte à la réflexion littéraire et philosophique la notion d'«âme du peuple» (Volksgeist), source de toute fécondité artistique, et prônant ainsi une littérature plus allemande...
- Joseph Wright of Derby (1734–1797), "An Experiment on a Bird in the Air Pump" (1768, The National Gallery, London)
- Jean Siméon Chardin (1699-1779), "Le Gobelet d'argent" (1760-68), musée du Louvre, Paris. - "Portrait de Madame Chardin" (1775). Pastel sur papier gris-bleu, musée du Louvre, Paris.
- Benjamin West (1738-1820), période purement néo-classique, " Agrippine débarquant à Brindisi avec les cendres de Germanicus" (1768, Yale University Art Gallery, New Haven, Conn.), "Le Départ de Régulus" (1769, Kensington Palace, Londres), "Annibal jurant de faire la paix avec Rome" (1770, ibid.)...
- Balthasar Beschey (1708-1776), "Portrait of Jacques-Jean Cremers and his wife, dancing, on a garden terrace"
- George Romney (1734-1802), "The Leigh Family" (National Gallery of Victoria, Melbourne)
- Alexander Roslin (1718-1793), "The Lady with a Fan (The Artist's Wife)" (Nationalmuseum, Stockholm)
1769
- Début de la publication en Russie de la revue "Le Bourdon", de Nikolaï Ivanovitch Novikov (1744-1818) .
- Une grande famine frappe le Bengale (1769-1770) dont la population est réduite de 29 à 19 millions.
- Mise au point de la machine à filer "waterframe" de R.Arkwright. - Premiers brevets de J. Watt pour la machine à vapeur.
- Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781), "La Dramaturgie de Hambourg" (Hamburgische Dramaturgie), recueil d'articles qui condamne le théâtre classique français et recommande l'imitation de Shakespeare, un Shakespeare, qui vient d'être traduit en allemand par C. M. Wieland (1733-1813). Son théâtre est immense et divers, sublime et brutal comme la vie elle-même, loin de la préciosité et des intrigues artificielles des Corneille et Racine..
- Denis Diderot (1713-1784), "Le Rêve de D’Alembert", trois dialogues philosophiques.
- Johann Timotheus Hermes (1738-1821), "Sophiens Reise von Memel nach Sachsen" (1769-1773)
- Ferdinando Galiani (1728-1787), "Dialogues sur le Commerce des blés"
- Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), "Les Baigneuses" (1761-65), musée du Louvre, Paris. - "La Leçon de Musique" (1769), musée du Louvre, Paris. - "Marie-Madeleine Guimard" (1769), musée du Louvre, Paris.
- André Grétry (1741-1813), après un long séjour à Rome (1759-1766) qui l'influença fortement, s'installe à Paris (1768) où entre les partisans de la musique italienne et les apologistes de la musique française s'étaient insérés des musiciens comme Monsigny, Philidor et Duni qui avaient tenté d'adapter l'opéra-comique à la napolitaine aux traditions musicales françaises. Mais c'est Grétry qui sut donner promouvoir avec succès le nouveau genre de 'opéra-comique français avec "Lucile", 1769, "Zémire et Azor", 1771, "Richard Cœur de Lion", 1784...
- Michel-Jean Sedaine (1719-1797), "Le Déserteur", opéra en 3 actes, musique de Pierre-Alexandre Monsigny.
1770
- Le mouvement d'indépendance d'Amérique du Nord - A partir de 1770, émeutes à Boston (Massachusetts) et boycottage des marchandises britanniques. Des radicaux (Samuel Adams, Henry Lee, Thomas Jefferson, etc) fondent des comités de correspondance pour organiser la rupture des liens avec l'Angleterre. L'essor définitif de ce mouvement sera marqué par la
publication d'un tract de Thomas Paine, "Common Sense" (1776)....
- Disgrâce de Choiseul (Etienne François duc de Choiseul, 1719-1785), chef du gouvernement de Louis XV entre 1758 et 1770. Lui succède René de Maupeou (1688-1775), qui exerce, avec le contrôleur général des Finances, l'abbé Terray, et le ministre des Affaires étrangères, le duc d'Aiguillon, un triumvirat jusqu'à la mort de Louis XV.
- 1770 - Louis XVI épouse Marie-Antoinette - Marie-Antoinette, fille de l'empereur François Ier de Lorraine et de Marie-Thérèse d'Autriche, et le dauphin Louis, petit-fils de Louis XV, se marient à Versailles. Ils ont respectivement 14 et 16 ans. Le ministre Choiseul espère ainsi resserrer l'alliance avec l'Autriche et contenir l'agressivité de la Prusse et de l'Angleterre. Mais, les rancœurs anti-autrichiennes reprendront le dessus et Marie-Antoinette sera vite surnommée de manière péjorative l'"Autrichienne". Les deux époux, victimes de la Révolution, seront guillotinés en 1793.
- Johann Friedrich Struensee (1737-1772), médecin personnel de Christian VII, qui souffre d'un déséquilibre mental, et amant de la reine Caroline-Mathilde, gouverne en despote "éclairé" un royaume dont il ne parle pas la langue, le Danemark, et finit exécuté...
