PAYSAGES - EAST ASIA - China

China - NorthEast China (东北地区, Dōngběi Dìqū) - North China (华北地区, Huáběi Dìqū) - .. 

Lu Xun (1881-1936), "La véritable histoire d'A Q" (1921) - Lao She (1899-1966), "Rickshaw Boy" (1936) - Gao Xingjian (1940), "La Montagne de l’Âme" (1990, Soul Mountain), "Le Livre d’un homme seul" (1999, One Man’s Bible) - Ma Jian (1953), "Red Dust: A Path Through China" (2001), "Beijing Coma" (2008, Dai Wei), "The Chinese Dream" (2018) - Mo Yan (1955), "Le Clan du Sorgho rouge" (1986), "Fēng rǔ féi tún" (1995, Big Breasts and Wide Hips), "Jiǔguó" (The Republic of Wine, 1993), "Grenouilles", (2009) - Yan Lianke (1958), "Servir le peuple" (2005, Wèi Rénmín Fúwù), "Les Quatre Livres" (2010, Sìshū) - Wang Shuo (1958), "Qiānwàn Bié Bǎ Wǒ Dāng Rén" (1989, Please Don't Call Me Human), "Dòngwù Xiōngměng" (1991, Wild Beasts) - Yu Hua (1960), "Huózhe" (To Live, 1993), Xiōngdì" (2005, Brothers) - Han Han (1982), "Sān Chóng Mén" (2000, Triple Door), "Yī Zuò Chéng Chí (A City of One's Own", 2006), "1988: Wǒ Xiǎng Hé Zhège Shìjiè Tán Tán" (1988: I Want to Talk With the World, 2010) - ...


Pendant la dynastie Qing (1644–1912), le découpage territorial a été systématisé, formant la base des provinces modernes. Les provinces ont souvent été définies par des frontières naturelles (montagnes, fleuves, déserts). Sous la République populaire de Chine, créée en 1949, ce découpage a été conservé, en y ajoutant des régions autonomes et des municipalités spéciales. La Chine est donc divisée en régions administratives, avec un système structuré en plusieurs niveaux de gouvernance, soit  34 divisions administratives de niveau provincial, regroupées en cinq catégories principales : 23 provinces (ex. Guangdong, Sichuan, Hunan), 5 régions autonomes (ex. Xinjiang, Tibet, Mongolie-Intérieure), 4 municipalités sous contrôle direct du gouvernement central (Pékin, Shanghai, Tianjin, Chongqing), 2 régions administratives spéciales (Hong Kong, Macao).

On peut diviser la Chine en 7 grandes régions géographiques, une classification largement utilisée pour l’économie, la planification urbaine et l'analyse démographique...

- Nord-Est de la Chine (东北地区, Dōngběi Dìqū)

- Nord de la Chine (华北地区, Huáběi Dìqū)

- Est de la Chine (华东地区, Huádōng Dìqū)

- Centre de la Chine (华中地区, Huázhōng Dìqū)

- Sud de la Chine (华南地区, Huánán Dìqū)

- Sud-Ouest de la Chine (西南地区, Xīnán Dìqū)

- Nord-Ouest de la Chine (西北地区, Xīběi Dìqū)

Deux régions bénéficiant d’un haut degré d’autonomie, avec leur propre système juridique, économique et politique, basé sur le principe "un pays, deux systèmes", Hong Kong (rétrocédée par le Royaume-Uni en 1997). et Macao (rétrocédée par le Portugal en 1999)...


North China (Huáběi)

Le Berceau de la Civilisation Chinoise - C'est l’une des plus anciennes régions habitées de Chine, avec des preuves d’occupation humaine depuis plus de 500 000 ans (ex. Homme de Pékin). Les premières dynasties chinoises (Xia, Shang, Zhou) sont apparues ici, le long du Fleuve Jaune (Huáng Hé), le "berceau de la Chine". Le paysage culturel millénaire inclut des villes impériales comme Pékin (Beijing), Datong, Luoyang, et Kaifeng, qui ont été des capitales sous différentes dynasties.

Ici se trouve le centre Politique et Stratégique de la Chine : Pékin (Beijing) est la capitale de la Chine depuis 1267, sous la dynastie Yuan (Mongols), et est le cœur du pouvoir chinois jusqu’à aujourd’hui. La région abrite certaines des sections les plus célèbres de la Grande Muraille, construite pour protéger la Chine contre les invasions mongoles et mandchoues.

