Walter Scott (1771-1832), "The Lady of the Lake" (1810), "Waverley" (1813), "The Heart of Midlothian", "Rob Roy" (1818), "The Bride of Lammermoor" (1819), "Ivanhoé" (1820), "Quentin Durward" (1823), "The Fair Maid of Perth" (1828) - Robert Burns (1759-1796), "Tam o’ Shanter" (1790) - ...
Last update 12/18/2016
Si Jane Austen ne fut pas aussitôt saluée par la critique, on ne peut pas en dire autant de Sir Walter Scott, le romancier le plus populaire de l'époque. Scott, qui était tout d'abord poète, fut considéré comme le premier écrivain international de langue anglaise lorsque ses romans furent publiés en Europe, en Australie et en Amérique du Nord. Son talent de narrateur se révèle des ses premières collections de romans, qu'il signa sous un pseudonyme, avaient tous pour cadre l'Écosse, celle des soulèvements jacobites (1688-1746), dont "Waverley" et "The Heart of Midlothian" (1818). Scott s'attela bientôt à l'écriture de séries de romans, cette fois sur l'Angleterre du XIIe siècle, dont "Ivanhoé" (1829), remarquable par son héroïne juive, Rebecca. Dans chacune de ses séries, Scott décrit une période de transition pour mieux commenter les évolutions qu'il observe au sein de sa propre société. Considérées dans leur ensemble, ces oeuvres ont donné naissance à la mode des fictions historiques. La popularité de Scott commença à décliner lorsque E.M. Forster éreinta ses intrigues et son style emprunté dans son essai "Aspects of the Novel" (1927). C'est environ à cette époque que la popularité de Scott va décliner et que l'étoile de Jane Austen commence son ascension, aidée en cela par la comparaison en sa faveur avec son contemporain ...
Robert Burns (1759-1796)
Fils d'un pasteur d'Alloway (Ayrshire) et ayant vécu toute sa vie en Ecosse, Robert Burns est le plus célèbre des poètes de la littérature
écossaise, le "Burns Country" couvre la route qui conduit de son village natal, sur la côte ouest de l'Ecosse, à Edinburgh, en passant par the Ayrshire coast, Culzean Castle et Bothwell
Castle. Objet d'un véritable culte, Burns est l'héritier emblématique d'une très longue tradition de poètes écossais qui tentent de subsister après cette tragique bataille de Culloden qui en 1746
mit fin définitivement à tout espoir d'indépendance écossaise : c'est sous des trombes d’eau et dans la boue que les 5000 Écossais de l’héritier de la dynastie des Stuart, le prince Charles
Edward, furent massacrés par les 8000 hommes du duc de Cumberland.
Fils d'un modeste métayer, Burns grandit en autodidacte, lisant tant les classiques anglais, comme Pope, ou à la mode, comme Sterne ou Ossian, que les poètes écossais, tel que Robert Fergusson (1750-1774) ou les ballades populaires de son pays. Burns écrit dans une langue hybride, mêlant anglais et dialecte écossais, langue qui lui permet de triompher en 1786 avec ses "Poems". Déiste, anticalviniste, provocateur autant que lui permet la censure, sa vie est jalonnée d'aventures sentimentales, tragiques ou scabreuses, avant son mariage avec Jean Armour en 1788, et de beuveries à en mourir à 37 ans : "Tam o’ Shanter" (1790), qui constitue le première oeuvre littéraire écossaise d'envergure, conte l'histoir d'un fermier, Tam, qui, un jour de marché, s'attarde dans la taverne d'Ayr et, sur le chemin du retour, est la proie de visions surnaturelles. Ses autres poèmes ou chansons, "Auld Lang Syne" (1788), "A Man's A Man For A' That" (1795), "On Seeing One On A Lady's Bonnet, At Church" (1786), "The Cotter's Saturday Night" (1785), "To A Mountain Daisy" (1786), "Scotch Drink" (1785) sont parmi ses poèmes les plus connus et ceux qu'apprécièrent les élites d'Edinburgh pour leur joie de vivre débridée et rebelle à toute autorité, notamment anglaise. Sa célèbre "Holy Willie's Prayer" est une violente satire dénonçant l'hypocrisie calviniste.