- Emmanuel Kant (1724-1804), Dissertation de 1770. En 1770, il obtient l'« ordinariat » en présentant un essai en latin, De mundi sensibilis atque intelligibilis forma et principis (Dissertation sur la forme et les principes du monde sensible et du monde intelligible), devenu depuis la célèbre Dissertation de 1770. - Jusqu'en 1760, Kant suit les traces du rationalisme dogmatique et subit l'influence de la physique newtonienne et de la métaphysique de Leibniz et de Wolff ; de 1760 à 1769, il découvre l'empirisme à travers Locke et Hume, et les droits du sentiment à la lecture de Shaftesbury et de Rousseau.
La Dissertation de 1770 clôt la période que l'on appelle précritique et ouvre véritablement aux yeux de Kant lui-même la période critique. Tous les doutes qui ont assiégé le Kant encore leibnizien s'y trouvent systématisés et préparés ainsi pour leur dépassement. Son apport essentiel est d'établir l'idéalité du temps et de l'espace (l'espace et le temps sont des formes a priori de la sensibilité, cf. paragraphe 2.5.). Cependant, sur de nombreux points, les thèses de la Dissertation de 1770 contredisent celles de la Critique de la raison pure qu' il publiera en 1781.
- Abbé Raynal (Guillaume-Thomas Raynal, 1713-1796), "Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes", 1770, condamne le despotisme, le fanatisme et le système colonial.
- Denis Diderot (1713-1784), "De la suffisance de la religion naturelle"
- Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach (1723-1789), "Système de la nature"
- "Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les Indes" (anonyme, Raynal signera en 1780)
- Le suicide à dix-huit ans de Thomas Chatterton fait entrer le poète dans la légende du romantisme, il inspirera Alfred de Vigny et Leoncavallo...
- Benjamin West (1738-1820), "Death of General Wolfe" (National Gallery of Canada), la plus célèbre de ses oeuvres - Benjamin West se rend en Italie de 1760 à 1763, séjourne à Rome, où il s'initie au néo-classicisme international, celui de Raphael Mengs (1728-7779) et de Gavin Hamilton (1723-1798), dans le domaine du portrait comme dans celui de la peinture d'histoire. À partir de 1763, il s'installe à Londres : "Le Retour du fils prodigue" (vers 1770, Metropolitan Museum of Art, New York)...
- Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), "La Lettre d’amour" (1770), Metropolitan Museum of Art, New York. - "L'Instant désiré" (Paris, coll. Arthur Veil-Picard)...
- Maurice Quentin de la Tour (1704-1788), "Femme au miroir dite marquise de Biencourt" (1770). Pastel sur papier, musée des Arts décoratifs, Lyon.
- Thomas Gainsborough (1727-1788), l’un des plus grands portraitistes anglais du 18e siècle. - "The Blue Boy (1770), Huntington Library, San Marino, Californie. - "La dame en bleu, la duchesse de Beaufort" (1770), musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg. - "Les sœurs Linley" (1772), Dulwich Picture Gallery, Londres. - "Christian Bach" (1776), National Portrait Gallery, Londres. - "Mary, fille de l’artiste" (1777), Tate Gallery, Londres. - "Mrs. Thomas Graham" (1777), National Galleries of Scotland.
- Bernardo Bellotto (1721-1780) , "Vue générale de Varsovie du côté de Praga" (1770), Château Royal de Varsovie.
- Francesco Guardi (1712-1793), "Pointe de la Douane et Santa Maria della Salute (v. 1770), National Gallery, Londres
- Agostino Brunias (1730-1796), peintre italien, s'installe à Londres et quitte l'Angleterre pour aller décrire la Dominique et les îles environnantes : "Free Women of Color with Their Children and Servants in a Landscape" (1770-1796. Brooklyn Museum) - "Linen Market, Dominica" (1780, Paul Mellon Collection, New Haven)..
1771
- Maupeou tente un profonde réforme judiciaire par l'édit du 23 février 1771 qui abolit la vénalité des charges, rend la justice gratuite en supprimant les épices, et restructure le parlement de Paris. L'opinion soutient la réforme contre la noblesse et les salons, mais Louis XVI détruira le "parlement Maupeou" en rappelant les anciens parlements (12novembre 1774), restaurant la noblesse de robe et se replaçant sous la tutelle de son droit de remontrances. Disgracié par le roi (24 août 1774), Maupeou se retirera...
- Inauguration du luxueux vauxhall du Colisée de Paris, élevé au nord des Champs-Élysées sur les plans de Louis-Denis Le Camus.
- La presse est autorisée en Grande-Bretagne à rendre compte sans restriction des débats de la Chambre des communes...
- Début du règne de Gustave III de Suède, de 1771 à 1792, "despote éclairé" qui fait participer la Suède aux courants culturels du XVIIIe siècle...
- Début de l'insurrection des Tây Son au Viet-nam, mouvement national et populaire.
