PAYSAGES - EAST ASIA - China
China - East China (华东地区, Huádōng Dìqū) - Central China (华中地区, Huázhōng Dìqū) - ...
Shen Congwen (1902-1988), "Border Ton" (Biānchéng, 1934) - Eileen Chang (Zhang Ailing, 1920-1995), "Qīngchéng Zhī Liàn" (Love in a Fallen City, 1943), "Bàn Shēng Yuán" (Half a Lifelong Romance, 1948) - Mao Dun (1896-1981), , "Minuit" (1933, Zǐyè, Midnight) - Mao Dun (1896-1981), "The Shop of the Lin Family" (Línjiā Pùzi, 1932), "Midnight" (1933, Zǐyè), "Rainbow" (1929, Hóng) - Jin Yong (1924-2018), "The Legend of the Condor Heroes" (1957-1959, Shè Diāo Yīngxióng Zhuàn) - Qian Zhongshu (1910-1998), "La Forteresse assiégée" (1947, Wéichéng, Fortress Besieged) - Wang Anyi (1954), "Chánghèn Gē" (1995, The Song of Everlasting Sorrow) - Wei Hui (1973), "Shanghai Baby" (1999, Shànghǎi Bǎobèi) - Xiaolu Guo (1973), "A Concise Chinese-English Dictionary for Lovers" (2007) - Han Shaogong (1953), "A Dictionary of Maqiao" (Mǎqiáo Cídiǎn, 1996), "The Woman from Shanghai" (Shànghǎi Nǚrén, 2001) - ....
East China (Huádōng)
C'est l'une des zones les plus dynamiques, influentes et peuplées du monde. Elle comprend Shanghai, Jiangsu, Zhejiang, Anhui, Fujian, Jiangxi et Shandong, formant un pôle économique, culturel et technologique majeur ..
- Huádōng est le moteur économique de la Chine, comparable à la côte Est des États-Unis (New York-Boston-Washington) ou à la mégalopole Tokyo-Osaka au Japon.
- Huádōng est la région qui connecte la Chine au monde grâce à son commerce maritime et sa haute technologie.
- Shanghai est la capitale financière de la Chine et un centre mondial du commerce, avec l’un des plus grands ports du monde.
- Les provinces du Jiangsu et du Zhejiang sont parmi les plus riches et les plus industrialisées du pays.
- Fujian et Jiangxi jouent un rôle clé dans le commerce et l’industrie manufacturière, notamment l’électronique et le textile.
- La région du Shandong abrite de grandes industries pétrochimiques et un riche patrimoine culturel.
- Shanghai et les mégalopoles ultra-modernes côtoient des villages millénaires comme Wuzhen et Xidi.
La région fut le berceau de nombreuses dynasties (Han, Song, Ming et Qing), Confucius est né dans le Shandong, faisant de cette région un centre intellectuel de premier ordre. Suzhou et Hangzhou, villes emblématiques du Sud, sont célébrées pour leur culture raffinée et leurs jardins classés à l’UNESCO. Enfin Fujian est le berceau de la diaspora chinoise, ayant influencé les cultures d’Asie du Sud-Est...
Le Mont Huangshan, l'une des montagnes les plus célèbres de Chine, est une icône naturelle et artistique. Les paysages karstiques et côtiers du Fujian offrent une biodiversité exceptionnelle. La vallée du Yangtsé traverse la région, formant l’un des axes fluviaux les plus stratégiques au monde.
"The River at the Center of the World: A Journey Up the Yangtze and Back in Chinese Time", by Simon Winchester (1996) - Prenant sa source dans les montagnes de la frontière tibétaine, le fleuve Yangtze, cœur symbolique de la Chine, traverse 3 900 milles de terres accidentées avant de se jeter dans les flots huileux de la mer de Chine orientale. Reliant les villes du centre de la Chine au géant côtier instable qu'est Shanghai, il a aussi historiquement relié la Chine au monde extérieur grâce à ses près de mille kilomètres d'eaux navigables. Parcourir ces eaux, c'est voyager dans l'histoire, c'est sentir l'âme de la Chine, et Simon Winchester nous emmène avec lui à la rencontre de l'essence de la Chine - son histoire et sa politique, sa géographie et son climat - tout en s'engageant dans sa culture et son peuple dans des endroits reculés et presque inaccessibles. Il s'agit là d'un récit de voyage à son meilleur : vivant, instructif et tout à fait enchanteur.
Provinces and Capitals:
- Shanghai (上海市, Shànghǎi Shì) – Capital: Shanghai
- Jiangsu (江苏省, Jiāngsū Shěng) – Capital: Nanjing (Nánjīng Shì)
- Zhejiang (浙江省, Zhèjiāng Shěng) – Capital: Hangzhou (Hángzhōu Shì)
- Anhui (安徽省, Ānhuī Shěng) – Capital: Hefei (Héféi Shì)
- Fujian (福建省, Fújiàn Shěng) – Capital: Fuzhou (Fúzhōu Shì)
- Jiangxi (江西省, Jiāngxī Shěng) – Capital: Nanchang (Nánchāng Shì)
- Shandong (山东省, Shāndōng Shěng) – Capital: Jinan ( Jǐnán Shì)
Shanghai
Population : Environ 24,9 millions d'habitants.
- Shanghai est le centre économique et financier de la Chine, avec un PIB supérieur à celui de nombreux pays. Elle abrite la Bourse de Shanghai, l’une des plus influentes au monde, rivalisant avec Wall Street. Le port de Shanghai est le plus actif du monde en termes de volume de conteneurs. Pudong, le quartier financier ultra-moderne, est un symbole du développement rapide de la Chine.
- Hébergement des sièges sociaux de multinationales et pôle d’innovation technologique (Shanghai est à l’avant-garde du développement urbain intelligent et des transports futuristes, le train Maglev est le train commercial le plus rapide au monde; pôle de l’intelligence artificielle et de la robotique, attirant des startups du monde entier).
- Shanghai est la ville la plus internationale de Chine, avec une forte communauté d’expatriés et une diversité culturelle unique. Une vie nocturne animée, des bars de luxe sur les toits aux clubs underground. Un centre de la mode et du luxe, rivalisant avec Paris ou Milan.
- Shanghai est la capitale culturelle de la Chine moderne, avec des galeries, musées, cinémas et festivals internationaux. Le Musée de Shanghai abrite l’une des plus riches collections d’art chinois. Le Shanghai International Film Festival (SIFF) est l’un des plus importants d’Asie.
- On dit Shangaï plus dynamique que Pékin, mais moins chaotique que Hong Kong, et l’une des villes les plus sûres du monde (la ville est très surveillée, notamment grâce aux caméras omniprésentes et aux contrôles fréquents). Shanghai a l’un des plus grands réseaux de métro du monde, mais il est souvent saturé ...
Attractions touristiques :
- Le Bund, Nanjing Road (Waitan) : Promenade emblématique le long du fleuve Huangpu, offrant une vue sur les bâtiments coloniaux (Shanghai a une histoire unique de concessions étrangères (britannique, française, américaine, japonaise), ce qui lui a donné un style cosmopolite) et les gratte-ciel modernes de Pudong, près de 250M de visiteurs par an ...
- La skyline de Pudong est l'une des plus iconiques au monde, offrant l’une des plus belles vues urbaines au monde : : la "Shanghai Tower", achevée en 2015 (632m, la plus haute tour de Chine et 2e au monde après Burj Khalifa, avec l’observatoire le plus haut du monde à 561 m) - "Shanghai World Financial Center" (achevé en 2008, 492m), forme de "décapsuleur", célèbre pour son observatoire, Skywalk en verre à 474 m, offrant une vue vertigineuse - "Jin Mao Tower" (420m), inspirée de l’architecture traditionnelle chinoise - "Oriental Pearl Tower" (468m), icône de Shanghai, avec des boules sphériques distinctives et une plateforme d’observation en verre à 259 m. - "Shangri-La Hotel Tower" (285m), hôtel de luxe avec vue panoramique sur le Bund (Bar Cloud 9 au 87e étage, offrant une vue imprenable sur Pudong). "The Bund Sightseeing Tunnel" est un tunnel futuriste sous le fleuve Huangpu, reliant le Bund et Pudong avec des effets lumineux immersifs ..
- Les lilongs, quartiers traditionnels de Shanghai (inspirés des hutongs de Pékin, mais avec une architecture unique combinant styles chinois et occidentaux), conservent une vie de quartier authentique (équivalent aux quartiers populaires de Hong Kong comme Sheung Wan ou aux Shikumen de Tianjin). Certains quartiers ont été rénovés et transformés en zones touristiques et commerciales, comme Xintiandi et Tianzifang, mais au prix d’une gentrification massive.
- Jardin Yuyuan (Jardin Yu) : Jardin classique chinois datant de la dynastie Ming, célèbre pour ses pavillons, étangs et ponts en pierre.
- Temple du Bouddha de Jade : Temple bouddhiste renommé abritant deux statues de Bouddha en jade.
- Zhujiajiao : Ancienne ville d'eau avec des canaux pittoresques et des ponts historiques.
"Suzhou River" (2000), de Lou Ye, qui a choisi de ne pas filmer la Shanghai des gratte-ciels et des lumières du Bund, mais plutôt celle des docks, des ruelles étroites, des bâtiments en décrépitude, créant une atmosphère néo-noir marquée par le désenchantement et une quête obsessionnelle de l’amour perdu. Le film suit un narrateur anonyme (un vidéaste), dont la voix-off raconte l’histoire tragique de Mardar, un livreur à moto impliqué dans des affaires douteuses, et de Moudan, une jeune femme qu’il aime mais qu’il trahit en la kidnappant pour une rançon. Après s’être échappée, Moudan disparaît dans la rivière Suzhou, laissant derrière elle un mystère irrésolu. Plus tard, Mardar croit retrouver Moudan sous les traits de Meimei, une performeuse aquatique dans un bar de Shanghai, interprétée par la même actrice (Zhou Xun). Le film joue sur l’ambiguïté de cette double identité : Meimei est-elle vraiment Moudan, ou bien est-ce une illusion née du désir et de la culpabilité de Mardar ? Cette structure cyclique et obsessionnelle est inspirée du mythe d’Orphée et Eurydice, avec une héroïne disparue et un héros cherchant à la ramener du royaume des morts (ici, la ville fantomatique de Shanghai).
Comme beaucoup de films de la sixième génération, Suzhou River a été interdit en Chine en raison de sa vision sombre et non officielle de la société chinoise. Lou Ye lui-même a été banni de tournage pendant plusieurs années.
"Lust, Caution" (2007), de Ang Lee, basé sur une nouvelle de Eileen Chang, conte l'histoire d'une jeune femme (Wong Chia Chi / Tang Wei), recrutée par la résistance chinoise pour séduire et assassiner un collaborateur pro-japonais (M. Yee / Tony Leung), dans la Shanghai occupée des années 1940. Contrairement à Suzhou River (2000), qui montre la face obscure et marginale de Shanghai, "Lust, Caution" recrée une Shanghai sophistiquée et glamour, dominée par les élites collaboratrices et les espions. Ang Lee s’inspire de l’âge d’or du cinéma de Shanghai des années 1930, avec des références aux films de Fei Mu et aux productions de la Shaw Brothers. Le film a fait scandale en raison de ses scènes de sexe explicites, qui ont conduit à son interdiction en Chine continentale. Lion d’Or à Venise, succès critique en Occident.