(Alexander Nasmyth - Robert Burns - Rozelle House Galleries)
Oh Tam, had you but been so wise,
As to have taken your own wife Kate’s advice!
She told you well you were a waster,
A rambling, blustering, drunken boaster,
That from November until October,
Each market day you were not sober;
During each milling period with the miller,
You sat as long as you had money,
For every horse he put a shoe on,
The blacksmith and you got roaring drunk on;
That at the Lords House, even on Sunday,
You drank with Kirkton Jean till Monday.
She prophesied, that, late or soon,
You would be found deep drowned in Doon,
Or caught by warlocks in the murk,
By Alloway’s old haunted church.
Ah, gentle ladies, it makes me cry,
To think how many counsels sweet,
How much long and wise advice
The husband from the wife despises! ....
Tam O' Shanter
When the peddler people leave the streets,
And thirsty neighbours, neighbours meet;
As market days are wearing late,
And folk begin to take the road home,
While we sit boozing strong ale,
And getting drunk and very happy,
We don’t think of the long Scots miles,
The marshes, waters, steps and stiles,
That lie between us and our home,
Where sits our sulky, sullen dame (wife),
Gathering her brows like a gathering storm,
Nursing her wrath, to keep it warm
This truth finds honest Tam o' Shanter,
As he from Ayr one night did canter;
Old Ayr, which never a town surpasses,
For honest men and bonny lasses...
... Now Tam, O Tam! had they been queans,
A' plump and strapping in their teens!
Their sarks, instead o' creeshie flainen,
Been snaw-white seventeen hunder linen!-
Thir breeks o' mine, my only pair,
That ance were plush o' guid blue hair,
I wad hae gien them off my hurdies,
For ae blink o' the bonie burdies!
But wither'd beldams, auld and droll,
Rigwoodie hags wad spean a foal,
Louping an' flinging on a crummock.
I wonder did na turn thy stomach...
Ah, Tam! Oh, Tam! Avec de belles jeunes filles,
Plantureuses et bien bâties, dans la fleur de l'âge,
Portant chemises de lin fin blanc, comme neige
Au lieu de crasseuses flanelles, on eût compris!
Ces pantalons qui m'habillent, ma seule culotte,
Qui furent jadis peluchés, en beau poil bleu,
Je les aurais ôtés de mes fesses et donnés
Pour un simple coup d'oeil à ces jolies poulettes!
Mais de vieilles harpies rabougries et grotesques,
Si laides qu'à les voir un poulain serait sevré,
Sautant et bondissant sur leur bâton crochu :
Voilà qui aurait dû te soulever le coeur...
Auld Lang Syne (Robert Burns, 1788)
Should auld acquaintance be forgot,
And never brought to mind?
Should auld acquaintance be forgot,
And auld lang syne!
- Chorus.-For auld lang syne, my dear,
For auld lang syne.
We'll tak a cup o' kindness yet,
For auld lang syne.
And surely ye'll be your pint stowp!
And surely I'll be mine!
And we'll tak a cup o'kindness yet,
For auld lang syne.
For auld, &c.
- We twa hae run about the braes,
And pou'd the gowans fine;
But we've wander'd mony a weary fit,
Sin' auld lang syne.
For auld, &c.
- We twa hae paidl'd in the burn,
Frae morning sun till dine;
But seas between us braid hae roar'd
Sin' auld lang syne.
For auld, &c.
- And there's a hand, my trusty fere!
And gie's a hand o' thine!
And we'll tak a right gude-willie waught,
For auld lang syne.
For auld, &c.
Peut-on oublier les vieilles connaissances,
sans jamais se souvenir d’elles ?
Peut-on oublier les vieilles connaissances,
et le bon vieux temps jadis ?
- Refrain - Au nom du bon vieux temps, mon cher,
Au nom du bon vieux temps,
Buvons encore un verre de l’amitié
Au nom du bon vieux temps.
Certainement paieras-tu ta pinte
et m'offriras-tu la mienne !