C'esr par ailleurs une zone tampon historique entre la Chine centrale et les peuples nomades du Nord (Xiongnu, Mongols, Mandchous).

Sous un climat continental sec avec des hivers froids et des étés chauds, se trouve ici l'une des plus grandes plaines fertiles d’Asie, favorisant l’agriculture intensive. Les zones désertiques et steppiques au nord, bordant la Mongolie intérieure, marquent la transition entre les grandes steppes et l’intérieur chinois.

C'est aussi un centre Économique Ancien et Moderne, la plaine du Nord de la Chine est le "Grenier à blé" de la Chine avec des cultures de blé, maïs, sorgho, tandis que Tianjin et Tangshan sont des centres industriels majeurs depuis le XIXe siècle.

En terme d'influence Culturelle Mondiale, des penseurs comme Confucius et Mencius ont influencé la région, dont les valeurs façonnent encore aujourd’hui l’Asie...

 

Provinces and Capitals:

- Beijing (北京市, Běijīng Shì) – Capital: Beijing

- Tianjin (天津市, Tiānjīn Shì) – Capital: Tianjin

- Hebei (河北省, Héběi Shěng) – Capital: Shijiazhuang (Shíjiāzhuāng Shì)

- Shanxi (山西省, Shānxī Shěng) – Capital: Taiyuan (Tàiyuán Shì)

- Inner Mongolia (内蒙古自治区, Nèi Měnggǔ Zìzhìqū) – Capital: Hohhot (Hūhéhàotè Shì)


Pékin (Beijing)

21,7 millions de personnes (estimation 2023), l’une des villes les plus peuplées au monde et la capitale la plus peuplée à l’échelle mondiale ... 

En tant que capitale de la Chine, Pékin est le cœur politique du pays, abritant le gouvernement central, le Parti communiste chinois et des institutions clés comme la Grande salle du peuple et Zhongnanhai (le complexe de direction). Pékin est  une ville qui juxtaposait les hutongs traditionnels (des ruelles étroites qui remontaient à la dynastie Yuan (1271-1368), et étaient autrefois des communautés dynamiques et autosuffisantes : cf. le hutong de Hanjia, situé près de Qianmen dans le district de Xicheng) .... 

Le processus de modernisation urbaine de Pékin a commencé dans les années 1950, après la fondation de la République populaire de Chine en 1949. Mao Zedong a lancé une première phase de restructuration avec l’objectif de faire de Pékin une capitale socialiste moderne. Cependant, à cette époque, les destructions restaient limitées par rapport aux grandes vagues de modernisation ultérieures. Le véritable tournant a eu lieu dans les années 1980 et 1990, avec les réformes économiques de Deng Xiaoping ..

La croissance économique rapide et l’urbanisation ont conduit à une restructuration massive du centre-ville. C’est durant cette période que les premières démolitions de hutongs ont commencé à grande échelle, remplacés par des immeubles modernes, des routes et des zones commerciales. Le processus de modernisation s’est fortement accéléré à partir des années 2000, notamment en prévision des Jeux olympiques de 2008 : accélération des projets d’urbanisme, avec la destruction de plusieurs quartiers historiques et la construction d’icônes modernes tels que le "Bird’s Nest" (symbole des Jeux olympiques), le "Water Cube" (parc aquatique au design inspiré des bulles d’eau), le Siège de la Télévision Centrale de Chine (CCTV, surnommé "le pantalon" Dà Kùchǎ)" en raison de sa silhouette qui évoque un immense pantalon posé sur la ville) et devenu un repère visuel majeur de Pékin, la Tour de Pékin (le plus haut gratte-ciel de la capitale (528 m, 108 étages)au design inspiré des vases rituels chinois "Zun") qui domine le CBD de Pékin (quartier des affaires, Chaoyang District), la Bibliothèque nationale de Chine (NLC, une des plus grandes bibliothèques au monde, avec un design minimaliste et épuré, elle symbolise la modernisation de la culture et du savoir en Chine), le célèbre le célèbre "798 Art District" (un ancien complexe industriel devenu un centre artistique majeur).

Et c'est l'un des plus grands réseaux de transports au monde : aéroport international (un des plus grands aéroports au monde, conçu en 2019 pour ressembler à une étoile de mer vue du ciel), réseau ferroviaire à grande vitesse, métro parmi les plus développés.  La ville fait face à des défis comme la pollution de l’air, mais depuis Pékin aurait choisi  la voie de la "modernisation intelligente", avec une expansion vers des villes satellites (comme Xiong’an), la rénovation des quartiers anciens restants et un recentrage sur la "haute technologie" (cutting-edge technology) et l'urbanisme écologique...