Hangzhou (Zhejiang)
Population : Environ 6,96 millions d'habitants.
Ancienne capitale de la dynastie des Song du Sud (1127-1279), Hangzhou était l’une des plus grandes et prospères villes du monde médiéval. Mentionnée par Marco Polo comme "la plus belle ville du monde", elle était un centre de commerce, de culture et de raffinement. Riche patrimoine culturel, avec des temples anciens, des canaux historiques et des traditions artisanales millénaires (soie, céramique, calligraphie).
- Hangzhou est le siège du géant Alibaba, l’une des plus grandes entreprises technologiques du monde. Elle est un centre d’innovation numérique et fintech, rivalisant avec Shenzhen et Pékin. Les services de paiement mobile et de commerce en ligne y sont omniprésents, en faisant l’une des villes les plus digitalisées du monde ...
Attractions touristiques :
- West Lake (Xī Hú) : entouré de temples, pavillons, ponts en pierre et collines verdoyantes, le Lac de l’Ouest est une merveille naturelle et culturelle, inspirant poètes, artistes et philosophes depuis plus de 1 000 ans.
- Hangzhou est le berceau du thé Longjing (Dragon Well Tea), considéré comme le thé vert le plus raffiné de Chine. Les plantations de thé à flanc de montagne offrent des paysages spectaculaires et attirent les amateurs du monde entier. La culture du thé est profondément ancrée, avec des maisons de thé traditionnelles et des cérémonies du thé dans les jardins du Lac de l’Ouest.
- Temple de Lingyin (Lingyin Si) : L'un des plus grands et des plus riches temples bouddhistes de Chine, entouré de grottes et de sculptures. "Feilai Feng" est particulièrement célèbre pour ses nombreuses grottes et ses sculptures bouddhistes creusées dans la roche, qui remontent à la dynastie des Song (960-1279). On y trouve plus de 300 statues bouddhiques, représentant diverses figures du panthéon bouddhique chinois, notamment des représentations de Maitreya (le Bouddha rieur). Le nom "Feilai Feng" signifie littéralement "le pic qui a volé ici". Selon la légende, ce rocher de calcaire aurait été transporté depuis l'Inde par des forces mystiques, car sa composition géologique est différente de celle des montagnes environnantes, qui sont majoritairement granitiques. Cette origine légendaire renforce son importance dans le bouddhisme chinois. Près de 200M de visiteurs par an .
- Pagode des Six Harmonies (Liuhe Ta) : Ancienne pagode offrant une vue sur la rivière Qiantang.
Depuis des siècles, Putuoshan est un point de passage des moines bouddhistes voyageant entre la Chine, le Japon et la Corée. C’est un carrefour spirituel qui a influencé le développement du bouddhisme en Asie de l’Est ...
Putuoshan est une île montagneuse située en mer de Chine orientale, dans l'archipel de Zhoushan, au large de la province du Zhejiang, en Chine orientale. Elle se trouve à environ 150 km au sud-est de Shanghai et à 30 km à l'est de Ningbo...
Putuoshan est l’un des quatre monts bouddhistes sacrés de Chine, dédié à Guanyin, la bodhisattva de la compassion. Ce site est un haut lieu de pèlerinage, attirant chaque année des millions de fidèles bouddhistes et visiteurs du monde entier.
Putuoshan abrite plus de 80 monastères et temples, dont le temple de Puji, le plus grand et le plus ancien (fondé sous la dynastie Tang, IXe siècle), et le temple de Fayu, connu pour ses sculptures délicates. L’île est célèbre pour ses plages de sable doré, ses falaises abruptes, ses grottes mystérieuses et sa végétation luxuriante. Une immense statue dorée de Guanyin, haute de 33 mètres, domine l’île et est visible de loin. Elle symbolise la compassion et la protection pour les marins et pèlerins...
Nanjing (Jiangsu)
Population : Environ 8,5 millions d'habitants.
Située sur les rives du Yangtsé (Cháng Jiāng), elle a été capitale impériale de la Chine à plusieurs reprises et est aujourd’hui un centre culturel, éducatif et historique majeur. Mêlant un riche patrimoine historique, une forte identité culturelle et une modernisation rapide, Nanjing est une ville que l'on compare à Kyoto, Rome ou Istanbul pour son importance historique.
- Nanjing University est l'une des plus anciennes et prestigieuses universités de Chine. Centre d’innovation et de recherche, notamment dans l’aérospatiale et les nouvelles technologies. Un pôle académique influent, jouant un rôle similaire à Oxford, Harvard ou Tokyo University.
Attractions touristiques :
- Mausolée de Sun Yat-sen (Zhongshan Ling) : Lieu de repos du père fondateur de la Chine moderne, situé sur la montagne Zijin. Sun Yat-sen (1866-1925) est considéré comme le fondateur de la République de Chine et le premier président provisoire après la chute de la dynastie Qing en 1911. Son mausolée est un symbole du nationalisme chinois et de la transition entre la Chine impériale et la Chine républicaine. Construit entre 1926 et 1929, il mélange des éléments traditionnels chinois et un style plus moderne inspiré de l'architecture occidentale.
Son escalier monumental de 392 marches représente le chemin vers la grandeur de la nation chinoise. Le mausolée est fait de marbre blanc et de granit bleu, couleurs symbolisant la pureté et la loyauté. Situé dans une forêt luxuriante sur le mont Pourpre, il offre une vue panoramique sur Nanjing. Il attire chaque année des millions de visiteurs chinois et étrangers venus rendre hommage à Sun Yat-sen. Le mausolée fait partie d’un ensemble de sites historiques, dont la Tombe de l’Empereur Ming Xiaoling et le Temple Linggu, renforçant l'importance culturelle et historique de la région.
- Muraille de la ville de Nanjing : Construite sous les Ming, c’est l’une des plus grandes murailles urbaines du monde encore existantes.
- Temple de Confucius (Fuzimiao) : Complexe historique dédié à Confucius, entouré de marchés et de restaurants traditionnels.
- Tombeau des Ming (Míng Xiàolíng) : Classé à l’UNESCO, il est un modèle d’architecture funéraire impériale.
- Mémorial du Massacre de Nanjing : Un site commémoratif en mémoire des victimes de l’invasion japonaise de 1937. Il attire des millions de visiteurs chaque année et joue un rôle dans les relations diplomatiques asiatiques.
Suzhou (Jiangsu)
Population : Environ 10,7 millions d'habitants.
A proximité de Shanghai, réputée pour ses jardins classiques, ses canaux, sa soie et son histoire de plus de 2 500 ans, elle est souvent surnommée "la Venise de l’Orient". Un berceau de la calligraphie, de la poésie et de la peinture chinoise.
Attractions touristiques :
- Jardins classiques de Suzhou : Ensemble de jardins traditionnels chinois, inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO (Classical Gardens, Tongli Water Town), près de 100M de visiteurs par an.
- Grande Pagode de l'Ouest (Hanshan Si) : Temple bouddhiste célèbre pour sa cloche et ses poèmes associés.
- Rue Pingjiang : Ancienne rue le long d'un canal, bordée de maisons traditionnelles, de boutiques et de salons de thé.
- Suzhou est la capitale chinoise de la soie depuis plus de 1 000 ans.
Nanchang (Jiangxi)
Population : Environ 5,2 millions d'habitants.
Berceau de la Révolution Chinoise, Nanchang est le site du soulèvement de Nanchang (Nánchāng Qǐyì) du 1er août 1927, considéré comme le point de départ de l’Armée populaire de libération chinoise (APL). Le Mémorial du Soulèvement de Nanchang est un site emblématique de l’histoire moderne de la Chine.
- Un climat subtropical, rendant la ville verdoyante et agréable à vivre, une ville bordée par la nature, entre Yangtsé, lac Poyang (le plus grand lac d’eau douce de Chine) et Monts Lushan (classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce sont des montagnes sacrées associées à des poètes et philosophes chinois).
- Nanchang est un hub industriel stratégique, notamment dans l’aéronautique, l’électronique et la fabrication de trains. Equivalent à Bangalore pour son développement technologique rapide.
- Quartiers modernes comme Honggutan, où l’on trouve gratte-ciel futuristes et centres commerciaux de luxe.
Attractions touristiques :
- Pavillon Tengwang (Tengwang Ge) : Pavillon historique offrant une vue sur la rivière Gan, l’un des trois plus grands pavillons historiques de Chine.
- Influence du taoïsme et du bouddhisme, avec de nombreux temples anciens comme le Temple Youmin.
- Place Bayi : Place commémorative marquant le soulèvement du 1er août.
- Parc du Lac de l'Ouest (Xihu Gongyuan) : Parc pittoresque idéal pour les promenades.
Qingdao ( Shandong)
Population : Environ 9,5 millions d'habitants.
- Une ville portuaire dynamique et cosmopolite, célèbre pour son architecture coloniale allemande (ancienne concession allemande, 1898-1914), sa bière emblématique (Tsingtao, la plus célèbre et la plus exportée des bières chinoises), ses plages magnifiques (Qingdao possède certaines des plus belles plages de Chine, attirant touristes et surfeurs) et son rôle économique stratégique.
- Qingdao est l’un des plus grands ports de Chine, jouant un rôle clé dans le commerce international. Centre majeur de l’industrie maritime et de la construction navale. Pôle technologique en plein développement, notamment dans l’électronique et l’intelligence artificielle.
Attractions touristiques :
- Plages de Qingdao : Stations balnéaires populaires avec des plages de sable fin.
- Brasserie Tsingtao : Musée dédié à la célèbre bière chinoise, avec des dégustations.
- Mont Laoshan (Laoshan) : Montagne sacrée taoïste offrant des sentiers de randonnée et des temples anciens.
Qufu, ville située dans la province du Shandong, à l’est de la Chine. Elle est particulièrement célèbre pour être la ville natale de Confucius (551-479 av. J.-C.).
Qufu est en effet le centre spirituel du confucianisme, une philosophie qui a profondément influencé la culture chinoise et asiatique pendant plus de 2000 ans. La ville abrite le Temple de Confucius, le Cimetière de Confucius et la Résidence de la famille Kong, un ensemble de sites historiques classés au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1994 ...
Le Temple de Confucius (Kǒng Miào) est l’un des plus anciens et des plus vastes temples dédiés au philosophe. Il a été construit en 478 av. J.-C., un an après sa mort, et a été agrandi sous plusieurs dynasties. Il s’étend sur 16 000 m² et comprend plus de 100 bâtiments, avec des stèles et des sculptures remarquables. Le Cimetière de Confucius (Kǒng Lín) est l’un des plus vastes cimetières familiaux au monde, avec plus de 100 000 tombes de descendants de Confucius sur une période de 2500 ans. Il s’étend sur plus de 183 hectares. La Résidence de la famille Kong (Kǒng Fǔ) est la maison ancestrale des descendants directs de Confucius. La famille Kong a occupé cette résidence pendant 77 générations, ce qui en fait l’une des lignées les plus longues de l’histoire.
