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China - Introduction - ..

 

 

 


En seulement moins d'un demi-siècle, la Chine, un immense pays de 9,6 millions de km² (presque la taille de l’Europe entière) et de 1,4 milliard d’habitants, est devenue, d'un pays en développement, la deuxième puissance économique mondiale (PIB de 17 000 milliards de dollars en 2023, premier exportateur mondial : 20 % des exportations mondiales viennent de Chine). Jusqu’en 1978, la Chine était une économie fermée et socialiste, marquée par la pauvreté et le retard industriel : Deng Xiaoping lance alors les réformes économiques qui marquent la fin du collectivisme agricole (introduction de la propriété privée pour stimuler la productivité), l'ouverture aux investissements étrangers (création de zones économiques spéciales comme Shenzhen), l'adoption d’un modèle "socialisme de marché" (un mélange unique d’État fort et de capitalisme libéral). Contrairement aux économies occidentales libérales, la Chine est structurée par un État-Stratège, qui l'a érigée en leader mondial de la fabrication en misant sur un coût du travail faible (jusqu’aux années 2010), une main-d’œuvre gigantesque et disciplinée, des infrastructures portuaires et ferroviaires modernes, une production ultra-compétitive pour les multinationales. Résultat ? 90 % des smartphones mondiaux sont fabriqués en Chine, 60 % des produits électroniques mondiaux viennent de Shenzhen.

Mais plus encore, le Marché chinois constitue à lui seul un immense marché intérieur de 1,4 milliard de consommateurs, dont une classe moyenne hyper-consommatrice de 700 à 800 millions d'individus entièrement consacrés aux géants du e-commerce et à une digitalisation ultra-avancée (90 % des paiements se se font via mobile, WeChat Pay, Alipay).

Un marché intérieur protégé de toute concurrence étrangère directe (les marques étrangères doivent s’associer à une entreprise chinoise pour exister) et qui fait l'objet d'un stratégie de sécurisation mondiale : la Chine a ainsi lancé "Belt and Road Initiative" (BRI), un projet d’infrastructures colossal, de construction de ports, routes et chemins de fer reliant l’Asie, l’Afrique et l’Europe, et supportant une influence économique croissante en Amérique latine et au Moyen-Orient. La Chine sécurise non seulement ses propres chaînes d’approvisionnement mais devient incontournable pour les marchés émergents. 

Enfin, la Chine est passée du statut de copieur à leader de l’innovation, notamment grâce à ses géants technologiques (Huawei, 5G et télécoms), sa montée en puissance de start-ups (Shenzhen est la Silicon Valley de l’Asie, la Chine est le leader de l’intelligence artificielle et de la reconnaissance faciale). Lorsque les États-Unis imposent des sanctions contre Huawei,  la Chine sait développer ses propres semi-conducteurs, et son marché intérieur permet d’expérimenter ses innovations à grande échelle.


"Dreaming in Chinese: Mandarin Lessons in Life, Love, And Language", by Deborah Fallows (2010) - Deborah Fallows a passé une grande partie de sa vie à apprendre des langues et à voyager à travers le monde. Mais rien ne l'avait préparée aux surprises de l'apprentissage du mandarin, la langue la plus courante en Chine, ni à l'intensité de la vie à Shanghai et à Pékin. Au fil du temps, elle s'est rendu compte que ses luttes et ses victoires dans l'étude de la langue de son pays d'adoption lui fournissaient de petits indices pour déchiffrer le comportement et les habitudes de ses habitants, ainsi que les énigmes de sa culture. Au fur et à mesure que sa maîtrise du mandarin s'améliorait, des bribes de la langue - un mot, une phrase, une bizarrerie de la grammaire - devenaient des fenêtres pour comprendre le romantisme, l'humour, le protocole, les relations et l'humanité débordante de la Chine moderne. Mme Fallows a appris, par exemple, que la façon abrupte et directe de parler qu'utilisent parfois les Chinois n'est pas une impolitesse, mais une façon de reconnaître et d'honorer la proximité entre deux amis. Elle a appris que la difficulté des anglophones à entendre ou à dire les tons - les variations d'inflexion qui peuvent modifier le sens d'un mot - est compensée par l'incapacité des Chinois à ne pas entendre les tons, ou même à deviner ce qui a pu être voulu lorsque les étrangers les utilisent à mauvais escient. En partageant ce qu'elle a découvert sur le mandarin et comment ces découvertes l'ont aidée à comprendre une culture qui lui avait d'abord semblé impénétrable, Deborah Fallows, dans "Dreaming in Chinese", ouvre la Chine aux Occidentaux plus complètement, peut-être, qu'elle ne l'a jamais été auparavant.