- Johann Gottfried Herder (1744-1803), "Traité sur l'origine des langues" (1771, Abhandlung über den Ursprung der Sprache)
- Tobias Smollett (1721-1771), "The Expedition of Humphry Clinker"
- Richard Cumberland (1731-1811), "The West Indian"
- Henry Mackenzie (1745-1831), "The Man of Feeling" (Hurley ou l'homme sensible)
- Sophie von La Roche (1730-1807), "Geschichte des Fräuleins von Sternheim" (Mémoires de Mlle de Sternheim)
- Johann Georg Sulzer (1720-1779), "Allgemeine Theorie der schönen Künste" (Théorie générale des beaux-arts, Leipzig, 1771-74)
- Denis Diderot (1713-1784) débute l'écriture de "Jacques le Fataliste", qui ne sera publié qu'après sa mort, Jacques et son maître discutent, Diderot y développe une conception déterministe du monde, et au point de vue formel bouleverse les règles habituelles du récit en débutant son roman par une question, par un dialogue entre le lecteur et le romancier...
"Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.
LE MAÎTRE. - C'est un grand mot que cela.
JACQUES. - Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet.
LE MAÎTRE. - Et il avait raison...
Après une courte pause, Jacques s'écria : Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret !
LE MAÎTRE. - Pourquoi donc donner au diable son prochain ? Cela n'est pas chrétien.
JACQUES. - C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Mon père s'en aperçoit ; il se fâche. Je hoche la tête ; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour s'en aller
au camp devant Fontenoy; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons ; la bataille se donne.
LE MAÎTRE. - Et tu reçois la balle à ton adresse.
JACQUES. - Vous l'avez deviné ; un coup de feu au genou ; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux.
LE MAÎTRE. - Tu as donc été amoureux ?
JACQUES. - Si je l'ai été !
LE MAÎTRE. - Et cela par un coup de feu ?
JACQUES. - Par un coup de feu.
LE MAÎTRE. - Tu ne m'en as jamais dit un mot.
JACQUES. -Je le crois bien.
LE MAÎTRE. - Et pourquoi cela ?
JACQUES. - C'est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard."
- Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783), "L'Homme de mauvaise humeur" (1771-1783), "Tête de caractère", un ensemble exceptionnel de 69 statues taillées dans l'albâtre ou moulées dans un alliage de plomb exprimant tourments intérieurs et souffrances déchirantes...
- En 1771, la maîtresse de Louis XV, Mme du Barry, demande à Fragonard de peindre un cycle de tableaux pour son pavillon de Louveciennes. Fragonard propose quatre scènes sur le thème de «l’Amour réveillé dans le cœur d’une jeune fille». Mais le rococo était en train de passer de mode et de s'effacer au profit du néo-classique...
- Joshua Reynolds, "Mrs Abington", 1771, New Haven, Yale Center for British Art - "Lady Elizabeth Delmé and her children" (1777-1779), Washington, National Gallery of Art. - "Le Comte Hugolin", 1770-1771, Knole (Kent), National Trust.
- Joseph Vernet (1714-1789), "La nuit, un port de mer au clair de lune" (1771), musée du Louvre, Paris. - "Paysage au coucher du soleil" (1773), National Gallery, Londres. - "Naufrage sur une mer orageuse" (1773), National Gallery, Londres.
- Le quintette à cordes avec deux violoncelles en mi majeur opus 11 no 5 (G.275) de Luigi Boccherini (1743-1805), l'une des compositions les plus célèbres du compositeur avec son troisième mouvement (le «menuet de Boccherini»).
1772
- Louis XVI, roi de France 1774-1792 - Petit-fils de Louis XV, fils du Dauphin et de Marie-Josèphe de Saxe, Louis Auguste devient dauphin lui-même à douze ans par la mort de son père (il sera orphelin de mère à treize ans). De son père, qu’il n’a guère connu et qui ne s’est guère intéressé à lui, il gardera toujours le culte ; il en héritera la piété, la générosité, l’aversion contre les idées nouvelles et la méfiance envers tous ceux qui, hommes d’État, écrivains ou penseurs, ont touché de près à cette coterie des philosophes protégés par Mme de Pompadour et tenue pour responsable des mœurs relâchées de Louis XV. Il est élevé par son gouverneur, le duc de La Vauguyon, et par son précepteur, Mgr de Coestloquet. L’instruction, à la fois livresque et pratique, est bonne, mais la formation médiocre. Il manque de manières, fait preuve de brusquerie et de bizarrerie. Chasseur infatigable, cavalier d’une rare adresse, doué pour les travaux artisanaux (on connaît assez son goût pour la serrurerie), il semble peu porté sur l’amour. Devenu roi à vingt ans par la mort de son grand-père, Louis XVI se sépare des ministres du défunt roi, interrompt la révolution royale commencée en 1771, ouvre son Conseil à Maurepas, à Vergennes et à Turgot. La roideur dogmatique de ce dernier amène le souverain à s’en séparer dès 1776, non sans que le ministre ait réalisé d’utiles réformes. Louis XVI refusera de même de soutenir longtemps Necker quelques années plus tard.
- La machine à vapeur , après des essais de Denis Papin et de Thomas Savery, est mise au point en 1712 par Thomas Newcomen et prend, entre 1772 et 1782, sa forme définitive avec James Watt.