"Beijing Record: A Physical and Political History of Planning Modern Beijing", de Wang Jun (2011) et "Beijing Time", par Michael Dutton, Hsiu-ju Stacy Lo et Dong Dong Wu (2008), invitent à comprendre les évolutions urbaines de Pékin, avec un regard plus anthropologique pour le deuxième. 

 

Attractions touristiques - Pékin a connu une augmentation significative du nombre de visiteurs ces dernières années. Entre janvier et octobre 2024, la ville a accueilli 3,17 millions de touristes internationaux, soit une augmentation de 198,8 % par rapport à l'année précédente. Pendant les congés de la Fête de la mi-automne en septembre 2024, Pékin a enregistré plus de 8,17 millions de visites touristiques ...

Pékin est divisée en 16 districts administratifs...


Le District de  ... Dongcheng,  le centre historique et culturel de Pékin, abritant les sites les plus célèbres...

 

- En plein centre de Pékin, la "Cité Interdite (Forbidden City", Gùgōng, le Musée du Palais / Zǐjìnchéng, La Cité Pourpre Interdite) : le plus grand et le mieux préservé des palais impériaux au monde, un chef-d’œuvre architectural respectant les principes du Feng Shui et du confucianisme(chaque bâtiment a une signification cosmique et philosophique, l’axe central est ainsi aligné avec la Voie lacté), résidence des empereurs Ming et Qing (1420-1912)et  lieu de décisions politiques majeures qui ont modelé l’histoire chinoise, interdite au peuple pendant plus de 500 ans, l’un des musées les plus visités au monde avec plus de 17 millions de visiteurs annuels ...

"Curse of the Golden Flower" (2006, Mǎnchéng Jìndài Huángjīnjiǎ), de Zhang Yimou, inspiré de la pièce de théâtre "Thunderstorm" (1933) de Cao Yu, une tragédie impériale située sous la dynastie Tang, est un véritable chef-d’œuvre esthétique, avec des décors somptueux, des costumes extravagants et une photographie d’une richesse inouïe. L’histoire suit l’Empereur Ping, qui dirige son empire avec poigne, et l’Impératrice Phoenix, qui complote secrètement contre lui après avoir découvert qu’il l’empoisonne lentement. Leurs fils, pris entre loyauté et rébellion, se retrouvent au cœur d’un drame de trahisons, d’incestes et de complots sanglants, alors qu’une bataille titanesque éclate au sein du palais impérial. L’Impératrice, incarnée par Gong Li, est un personnage tragique mémorable, prise au piège d’un amour interdit et d’un mariage de pouvoir destructeur. Le film évoque l’illusion du pouvoir et la fatalité du destin, avec un final aussi spectaculaire que désespéré.

À travers les intrigues de la cour, le film offre une métaphore du pouvoir oppressif et de ses conséquences destructrices. Contrairement à "Hero" (2002) et "House of Flying Daggers" (2004), qui exaltent le combat et la liberté, "Curse of the Golden Flower" propose une vision plus statique et théâtrale. Si des scènes de bataille et d’action sont spectaculaires, le film est avant tout un huis clos psychologique, où les combats sont autant verbaux que physiques. Son succès au box-office en a fait l’un des films chinois les plus rentables de son époque, prouvant l’influence de Zhang Yimou sur le marché mondial ...


- La Place Tian'anmen (Tiān’ānmén Guǎngchǎng), située devant la Cité Interdite, la plus grande place publique du Monde pouvant accueillir simultanément plus d'un million de personnes, centre des célébrations officielles et lieu de protestations historiques. Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclama la fondation de la République populaire de Chine depuis la porte Tian’anmen.En 1989, les manifestations de Tian’anmen furent événement majeur du XXe siècle, marqué par une répression militaire. Des millions de personnes la visitent chaque année, faisant de Tian’anmen l’une des places les plus photographiées du monde...


- Le Temple du Ciel (Tiantan), situé au sud de Pékin, à environ 3 km de la Cité Interdite, et plus grande que celle-ci, le plus grand complexe religieux impérial de Chine (les empereurs venaient y prier pour de bonnes récoltes, un lieu sacré où l’empereur, "Fils du Ciel" (Tiānzǐ) venait "parler" directement aux cieux). Il est conçu selon les principes du Feng Shui et du yin-yang, avec une disposition géométrique parfaite, les bâtiments sont ronds (symbolisant le ciel) et les plates-formes et esplanades sont carrées (symbolisant la Terre), les toits bleus représentent le ciel, l’usage du marbre blanc symbolise la pureté du lien entre l’empereur et le divin. La Salle des Prières pour de Bonnes Récoltes (Qínián Diàn) est le bâtiment le plus célèbre, avec son toit en triple dôme bleu, tandis que "la Pierre du Son du Ciel" (Huíyīn Bì), un mur circulaire qui fait résonner la voix à distance. symbolise la connexion entre l’empereur et les dieux. L’un des temples les plus visités de Chine, avec plus de 10 millions de visiteurs par an...