Qufu reste un haut lieu du confucianisme, attirant chaque année des milliers d’étudiants, de philosophes et de pèlerins venus du monde entier pour rendre hommage au maître. Des cérémonies officielles en l’honneur de Confucius y sont organisées chaque année, notamment lors de son anniversaire le 28 septembre.
Huángshān (Anhui)
A 400 km de Shangai, Huángshān, également connu sous le nom de "montagnes jaunes" (Yellow Mountain), est situé dans la partie sud de la province d’Anhui en Chine orientale. C’est l’une des chaînes de montagnes emblématiques et les plus célèbres en Chine, réputée pour ses paysages, ses sommets de granit aux formes particulières, ses sources chaudes et ses pins séculaires. La région a été une source d’inspiration pour d’innombrables artistes, poètes et photographes tout au long de l’histoire chinoise. Dès l'époque de la dynastie Ming (16ᵉ siècle), les paysages spectaculaires de Huangshan ont inspiré l'école de peinture Shanshui ("Montagne et Eau"), qui a profondément influencé la représentation des paysages orientaux dans l'imaginaire artistique mondial. Shitao (1642-1707), peintre renommé de la dynastie Qing, Shitao a créé des œuvres emblématiques représentant les paysages mystiques de Huangshan. Li Huasheng (1944-2018) a réalisé une peinture impressionniste du Heavenly Capital Peak (Tiandu Feng) de Huangshan après sa visite en 1980. Aujourd'hui, Huangshan est une destination touristique prisée, attirant des millions de visiteurs chaque année. En 2007, plus de 1,5 million de touristes ont visité la montagne...
Le plus haut sommet de la chaîne est le Lotus Peak (Lianhua Feng), qui s’élève à 1864m. La région est également un site du patrimoine mondial de l’UNESCO et est une destination populaire pour les touristes et les randonneurs...
Eileen Chang (Zhang Ailing, 1920-1995), originaire de Shangaï, est l’une des écrivaines chinoises les plus influentes du XXe siècle, reconnue pour son style raffiné, ses histoires d’amour tragiques et sa critique de la société chinoise traditionnelle et moderne. Son œuvre, marquée par un réalisme subtil et une psychologie fine des personnages, la place aux côtés des plus grands auteurs de la littérature chinoise moderne. Connue pour ses romans comme "Amour ardent" (1943, Qīngchéng Zhī Liàn, Love in a Fallen City), - l'histoire de Bai Liusu, une femme divorcée issue d'une famille aristocratique en déclin, et de Fan Liuyuan, un riche playboy : leur relation évolue sur fond d'occupation japonaise de Hong Kong pendant la Seconde Guerre mondiale, un parallèle entre l’effondrement d’une ville (Hong Kong en 1941) et la fin d’un amour - , et "Lust, Caution" (1979, Sè, Jiè), histoire d’une espionne chinoise qui tombe amoureuse de sa cible, un collaborateur des Japonais (adapté au cinéma en 2007 par Ang Lee, Lion d’or à Venise). Elle a donc écrit ses premiers chefs-d'œuvre à Shanghai sous l’occupation japonaise (années 1940), devenant une star littéraire ("Bàn Shēng Yuán", Half a Lifelong Romance, 1948), - l'histoire d'amour tragique de Gu Manzhen et Shen Shijun, dont la relation est contrariée par les pressions familiales, les malentendus et les attentes de la société -...
Puis a quitté la Chine pour les États-Unis en 1955, après l’arrivée au pouvoir du Parti communiste, qui la considérait comme trop bourgeoise. Fin de vie solitaire aux États-Unis, où elle meurt en 1995 dans l’oubli, avant d’être redécouverte comme une icône littéraire (adaptations cinématographiques célèbres, notamment par Ang Lee ("Lust, Caution") et Ann Hui ("Amour ardent").
Mao Dun (1896-1981), de son vrai nom Shen Dehong, est l’un des plus grands écrivains réalistes chinois du XXe siècle. Son œuvre est profondément marquée par la lutte des classes, la transformation sociale et l’opposition entre tradition et modernité dans la Chine en mutation. Son roman le plus célèbre, "Minuit" (1933, Zǐyè, Midnight), est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre du réalisme socialiste chinois, décrivant les tensions entre le capitalisme naissant et les idéaux révolutionnaires : la Chine des années 1920-1930, marquée par les conflits entre industriels, ouvriers et forces révolutionnaires, avec un personnage central, Wu Sunfu, un capitaliste moderne confronté à l’ascension du mouvement ouvrier et à l’instabilité politique. Un roman ambitieux, inspiré du naturalisme de Zola et du marxisme, où chaque personnage incarne une force sociale en lutte. C'est le premier grand roman du réalisme socialiste chinois. "Spring Silkworms" (1932, Chūncán) et "Autumn Harvest" (1933, Qiūshōu) évoquent la vie des paysans et des ouvriers, piégés entre la pauvreté, l’exploitation et les bouleversements sociaux ...
"The Shop of the Lin Family" (Línjiā Pùzi, 1932), dans lequel, à travers l’histoire tragique de Lin Zhixiao, Mao Dun offre une critique acerbe du système économique et de la classe marchande, illustrant comment les petites entreprises sont écrasées par le capitalisme moderne : Lin Zhixiao est le propriétaire d’une petite boutique, vendant des tissus et des vêtements. Il est un petit commerçant traditionnel, qui vit chichement mais qui a l’espoir de prospérer. Sa femme, Madame Lin, est une femme pratique et pragmatique, qui gère avec lui les finances de la boutique. Son employé, Zhang, est fidèle mais impuissant face aux changements du marché. Un nouveau grand magasin, Rongsheng, ouvre ses portes dans la ville, proposant des prix bas et une grande variété de produits. Rongsheng appartient à une famille de marchands riches, qui utilisent des stratégies commerciales agressives pour écraser la concurrence. Lin Zhixiao comprend que sa petite boutique ne peut rivaliser, mais il espère survivre grâce à ses clients fidèles. Les ventes chutent dramatiquement, car les clients préfèrent acheter chez Rongsheng, où les prix sont plus bas. Les dettes de Lin s’accumulent, et il est incapable de payer ses fournisseurs. Madame Lin essaie de négocier des crédits, mais les créanciers refusent, car ils savent que la boutique est condamnée à l’échec. Lin Zhixiao tente de réagir en baissant ses prix, mais il n’a pas assez de ressources pour tenir sur le long terme. Il demande de l’aide à des amis et à d’anciens clients, mais personne ne veut risquer son argent sur une boutique en faillite. Madame Lin propose même d’emprunter de l’argent aux usuriers, mais Lin refuse par dignité. Puis c'est la chute : Rongsheng lance une nouvelle campagne promotionnelle, ce qui anéantit définitivement la boutique Lin. Accablé par les dettes et l’humiliation, Lin Zhixiao ferme son magasin. Il assiste impuissant à la montée du capitalisme moderne, qui ne laisse aucune place aux faibles. Un portrait fidèle de la Chine des années 1930, en pleine mutation économique. "Mao Dun’s Short Stories" (Foreign Languages Press, 1982) – Includes Spring Silkworms, The Shop of the Lin Family, and Autumn Harvest...
"Rainbow" (1929, Hóng), écrit par un Mao Dun avec la conviction de celui qui a vécu les événements qu'il décrit, un roman clé du réalisme chinois moderne : à travers l’histoire de Mei, une jeune femme cherchant son indépendance et une place dans une Chine en pleine mutation, Mao Dun explore les tensions entre tradition et modernité, féminisme et politique, amour et engagement social. Ce roman est souvent comparé à "La Nouvelle Femme" de Ding Ling ...
Mei, une jeune femme de la classe moyenne, grandit dans une famille traditionnelle chinoise où les femmes sont soumises aux hommes. Dès son adolescence, elle rejette les valeurs confucéennes et patriarcales, rêvant d’un avenir où elle pourrait être libre et indépendante.
Influencée par les idées du Mouvement du 4 Mai (1919), Mei rejette le mariage arrangé et souhaite une éducation moderne. Ses parents s’opposent fermement à ses ambitions, la forçant à choisir entre la soumission et l’exil. Mei parvient à intégrer une université à Shanghai, un centre d’agitation intellectuelle et politique. Elle découvre les écrits de Marx, des révolutionnaires soviétiques et des intellectuels chinois progressistes. Elle rencontre des étudiants militants qui l’initient aux idéaux communistes et féministes. Un professeur influent l’encourage à s’engager dans la lutte politique et à ne pas céder aux pressions familiales. Mei tombe amoureuse de Chen, un jeune intellectuel révolutionnaire qui semble partager ses idéaux. Leur relation devient source de contradictions : Chen prêche l’égalité, mais garde une vision patriarcale des femmes; Mei se sent aimée, mais n’est pas respectée comme une égale.
Finalement, Chen trahit ses idéaux et Mei, préférant un avenir conventionnel au militantisme.
Mei comprend que les hommes, même révolutionnaires, ne voient pas les femmes comme de véritables partenaires dans la lutte politique (Mei réalise que la libération ne peut pas venir uniquement des idées, mais nécessite un engagement réel et une rupture avec les structures de pouvoir). Désillusionnée par l’amour et fatiguée des contradictions de la société, Mei rejoint un groupe révolutionnaire actif en province. Elle assiste aux répressions brutales contre les ouvriers et les paysans, ce qui renforce son engagement. Elle comprend que la véritable révolution ne viendra pas de l’intelligentsia urbaine, mais du peuple. Pourtant, la peur et l’isolement grandissent : elle voit des camarades arrêtés, torturés et exécutés (la révolution est un processus difficile et dangereux, et non une simple utopie). Mei ne retournera pas à la vie bourgeoise, mais elle ne trouver pas non plus de place claire dans le mouvement révolutionnaire. Elle quittera la ville pour rejoindre les campagnes, sans savoir si elle pourra survivre...
Membre actif du Parti communiste chinois, il devient ministre de la Culture (1949-1965) sous Mao Zedong. Son pseudonyme "Mao Dun" signifie "contradiction", reflétant ses préoccupations littéraires et politiques. Le Prix Mao Dun est aujourd’hui la plus haute distinction littéraire en Chine...
Jin Yong (1924-2018), de son vrai nom Louis Cha, a suivi une carrière de journaliste et fondateur du Ming Pao, un grand quotidien de Hong Kong, mais il est surtout le plus célèbre auteur de romans de wuxia (arts martiaux) de l’histoire chinoise. Ses œuvres, vendues à plus de 100 millions d’exemplaires, ont façonné l’imaginaire collectif chinois et influencé le cinéma, la télévision et les jeux vidéo : "The Legend of the Condor Heroes" (1957-1959, Shè Diāo Yīngxióng Zhuàn), "The Return of the Condor Heroes" (1959-1961), "The Heaven Sword and Dragon Saber" (1961-1963). Inspirateur du cinéma de Hong Kong, notamment les films de Tsui Hark et Wong Kar-wai, ses œuvres ont influencé le style visuel et narratif des mangas et jeux vidéo asiatiques (comme Dynasty Warriors et Final Fantasy)...