Buvons encore un verre de l’amitié
Au nom du bon vieux temps.
Refrain - Nous avons tous les deux parcouru les rives,
et cueilli les belles marguerites/pâquerettes.
Mais nous avons tant vagabondé le pied las
depuis le bon vieux temps jadis.
- Nous avons tous les deux pataugé dans les torrents,
du matin jusqu’au diner.
Mais le grondement des vagues nous a séparé
depuis le bon vieux temps jadis.
- Refrain - Levons notre verre mon fidèle ami !
Et trinquons !
En buvant avec zèle une bonne rasade,
Au nom du bon vieux temps.
Thomas Faed (1826-900) - "Sir Walter Scott and his Literary Friends at Abbotsford"
Trois de ses tableaux, "The Silken Gown", "Faults on Both Sides", et "The Highland Mother" sont à la Tate Gallery et deux autres, "Highland Mary" et "The
Reaper" sont accrochées à Aberdeen Art Gallery. Son œuvre la plus connue, "The Last of the Clan", complétée en 1865, est à la Kelvingrove Art Gallery and Museum à Glasgow...
Walter Scott (1771-1832)
Walter Scott, né à Edimbourg, avocat, juriste, traducteur de Goethe, recueille les ballades de sa contrée natale (The Minstrelsy of the Scottish Border,
1802; The Lady of the Lake, 1810). Au même moment, l'anglo-irlandaise Maria Edgeworth (1767-1849), qui entretint une longue correspondance avec Walter Scott, écrit sans doute le
prototype du roman historique : "Castle Rackrent". Le contexte est alors au retour des temps médiévaux en Ecosse comme dans les pays allemands : James Macpherson (Poèmes d'Ossian, 1760), Thomas
Percy (Reliques of Ancient English Poetry, 1765), George Ellis (Specimens of the Early English Poets, 1790). Scott s'attache à reconstituer la culture nationale et invente le "roman
historique" : éclipsé un temps par Byron, son influence sur toute l'Europe s'étend progressivement de 1820 à 1870.
En quatorze ans, il écrit vingt-sept ouvrages, crée un genre total qui non seulement restitue les moeurs, les évènements du passé national, allie imagination, amours malheureux, haines de clans, paysages saisissants, et sens dramatique qui se livre jusque dans le détails des situations et intrigues : Waverley (1814), Guy Mannering (1815), The Black Dwarf (1816), Rob Roy (1817), The Heart of Midlothian (1818), The Bride of Lammermoor (1819), Ivanhoe (1820), Kenilworth (1821), Quentin Durward (1823).
Dans toute l'Europe, le roman historique fait des émules : "Cinq-Mars" (Vigny, 1826), "Les Chouans" (Balzac, 1829), "El Doncel de don Enrique el
Doliente" (Mariano José de Larra, 1834), "Les Fiancés" (I Promessi Sposi, Manzoni, 1823), "Tarass Boulba" (Gogol, 1834), "La Fille du Capitaine" (Pouchkine, 1836), "Chronique du règne de Charles
IX" (Mérimée, 1829), "Notre-Dame de Paris" (Hugo, 1831)...
Par suite, ruiné par la faillite de son éditeur, Scott est obligé de décupler son activité dans ses ultimes années, publiant notamment 'The Life of Napoleon
Buonaparte'(1827), 'The Fair Maid of Perth '(1828) et 'Letters on Demonology and Witchcraft' (1830).
(Henry Raeburn, R.A., P.R.S.A. - 1822 - Walter Scott - Scottish National Portrait Gallery)
Abbotsford, the home of Sir Walter Scott - Située près de Melrose, petite ville de la région des Scottish Borders, en Écosse, Abbotsford fut la demeure de l’écrivain Sir Walter Scott. Non loin, on dit que le roi Arthur fut enterré sur les hauteurs de Eildon Hills...
Waverley, or ’T is Sixty Years Since (1813)
Publié anonymement, le roman, premier roman historique en langue anglaise, remporte un énorme succès et vaut comme archétype des romans de Walter Scott.