- La structure du mandarin et ses implications culturelles - L’absence de temps grammatical : En mandarin, les verbes ne changent pas en fonction du temps (passé, présent, futur) : cela influence la manière dont les Chinois perçoivent le temps et le changement. L’importance du contexte : Le mandarin repose fortement sur le sous-entendu et l’implicite : ce phénomène reflète la tradition confucéenne et les codes de la politesse chinoise.

- La puissance des caractères chinois - Les caractères comme porteurs d’histoire : apprendre un caractère, c’est comprendre une histoire culturelle et philosophique. La difficulté de la lecture et de l’écriture : Fallows décrit comment la mémoire visuelle est essentielle pour maîtriser le mandarin et comment cela impacte l’éducation et le quotidien en Chine.

- La politesse et la communication indirecte - L’usage du mot “bu” (不, non) et son ambiguïté : dire “non” directement peut être perçu comme impoli. L’euphémisme est favorisé, ce qui reflète les normes sociales chinoises. La modestie linguistique : les Chinois minimisent souvent leurs compétences ou leurs succès en raison des valeurs culturelles de retenue et d’humilité.

- L’apprentissage du mandarin comme défi cognitif et émotionnel - Fallows raconte les difficultés d’un adulte apprenant une langue tonale, où la prononciation change le sens d’un mot (exemple du mot “ma” qui peut signifier “mère” ou “cheval” selon le ton). Elle partage des moments d’embarras mais aussi des petites victoires linguistiques, illustrant la courbe d’apprentissage d’un étranger en Chine...

Apprendre la langue ne se limite pas aux mots : c’est une clé pour comprendre la pensée chinoise. Les codes sociaux, l’histoire et les valeurs traditionnelles sont inscrits dans la structure même de la langue...


La Chine a construit la plus grande classe moyenne du monde, et elle a développé l’économie globale du XXIe siècle ...

En 1990, moins de 5 % des Chinois appartenaient à  classe moyenne, une classe dont la définition varie selon les instituts et chercheurs. En 2023, environ 40 à 50 % de la population chinoise font partie de la classe moyenne, soit un nombre total estimé de 700 à 800 millions de personnes (données McKinsey et World Economic Forum). En 2025, 1 milliard de personnes pourraient être concernées. Ils sont 100 à 150 millions aux États-Unis, 200 à 250 millions en Europe, environ 350 millions en Inde,  environ 350 millions, mais avec un niveau de revenu inférieur. 

On peut affirmer que c'est pratiquement cette classe moyenne chinoise qui a, à elle seule, transformé l'économie mondiale : la Chine est en effet le 1er Marché du Luxe (40 % des ventes mondiales de produits de luxe viennent de la Chine (Louis Vuitton, Gucci, Rolex), et la consommation intérieure est en forte hausse, contrairement aux États-Unis et à l’Europe). La Chine est le leader incontesté du e-commerce mondial (Alibaba et JD.com surpassent Amazon en volume de ventes en Chine). L'augmentation de la classe moyenne en Chine a entraîné une hausse du tourisme intérieur et les voyageurs chinois constituent déjà le premier marché mondial du tourisme émetteur en termes de dépenses. D'ici 2030, le nombre de citoyens chinois voyageant à l'étranger devrait augmenter de manière significative, renforçant encore le rôle de la Chine en tant que puissance touristique mondiale. Selon un nouveau rapport d'Euromonitor International, la Chine dépassera la France en tant que première destination touristique mondiale d'ici 2030. En plus d'accueillir plus de visiteurs que n'importe quel autre pays au monde, la Chine aura également le plus grand nombre de voyageurs sortants, dépassant les États-Unis et l'Allemagne, avec 260 millions de voyages touristiques sortants d'ici à 2030.

