POLAND (Central Europe)


La Pologne, catholique comme la Lituanie, peut, quoique slave, être considérée comme un pays balte. C'est en effet de la Baltique que lui est venue sa grandeur, avec les Jagellons, c'est une vaste plaine septentrionale irriguée par deux fleuves qui descendent des Tatras pour se jeter dans la mer Baltique, la Vistule et l'Oder. Autre caractéristique, majoritairement de culture catholique, ses intellectuels et ses artistes ont largement contribué à l'ensemble des mouvements culturels qui ont jalonné l'histoire de l'Europe. Sa superficie et sa population sont sans commune mesure avec celles des petits États baltes. Avec 323 000 km2, elle peut se comparer à l'Italie, au Royaume-Uni et à l'Allemagne; avec ses 39 millions d'habitants, à l'Espagne...

La Pologne est une terre de migrations, qui a été aussi pendant des siècles un champ de bataille. L'histoire de la Pologne, coincée entre les impérialismes allemand et russe, n'a pas été simple. Aussi ancienne que la France et l'Angleterre (Boleslas, premier roi de Pologne, régnait en 1025), mais affligée pour son malheur d'une noblesse ingouvernable, le pays fut partagé entre ses puissants voisins russe, prussien et autrichien, et cessa d'exister en tant qu'État en 1793 (à l'exception d'une courte et incomplète résurrection par Napoléon sous la forme du grand-duché de Varsovie). Recréé en 1918, le pays avait une forme bizarre et incluait de nombreuses minorités. De 1939 à 1945, il subit le terrible joug des nazis, qui y concentrèrent la plupart de leurs camps de la mort. Sur son territoire furent exterminés 6 millions de Juifs (dont beaucoup de Polonais). Les révoltes successives du ghetto (1943) et de la ville de Varsovie (1944) furent écrasées dans le sang par les Allemands. Ensuite, Staline maintint le pays sous le joug communiste et déplaça la frontière vers l'ouest d'une centaine de kilomètres, au prix d'un exode forcé des populations allemandes. Mais la Pologne fut l'une des "démocraties populaires" les moins dociles ..

L'élection d'un pape polonais, puis l'effondrement du mur de Berlin en 1989 marquèrent sa libération, préparée par les grèves du syndicat Solidarnosc. Hitler, ayant massacré les Juifs et Staline, déporté les Allemands, la Pologne, aujourd'hui homogène, est centrée sur son fleuve originel, la Vistule (1 092 kilomètres de long). Prenant sa source dans les Carpates, la Vistule se jette dans la Baltique par une vaste embouchure dont l'un des bras relie Gdansk (Dantzig) à la mer. Elle est navigable sur la plus grande partie de son cours et arrose les capitales historiques de la Pologne : au sud, Cracovie, avec son vieux palais royal du Wawel, qui a échappé aux destructions et qui est aujourd'hui le centre d'une active région industrielle ..

Au centre, Varsovie, à la courbe du fleuve, détruite mais reconstruite à l'identique, actuelle capitale politique (plusieurs millions d'habitants) ; au nord, Gdansk, longtemps disputée à l'influence allemande et naguère centre de Solidarnosc. Aujourd'hui que la brûlure des horreurs et des massacres recule dans le temps, d'aucuns estiment que Staline, en déplaçant autoritairement le pays vers l'ouest, lui a donné, pour la première fois de son histoire, un territoire compact et viable, doté d'une façade maritime de 649 kilomètres et appuyé à l'occident sur l'Oder. 

La Pologne, dit-on souvent, a tout pour redevenir une grande nation : une vieille industrie à reconvertir, mais qui a le mérite d'exister, une agriculture à moderniser, mais qui seule d'Europe a la capacité de concurrencer l'agriculture française, et un patriotisme très vif, peut-être trop vif, confinant parfois à la xénophobie. L'Église catholique, qui assura pendant les siècles obscurs la survie de la nation (comme en Irlande ou au Québec, ou en Grèce pour l'orthodoxie), connaît en accéléré la même crise que ses sœurs occidentales : pour les mêmes raisons qu'en Espagne ou en Italie, la natalité polonaise s'est effondrée. La "Movida" façon polonaise est moins joyeuse que ne le fut l'espagnole, et l'Europe "élargie" moins prodigue de subventions. D'un autre côté, le pays ne connaît pas comme l'Espagne de mouvements séparatistes et possède une solidarité affective particulièrement forte.  La diaspora polonaise "Polonia" est l'une des plus vastes au monde, on compterait environ 20 millions de personnes d'origine polonaise vivant hors de Pologne (9M3 aux Etats-Unis, entre 1M5 et 3M en Allemagne, 1M en France, 1M8 au Brésil ...)..