Qian Zhongshu (1910-1998), un style ironique et une immense culture qui ont marqué la littérature chinoise et l'impose comme un observateur acerbe et fin analyste de la société. Il est parti en Angleterre en 1935 pour étudier à l’Université d’Oxford (Exeter College), puis à la Sorbonne à Paris, et maîtrise plusieurs langues occidentales (anglais, français, allemand, italien), ce qui influencera son écriture. Son roman le plus célèbre, "La Forteresse assiégée" (1947, Wéichéng, Fortress Besieged), - Le titre est une métaphore des illusions humaines, "Le mariage est comme une forteresse assiégée – ceux qui sont à l’extérieur veulent y entrer, et ceux qui sont à l’intérieur veulent en sortir", - conte la vie de Fang Hongjian, un intellectuel désillusionné qui revient en Chine après avoir étudié en Europe. Il traversera bien des mésaventures de toutes sortes. À la veille de la guerre sino-japonaise, notre infortuné héros Fang Hung-chien (à la Emma Bovary), sans but particulier dans la vie et muni d'un faux diplôme d'une fausse université américaine, rentre chez lui à Shanghai. Sur le paquebot français qui le ramène chez lui, il rencontre deux beautés chinoises, Mlle Su et Mlle Pao. Qian écrit : « Avec Mlle Pao, ce n'était pas une question de cœur ou d'âme. Elle ne changeait pas d'avis, puisqu'elle n'avait pas de cœur ». Dans une sorte de comédie douloureuse, Fang obtient un poste d'enseignant dans une université nouvellement créée, où les pseudo-intellectuels efféminés qu'il rencontre dans le milieu universitaire deviennent la cible de la satire impitoyable de Qian. Bientôt, Fang est pris au piège d'un mariage aux proportions nabokoviennes de détresse et d'absurdité. Rappelant le Tom Jones de Fielding dans sa litanie farfelue de mésaventures et le « style indirect libre » de Flaubert, on a dit de "Forteresse assiégée" que c'était un festin de délices unique en son genre. Et c'est un roman culte en Chine, étudié dans les universités et adapté en série télévisée en 1990. Ses "Carnets de lecture" (1979) rapprochent avec érudition œuvres chinoises et occidentales ...
Wang Anyi (1954), fille de la célèbre écrivaine Ru Zhijuan, est considérée l’une des plus grandes narratrices du Shanghai du XXe siècle,
Son roman emblématique, "Le Chant des regrets éternels" (1995, Chánghèn Gē, The Song of Everlasting Sorrow), lui a valu une reconnaissance internationale et le prestigieux Prix Mao Dun en Chine : la vie de Wang Qiyao, une jeune femme de Shanghai dans les années 1940-1990, née dans les «longtong », les ruelles encombrées et labyrinthiques des quartiers populaires de Shanghai, ses illusions, ses amours et son déclin, un roman qui traverse plusieurs époques, de l’occupation japonaise à la Révolution culturelle, jusqu’aux années post-maoïstes. Enthousiasmée par les paillettes et le glamour du Hollywood des années 1940, Wang Qiyao cherche à devenir célèbre lors du concours de beauté Miss Shanghai, et ce moment fugace de célébrité devient l'apogée de sa vie. Au cours des quatre décennies suivantes, Wang Qiyao s'adonne aux plaisirs décadents de la Shanghai d'avant la libération, jouant secrètement au mahjong pendant le mouvement anti-droitier et échangeant des amants à la veille de la révolution culturelle. Survivant aux vicissitudes de l'histoire moderne de la Chine, Wang Qiyao émerge dans les années 1980 en tant que pourvoyeuse du « vieux Shanghai » - incarnation vivante d'une nouvelle nostalgie marchandisée qui privilégie la splendeur et la sophistication - avant d'être mêlée à une tragédie qui fait écho aux films noirs hollywoodiens de sa jeunesse. De la violente persécution du communisme au libéralisme et à l'ouverture de l'ère des réformes, cette triste histoire de la vieille Chine contre la nouvelle, de la persévérance face à l'adversité, est une représentation intemporelle de notre quête sans fin de la transformation et de la beauté... L'un des plus grands romans chinois modernes, souvent comparé au "Rêve de la chambre rouge", un chef-d'œuvre de la littérature shanghaienne, qui capture la mystique et le déclin de la ville. Finaliste du Man Asian Literary Prize...
"Lapse of Time" (Liúshì, 1982), un recueil de nouvelles évoquant les luttes personnelles après la révolution culturelle. L'histoire principale est celle d'une femme qui réfléchit à sa vie et s'interroge sur la façon dont le temps efface les souvenirs, l'amour et les idéaux. Tranquillement mélancolique et introspectif, l'accent étant mis sur les conflits internes plutôt que sur les événements dramatiques. L'une des premières œuvres post-Mao à explorer les émotions et la vie privée et le passage des thèmes révolutionnaires au réalisme psychologique dans la littérature chinoise ...
"Baotown" (Xiǎo Bào Zhuāng, 1985) évoque non plus Shangai mais la vie d’un village du Jiangsu, marqué par les traditions, la pauvreté et les tensions sociales via le passage à l'âge adulte d'un orphelin nommé Bao Ren : doit-il rester ou s'enfuir...
"Love on a Barren Mountain" (Huāngshān Zhī Liàn, 1990), un roman profondément philosophique sur l'amour et la nature humaine, qui se déroule dans un refuge de montagne où les personnages cherchent un sens à leur vie et échappent à la société. Contrairement à The Song of Everlasting Sorrow, ce roman est plus abstrait et allégorique. - "Reality and Fiction" (Jìshí yǔ Xūgòu, 1993), un roman semi-autobiographique dans lequel Wang Anyi mêle son histoire personnelle à des souvenirs fictifs de Shanghai : une réflexion sur la narration elle-même, qui remet en question la relation entre la réalité, l'imagination et la littérature... - "Brothers" (Xiōngdì, 1995), à ne pas confondre avec "Brothers" de Yu Hua (2005), celui-ci évoque les conflits familiaux dans une Chine politiquement divisée : le roman suit deux frères aux idéologies différentes, l'un embrassant la révolution, l'autre s'accrochant aux valeurs traditionnelles confucéennes.
"Fu Ping" (2000) - Wang Anyi est surtout connue pour son évocation littéraire de Shanghai, mais contrairement à son chef-d'œuvre "The Song of Everlasting Sorrow", qui dépeint l'élite et la classe moyenne de Shanghai, "Fu Ping" se concentre sur la vie des travailleurs domestiques et de la classe inférieure. Situé à la fin des années 1950 et au début des années 1960, le roman suit "Fu Ping", une jeune femme originaire d'un village rural qui déménage à Shanghai pour travailler comme domestique. Il brosse un tableau subtil mais puissant des femmes de la classe ouvrière qui font vivre les ménages urbains, entre tradition et modernisation...
Nainai vit à Shanghai depuis de nombreuses années et le moment est venu de trouver une épouse pour son petit-fils adoptif. Mais lorsque la fiancée qu'elle a choisie arrive de la campagne, il devient vite évident que l'orpheline a ses propres idées. Elle s'appelle Fu Ping, et plus elle explore les ruelles résidentielles et les cours derrière les rues commerçantes animées de Shanghai, moins elle a envie de retourner à la campagne en tant qu'épouse dévouée. Alors que Fu Ping hésite sur son avenir, elle découvre la ville à travers les histoires des nounous, des hommes à tout faire et des éboueurs dont le travail ramène la vie et l'agitation dans le Shanghai d'après-guerre.Fu Ping e st un portrait finement observé de la vie des femmes de la classe inférieure à Shanghai dans les premières années de la République populaire de Chine, et alors que la plupart des ouvrages consacrés à Shanghai romancent la ville, Wang Anyi en expose toutes les sombres inégalités ...
"Jinxiugu zhi lian" (1993), - éditions Philippe Picquier pour la traduction en langue française, "Amour dans une vallée enchantée" -, "L’histoire d’une brève rencontre, à la faveur d’un congrès, dans une des montagnes les plus célèbres de Chine, chantée par les plus grands poètes et immortalisée par les plus grands peintres, ainsi pourrait se résumer ce roman. Mais c’est bien plus que cela. Wang Anyi nous l’apprend dans une préface donnée en 2001 à l’édition des Trois Amours, enfin réunis pour la première fois en Chine même, près de quinze ans après la première publication. Elle s’est fixé pour tâche le récit « d’une relation homme-femme fondée sur une seule personne, une relation abstraite qui se nourrit entièrement de son propre intellect et de ses propres émotions » .."
"Xiaocheng zhi lian" (1993), fit scandale lors de sa première parution en 1986 dans la revue Littérature de Shanghai, - nous rappelle la traduction française "Amours dans une petite ville" (Éditions Philippe Picquier) -, "au point qu’il fallut attendre près de huit ans pour que paraisse enfin en Chine populaire un recueil intitulé Sanlian (« Trois amours »), qui reprenait ce roman ainsi que deux autres publiés à la même époque. Ce texte, tranchant sur la pruderie officielle ambiante, osait parler d’amour physique, sujet considéré jusqu’alors comme tabou.
Wang Anyi choisit pour protagonistes un garçon et une fille destinés à devenir danseurs dans une compagnie locale au temps de la Révolution culturelle. Il n’est pas indifférent que l’auteur ait elle-même passé plusieurs années dans une troupe analogue à la même époque. Elle les décrit au départ très jeunes adolescents : ils n’ont guère reçu d’éducation en un temps où l’école n’enseignait que des slogans politiques, ils n’ont aucune expérience de la vie et se retrouvent seuls, loin de leur famille. Partageant la même salle où ils s’entraînent assidûment, ils vont être lentement mais irrésistiblement attirés l’un vers l’autre ..."
Wei Hui (1973), s'est installée à Shangaï, a étudie la littérature chinoise à l’Université Fudan, l’une des plus prestigieuses de Chine, est devenue une écrivaine connue pour ses romans provocateurs et audacieux, explorant la sexualité féminine, la modernité urbaine et la quête d’identité. Son œuvre la plus célèbre, "Shanghai Baby" (1999, Shànghǎi Bǎobèi) a été interdite en Chine en 2000, accusée de promouvoir une « décadence occidentale », - mais a rencontré un immense succès international, traduite en plus de 30 langues - : Coco, une jeune écrivaine de Shanghai, partagée entre son petit ami chinois Tien, fragile et impuissant, et son amant allemand Mark, qui lui offre passion et désir charnel, va naviguer entre tradition et modernité, conformisme et rébellion, dans les nuits électriques et la superficialité du Shanghai cosmopolite. Une suite est donnée en2005 avec "Marrying Buddha", Coco, toujours en quête d’amour et de liberté, explorera la spiritualité bouddhiste tout en poursuivant sa vie amoureuse tumultueuse, entre New York, Pékin et Shanghai. Elle est la première écrivaine chinoise à écrire ouvertement sur la sexualité féminine et l’émancipation individuelle...