Mais l'avenir de cette classe moyenne dépend de sa capacité à surmonter les crises actuelles : d’ici 2050, 1 Chinois sur 3 aura plus de 60 ans (vieillissement de la population) ...


"The Chinese Dream: The Rise of the World's Largest Middle Class and What It Means to You", by Helen H. Wang (2012), une analyse approfondie de la montée en puissance de la classe moyenne chinoise et de ses implications pour le reste du monde. Basé sur plus de 100 interviews et des histoires personnelles, le livre offre une perspective détaillée sur les aspirations et les modes de vie de cette nouvelle classe sociale en Chine. 

Le livre est structuré en deux parties principales :

- La formation de la classe moyenne chinoise : Wang examine les transformations économiques et sociales qui ont conduit à l'émergence d'une classe moyenne en Chine. Elle met en évidence les facteurs tels que l'urbanisation rapide, les réformes économiques et l'ouverture aux marchés mondiaux qui ont contribué à cette croissance.

- Implications globales de cette ascension : L'auteure analyse comment l'augmentation du pouvoir d'achat et les nouvelles habitudes de consommation de la classe moyenne chinoise influencent les marchés internationaux. Elle discute également des opportunités et des défis que cette dynamique présente pour les entreprises et les gouvernements du monde entier.

Wang souligne que, malgré les différences culturelles, les membres de la classe moyenne chinoise partagent des aspirations similaires à celles des classes moyennes occidentales, telles que l'amélioration du niveau de vie, l'éducation des enfants et la sécurité financière...


"Emerging Middle Class: Beyond Economic Transformation", sous la direction de Cheng Li (Brookings Institution Press, 2010), un ouvrage collectif relatif qui entend montrer combien l'émergence d'une classe moyenne en Chine représente une transformation majeure avec des conséquences significatives sur le plan national et international. Cet ouvrage rassemble les contributions de divers experts qui explorent les origines, les caractéristiques et les impacts potentiels de cette nouvelle classe sociale. Les auteurs abordent des thèmes tels que la stratification sociale, la mobilité, les valeurs politiques et le rôle de la classe moyenne dans le développement économique et politique de la Chine.. 

- La classe moyenne émergente est essentielle pour la transition de la Chine d'une économie axée sur les exportations vers une économie stimulée par la demande intérieure. L'augmentation du pouvoir d'achat de cette classe sociale favorise la croissance des marchés domestiques et réduit la dépendance aux marchés étrangers.

- Composée de divers groupes professionnels, tels que des entrepreneurs du secteur privé, des propriétaires de petites entreprises urbaines et des employés de coentreprises, la classe moyenne contribue à la diversification et à la modernisation de l'économie chinoise.

- Avec son poids économique grandissant, la classe moyenne est de plus en plus en mesure d'influencer les décisions politiques. Cette influence pourrait se manifester par une participation accrue aux processus décisionnels et une demande pour des réformes politiques reflétant leurs intérêts et préoccupations. 

- Bien que traditionnellement perçue comme un vecteur potentiel de démocratisation, la classe moyenne chinoise actuelle tend à soutenir le statu quo politique, privilégiant la stabilité et la continuité des politiques favorisant la croissance économique. Cependant, son évolution pourrait entraîner des demandes de réformes politiques plus substantielles à l'avenir. 