Ici, comme Balzac l'écrivit, Scott reconstitue un évènement qui se déroula en 1745 - le soulèvement des partisans des Stuarts en Ecosse sous Georges II - mais puise dans son environnement toute
la matière d'un roman qui foisonne de personnages, de descriptions, de dialogues, et que sous-tendent des intrigues finement construites.
"The clansmen on every side stript their plaids, prepared their arms, and there was an awful pause of about three minutes, during which the men, pulling
off their bonnets, raised their faces to heaven and uttered a short prayer; then pulled their bonnets over their brows and began to move forward, at first slowly. Waverley felt his heart at that
moment throb as it would have burst from his bosom. It was not fear, it was not ardour: it was a compound of both, a new and deeply energetic impulse that with its first emotion chilled and
astounded, then fevered and maddened his mind. The sounds around him combined to exalt his enthusiasm; the pipes played, and the clans rushed forward, each in its own dark column. As they
advanced they mended their pace, and the muttering sounds of the men to each other began to swell into a wild cry.
At this moment the sun, which was now risen above the horizon, dispelled the mist. The vapours rose like a curtain, and showed the two armies in the act
of closing. The line of the regulars was formed directly fronting the attack of the Highlanders; it glittered with the appointments of a complete army, and was flanked by cavalry and artillery.
But the sight impressed no terror on the assailants.
‘Forward, sons of Ivor,’ cried their Chief, ‘or the Camerons will draw the first blood!’ They rushed on with a tremendous
yell.
The rest is well known. The horse, who were commanded to charge the advancing Highlanders in the flank, received an irregular fire from their fusees as
they ran on and, seized with a disgraceful panic, wavered, halted, disbanded, and galloped from the field. The artillery men, deserted by the cavalry, fled after discharging their pieces, and the
Highlanders, who dropped their guns when fired and drew their broadswords, rushed with headlong fury against the infantry."
"De tous les côtés les montagnards se dépouillèrent de leurs plaids et apprêtèrent leurs armes. Il y eut ensuite une pause solennelle d'environ trois
minutes, pendant laquelle ces hommes, ôtant leurs bonnets, levèrent les yeux au ciel et firent une courte prière. Après quoi, remettant leurs bonnets sur le front, ils commencèrent à s'avancer,
d'abord assez lentement. Waverley sentit alors battre son coeur,comme s'il eût voulu s'élancer hors de sa poitrine. Ce n'était pas de la crainte, ce n'était pas de l'ardeur, mais un mélange de
l'une et de l'autre, une impulsion nouvelle et d'une profonde énergie, qui glaça et consterna d'abord son esprit, puis lui donna la fièvre et le rendit comme fou. Le bruit qui se faisait autour
de lui contribua à exalter son enthousiasme : les cornemuses jouaient, et les clans se précipitaient en avant, chacun formant une sombre colonne. A mesure qu'ils avançaient, ils accéléraient le
pas, et le sourdmurmure des paroles, que ces guerriers échangeaient entre eux, finit par s'unir en une formidable clameur.
Ace moment, le soleil, qui venait d'apparaître au-dessus de l'horizon, dissipa le brouillard. Les vapeurs s'élevèrent comme un rideau, et montrèrent les
deux armées sur le point de se joindre. La ligne des troupes régulières faisait face à l'attaque des montagnards,et brillait de tout l'éclat d'une armée complètement équipée, flanquée de
cavalerie et d'artillerie. Mais cette vue n'inspira aucune terreur aux assaillants.
- "En avant, fils d'Ivor, s'écria leur chef, ou bien les Camérons feront couler le premier sang!"
Ils se précipitèrent en avant avec un hurlement effroyable. Le reste est bien connu. La cavalerie, qui avait ordre de charger en flanc les montagnards,
essuya leur fusillade irrégulière pendant qu'ils s'avançaient au pas de course ; saisie d'une panique honteuse, elle hésita, s'arrêta, se débanda et s'enfuit au galop. Les artilleurs, abandonnés
par la cavalerie, prirent la fuite après la première décharge, et les montagnards, qui jetèrent leurs fusils après avoir tiré, dégainèrent leurs sabres et attaquèrent l'infanterie avec une
aveugle fureur."