Que nous dit l'éditeur? Le fossé qui sépare ceux d'entre nous qui sont nés dans les années 70 et la génération plus âgée n'a jamais été aussi grand. Sombre et nerveux, délicieusement coquin, cocktail enivrant de sexe et de recherche de l'amour, Shanghai Baby est déjà devenu un livre culte en Chine continentale. Le contenu risqué du roman de Wei Hui, un nouvel auteur branché, a tellement alarmé les autorités de Pékin que des milliers d'exemplaires ont été confisqués et brûlés. Aussi explicite que "Tropique du cancer" de Henry Miller, aussi choquant que "Trainspotting", cette histoire d'une belle écrivaine et de ses liaisons érotiques saute, hurle et fait mouche en décrivant la nouvelle génération qui se lève à l'Est. Situé dans la ville portuaire séculaire de Shanghai, le roman suit les jours et les nuits de Coco, irrépressiblement charnelle, qui sert les tables dans un café lorsqu'elle rencontre son premier amant, un artiste chinois sensible. Défiant ses parents, Coco emménage avec son petit ami et entre dans un monde frénétique et orgasmique de drogues et d'hédonisme. Mais, impuissante à empêcher son doux amant de sombrer dans la toxicomanie, Coco est attirée par un Occidental tapageur, un riche homme d'affaires allemand qui a un penchant pour la ségrégation et la séduction. Maintenant, avec un entourage d'amis allant d'une femme de la rue à un cinéaste rebelle, les incursions de Coco dans le territoire de l'amour et du désir traversent les frontières entre deux cultures - réveillant sa culpabilité et ses peurs de la découverte, tout en stimulant son moi sexuel émergent. En projetant une image brûlante dans l'imagination du lecteur, "Shanghai Baby" offre un récit de voyage alternatif dans les ruelles d'une ville et les escapades hard-core de la jeunesse libérée d'aujourd'hui. Le portrait provocateur que dresse Wei Hui des hommes, des femmes et de la transition culturelle est une exposition étonnante et courageuse de la nouvelle Chine non reconnue, dépassant la rhétorique officielle pour montrer les incursions de l'Occident et un peuple déterminé à s'affranchir....
Et comme "Shanghai Baby", d'autres romans tout aussi provocateurs verront le jour, ainsi "Beijing Doll" (Běijīng Wáwa, 1999), de Chun Sue (1983), la jeunesse urbaine et ses excès, non plus à Shangai mais à Pékin : Chun Sue y raconte ses expériences d’adolescente punk, ses relations amoureuses et sexuelles, et son rejet des conventions sociales. Un livre interdit en Chine, tout comme "Shanghai Baby", à cause de ses descriptions explicites et son attitude contestataire. "Shanghai Wolf" (Shànghǎi Láng, 2006), plus mature et sombre, suit une jeune écrivaine voyageant entre Shanghai, Pékin et Berlin, cherchant un sens à son existence. Les relations amoureuses, l’expatriation et l’exploration sexuelle sont au cœur du roman. - "Hong Kong Wawa" (Xiānggǎng Wáwa, 2008) est n récit inspiré de son séjour à Hong Kong : une jeune femme chinoise s’y installe, espérant y trouver plus de liberté que dans la Chine continentale, mais se heurte aux contradictions de cette métropole, où le capitalisme et la tradition se mélangent de manière chaotique ...
Mian Mian (1970) est souvent comparée à Wei Hui, et "Candy" (Táng, 2000) est l’un des romans les plus controversés de la littérature chinoise moderne : l’histoire suit Hong, une jeune femme qui plonge dans le monde de la drogue et de la musique underground, les désillusions de la jeunesse chinoise des années 1990, en quête de liberté dans une société en mutation. Il a été censuré en Chine, car il aborde des sujets tabous comme la toxicomanie, la sexualité non conventionnelle, et la décadence urbaine : "now available for the first time in English translation–Candy is a blast of sex, drugs, and rock ‘n’ roll that opens up to us a modern China we’ve never seen before", s'exclamera l'éditeur.
Née à Shanghai, Mian Mian rejette rapidement les normes sociales chinoises, préférant le monde de la contre-culture. Elle fuit l’école à 17 ans, plonge dans l’univers du rock underground, et fréquente la scène artistique marginale des années 1980-1990. Hong incarne l'auteur plongeant dans l'univers du Rock Underground. Elle tombe follement amoureuse de Saining, un chanteur de rock charismatique (mais Hong ne cherche pas juste l’amour, elle cherche à ressentir quelque chose de puissant), ils se trahissent, s’aiment et se détruisent mutuellement, sur fond de dépendance à l’héroïne, Hong se prostitue, overdoses, suicides et descentes de police rythment son quotidien, le prix de la rébellion. Après des années d’errance, elle décide de quitter Shanghai, espérant se réinventer ...
Dans "A Concise Chinese-English Dictionary for Lovers" (2007), Xiaolu Guo, moins provocatrice mais tout autant audacieuse, Xiaolu Guo aborde dans un roman semi-autobiographique les tabous sur la sexualité féminine en Chine : Zhuang, une jeune Chinoise, gagne Londres, où elle découvre l’amour, le sexe et l’émancipation dans un monde totalement différent de celui de la Chine.
Xiaolu Guo (1973, Guō Xiǎolǔ), écrivaine, cinéaste, scénariste, sino-britannique, née dans une famille pauvre du Zhejianga, étudie le cinéma à l’Académie du Film de Pékin, la même école que Zhang Yimou et Chen Kaige. Elle commence sa carrière en tant que réalisatrice et écrivaine en Chine, mais frustrée par la censure, elle quitte la Chine pour Londres en 2002. En arrivant à Londres, elle découvre la difficulté de l’exil et apprend l’anglais en lisant un mot par jour dans un dictionnaire. Son roman "A Concise Chinese-English Dictionary for Lovers" (2007) la propulse sur la scène internationale, en faisant une voix majeure de la littérature d’immigration. - Dans "I Am China" (2014), une traductrice britannique découvre des lettres entre un dissident chinois et sa petite amie, l’amour et la révolution. Le livre alterne entre la Chine des années 1980, la France et Londres, dévoilant les cicatrices laissées par la répression politique. Un des rares romans à évoquer la censure et la politique chinoise à travers l’intimité d’un couple. - "Twenty Fragments of a Ravenous Youth" (2008), - via Fenfang, une jeune provinciale de 17 ans, qui part pour Pékin (à 1800 km) en quête d’une vie meilleure et travaille comme figurante dans des films, vit dans des logements précaires, et rêve d’indépendance -, dresse un portrait brut de la jeunesse chinoise contemporaine, entre rêves et frustrations. "Lovers in the Age of Indifference" (2010), un mariage éclate lors d’une partie de mah-jong, une fiancée déprimée est subjuguée par une rencontre avec une légende hollywoodienne, un gardien de montagne veille sur un temple solitaire, mais il est troublé quand, enfin, un visiteur ose franchir le pas de la porte, onze nouvelles qui nous plonge dans des histoires de couples, d’individus perdus, de migrants en quête d’identité, et de femmes cherchant un sens à leur existence dans un monde qui semble les rejeter, un portrait brutal et parfois cynique des relations humaines, où l’indifférence et la superficialité dominent. - "Nine Continents: A Memoir In and Out of China" (2017) est un témoignage autobiographique, Xiaolu Guo raconte son enfance dans un village de pêcheurs, puis son passage à Pékin et son départ pour Londres, décrit la censure, la pauvreté, le poids du régime et la difficulté d’être une femme indépendante en Chine. Un livre qui remporte le National Book Critics Circle Award. Dans "Radical: A Life of My Own" (2023), Xiaolu Guo raconte son parcours de femme chinoise exilée en Occident, cherchant à se libérer des attentes sociales et des barrières culturelles. Un livre profondément personnel, qui aborde l’amour, la langue, le féminisme et l’appartenance culturelle. Contrairement à ses romans, elle se livre et nous offre un récit brut et sincère sur ce que signifie être une femme indépendante dans un monde qui cherche à vous définir. Le livre est structuré comme un journal intime, où Guo partage ses pensées, émotions et réflexions sur son identité en tant qu’étrangère en Occident.
Contrairement aux romans précédents qui explorent la jeunesse urbaine moderne, "Serve the People!" nous offre une satire érotique du régime maoïste, "Wèi Rénmín Fúwù" (2005), de Yan Lianke : un soldat qui devient l’amant de la femme d’un général, une relation interdite qui parodie la propagande communiste, et un livre a été censuré en Chine pour son contenu sexuel et subversif, et son critique du pouvoir politique...
Lijia Zhang, dans "Lotus" (2015), une auteure et journaliste chinoise qui s’est fait connaître pour ses récits engagés sur les réalités sociales de la Chine contemporaine.
Dans "Lotus", elle s’attaque à l’un des sujets les plus tabous en Chine moderne : la prostitution, en suivant le parcours d’une jeune femme qui se bat pour une vie meilleure dans la ville de Shenzhen, une métropole où rêves et désillusions coexistent. Zhang s’est inspirée d’une véritable enquête sur la prostitution en Chine, ayant rencontré et interviewé des travailleuses du sexe, afin de donner une voix à celles que la société chinoise préfère ignorer.
Lotus (un symbole bouddhiste de pureté, souvent associé aux femmes et à la vertu), une jeune femme originaire d’un village rural pauvre, part pour Shenzhen, une des villes les plus riches de Chine, en quête d’un meilleur avenir. Comme des millions de travailleurs migrants ruraux, elle rêve d’un emploi stable et d’une vie meilleure. Elle finit par travailler comme prostituée dans un salon de massage, un destin qu’elle n’avait jamais envisagé, mais qu’elle accepte par nécessité. Lotus travaille avec d’autres femmes venues de la campagne, toutes prises dans un cycle de pauvreté et d’exploitation. Les clients sont variés : hommes d’affaires, ouvriers, étudiants, fonctionnaires – prouvant que la prostitution touche toutes les classes sociales. La police fait régulièrement des descentes, mais les patrons savent comment les corrompre. Lotus rêve de quitter ce monde, mais ses options sont limitées (le paradoxe du salon de massage, lieu de survie, mais aussi de souffrance et de résignation). Lotus va attirer l’attention de Bing, un journaliste et photographe qui veut documenter la vie des travailleuses du sexe. Bing représente une autre facette de la modernité chinoise : il est éduqué, urbain, politiquement conscient, mais aussi prisonnier de ses propres contradictions. Il prétend vouloir aider Lotus, mais est-il sincère ou motivé par une fascination exotique ? Leur relation évolue entre admiration, désir et exploitation, reflétant les tensions entre hommes et femmes dans la société chinoise. Lotus cache son travail à sa famille restée au village, qui croit qu’elle a trouvé un emploi respectable en ville. Son frère veut qu’elle envoie de l’argent, illustrant la pression des liens familiaux et du devoir filial. Lorsqu’un événement tragique la forcera à retourner au village, elle se retrouvera confrontée aux attentes de sa famille et aux jugements sociaux. Lotus refuse de se laisser définir par son métier et cherche un moyen de s’en sortir : elle s’intéresse au bouddhisme, trouvant un certain réconfort dans la spiritualité, commence à économiser de l’argent pour ouvrir un petit commerce, rêvant d’une vie où elle ne dépendrait plus des hommes. Mais son parcours est semé d’obstacles, et la fin du roman laisse ouverte la question de son avenir...