"Middle Class Shanghai: Reshaping U.S.-China Engagement" (2023) - Cheng Li explore comment la classe moyenne de Shanghai influence les relations sino-américaines, en mettant en évidence le dynamisme et la diversité de la Chine contemporaine. Les États-Unis pourraient se diriger vers un conflit désastreux avec la Chine si Washington n'actualise pas sa compréhension de la société chinoise contemporaine. Après quatre décennies d'engagement, les États-Unis et la Chine semblent aujourd'hui bloqués sur une trajectoire de collision qui a déjà fomenté une guerre commerciale, semble susceptible d'engendrer une nouvelle guerre froide et pourrait même déboucher sur un dangereux conflit militaire. La détérioration actuelle des relations bilatérales est le point culminant d'années de différends, de désillusions, de déceptions et de méfiance entre les deux pays. Washington s'inquiète légitimement du contrôle excessif de la politique intérieure de Pékin et de ses positions agressives en matière de politique étrangère, tout comme les dirigeants chinois pensent que les États-Unis ont toujours l'intention futile de bloquer l'inévitable ascension de leur pays vers le statut de grande puissance. Cheng Li's Middle Class Shanghai affirme que les décideurs américains ne doivent pas perdre de vue le dynamisme expansif et la diversité de la Chine d'aujourd'hui. La caricature de la RPC en tant qu'appareil communiste monolithique déterminé à exporter son idéologie et son modèle de développement est simpliste et erronée. S'appuyant sur des recherches empiriques dans les domaines de l'enseignement supérieur, de l'art d'avant-garde, de l'architecture et du droit, cette étude unique met en lumière l'impact fort et constructif des échanges bilatéraux. Combinant des histoires humaines éclectiques avec de nouvelles analyses de données suggestives, ce livre aborde la possibilité que le développement de la structure de classe et de la culture cosmopolite de la Chine - illustrée et dirigée par Shanghai - puisse constituer une force pour remodeler l'engagement des États-Unis et de la Chine. Les deux pays devraient s'appuyer sur les profonds échanges culturels et éducatifs qui les lient depuis des décennies. L'auteur conclut que les décideurs américains ne doivent ni sous-estimer le rôle et la force de la classe moyenne chinoise, ni ostraciser ou aliéner cette force par des politiques qui la poussent vers un nationalisme chauvin au détriment des deux pays et de la communauté mondiale...


"Driving Toward Modernity: Cars and the Lives of the Middle Class in Contemporary China" (Jun Zhang, 2019) - Une analyse ethnographique approfondie de la manière dont l'automobile influence la formation de l'identité et les pratiques quotidiennes de la classe moyenne chinoise. En se concentrant sur la ville de Guangzhou et ses environs, Zhang explore comment la possession et l'utilisation de la voiture sont devenues centrales dans la vie des citadins chinois, reflétant et modelant leur statut social, leurs relations familiales et leurs interactions communautaires. En mettant en lumière les aspirations, les anxiétés et les contradictions vécues par ces individus, Zhang offre une perspective nuancée sur les implications de la modernisation rapide de la Chine...


"The Rise of the Middle Class in Contemporary China (The Great Transformation of China", by Hainan Su (2023) - Un livre qui dresse le portrait de la classe moyenne dans la Chine contemporaine dans un langage simple, du point de vue des revenus, de la propriété, de la profession, de l'éducation, de la consommation, de l'investissement, des caractéristiques physiologiques et comportementales, de l'histoire et de l'évolution. Il donne, dans un ordre logique, les raisons qui ont stimulé l'essor de la classe moyenne dans la Chine contemporaine. Il décrit avec insistance ce qu'est la classe moyenne et à quoi ressemble la classe moyenne dans la Chine contemporaine. Il analyse également si la classe moyenne peut s'élever en Chine et met en lumière le raisonnement de base, les objectifs à moyen et long terme, les principales mesures et les priorités de travail actuelles pour parvenir à un plein essor de la classe moyenne dans la Chine d'aujourd'hui. Alors que la Chine devient la plus grande économie du monde, la nouvelle classe moyenne sera le peuple chinois face au monde ...