Parmi les lieux réputés incontournables de la Pologne, on peut citer ...

-  Ses villes historiques, Cracovie (Kraków), sa Vieille ville (Stare Miasto), classée au patrimoine mondial de l’UNESCO;  Varsovie (Warszawa), détruite pendant la Seconde Guerre mondiale puis reconstruite avec minutie, inscrite à l’UNESCO; Gdańsk, avec la rue Długi Targ et son port, symbole de la richesse maritime de la ville.

- Son patrimoine religieux, avec le Monastère de Jasna Góra (Częstochowa), haut lieu de pèlerinage catholique, abritant l’icône miraculeuse de la Vierge Noire; les églises de la Paix (Świdnica et Jawor), structures en bois construites au XVIIᵉ siècle, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO; Kalwaria Zebrzydowska, un complexe de pèlerinage baroque situé dans un cadre naturel exceptionnel.

- Parmi les sites naturels, les montagnes des Tatras avec Zakopane comme porte d’entrée.

- Le Parc national de Białowieża, dernière forêt primaire d’Europe, 

- Mazurie (Masuria), la région aux mille lacs, 

- les dunes mouvantes du parc national de Słowiński, situé sur la mer Baltique, l'élégante station balnéaire de Sopot ou la ville côtière de Kołobrzeg.

- Et ne pas oublier Auschwitz-Birkenau, lieu de mémoire bouleversant de l’Holocauste, situé près d’Oświęcim ..


La littérature polonaise des XXᵉ et XXIᵉ siècles témoigne d’une richesse et d’une diversité qui e cesse d'influencer la littérature mondiale, tout en explorant des thématiques que l'on retrouve désormais dans toutes les littératures du monde, malheureusement pourrait-on ajouter.

Au XXᵉ siècle, peut-on citer le poète, essayiste et lauréat du prix Nobel de littérature en 1980, Czesław Miłosz (1911-2004), avec "La Pensée captive" (1953), une analyse des effets du totalitarisme, et "La Vallée de l’Issa" (1955), un roman autobiographique. Poétesse et prix Nobel de littérature en 1996, Wisława Szymborska (1923-2012), le quotidien et l’émerveillement face au banal nourrissent des oeuvres teles que "Instant" (2002) ou "Vue avec un grain de sable" (1995). Bruno Schulz (1892-1942)est reconnu pour ses récits symbolistes et oniriques, dont "Les Boutiques de cannelle" (1934). Tadeusz Różewicz (1921-2014), poète, dramaturge et écrivain postmoderniste, conte la condition humaine dans un monde déshumanisé : "La carte d'identité" (1945), "La Déchirure" (1979). Gustaw Herling-Grudziński (1919-2000), avec "Un Monde à part" (1951), témoignage sur son expérience dans un goulag soviétique. Stanisław Lem (1921-2006), écrivain de science-fiction et satiriste, est l'auteur du célèbre "Solaris" (1961), une exploration des limites de la communication et de l’intelligence humaine...


Si l'on se penche sur les principaux auteurs polonais du XXIᵉ siècle, on peut citer Olga Tokarczuk (née en 1962 et prix Nobel de littérature en 2018), avec "Les Pérégrins" (2007), "Sur les ossements des morts" (2009), "Les Livres de Jakób" (2014). Représentante d'une littérature que l'on peut juger provocante, Dorota Masłowska (1983), avec "Polococktail Party" (2002), un roman sur les jeunes face à la transition économique post-communiste. Szczepan Twardoch (1979) est plus un auteur de romans historiques et psychologiques, "Morfina" (2012), "Le Roi" (2016). Jakub Żulczyk (1983) est particulièrement connu pour ses romans noirs et sociaux, "Blinded by the Lights" (2014 et aussitôt adapté en série Netflix) ..


On ne peut pas ne pas citer la fameuse "Nouvelle Vague" polonaise (1955-1965), cet "âge d'or" du cinéma polonais qui porta sur la scène cinématographique mondiale des réalisateurs comme Andrzej Wajda, Krzysztof Kieślowski, et Jerzy Kawalerowicz : avec "Cendres et Diamant" (1958), "L'Homme de fer" (1981), "Katyn" (2007), d'Andrzej Wajda; "Mère Jeanne des Anges" (1961) de Jerzy Kawalerowicz. Après la chute du régime communiste, Krzysztof Kieślowski atteint une renommée internationale avec sa trilogie "Trois Couleurs" (1993-1994), un chef-d'œuvre de cinéma philosophique et universel. Et Pawel Pawlikowski remportera l’Oscar du meilleur film étranger pour "Ida" (2013) et le Prix de la mise en scène à Cannes pour "Cold War" (2018)...