- La Russie, la Prusse et l'Autriche se partagent la Pologne - Le partage de la Pologne est le problème dominant des années 1772-1795, avec une Russie qui monte en puissance tandis que la rivalité austro-hongroise s'accentue. En 1772, 1793, 1795, trois partages qui sonnent la fin du royaume. Le Congrès de Vienne unira le grand-duché de Varsovie à la Russie en 1807. Mais le mouvement national polonais ne désarmera pas et la Prusse se chargera d'une minorité polonaise...
- Deuxième voyage James Cook (1728-1779) qui le conduit dans l'océan Antarctique (1772-1775).
- Shogunat des Tokugawa au Japon - Le ministre Tanuma Okitsugu au puvoir (1772-1786), échec de sa politique réformiste et libérale.
- Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781), "Emilia Galotti", tragédie bourgeoise, un palais princier dont l'héroïne est fille de marchand qui refuse de céder au caprice d'un prince despotique et frivole...
- Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach (1723-1789), "Le Bon sens, ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles"
- Claude-Joseph Dorat (1734-1780), "Les Malheurs de l’inconstance", ou Lettres de la marquise de Syrcé et du comte de Mirbelle, roman épistolaire libertin.
- Christoph Martin Wieland (1733-1813), "Der Goldene Spiegel" (le Miroir d’or)
- Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) collabore au périodique Frankfurter Gelehrte Ainzeigen.
- José Cadalso (1741-1782), "Los eruditos a la violeta", satire de la haute société madrilène.
- Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), "La Liseuse" (1770-72), National Gallery of Art, Washington.
- A 16 ans, Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) entre, comme premier violon, au service du nouveau prince-archevêque de Salzbourg, le comte Hieronymus Colloredo (1732-1812), doit écrire sur commande des œuvres au goût du jour et se produire comme interprète.
- Joseph Haydn (1732-1809), "Symphonie n°45, les Adieux", une des plus célèbres dans le style Sturm und Drang, et en finale mémorable..
1773
- Guerre de l'Indépendance des colonies américaines - Boston Tea Party - Le 16 décembre 1773 à Griffin's Wharf à Boston, dans le Massachusetts, des colons américains, frustrés et en colère contre la Grande-Bretagne qui leur imposait une "taxation sans représentation", jettent dans le port 342 coffres de thé importé par la British East India Company. C'est le premier acte majeur de défi à la domination britannique sur les colons.
- Inclosure Act 1773, loi du Parlement du Royaume de Grande-Bretagne, adoptée sous le règne de George III, qui permet l'enclosure des terres, tout en supprimant le droit d'accès des roturiers.
- Revolte de Pougatchev (1773-1774), la plus grande guerre paysanne en Russie avant 1917, Alexandre Pouchkine en fera le cadre de son roman, "La Fille du capitaine" (1836).
- Le pape Clément XIV supprime la Compagnie de Jésus (elle revivra après 1814).
- Denis Diderot (1713-1784), "Paradoxe sur le comédien", 1769, 1773 et 1777.
- Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach (1723-1789), "Le Système social, ou Principes naturels de la morale et de la politique", condamné par arrêt du Parlement, du 16 février 1776.
- Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), "Götz von Berlichingen"
- Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), "La Poursuite" (1773), Frick Collection, New York, "La Surprise ou la Rencontre (1773), Frick Collection, New York, "L'Amant couronné" (1771), Frick Collection, New York.
- Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), "La Dame de charité" (Musée des Beaux-Arts de Lyon), le tenant de la peinture sentimentale et didactique en pleine contradiction avec le Siècle des Lumières et l'hédonisme rococo, depuis le "Père de famille expliquant la Bible à ses enfants", "Les Œufs cassés" (1756), jusqu'à "La Malédiction paternelle" (1777), diptyque comprenant "Le Fils ingrat" et "Le Fils puni"...
- Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) tente de trouver un poste à Vienne et écrit ses six quatuors à cordes dits Quatuors viennois, influencés par le compositeur autrichien Joseph Haydn. A Salzbourg, il conçoit quatre importantes symphonies (1773-1774) et quatre concertos pour piano (1776-1777), genre dans lequel il se montre le plus novateur.
1774
- Règne de Louis XVI (né en 1754, 1774-1792) - Louis XVI, de bonne volonté mais sans caractère, appelle le physiocrate Turgot (1721-1781) pour réorganiser les finances. La «liberté du commerce des grains» déclenche la révolte des ouvriers parisiens contre l'augmentation rapide du prix du pain.
- Le mouvement d'indépendance d'Amérique du Nord - Premier Congrès continental à Philadelphie (5 septembre-26 octobre 1774). Les délégués des 13 États de la façade atlantique (Massachusetts, New Jersey, New York, Rhode Island, Connecticut, New Hampshire, Pennsylvanie, Delaware, Virginie, Maryland, Caroline du Nord, Caroline du Sud, Georgie) décident de cesser tout commerce avec la métropole. Ils rédigent une série d'adresses (au roi, au peuple canadien) et une déclaration des droits du contribuable américain, l'opposition radicale organise dans les colonies des milices et des réseaux armés.
- Le traité de Kutchuk-Kaïnardji met fin à la guerre russo-turque, donne à la Russie un accès à la mer Noire et fait de Catherine II la protectrice des orthodoxes de l'Empire ottoman.