Simon Leys, pseudonyme de Pierre Ryckmans (1935-2014), un sinologue, écrivain, essayiste et traducteur belge (de Confucius), est principalement connu pour ses analyses critiques du régime maoïste et ses travaux sur la culture et la littérature chinoises. Il partira à Taïwan, puis à Hong Kong et Pékin dans les années 1960, où il étudiera en profondeur la langue, la littérature et la peinture chinoises. Il enseignera par la suite la sinologie à l’Université nationale australienne (Canberra) et à l’Université de Sydney.

Dans "Les Habits neufs du président Mao" (1971), il avait, contrairement à de nombreux intellectuels occidentaux fascinés par Mao à cette époque, démontré que la Révolution culturelle est une manipulation brutale, marquée par des purges et un culte de la personnalité.

L’ouvrage avait provoqué un choc en Europe, notamment en France, où Mao bénéficie encore d’une image positive dans les cercles intellectuels de gauche. 

Mais c'est dans "Ombres chinoises" (1974) qu'il montre à quel point le triomphe du communisme fut l'occasion d'une terrible destruction en Chine de l'univers traditionnel : La Révolution culturelle que Mao Tsé-toung déclencha en grand démagogue de 1965 à 1968, en s'appuyant sur l'armée, aboutit à un total démantèlement de la civilisation millénaire de la Chine, construisant une Chine se voulant moderne mais sans la moindre relation avec celle qui l'avait précédé, à l'exception du pouvoir autoritaire...


"Knowing China", Gregory C. Chow (2004) - La montée en puissance de la Chine a redéfini l'économie mondiale et les relations internationales. Gregory C. Chow cherche à expliquer la Chine au public international, en démystifiant ses politiques, son système de gouvernement et son modèle de croissance économique. L'auteur s'appuie sur sa propre expérience de collaboration avec des institutions chinoises et sur son expertise académique. La Chine a développé, pour l'auteur, un modèle hybride unique, combinant planification centralisée et économie de marché, un modèle qui repose sur un contrôle étroit du gouvernement tout en permettant des réformes pour stimuler la croissance économique. Depuis les années 1970, les réformes économiques ont transformé la Chine en une puissance mondiale. Ces réformes incluent la libéralisation agricole, l’ouverture au commerce international et l’attraction des investissements étrangers. L'approche pragmatique de la Chine, fondée sur l'expérimentation locale avant de généraliser les politiques, est un facteur clé de son succès. Et sa modernisation s’appuie sur une révision de son système éducatif tout en préservant des éléments essentiels de la culture confucéenne, notamment l'accent mis sur l'ordre et la hiérarchie. Mais malgré son succès, la Chine reste confrontée à des problèmes majeurs comme la corruption, les inégalités économiques, et des tensions sociales et environnementales croissantes. L’ouvrage se veut aussi un pont entre les perspectives occidentales et chinoises, soulignant que la Chine ne peut être analysée uniquement à travers des cadres occidentaux ...


"China Inside Out, Contemporary Chinese Nationalism and Transnationalism", edited by Pál Nyíri and Joana Breidenbach (2005) - La Chine d’aujourd’hui ne peut être analysée uniquement à travers son histoire ou sa politique intérieure. La globalisation n’est pas un phénomène à sens unique, elle ne transforme pas seulement la Chine, mais la Chine la transforme également. Par ses investissements, sa diaspora, et ses initiatives culturelles et politiques, la Chine redéfinit les normes mondiales. Elle n'est  plus un pays tourné uniquement vers lui-même, son nationalisme et son développement économique doivent être réinterprétés dans le cadre d'une relation bidirectionnelle avec le monde.  L’identité chinoise contemporaine est un mélange de traditions confucéennes, de modernité capitaliste et d’influences occidentales. Cette tension est au cœur des transformations sociales et culturelles en Chine et dans la diaspora. Devenue acteur global, la Chine exerce une influence croissante dans des régions comme l’Afrique, l’Asie du Sud-Est et au-delà, redessinant les dynamiques géopolitiques. Ce processus met en évidence son ambition de devenir un leader mondial tout en remettant en question l’ordre établi par l’Occident...