Entre culture locale et influences mondiales, à la différence de nombreux quartiers traditionnels de Pékin, Andingmen, dans le district de Dongcheng à Pékin, n’a pas été totalement gentrifié ni transformé en attraction touristique figée. Les habitants y vivent encore selon des rythmes traditionnels (marchés de rue, mahjong dans les cours intérieures), tout en cohabitant avec des expatriés, des artistes et des jeunes entrepreneurs qui apportent une touche de modernité. Il n’existe pratiquement, nous dit-on, aucun autre endroit dans le monde où cohabitent aussi harmonieusement un passé millénaire, une culture locale préservée et un dynamisme contemporain.

C'est que Andingmen, qui signifie "Porte de la Paix et de la Stabilité", était autrefois l'une des portes principales de la muraille nord de Pékin sous la dynastie Ming. Bien que la porte elle-même ait été démolie en 1957 lors de la modernisation de la ville, l’emplacement conserve une forte charge historique et culturelle. Le district de Dongcheng est l'un des plus anciens et mieux préservés de Pékin. Andingmen est unique car il se trouve à la croisée des anciennes ruelles traditionnelles (hutongs) et des grands boulevards modernes. Les hutongs autour d’Andingmen (comme Wudaoying Hutong) sont devenus un centre de la culture bohème et un lieu prisé pour les cafés, librairies et galeries d'art. Les gratte-ciel modernes et les avenues contrastent avec ces ruelles historiques, créant un paysage urbain hybride difficile à trouver ailleurs.

Andingmen est de plus un point stratégique pour visiter certains des sites les plus emblématiques de Pékin : le Temple des Lamas (Yonghegong), le plus grand temple bouddhiste tibétain de Pékin, avec ses sculptures et son atmosphère spirituelle; le Temple de Confucius, un site fondamental pour comprendre la philosophie chinoise et son influence sur la culture locale; le parc du temple de la Terre (Ditan Park), un lieu où se déroulaient les rituels impériaux et qui est aujourd’hui un espace de loisirs prisé des Pékinois ...


Les districts de  ... Xicheng (Temple des Lamas (Yōnghé Gōng), le plus grand temple bouddhiste tibétain de Pékin - Temple de Confucius (Kǒng Miào), le Centre historique de la pensée confucéenne), Chaoyang, le centre financier et diplomatique de Pékin, mais aussi un hub culturel moderne (Sanlitun, le Quartier branché; 798 Art District, (798 Yìshù Qū), le Quartier d’art contemporain; CBD (Central Business District), sièges des grandes entreprises, gratte-ciels emblématiques (CCTV Tower); le Parc Chaoyang), Haidian (Zhongguancun et Yíhéyuán, le Palais d'été) ..


- Le Palais d'Été (Yiheyuan) est l’un des plus grands et plus somptueux jardins impériaux du monde. Construit comme résidence estivale des empereurs chinois, il combine architecture, nature et symbolisme, un tiers du site est constitué par le Lac Kunming (une réplique du Lac de l’Ouest). On y visite la Galerie peinte la plus longue du monde (728m), plus de 14 000 peintures représentant l’histoire et la mythologie chinoise. La Colline de la Longévité (Wànshòu Shān), dominée par la Pagode de l’Encens Bouddhique (Fóxiāng Gé) offre une vue panoramique sur Pékin. L’un des sites les plus visités de Chine, avec plus de 10 millions de visiteurs par an...


Zhongguancun, un quartier situé dans le district de Haidian, au nord-ouest de Pékin (environ 10-15 km au nord-ouest de la place Tian’anmen), est souvent surnommé "the China's Silicon Valley " en raison de la concentration d’entreprises technologiques, de startups et d’institutions académiques prestigieuses qui s’y trouvent. Le quartier est proche de certaines des meilleures universités de Chine, qui alimentent son écosystème en talents, l'Université de Pékin(PKU), l'Université Tsinghua, l'Académie chinoise des sciences (CAS). Dans les années 1980-90, Zhongguancun était un marché d’électronique gris, où l’on trouvait des composants informatiques, du matériel piraté et des DVD illégaux. Depuis les années 2000, il a été modernisé et encadré par l’État, devenant un centre officiel de haute technologie et d’innovation. C'est resté, dans la littérature et le cinéma, un symbole des contradictions de la Chine moderne, entre innovation, inégalités sociales et surveillance d’État ...