- Début des révoltes antimandchoues en Chine, des mouvements à coloration nationale.
- Joseph Priestley (1733-1804), "Experiments and Observations on Different Kinds of Air" (1774–86)
- Johann Wolfgang Goethe (1749-1832), "Les Souffrances du jeune Werther" (Die Leiden des jungen Werthers), le succès est énorme, tous les thèmes du Sturm und Drang, la violence des émotions et du romantisme d'un jeune héros qui se suicide à la suite d'une passion amoureuse impossible...
"...Il semble qu’on ait tiré devant mon âme un rideau, et la scène immense de la vie n’est plus devant moi que l’abîme de la tombe éternellement ouverte. Peux-tu dire : Cela existe ! Quand tout passe, quand tout se précipite avec la rapidité de la foudre, et conserve -si rarement toute la force de son être, et se voit, hélas ! entraîné, englouti dans le torrent, écrasé contre les rochers ï Pas un moment qui ne te dévore, et les tiens autour de toi ; pas un moment où tu ne sois un destructeur, où tu ne doives l’être ; la plus innocente promenade coûte la vie à des milliers de pauvres insectes ; un de tes pas ruine les laborieux édifices des fourmis, et enfonce tout un petit monde dans un injurieux tombeau. Ah ! ce qui me touche, ce ne sont pas les grandes et rares catastrophes du monde, ces inondations, ces tremblements de terre, qui engloutissent vos cités ; ce qui me ronge le cœur, c’est la force dévorante qui est cachée dans la nature entière, et n’a rien produit qui ne détruise son voisin et ne se détruise soi-même. C’est ainsi que je poursuis avec angoisse ma course chancelante, environné du ciel et de la terre et de leurs forces actives ; je ne vois rien qu’un monstre qui dévore, qui rumine éternellement..."
- Friedrich Gottlieb Klopstock (1724-1803), "Die Deutsche Gelehrtenrepublik" (république allemande des savants, 1774). Partisan des débuts de la Révolution française et maître incontesté des lettres en Allemagne, sa poésie semblera immédiatement dépassée lorsque que paraître Goethe...
- Johann Gottfried von Herder (1744-1803), "Auch eine Philosophie der Geschichte"
- Jakob Michael Lenz (1751-1792), "Le Précepteur ou les avantages de l’éducation privée" (Der Hofmeister, oder Vorteile der Privaterziehung), l'un des plus brillants représentants de la génération littéraire du Sturm und Drang.
- Jacques-Louis David (1748-1825), "Le combat de Mars contre Minerve" (1771), musée du Louvre, Paris. - "Erasistrate découvrant la cause de la maladie d’Antiochius" (1774), École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris.
- Joseph Vernet (1714-1789), "La construction d'un grand chemin" (1774), musée du Louvre, Paris.
- Angelica Kauffmann (1741-1807), "Ariane abandonnée pat Thésée" (Museum of Fine Arts, Houston)
- Caspar Wolf (1735–1783), "Panorama des Grindelwaldtales mit Wetterhorn, Mettenberg und Eiger" (1774, Kunsthaus Zürich )
- Christoph Willibald Gluck (1714-1787) arrive à Paris où il décide d'appliquer sa réforme à l'opéra français et, dans la même année, donne Iphigénie en Aulide qui remporte un grand succès.
- Joseph Haydn (1732-1809), Symphonies de l'époque du «Sturm und Drang», de la Symphonie nº 34 en ré mineur (1765-66) à la Symphonie nº 68 en si bémol majeur (1774-75).
1775
- Guerre de l'Indépendance des colonies américaines, sept années de lutte - 18 avril 1775, à Lexington, premier choc entre les troupes britanniques et les milices américaines, le massacre de la colonne anglaise du général Gage, le blocus de Boston par 16 000 miliciens, se transforment de 1775 à 1783 en guerre d'Indépendance d'Amérique du Nord.
Les colons, environ trois millions, manquent de troupes instruites, d'argent, de matériel de guerre et d'une unité de direction. George Washington (1732-1799), propriétaire terrien de Virginie (Mount Vernon), reçoit du deuxième Congrès le commandement en chef. Face à lui, l'armée coloniale britannique, dont 17000 mercenaires originaires de Hesse et de Brunswick, vendus à l'Angleterre par leurs souverains, les "Loyalistes", les Américains fidèles à l'Angleterre, et des tribus indiennes alliées des Anglais...
- La Chine compte 264 millions d'habitants...
- Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799), "le Barbier de Séville". Barbier à Séville, Figaro y retrouve son ancien maître, le comte Almaviva, qui attend dans la rue I' apparition quotidienne de la belle Rosine. Amoureux de la jeune fille, le comte demande à Figaro de lui venir en aide. Il s'agit de vaincre les obstacles que multiplie Bartholo, le tuteur de Rosine qui, vieillard jaloux, compte bien épouser sa pupille. Figaro renseigne ainsi le comte sur la personnalité de son rival...
- Nicolas Edme Restif, dit Restif de la Bretonne (1734 -1806), "Le Paysan perverti ou les Dangers de la ville"
- Saverio Bettinelli (1718-1808), "Le Réveil de l'Italie après l'an mil", le texte fondateur du risorgimento.