"49 Myths About China" de Stig Stenslie, Liza Steele, et Ingunn Elstad (2014)

Un ouvrage qui démystifie des idées reçues courantes sur la Chine. Les auteurs, experts en politique, économie et société chinoises, adoptent une approche critique et factuelle pour explorer et déconstruire ces mythes, offrant ainsi une perspective équilibrée sur la Chine contemporaine. 

Le livre aborde 49 mythes populaires concernant la Chine dans les domaines de la politique, de l’économie, de la société et de la culture. Chaque mythe est analysé de manière concise, avec des faits et des arguments solides pour clarifier ou corriger les perceptions erronées.

Politique et pouvoir :

- Mythe : "Le Parti communiste contrôle tout en Chine."

Réalité : Le Parti exerce une influence dominante, mais avec des variations locales et des zones grises dans la gouvernance.

- Mythe : "La Chine est sur le point de devenir une démocratie."

Réalité : Le régime chinois reste fermement autoritaire, avec peu de signes de transition démocratique à court terme.

Économie :

- Mythe : "La Chine est la plus grande économie mondiale."

Réalité : Bien que la Chine ait une économie massive, elle reste en développement sur de nombreux fronts, avec des disparités économiques internes considérables.

Mythe : "La Chine copie tout et n’innove pas."

Réalité : Si la contrefaçon a été un problème, la Chine est aujourd'hui un leader dans des domaines comme l’intelligence artificielle et les énergies renouvelables.

Société et culture :

- Mythe : "Les Chinois sont homogènes."

Réalité : La Chine est extrêmement diverse, avec 56 groupes ethniques officiellement reconnus et une grande variété de dialectes et de cultures locales.

- Mythe : "Les Chinois ne se préoccupent pas des droits de l’homme."

Réalité : Il existe un intérêt croissant pour les droits individuels, bien que souvent exprimé de manière prudente en raison de la répression politique.

Relations internationales :

- Mythe : "La Chine veut dominer le monde."

Réalité : Bien que la Chine ait des ambitions globales, sa politique étrangère est souvent motivée par des préoccupations économiques et de sécurité régionale.


Dexter Roberts, ancien journaliste à Bloomberg, analyse dans "The Myth of Chinese Capitalism: The Worker, the Factory, and the Future of the World" (2020) les contradictions fondamentales du modèle économique chinois. Contrairement aux récits qui exagèrent soit la montée irrésistible de la Chine, soit son effondrement imminent, Roberts adopte une approche plus nuancée. Il montre que le modèle actuel est insoutenable sans réformes profondes du hukou, des entreprises d’État et du marché du travail...

- Les inégalités entre urbains et ruraux : le système du hukou (permis de résidence) empêche les travailleurs migrants d’accéder aux services publics des grandes villes, ce qui freine leur intégration et perpétue les inégalités.

- Le rôle des travailleurs migrants : les millions de travailleurs ruraux migrants sont la clé du succès industriel de la Chine, mais qu’ils restent marginalisés économiquement et socialement.

Avec le vieillissement de la population et la hausse des salaires, cette force de travail bon marché ne pourra plus alimenter la croissance comme avant.

- Les limites du modèle de croissance chinois : La Chine a connu un développement économique spectaculaire, mais celui-ci repose sur une exploitation intense des travailleurs migrants et un système qui favorise les entreprises d’État au détriment du secteur privé. La transition vers une économie axée sur la consommation intérieure et l’innovation est entravée par ces déséquilibres structurels.