Enfin, de la journaliste australienne Nicole Webb, "China Blonde" (2020), A Western Woman’s Journey into Modern China", le choc des cultures, les nouvelles tendances sexuelles en Chine et l’image des femmes dans une société en mutation : Mme Webb et son mari quittèrent un jour l'Australie pour s'installer à Xi'an, une ville ancienne connue pour ses guerriers en terre cuite, mais qui se modernise rapidement pour devenir une métropole mondiale. Des mémoires mêlent humour, observation et analyse culturelle ...
Central China (Huázhōng Dìqū)
Une région qui incarne le cœur historique et géographique de la Chine, berceau de la civilisation chinoise (des vestiges datant de plus de 3 000 ans : les ruines de Yin, près d’Anyang, sont l’un des sites archéologiques les plus importants de Chine, où ont été découvertes les premières inscriptions en caractères chinois) mais tout en étant aujourd’hui un pôle industriel et technologique en plein essor.
- Le Centre de la Chine a été le théâtre de nombreuses batailles historiques, notamment lors des guerres des Trois Royaumes et de la Révolution chinoise. La Bataille de la falaise rouge (Chìbì Zhī Zhàn, 208 après J.-C.), dans le Hubei, est l’une des plus célèbres batailles de l’histoire chinoise. Wuhan a été un centre révolutionnaire important lors du soulèvement de 1911, qui a conduit à la chute de la dynastie Qing et à l’établissement de la République de Chine.
- La région abrite certaines des plus anciennes et prestigieuses universités de Chine, notamment l’Université de Wuhan et l’Université du Henan. Zeng Guofan (1811-1872), philosophe confucéen, militaire et réformateur, connu pour avoir écrasé la rébellion des Taiping (1850-1864), et Wang Fuzhi 1619-1692), le dernier grand philosophe confucéen, deux figures majeures de la pensée chinoise, sont originaires du Hunan.
- La région est traversée par le fleuve Yangtsé, l’axe fluvial le plus important de Chine, facilitant le commerce. Les provinces du Hunan et du Henan sont des géants de l’agriculture chinoise, produisant du riz, du blé et des fruits en grande quantité.
- Le Mont Heng, l'une des cinq montagnes sacrées de Chine, attire des pèlerins et des randonneurs. - La Grotte de Longmen, au Henan, est l'un des plus grands ensembles de sculptures bouddhistes de Chine. - La Montagne Wudang, berceau du taoïsme et des arts martiaux, est mondialement connue. - Zhangjiajie, dans le Hunan, avec ses formations karstiques spectaculaires, a inspiré le film Avatar ...
Provinces and Capitals:
- Henan (河南省, Hénán Shěng) – Capital: Zhengzhou (Zhèngzhōu Shì)
- Hubei (湖北省, Húběi Shěng) – Capital: Wuhan (Wǔhàn Shì)
- Hunan (湖南省, Húnán Shěng) – Capital: Changsha (Chángshā Shì)
Wuhan (Hubei)
Population : Environ 11 millions d'habitants. Capitale de la province du Hubei et plus grande ville du Centre de la Chine. Un carrefour stratégique, surnommé "la porte de la Chine", au cœur du fleuve Yangtsé. Un des principaux centres économiques et technologiques de Chine (Wuhan abrite plusieurs des meilleures universités et centres de recherche de Chine).Wuhan est un centre clé dans les industries automobile, optoélectronique, biotechnologie et aérospatiale.
Elle abrite Dongfeng Motor Corporation, l’un des plus grands constructeurs automobiles chinois.
La ville est aussi un leader en intelligence artificielle et technologies de pointe, avec de nombreux parcs technologiques.
Attractions touristiques :
- Yellow Crane Tower, Tour de la Grue Jaune (Huanghelou) : Monument historique et emblématique offrant une vue panoramique sur le fleuve Yangtsé. 150M de visiteurs l'an, symbole historique et culturel de Wuhan.
- East Lake, Lac de l'Est (Donghu) : L'un des plus grands lacs urbains de Chine, entouré de parcs et de sentiers.
- Musée provincial du Hubei : Abritant des artefacts culturels, dont les célèbres cloches de bronze de Zenghouyi.
Le « Siduhe River Bridge » (Hubei) enjambe la rivière Sidu dans la région montagneuse de la préfecture autonome d'Enshi Tujia et Miao (portée principale de 900 mètres) : le pont fait partie de l'autoroute G50 Huyu, qui relie Shanghai à Chongqing. Lorsqu'il a été achevé en 2009, c'était le pont le plus haut du monde, avec une hauteur de tablier d'environ 496 mètres (1 627 pieds) au-dessus de la vallée de la rivière Sidu. Il a conservé ce record jusqu'en 2016, date à laquelle il a été dépassé par le pont de Beipanjiang. Sa hauteur en fait une merveille d'ingénierie, surtout si l'on tient compte de la difficulté du terrain.
Changsha (Hunan)
Population : Environ 8 millions d'habitants. Ville natale de Mao Zedong, avec de nombreux sites liés à son héritage, elle est habitée depuis plus de 3 000 ans, ce qui en fait l’une des plus anciennes villes de Chine (le site archéologique de Mawangdui abrite des tombes datant de la dynastie Han, avec des artefacts exceptionnels, dont des manuscrits et des tissus en soie vieux de plus de 2 000 ans). L’Académie de Yuelu, fondée en 976 sous la dynastie Song, est l’une des plus anciennes institutions académiques du monde encore en activité, un précurseur des universités modernes chinoises : Changsha fut ainsi le foyer de nombreux lettrés, poètes et penseurs confucéens, jouant un rôle clé dans le développement intellectuel de la Chine ...
Aujourd’hui, Changsha est un pôle technologique et économique en plein essor.
Elle est connue pour ses grands groupes industriels et technologiques, notamment SANY, un des plus grands fabricants de machines de construction au monde. Le Changsha IFS Tower, l’un des plus hauts gratte-ciel de Chine, symbolise la modernisation de la ville ...
Attractions touristiques :
- Mont Yuelu (Yuelu Shan) : Site naturel avec des sentiers de randonnée et des temples anciens.
- Île d'Orange (Juzizhou) : Île fluviale célèbre pour sa statue monumentale de Mao Zedong.
- Musée provincial du Hunan : Connu pour les reliques de la tombe de Mawangdui (l'une de momies les mieux conservées au monde).
Zhengzhou (Henan)
The "Crossroads of China", 12M6 d'habitants - un pôle industriel et technologique majeur : on y trouve un Temple du dieu de la ville (Chenghuangmiao), mais la ville s’est transformée en une métropole ultramoderne, avec des gratte-ciel impressionnants et des projets urbains ambitieux : le CBD (Central Business District, Zhengzhou East New District) de Zhengzhou est un symbole du développement rapide de la Chine intérieure...
Située sur le bassin du Fleuve Jaune, cœur de la civilisation chinoise (the "Cradle of Chinese Civilization"), Zhengzhou est l’un des plus grands hubs ferroviaires et autoroutiers de Chine, située au croisement des deux plus importants axes ferroviaires chinois, Pékin-Guangzhou (Nord-Sud), Lianyun Port–Lanzhou (Est-Ouest). La gare de Zhengzhou est l’une des plus fréquentées du monde, avec un réseau à grande vitesse ultra-moderne. Et l’aéroport international de Zhengzhou-Xinzheng est un centre logistique majeur, avec un hub mondial pour le fret. La ville est un centre de fabrication high-tech et automobile, notamment avec l’implantation d’entreprises comme Foxconn, qui produit des iPhones. Elle est également un centre mondial de l’aluminium et un hub pour l’industrie de l’électronique.
À proximité de Zhengzhou, on trouve le monastère de Shaolin (Shàolín Sì), considéré comme le berceau du kung-fu et du Chan (Zen) bouddhisme en Chine (selon la légende, le moine indien Bodhidharma serait arrivé au monastère au VIe siècle et aurait introduit les enseignements du bouddhisme Chan (connu sous le nom de Zen au Japon) et des exercices physiques pour renforcer le corps et l'esprit des moines). Ce site attire chaque année des milliers d’adeptes et touristes venus du monde entier pour pratiquer les arts martiaux et découvrir la culture bouddhiste.
Pendant la Révolution culturelle (1966-1976), le temple a été gravement endommagé, et ses moines persécutés. À partir des années 1980, sous l’ouverture économique de Deng Xiaoping, le gouvernement chinois a commencé à restaurer et promouvoir Shaolin comme un symbole national de la culture chinoise. En 1982, le film "Shaolin Temple" avec Jet Li a propulsé Shaolin sur le devant de la scène internationale. Ce succès a été suivi par de nombreux films, séries télévisées et documentaires qui ont contribué à la mythologie du kung-fu Shaolin. Dès les années 1990, le gouvernement chinois a encouragé le tourisme culturel autour du monastère.
Shaolin est aujourd’hui un site touristique majeur, attirant plus de 3 millions de visiteurs par an...
Le temple organise des démonstrations d’arts martiaux, des stages d’apprentissage et vend des billets d’entrée. Shi Yongxin, l’actuel abbé de Shaolin (depuis 1999), a transformé le temple en entreprise globale : la marque "Shaolin" a été déposée et des contrats de franchise ont été signés dans le monde entier. ("The Shaolin Monastery: History, Religion, and the Chinese Martial Arts", par Meir Shahar) ...
Luoyang (Henan)
Luoyang, l'une des quatre grandes capitales historiques de la Chine (avec Pékin, Xi'an et Nanjing), fut un creuset de cultures et de religions, dont le bouddhisme, le taoïsme et le christianisme nestorien. L'ouverture de la ville aux influences étrangères, en particulier sous la dynastie Tang, en a fait un centre cosmopolite le long de la route de la soie.
C'est un centre majeur du bouddhisme chinois comportant
- les Grottes de Longmen (Lóngmén Shíkū, Longmen Caves), abritant plus de 2 300 grottes et niches, contenant plus de 100 000 statues bouddhistes, 2 800 inscriptions et 40 pagodes, s'étendant sur environ un kilomètre le long de la rivière Yi, et sculptées dans la roche entre les Ve et Xe siècles. C'est l'un des plus impressionnants ensembles de sculptures bouddhistes au monde, rivalisant avec les grottes de Yungang et de Mogao. Parmi les trésors du site, la grotte de Fengxiansi se distingue avec une statue monumentale de Bouddha Vairocana de 17,14 mètres de haut, commandée par l'impératrice Wu Zetian au VIIe siècle.
Le site a accueilli plus de 60 000 visiteurs le 5 avril 2015, lors des congés de Qingming ...
- Le Temple du Cheval Blanc (Báimǎ Sì), le premier temple bouddhiste de Chine, fondé en 68 après J.-C. sous la dynastie des Han de l'Est.