- Johann Kaspar Lavater (1741-1801), "Physiognomischen Fragmente, zur Beförderung der Menschenkenntniß und Menschenliebe" (1775-1778) - En France, Madame de Staël, Senancour, Chateaubriand, George Sand, Stendhal, Balzac, Baudelaire figurent parmi les lavatériens convaincus et admirateurs de la physiognomonie, ainsi qu'une foule d'écrivains mineurs comme Eugène Sue...
- Voltaire (1694-1778), "L’Histoire de Jenni".
- André-Robert Andréa de Nerciat (1739-1800), "Félicia ou Mes Fredaines", roman libertin.
- Vittorio Alfieri (1749-1803), dramaturge italien compose de 1775 à 1782 une quinzaine d'oeuvres.
- George Romney (1734-1802) et Joshua Reynolds (1723-1792), peintres rivaux de la gentry britannique, "Henrietta, Comtesse de Warwick, et ses enfants" ( 1787-1789, Frick Collection, New York) vs. "Lady Elizabeth Delmé and her children" (1777-1779, Washington, National Gallery of Art)...
- John Singleton Copley (1738-1815), "Mr and Mrs Ralph Izard" (1775, Museum of Fine Arts, Boston), le portaitiste des riches habitants de New York et de la Nouvelle Angleterre...
- Francesco Guardi (1712–1793), ensemble des Douze fêtes ducales (1770-1775) peintes en l'honneur du Doge Alvise IV Monicego.
- John Trumbull (1756-1843), "The Death of General Warren at the Battle of Bunker's Hill, June 17, 1775" (Museum of Fine Arts, Boston, Massachusetts) - "The Death of General Montgomery in the Attack on Quebec, December 31, 1775" (Yale University Art Gallery, New Haven, Connecticut). - "The Death of General Mercer at the Battle of Princeton, January 3, 1777" (Yale University Art Gallery, New Haven, Connecticut)..
- Luis Paret y Alcázar (1746-1799), "Carlos III comiendo ante su corte" (Le Dîner de Charles III devant la cour, v.1775, Museo del Prado), l'œuvre la plus célèbre de l'un des plus grands peintres du rococo espagnol. - "La Puerta del Sol à Madrid" (1773, Musée national des beaux-arts de Cuba).
- Joseph Haydn (1732-1809), Symphonies de l'époque du classicisme viennois, de la Symphonie nº 66 en si bémol majeur (1775-76) à la Symphonie nº 81 en sol majeur (1784).
- Première, à Munich, de l'opéra "La Finta Giardiniera" (La Fausse Jardinière) de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), et composition de concertos pour violon.
1776
- Guerre de l'Indépendance des colonies américaines - Incapables d'empêcher Howe de s'emparer de New York, les Américains prennent leur revanche à Trenton, le 25 décembre 1776, et à Princeton, quelques jours plus tard ; mais les Britanniques reprennent bientôt l'avantage et s'emparent de Philadelphie le 26 septembre 1777.
- Déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776, des Droits de l'Homme ("la vie, la liberté et la recherche du bonheur") et du droit à la résistance qui en découle. L'acte de naissance de la nouvelle nation est l'œuvre de Thomas Jefferson (1743-1826).
- Renvoi de Turgot (1727-1781), adepte des Lumières, qui propose, face aux mauvaises récoltes de 1774 et 1775, des réformes que repoussent le Parlement...
- Troisième voyage de James Cook (1728-1779) en 1776, il découvre les îles Sandwich (Hawaii) (1778), mais est tué par les indigènes...
- Révolte des Indiens Mapuches au Chili. - Création de la vice-royauté espagnole de La Plata (Argentine). - Fondation de San Francisco par les Espagnols.
- Adam Smith (1723-1790), "An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations" (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations)
- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), "Les Rêveries du promeneur solitaire" (écrites en 1776-78, publiées en 1782), la Cinquième Promenade est un véritable poème en prose, la rêverie au bord du lac témoigne d'une toute nouvelle sensibilité naissant en ce siècle..
"Quand le soir approchait, je descendais des cimes de l'île, et j'allais volontiers m'asseoir au bord du lac, sur la grève, dans quelque asile caché; là, le bruit des vagues et l'agitation de l'eau, fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation, la plongeaient dans une rêverie délicieuse, où la nuit me surprenait souvent sans que je m'en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu, mais renflé par intervalles, frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi, et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. De temps à autre naissait quelque faible et courte réflexion sur l'instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m'offrait l'image; mais bientôt ces impressions légères s'effaçaient dans l'uniformité du mouvement continu qui me berçait..."
- Nicolas de Condorcet (1703-1794), "Fragments sur la liberté de la presse"
- Thomas Paine (1737-1809), publie "Common Sense" (1776), un pamphlet qui traduit en un langage simple les aspirations des Américains à l'indépendance économique et politique, montrant que leurs intérêts sont diamétralement opposés à ceux de la métropole qui, pour s'attirer les bonnes grâces des puissants marchands de la City, ne cherche qu'à les maintenir sous le joug en freinant ou en interdisant son développement industriel. Persuadé qu'aucun compromis ne peut plus intervenir, il prêche la rébellion...