La littérature chinoise publiée aux États-Unis a souvent tendance à se concentrer sur la politique, la révolution culturelle ou les dissidents. Autre thème...

 

Dans son livre "Running Through Beijing" (2008, Pǎobù chuānguò Zhōngguāncūn), Xu Zechen,  l’un des écrivains les plus talentueux de la jeune génération chinoise, nous décrit Zhongguancun avant sa transformation officielle, lorsqu’il était encore un lieu de commerce informel, de faux papiers et de marchés illégaux, où régnaient le vol permanent, le porno hardcore, les flics (les vrais comme les imposteurs), la corruption dans les prisons, l'alcoolisme effréné et les tempêtes de poussière étouffantes et sèches qui recouvrent l'une des plus grandes villes du monde. Dunhuang, le personnage principal, un jeune homme qui sort tout juste de prison après avoir purgé une peine pour vente de DVD piratés, et désormais sans papiers et sans argent, erre dans Pékin et reprend son ancienne activité illégale pour survivre. Il y rencontre Qiushui, une jeune femme qui vend des fausses cartes d’identité, et Baoding, un autre vendeur de DVD piratés. Dunhuang court à travers la ville pour échapper à la police, livrer ses DVD et rencontrer ses contacts, une course qui devient métaphore de la survie dans une ville écrasante, où les opportunités sont aussi éphémères que les embûches. Le Pékin du roman rappelle le réalisme social du cinéma de Jia Zhangke (Pickpocket, Still Life), avec ses personnages marginaux et ses quartiers en mutation. Et Xu Zechen parvient à dissimuler sa critique sociale sous une narration rapide et dynamique, ce qui a permis au livre d’être publié en Chine...

 

Xu Zechen (1978), natif de Jiangsu, - lauréat du Prix Lu Xun (2014),  pour sa nouvelle "If A Snowstorm Seals the Door", et du Prix Mao Dun (2023),pour son roman "Northward" -, décrit les grandes métropoles chinoises (Pékin, Shanghai) non pas comme des vitrines de modernité, mais comme des labyrinthes oppressants, où des milliers de personnes tentent de survivre sans statut officiel.

Parmi ses œuvres notables figurent les romans "Midnight's Door", "Night Train", "Heaven on Earth" et le recueil de nouvelles "How Geese Fly up to Heaven" (2006). Dans "Jerusalem" (2014), un jeune homme de province rêve de réussir à Pékin, mais sera sans cesse confronté aux obstacles de l’administration, du logement et du travail précaire. Le titre "Jérusalem" symbolise une terre promise inaccessible, un rêve que la réalité chinoise ne permet pas d’atteindre. "Night Train" (2009) raconte l'histoire de Chen Munian, un jeune diplômé talentueux dont la vie bascule lorsqu'il prétend avoir tué un homme, ce qui l'oblige à quitter l'université et à entreprendre un voyage en train à travers la Chine, symbolisant sa quête de liberté et d'identité. Contrairement aux précédents romans ancrés dans le Pékin contemporain, "Midnight’s Door" (2007) mêle histoire et mémoire personnelle : un homme découvre un passé trouble lié à son père, ce qui le pousse à explorer l’histoire cachée de sa famille. Xu Zechen s’intéresse ici aux cicatrices du passé et à l’histoire refoulée de la Chine ... 


- High-End Shopping Experience! - The Parkson Shopping Centre is a symbol of Beijing's rapid modernization and its emergence as a global city. - Le district de Chaoyang est l'un des quartiers les plus dynamiques et cosmopolites de Pékin, connu pour ses centres d'affaires, ses zones diplomatiques et ses quartiers commerçants haut de gamme. Le centre commercial Parkson est stratégiquement situé dans ce quartier aisé, ce qui en fait une destination populaire pour les habitants et les expatriés. Parkson est une marque de vente au détail bien connue en Asie, et ce centre commercial offre une expérience de shopping haut de gamme. Il propose un mélange de marques internationales de luxe, de mode haut de gamme, de cosmétiques et de produits de style de vie, destinés à l'élite pékinoise et aux consommateurs soucieux de la mode. "The Parkson Shopping Centre located at 189 Dongsihuanzhong Road, Middle Chaoyang District" se situe près de plusieurs points de repère et centres d'affaires importants, notamment le Central Business District (CBD) de Pékin, le China World Trade Center et le siège de CCTV. Il s'agit donc d'une étape pratique pour les voyageurs d'affaires et les touristes.