("Luoyang: A Chinese City Through the Ages", by Arthur F. Wright - "The Longmen Grottoes and Buddhist Art in China" by Angela Falco Howard - "The Cambridge History of China" (Volumes on the Han, Tang, and Song Dynasties).
Mais aussi,
- Le berceau du taoïsme et des arts martiaux, la montagne Laojunshan, proche de Luoyang, associée à Laozi, le fondateur du taoïsme, qui aurait rédigé le "Dao De Jing" dans la région. Luoyang est aussi proche du monastère de Shaolin, considéré comme le berceau du kung-fu.
- Le lieu où a été compilé le Livre des Rites ((Lǐjì), un des cinq classiques du confucianisme.
- Luoyang est surnommée la "Ville des Pivoines" : elle est le centre de culture et de célébration de cette fleur, depuis plus de 1 500 ans, symbole de prospérité en Chine.
Kaifeng (Henan)
Célèbre pour son patrimoine architectural et son ambiance traditionnelle (Pagode de Fer, chef-d'oeuvre architectural Song, le Palais du Gouverneur Bao et le Jardin Qingming Riverside, reconstitution grandeur nature d’une célèbre peinture Song...
Kaifeng abrite l'une des plus anciennes communautés juives de Chine ("The Jews of Kaifeng, China: History, Culture, and Religion", Xu Xin). Les Juifs de Kaifeng s'y sont installés pendant la dynastie des Song du Nord et ont maintenu leurs traditions pendant des siècles. Aujourd'hui, leurs descendants vivent toujours dans la ville et des efforts sont déployés pour préserver leur héritage. La ville est célèbre dans le roman classique chinois « The Water Margin» (Shui Hu Zhuan), l'un des quatre grands romans classiques de la littérature chinoise. Le roman décrit la vie et les aventures de hors-la-loi pendant la dynastie Song, avec Kaifeng comme décor central.
Yichang (Hubei)
Une ville touristique liée au fleuve Yangtsé (le fleuve Yangtsé est l’un des plus sujets aux inondations en Chine, causant des catastrophes historiques : inondation de 1931 : plus de 3 millions de morts), et aux croisières et la porte d’entrée du Barrage des Trois Gorges (Sānxiá Dàbà), le plus grand barrage hydroélectrique du monde en termes de capacité installée (22 500 MW) et de puissance de production électrique. Un chef-d'œuvre d'ingénierie, achevé en 2012 après 18 ans de travaux, est une prouesse technologique et environnementale sans précédent (plus grand que le Barrage d’Itaipu (Brésil-Paraguay, 14 000 MW), et plus puissant que le Barrage Hoover (USA, 2 080 MW) ou le Barrage des Trois Gorges canadien). Produit environ 100 térawattheures (TWh) d'électricité par an, soit l'équivalent de 50 millions de tonnes de charbon économisées chaque année...
L'une des conséquences : la transformation du Yangtsé en une véritable autoroute fluviale, facilitant la navigation sur plus de 2 000 km entre Chongqing et Shanghai...
Le film le plus célèbre de Jia Zhangke, "Still Life" (2006, Sānxiá hǎorén) est un film emblématique du cinéma social chinois, mettant en scène les bouleversements causés par le projet du barrage des Trois-Gorges.
Jia Zhangke utilise le destin individuel pour illustrer les mutations gigantesques de la Chine contemporaine, en montrant comment des milliers de personnes sont déplacées à cause du développement économique. La ville de Fengjie, en train d’être engloutie sous les eaux, devient le symbole d’une Chine qui sacrifie son passé et ses habitants au nom du progrès. L’histoire suit deux personnages en quête de proches disparus dans cette ville en destruction, Sanming, un mineur du Shanxi, qui cherche sa femme disparue, et Shen Hong, une infirmière, qui tente de retrouver son mari qui l’a quittée. Leurs parcours sont entrecoupés de scènes de vie quotidienne et de moments contemplatifs, où l’urbanisation chaotique et les destructions occupent autant d’espace que les dialogues. Il utilise des plans longs et fixes, laissant au spectateur le temps d’observer les détails d’une Chine en pleine transformation. Le film intègre aussi des éléments poétiques et absurdes, comme des bâtiments qui s’envolent ou des moments de silence irréel, renforçant la sensation d’un monde en mutation incontrôlable.
Still Life a remporté le Lion d’Or à Venise en 2006, faisant de Jia Zhangke l’un des cinéastes chinois les plus influents sur la scène mondiale. Le film a été interdit ou censuré en Chine, bien qu’il ait été produit avec l’accord officiel du gouvernement, signe de son pouvoir critique sur la société chinoise...
Zhangjiajie (Hunan)
Un site mondialement célèbre pour ses paysages karstiques spectaculaires. Ses formations rocheuses iconiques, qui ont inspiré les montagnes flottantes du film Avatar, font de cette région un site naturel incomparable. Son Parc National de Zhangjiajie est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO ...
- "Zhangjiajie National Forest Park", le Parc National Forestier de Zhangjiajie, créé en 1982, le premier parc forestier national de Chine et s’étend sur environ 11 900 hectares. Le parc est la principale attraction, avec ses piliers de grès emblématiques et ses paysages époustouflants. Il peut accueillir 20 000 à 30 000 visiteurs par jour en haute saison.
- "Tianmen Mountain", connue pour sa grotte de la « Porte du Ciel » (Heaven's Gate), une arche naturelle de 131,5 mètres de haut, la plus haute grotte karstique du monde, souvent enveloppée de nuages, ce qui lui confère une atmosphère mystique, et ses passerelles à flanc de falaise : la montagne Tianmen attire 10 000 à 15 000 visiteurs par jour aux heures de pointe. Le Téléphérique de Tianmen, considéré comme l'un des plus longs téléphériques du monde, 7 500 mètres reliant directement la ville de Zhangjiajie au sommet de la montagne; la "Route des 99 virages" ("Tongtian Avenue") et ses 99 virages serrés menant à la grotte de Tianmen;
- Le Pont de verre de Zhangjiajie (Zhangjiajie Grand Canyon Glass Bridge), le plus long et du plus haut pont de verre du monde, mesurant 430 mètres de long et suspendu à 300 mètres au-dessus du sol, offrant une vue panoramique spectaculaire. Ce pont célèbre dans le monde entier est limité à 8 000 visiteurs par jour, mais la demande dépasse souvent la capacité d'accueil, surtout pendant les vacances.
- L'ascenseur Bailong (The Bailong Elevator, Hundred Dragons Elevator), un ascenseur en verre, construit à flanc de falaise, est le plus haut ascenseur extérieur du monde. Il s'élève sur 326 mètres et permet aux visiteurs d’accéder rapidement aux sommets des montagnes.
- Yuanjiajie (Avatar Hallelujah Mountain), la zone la plus célèbre du parc, qui peut être extrêmement fréquentée, avec des milliers de visiteurs par heure aux heures de pointe.
"Zhangjiajie: Majestic Mountains of Hunan, China" (Sun Jian Hua) illustre toute la beauté majestueuse de Zhangjiajie à travers des photographies de ses montagnes, falaises, forêts et rivières. - "Zhangjiajie: A Natural Wonder" (Li Wei) - "China's Sacred Sites" (Nan Shunxun, Beverly Foit-Albert), nous révèles toutes les merveilles spirituelles et naturelles de la Chine, dont Zhangjiajie...
Shen Congwen (1902-1988)
Un auteur incontournable pour ceux qui veulent comprendre la Chine rurale et poétique du XXe siècle, à la frontière entre tradition et modernité.
Shen Congwen est indissociable de la province du Hunan, dans le Sud-Ouest de la Chine, où il est né et où il a situé la majorité de ses récits. Il appartient spécifiquement à la région du Xiangxi (Ouest du Hunan), une zone montagneuse marquée par la diversité ethnique et une forte influence des minorités Miao et Tujia. Il transformera le Hunan en un espace mythique dans la littérature chinoise moderne. Ses récits mettent en effet en scène sa ville de naissance, Fenghuang, avec son architecture ancienne, ses ponts de pierre et ses maisons sur pilotis, - souvent considérée comme le décor réel de "Border Town" -, les rivières et les montagnes du Xiangxi, une région reculée et peu touchée par la modernisation, des minorités ethniques vivant en dehors du système impérial et républicain chinois, des bateliers, commerçants et soldats, figures clés d’un monde en mutation, une société en transition, entre traditions millénaires et modernisation forcée.
"Border Town" (Biānchéng, 1934), son chef-d’œuvre, considéré comme l’un des plus grands romans chinois modernes, raconte l’histoire d’une jeune fille, Cuicui, vivant avec son grand-père, un passeur de bac, dans une petite ville au bord d'une rivière (Yuan). Cuicui est innocente, gentille et profondément reliée au monde naturel qui l'entoure. Sa vie est simple et quasi idyllique, mais va se compliquer lorsqu'elle attire l'attention de deux jeunes frères, Tianbao (l'aîné) et Nuosong (le cadet), qui tombent tous deux amoureux d'elle. Ces fils d’un riche marchand du village vont devenir les figures centrales du drame. Leur père, respecté dans la communauté, organise un concours de chant traditionnel pour déterminer qui remportera la main de Cuicui. Mais Tianbao, l’aîné, quitte le village après avoir compris que Cuicui préfère inconsciemment Nuosong. Dans un rebondissement tragique, Tianbao meurt noyé dans la rivière, un écho au destin de la mère de Cuicui.Nuosong, accablé par la culpabilité, décide à son tour de quitter le village pour une vie nouvelle. Cuicui, restée seule avec son grand-père, espère le retour de Nuosong. Son grand-père, vieillissant, devient de plus en plus inquiet pour son avenir. Mais il meurt et Cuicui, encore plus abandonné à elle-même, sur le bord de la rivière, espérant toujours le retour de Nuosong...
À travers une histoire d’amour tragique, il dépeint un monde paisible mais condamné par la modernisation. Un roman hautement symbolique, représentant une Chine rurale idéale et poétique.
Suivront "The Long River" (1938), une fresque sur la vie des bateliers du fleuve Yuan dans le Hunan; "Impressions of a Trip to Hunan" (1941), un recueil d’essais autobiographiques sur ses voyages dans le Hunan, décrivant les coutumes locales, la nature et la culture des minorités ethniques. Après 1949, avec l’arrivée des communistes au pouvoir, Shen Congwen sera accusé de ne pas être un écrivain révolutionnaire : forcé d’abandonner la littérature, il devient chercheur en histoire et muséologie, spécialisé dans les costumes anciens chinois. Il reviendra à la littérature tardivement, mais sans retrouver son influence d’antan.
Han Shaogong (1953)
Il est l’une des figures majeures du mouvement "Xungen Wenxue" ("Littérature des Racines") qui cherche à retrouver l’identité culturelle chinoise après la Révolution culturelle et réconcilier la modernité avec la tradition : dans les années 1980, ce mouvement vise à redécouvrir les traditions chinoises enfouies, en opposition à la standardisation maoïste en explorant les dialectes locaux, les mythes régionaux et les cultures minoritaires dans ses récits.