- Edward Gibbon (1737-1794), "Decline and Fall of the Roman Empire" (Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, 1776-1788)
- Jacques Cazotte (1719-1792), "Le Diable amoureux", nouvelle, l'ancêtre de la littérature fantastique française...
- Représentation à Berlin de "Julius von Tarente", un drame de Johann Anton Leisewitz (1752-1806)
- Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832), "Stella"
- Ueda Akinari (1734-1809), "Ugetsu Monogatari" (Contes de pluie et de lune, jap.)
- Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), "Le Verrou (1776-79), musée du Louvre, Paris.
- Angelica Kauffmann (1741-1807), "Ariane abandonnée par Thésée" (1774), The Museum of Fine Arts, Houston. - "Edward Smith Stanley, sa femme et leur fils" (v. 1776), Metropolitan Museum of Art, New York.
- John Singleton Copley (1738-1815), "Portrait of the Copley family" (National Gallery of Art, Washington DC) - "The Fountaine Family" (1776, Tate Britain).
- Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785), le sculpteur protégé de Mme de Pompadour, réalise la grande commande qui devait donner lieu à son œuvre la plus fameuse, le monument du maréchal de Saxe (terminé en 1776, Strasbourg, temple Saint-Thomas)...
1777
- Guerre de l'Indépendance des colonies américaines, une guerre qui devient mondiale - La reddition d'une armée britannique à Saratoga, le 17 octobre 1777, décourage les derniers loyalistes, fait basculer la quasi-totalité des Américains dans la révolte et va décider la France (1778), l'Espagne (1779) et la Hollande (1780) à soutenir les colons. Benjamin Franklin (1706-1790), premier ambassadeur des E.-U., agit à Paris en faveur de la cause américaine. De jeunes officiers combattent sous les ordres de Washington ((La Fayette, le héros national polonais Kosciuszko et le général prussien Von Steuben, organisateur de 1'armée américaine).
- Jacques Necker (1732-1804), Genevois, de religion réformée, professionnel de la finance, devient directeur général des Finances (1777-1781) de Louis XVI et recherche le soutien de l'opinion publique en publiant le fameux Compte rendu au Roi, tableau des recettes et dépenses pour 1781...
- Le Journal de Paris, le 1er janvier 1777, le premier quotidien jamais publié en France, un quotidien dont bénéficie Londres depuis 1702...
- Le traité de San Ildefonso entre l'Espagne et le Portugal fixe les frontières entre le Brésil et les possessions espagnoles.
- Carl Wilhelm Scheele (1742-1786) sépare l'hydrogène de l'azote et découvre le molybdène en 1778, le tungstène en 1781, l'acide citrique..
- Après avoir effectué des recherches sur les meilleures façons de fabriquer les aiguilles aimantées en 1777, le physicien français Charles Augustin de Coulomb (1736-1806) développe la première théorie structurée du magnétisme en introduisant la notion de moment magnétique et établit les bases expérimentales et théoriques de l'électrostatique...
- Première représentation de "Sturm und Drang" la pièce de Friedrich Maximilian von Klinger (1752-1831), qui a donné son nom au mouvement...
- Richard Brinsley Sheridan (1751-1816), "L'École de la médisance" (The School for Scandal)
- Claude-Joseph Dorat (1734-1780), "Les Prôneurs ou le Tartuffe littéraire", comédie.
- Vivant Denon (1747-1825),"Point de lendemain", un conte emblématique de la littérature libertine.
- Francesco Guardi (1712-1793), "Piazza di San Marco" (Calouste Gulbenkian Museum)
- Anton Raphael Mengs (1728–1779), "Johann Joachim Winckelmann" (Metropolitan Museum of Art, 1777)
- Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), "La Malédiction paternelle" (1777), diptyque comprenant "Le Fils ingrat" et "Le Fils puni" (Musée du Louvre, Paris)
- Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) retourne à Munich en 1777, en compagnie de sa mère, après avoir démissionné de sa position à la cour de l'obtus archevêque Colloredo, laissant à Salzbourg son père qui préfère conserver son poste de maître de chapelle. A Mannheim, alors ville musicale florissante, il fait la connaissance d'Aloysia Weber, dont il s'éprend, et de sa sœur Constance, qu'il épousera en 1791.
1778
- Guerre de l'Indépendance des colonies américaines - Le 18 juin 1778, les Anglais évacuent Philadelphie et décident de porter la guerre dans les États du Sud, ils y remporteront d'indiscutables succès. La France et l'Espagne interviennent contre l'Angleterre. En France, Necker (1732-1804), calviniste et banquier à Genève, tente vainement de couvrir par des emprunts les frais de guerre. ll est renvoyé après la publication d'un "Compte Rendu" financier (1781).
- Installation à Paris de Franz Anton Mesmer (1734-1815), magnétiseur, moraliste et républicain...
- Denis Diderot (1713-1784), une nouvelle tirée du roman paraît en feuilleton dans la Correspondance littéraire de Melchior Grimm entre 1778 et 1780, "Histoire de Mme de la Pommeraye", traduite par Schiller sous le titre de "Vengeance de femme"...