- L’avenir du capitalisme chinois : Roberts critique l’idée que la Chine pourrait simplement évoluer vers un modèle plus libéral et démocratique en suivant la trajectoire des économies occidentales. Il estime que le gouvernement chinois, sous Xi Jinping, renforce le contrôle sur l’économie, limitant ainsi les réformes de marché.


«Getting China Wrong », écrit par Aaron L. Friedberg et publié en 2022, analyse l'échec de la stratégie occidentale d'engagement avec la Chine. Friedberg soutient que, malgré plus de trois décennies d'échanges commerciaux et d'investissements, la Chine n'a pas libéralisé son système politique ni adopté les normes internationales prévues. Au contraire, le pays est devenu plus répressif à l'intérieur et plus agressif à l'extérieur, avec l'intention manifeste de s'établir comme la puissance mondiale prédominante. 

Les démocraties occidentales ont mal évalué la détermination du PCC à maintenir son pouvoir, négligeant sa capacité à exploiter l'ouverture occidentale tout en contrecarrant les plans d'engagement. Contrairement aux attentes, l'intégration économique de la Chine n'a pas conduit à une libéralisation politique ou à une adhésion aux règles internationales établies. Au lieu de cela, la Chine a renforcé ses politiques mercantilistes et a cherché à remodeler l'ordre mondial à son avantage. Friedberg propose que les nations démocratiques adoptent une approche plus réaliste et proactive pour protéger leurs intérêts, en reconnaissant la nature idéologique et géopolitique des ambitions chinoises. 


«China's New Business Elite: The Political Consequences of Economic Reform », écrit par Margaret M. Pearson et publié en 1997, examine l'impact des réformes économiques chinoises sur l'émergence d'une nouvelle élite d'affaires et ses implications politiques. Pearson analyse comment les gestionnaires chinois des entreprises à capitaux étrangers ont acquis une autonomie vis-à-vis de l'État, remettant en question les structures politiques traditionnelles. Contrairement aux attentes occidentales, elle conclut que cette nouvelle classe d'entrepreneurs ne favorise pas nécessairement une transition vers la démocratie, mais peut plutôt renforcer des formes hybrides de relations entre l'État et la société.

Les réformes économiques ont permis aux managers des entreprises à capitaux étrangers de développer une indépendance significative par rapport au contrôle étatique, modifiant ainsi les dynamiques de pouvoir traditionnelles en Chine. Cette élite d'affaires adopte des comportements politiques qui ne correspondent pas aux attentes occidentales d'une transition démocratique, suggérant une complexité dans l'évolution politique chinoise. 


«The Invention of China », écrit par Bill Hayton et publié en 2020, explore la manière dont la notion moderne de « Chine » a été construite à la fin du XIXᵉ et au début du XXᵉ siècle. L'auteur soutient que des réformateurs et révolutionnaires chinois ont adopté des concepts européens de nation, de race et de souveraineté pour redéfinir l'identité chinoise et forger un État-nation moderne. Cette redéfinition a eu des répercussions durables sur les politiques géopolitiques actuelles de la Chine, notamment concernant Hong Kong, Taïwan, le Tibet, le Xinjiang et la mer de Chine méridionale.

Hayton examine comment des intellectuels chinois, souvent en exil, ont intégré des idées occidentales pour réinventer l'histoire et l'identité de la Chine, créant ainsi une nouvelle conscience nationale. L'auteur analyse l'émergence du concept de « race Han » au début du XXᵉ siècle, une idée qui n'existait pas auparavant et qui a été utilisée pour unifier diverses ethnies sous une identité commune. Le livre explore enfin comment la Chine a revendiqué des territoires tels que le Tibet, le Xinjiang, la Mongolie et la mer de Chine méridionale, en s'appuyant sur des interprétations modernisées de l'histoire pour justifier ces revendications.