"A Dictionary of Maqiao" (Mǎqiáo Cídiǎn, 1996), son œuvre la plus célèbre, une œuvre expérimentale et inclassable, dans laquelle Han Shaogong mélange fiction, ethnographie, autobiographie et réflexion linguistique. Au lieu d’un récit linéaire traditionnel, le roman est structuré comme un dictionnaire, où chaque chapitre explore un mot ou une expression spécifique du dialecte de Maqiao, un village fictif inspiré par l’expérience de l’auteur dans le Hunan rural pendant la Révolution culturelle. À travers cette structure originale, Han Shaogong analyse la manière dont le langage façonne la perception du monde et expose les absurdités du système maoïste et du choc entre modernité et traditions rurales.
Le roman est composé de plus de 100 entrées lexicales, chacune servant de prétexte à une anecdote, une réflexion philosophique ou une critique sociale.
Le narrateur (inspiré de Han Shaogong lui-même) est envoyé dans le village de Maqiao, dans le Sud de la Chine, pendant la Révolution culturelle. Il y découvre un monde totalement différent de celui des villes, régi par des croyances locales, des coutumes étranges et un dialecte unique.
Le langage devient une barrière, car certains mots du dialecte Maqiao ont des significations différentes de leur usage standard en mandarin.
Ainsi, le mot "féiyán", qui signifie en mandarin "parole inutile", est utilisé à Maqiao pour désigner une vérité évidente. Une inversion montre comment les mots influencent la perception de la réalité, que la langue n’est pas neutre et qu'elle reflète les valeurs et la vision du monde d’une culture spécifique. La traduction culturelle est donc impossible : le narrateur ne pourra jamais comprendre Maqiao tant qu’il pense en mandarin standard...
Et à travers les entrées du dictionnaire, Han Shaogong va raconter des histoires tragiques, absurdes ou comiques des habitants de Maqiao...
Ainsi l’histoire de "Le Boiteux" : un vieil homme surnommé Le Boiteux est perçu comme un sage local. Il est souvent moqué par les jeunes révolutionnaires, qui le considèrent comme arriéré.
Pourtant, ses réflexions sur la vie sont profondément philosophiques, révélant une sagesse rurale bien plus complexe que les slogans communistes (la modernité maoïste peut mépriser les traditions rurales, mais celles-ci recèlent une profonde intelligence cachée).
L’histoire de "Baisheng" : Un homme du village nommé Baisheng est emprisonné puis exécuté pour un crime qu’il n’a pas commis. Son seul tort est d’avoir un nom trop prétentieux, qui signifie "Cent Victoires", ce qui irrite les autorités locales. Le langage scelle son destin : son nom est interprété comme une menace pour le Parti, et il est condamné sans preuve (oui, le pouvoir politique déforme le langage pour asseoir son autorité).
L’histoire de "La Femme au Ruisseau" : une femme mystérieuse apparaît toujours près d’un ruisseau, répétant les mêmes phrases incompréhensibles. Elle est considérée comme folle, mais on découvre qu’elle a été traumatisée par un événement du passé. Son langage est un code brisé, un moyen de résister au silence imposé par la société (oui, le langage est une prison, et certains cherchent à en sortir par la répétition, l’oubli ou la folie) ..
Le Parti communiste manipulait le langage pour contrôler la pensée, à l’inverse, le dialecte de Maqiao représente une résistance silencieuse, un monde où les mots gardent une autonomie face au pouvoir...
"Bàba Bà" (1985), une nouvelle qui conte dans un village reculé du Hunan, la naissance d'un enfant étrange qui ne parle pas et qui, au lieu de pleurer, répète "bàbàbà", un son indéfinissable, sans signification claire, que les villageois vont interpréter comme un mauvais présage : et le considéraient l'enfant comme un être anormal. L’enfant va grandir, mais rester muet, répétant sans cesse "bàbàbà" : il devient un objet de curiosité et de crainte pour les villageois, qui se partagent entre rejet et curiosité. L’incapacité de l’enfant à parler reflète ainsi la crise du langage et de l’identité culturelle après la Révolution culturelle, et son mutisme, une métaphore de la difficulté à exprimer des pensées individuelles dans une société conformiste. Les parents vont consulter divers médecins traditionnels et chamans, espérant "guérir" leur fils.
Ils utilisent des rituels ancestraux, des exorcismes, des potions étranges, mais rien ne fonctionne. Certains villageois pensent que l’enfant est habité par un esprit ancien ou qu’il est une réincarnation maléfique. Rejeté par la communauté, l’enfant finira par quitter le village, errant sans but, traversant des paysages mystérieux jusqu'à sombrer dans une sorte de délire, entre réalité et rêve et disparaître dans un monde onirique, où le langage n’a plus de sens ..
"Homecoming?" (Guīqù Lái, 1985) - Le titre chinois évoque le célèbre poème de Tao Yuanming (Ve siècle), "Retour à la maison", un texte classique sur le retour à la nature après une vie d’errance et de corruption. Mais ici, le point d’interrogation en anglais ("Homecoming?") change tout, annonçant une réflexion critique sur l’idée du retour aux origines.
Le protagoniste, un homme d’âge moyen, revient dans son village natal reculé après de nombreuses années d’absence. Son retour est motivé par une nostalgie profonde et un désir de retrouver ses racines, sentiment partagé par de nombreux Chinois ayant quitté leur province natale pour les grandes villes. Il espère revoir les paysages de son enfance, les visages familiers et retrouver un sentiment d’appartenance. Mais dès son arrivée, il réalise que le village a changé, les maisons, les rivières, les collines ne sont plus telles qu’il les avait laissées, les gens du village le traitent comme un étranger, avec une distance et une froideur inattendues. Il cherche des repères de son passé, mais tout semble avoir disparu ou s’être transformé. Il tente de dialoguer avec les villageois, mais il se rend compte que les liens ont été rompus. Son langage, ses manières et sa vision du monde sont désormais différents de ceux des habitants du village. Lui-même est devenu un étranger, incapable de s’intégrer dans le monde qu’il pensait sien - (Nos racines sont-elles immuables, ou bien sont-elles un simple mirage ?) -. Désabusé, 'homme quittera le village, réalisant que son retour était une erreur. Et la nouvelle se termine sur une note ambiguë et mélancolique : est-on condamné à errer sans jamais appartenir à aucun lieu ? Tao Yuanming célébrait le retour à la nature comme un acte de sagesse et de paix. Han Shaogong inverse donc cette vision : le retour ne mène pas à l’harmonie, mais à une crise de soi ...
"Anshi" (Intimations, 2002), de Han Shaogong
Le titre chinois signifie "suggestion" ou "implication indirecte", ce qui reflète le ton subtil et elliptique du roman, un roman qui joue avec les perceptions et les silences, laissant le lecteur décoder des vérités cachées à travers les détails du récit. Et comme dans "Homecoming?", le protagoniste est un homme en quête de ses racines, mais qui découvre qu’on ne peut jamais vraiment revenir en arrière.
Le narrateur, un homme d’âge moyen, revient dans une région qu’il a connue dans son enfance. Dès le début, il sent une tension étrange dans l’air, comme si quelque chose d’invisible pesait sur lui. Il croise d’anciens visages, mais les interactions sont marquées par des silences gênants et des regards fuyants. Pourquoi ce malaise ? Qu’est-ce qui n’est pas dit ? Le narrateur commence à explorer les lieux, cherchant à comprendre l’étrangeté du présent. Il retrouve une maison abandonnée, qui lui évoque des souvenirs d’enfance, mais il ne sait pas pourquoi. Des détails insignifiants prennent une importance mystérieuse, un mur fissuré, un parfum familier, une voix qu’il croit reconnaître. À mesure qu’il reconstruit les morceaux du passé, un sentiment d’angoisse grandit. Peu à peu, des fragments de conversations et de souvenirs évoquent un drame passé. Quelque chose s’est produit ici autrefois, quelque chose que tout le monde semble éviter de nommer. Le lecteur devine une tragédie, mais le texte ne l’expose jamais directement. La clé de l'histoire est dans l’interprétation des "intimations", des indices dissimulés dans les silences...
"The Woman from Shanghai" (Shànghǎi Nǚrén, 2001) - un personnage féminin bien mystérieux et complexe dans le contexte de la Chine urbaine contemporaine : contrairement à ses œuvres précédentes ancrées dans le Hunan rural et les traditions minoritaires, la nouvelle se déroule principalement en ville, marquant un tournant dans réflexion sur la modernisation chinoise et et sur destin des individus déracinés.
L’héroïne, connue uniquement sous le nom de "la femme de Shanghai", quitte sa ville natale pour un petit village du Sud de la Chine. Pourquoi une femme raffinée et moderne quitte-t-elle Shanghai, symbole de richesse et de cosmopolitisme, pour un endroit reculé ? Dès son arrivée, elle est perçue comme une étrangère, regardée avec curiosité et parfois méfiance par les villageois. Sa manière de parler, ses vêtements et son éducation tranchent avec le monde rural dans lequel elle tente de s’intégrer. La femme de Shanghai tente d’adopter la vie villageoise, mais elle ne peut cacher son passé ni son éducation sophistiquée : elle est rapidement associée à un passé trouble et ambigu, une relation amoureuse qui aurait mal tournée, des rêves brisés, des regrets, la quête d’un nouvel amour, d’une seconde chance? Les hommes du village s’intéressent à elle, mais elle garde une distance étrange, comme si elle était prisonnière d’un autre temps, d’un autre monde. Elle entame cependant une relation avec un homme du village, attiré par sa sophistication et son aura mystérieuse. Mais cette romance reste marquée par une profonde incompréhensions : lui ne comprend pas sa nostalgie pour Shanghai, elle ne comprend pas son attachement au village et à ses traditions. Le fossé culturel et émotionnel grandit, créant un sentiment de frustration et d’isolement mutuel. Peu à peu, la femme réalise que le village ne peut pas être son refuge, tout comme Shanghai n’a jamais été son foyer véritable.
Son amant, malgré son amour, ne peut la comprendre ni la sauver. Et la représentation qu'elle avait pu avoir d'un village paisible prend une toute autre tournure : elle y découvre les jalousies, les commérages et la rigidité des traditions locales. Elle décide alors de repartir, mais vers où ?
Shanghai ne l’attend plus. Le village ne l’a jamais acceptée pleinement (la modernité crée des individus errants, qui n’ont plus de place nulle part, la femme de Shanghai est une exilée de l’âme, condamnée à chercher un lieu qui n’existe plus). La femme va quitter le village sans destination claire, laissant derrière elle une trace qui peut-être ne s'effacera pas, mais porteur d'aucune certitude sur l’avenir ...
Enfin, "Mountains and Rivers Without End" (Shānnán Shuǐběi, 2006) constitue un recueil d'essais mêlant réflexion personnelle, commentaire culturel et enquête philosophique, sur la relation entre l'homme et le monde naturel, l'importance de renouer avec la culture traditionnelle et la vie rurale, la prose y est toujours lyrique et sa vision profonde de la culture et de la société chinoises.