- Buffon (1707-1788), "Les Époques de la nature" (Supplément, t. V, 1779), une synthèse de sa pensée dans tous les domaines.
- Johann Gottfried von Herder (1744-1803), "Stimmen der Völker in Liedern" (1778-1779), prône l'émancipation de la littérature allemande des influences étrangères (Volksgeist).
- Marmontel (1723-1799) , "Les Incas ou la Destruction de l'empire du Pérou"
- Fanny Burney (1752-1840), "Evelina, The History of a Young Lady's Entrance Into the World"
- John Singleton Copley (1738-1815), "Watson and theshark" (National Gallery of Art, Washington)
- Benjamin West (1738-1820), "The Battle of La Hogue", c. 1778, oil on canvas, Andrew W. Mellon Fund.
- A Paris, Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) compose, entre autres œuvres, la pathétique Sonate pour piano en la majeur et découvre la musique concertante.
1779
- Guerre de l'Indépendance des colonies américaines - Siège de Gibraltar (1779-1783), les forces espagnoles renforcées d'un contingent français mettaient le siège devant la garnison britannique de Gibraltar, une entreprise qui mobilisera pendant trois ans des moyens gigantesques, en vain. - Victoires navales britanniques (amiral Rodney) dans les Antilles, Saint-Vincent (1781) et Saint-Domingue (1782). Victoires navales françaises (Suffren) aux lndes.
- En Inde, première guerre opposant les Britanniques aux Marathes (1779-1782).
- David Hume (1711-1776), "Dialogues concerning Natural Religion", le théisme...
- Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781), "Nathan der Weise" (Nathan le sage, pièce publiée en 1779 et représentée pour la première fois à Berlin en 1783), un plaidoyer en faveur de la tolérance, les disputes théologiques sont stériles, les dogmes des grandes religions contiennent tous une part de vérité...
- Richard Brinsley Sheridan (1751-1816), "The Critic or A Tragedy Rehearsed" , comédie et parodie du théâtre de son temps..
- Matthias Claudius (1740-1815), "Abendlied" ("Der Mond ist aufgegangen")
- Denis Diderot (1713-1784), "Le Supplément au Voyage de Bougainville", ou Dialogue entre A et B sur l'inconvénient d'attacher des idées morales à certaines actions physiques qui n'en comportent pas, conte philosophique. Diderot prend la défense des sociétés naturelles et de leurs moeurs, qu'il oppose à la cruauté de la civilisation européenne..
"Il était père d'une famille nombreuse. À l'arrivée des Européens, il laissa tomber des regards de dédain sur eux, sans marquer ni étonnement, ni frayeur, ni curiosité. Ils l'abordèrent ; il leur tourna le dos, se retira dans sa cabane. Son silence et son souci ne décelaient que trop sa pensée : il gémissait en lui-même sur les beaux jours de son pays éclipsés. Au départ de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s'attachaient à ses vêtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s'avança d'un air sévère et dit : "Pleurez, malheureux Tahitiens! pleurez ; mais que ce soit de l'arrivée, et non du départ de ces hommes ambitieux et méchants : un jour, vous les connaîtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attaché à la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au côté de celui-là, dans l'autre, vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir à leurs extravagances et à leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux. Mais je me console ; je touche à la fin de ma carrière ; et la calamité que je vous annonce, je ne la verrai point. Ô Tahitiens ! mes amis ! Vous auriez un moyen d'échapper à un funeste avenir ; mais j'aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu'ils s'éloignent et qu'ils
vivent."
Puis, s'adressant à Bougainville, il ajouta : "Et toi, chef des brigands qui t'obéissent, écarte promptement ton vaisseau de notre rive ; nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire à notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tenté d'effacer de nos âmes son caractère. Ici tout est à tous ; et tu nous as prêché je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagé ce privilège avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. Elles ont commencé à se haïr ; vous vous êtes égorgés pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n'es ni un dieu, ni un démon : qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! toi qui entends la langue de ces hommes-là, dis-nous à tous, comme tu me l'as dit à moi, ce qu'ils ont écrit sur cette lame de métal : Ce pays est à nous. Ce pays est à toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu'il gravât sur une de vos pierres ou sur l'écorce d'un de vos arbres : Ce pays appartient aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ? ..."
- Charles Willson Peale (1741-1827), "George Washington", Pennsylvania Academy of the Fine Arts. Il est l'auteur d'un lugubre "Rachel Weeping" dédié à sa petite fille qui mourut de la variole en 1771. A son retour de Londres, après une formation auprès de Benjamin West, il devient en 1769 le portraitiste le plus en vogue du Maryland et des colonies voisines...
- Joshua Reynolds (1723+1792), "Lady Elizabeth Delmé and Her Children" (National Gallery of Art, Washington)
- Après la mort de sa mère, Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) rentre à Salzbourg, il y devient l'organiste attitré de la cathédrale (1779) et se voit dans l'obligation de se plier à nouveau à des commandes. Il compose une symphonie concertante pour violon alto.
- Christoph Willibald Gluck (1714-1787), "Iphogénie en Tauride", l'avant-dernier opéra de Gluck et son plus grand succès..