Les districts de  ... Fengtai, mélange de temples anciens et de nouvelles infrastructures (le Temple du Nuage Blanc (Báiyún Guān), l’un des plus importants temples taoïstes de Chine, le Grand Théâtre de Pékin, la Base ferroviaire de Fengtai, centre des trains à grande vitesse de Pékin). - Shijingshan, district peu touristique, mais riche en paysages naturels (Parc des Monts Fragrants, Xiāngshān) - Changping (les tombeaux impériaux, Míng Shísān Líng, le site funéraire des empereurs Ming; la Grande Muraille de Badaling) ...


- Le bain public représente l’ancien Pékin, un espace où la vie sociale est fondée sur la communauté et les traditions ...

Le district de Fengtai est une zone moins touristique de Pékin, connue pour sa saveur locale et ses quartiers résidentiels. Les bains Shuangxingtang, situés au n° 7 de la rue Dong Erdao, à Nanyuan, dans le district de Fengtai, sont un établissement unique et culturellement important à Pékin. L'établissement de Shuangxingtang incarne la culture traditionnelle des bains chinois, qui a de profondes racines historiques en Chine. Les bains publics font partie de la société chinoise depuis des siècles, servant de lieux de détente, de socialisation et même de discussions d'affaires. Cet établissement de bains préserve cette tradition et offre un aperçu d'une pratique culturelle qui devient de plus en plus rare dans les villes modernes.

Nanyuan, situé dans le district de Fengtai, est une zone au riche passé historique. À l'époque des dynasties Ming et Qing, c'est là que se trouvait le terrain de chasse impérial de Nanyuan, où les empereurs chassaient et entraînaient leurs armées. L'emplacement de l'établissement de bains dans cette zone historique ajoute à son charme culturel. Et contrairement aux spas ou centres de bien-être modernes, le Shuangxingtang Bathhouse offre une expérience authentique et sans fioritures qui reflète la vie quotidienne des habitants. Il propose des services traditionnels tels que des bains chauds, des gommages et des massages, souvent effectués par des praticiens expérimentés qui travaillent dans ce secteur depuis des dizaines d'années. Les établissements de bains traditionnels comme le Shuangxingtang sont plus que de simples lieux de baignade ; ce sont des centres sociaux où les habitants se réunissent pour se détendre, discuter et tisser des liens. Cet aspect communautaire est une caractéristique unique de la culture chinoise des bains publics, et Shuangxingtang continue de servir de lieu de rencontre pour la communauté.

Tourné à Shuangxingtang, "Shower" (Xizao, 1999), de Zhang Yang, Shower, raconte l’histoire d’un homme d’affaires, Daming, qui revient à Pékin après plusieurs années dans le sud de la Chine. Il retrouve son père, Maître Liu, qui tient un bain public traditionnel où les habitants du quartier viennent non seulement pour se laver, mais aussi pour discuter, jouer au mahjong et maintenir un lien social fort. Old Liu (Zhu Xu) offre une gamme de services complète (massages, coupes de cheveux, rasage) tout en aidant ses clients réguliers, pour la plupart des Pékinois à la retraite, à résoudre leurs divers problèmes. Le vieux Liu a deux fils : Erming (Jiang Wu), déficient mental, travaille avec son père aux bains, tandis que Daming (Pu Cunxin) a déménagé à Shenzhen des années auparavant, mais il est incité à rentrer chez lui lorsqu'il reçoit une carte postale de son frère, et finit par proposer son aide pour les tâches quotidiennes. Dans cette scène, le vieux Liu et ses fils se détendent avec Jin Zhao (Jin Zhao), qui se confie sur le fait que sa femme ne l'excite plus sexuellement et qu'il craint de devoir divorcer. Pendant qu'il nettoie, le vieux Liu demande à Daming d'emmener Jin Zhao dîner, le laissant mettre un « médicament spécial » dans la piscine pour aider son ami à résoudre son problème ...

Zhang Yang adopte une mise en scène simple et intime, qui rappelle le réalisme du cinéma chinois des années 1990 (Jia Zhangke, Wang Xiaoshuai). Le rythme du film est lent et contemplatif, laissant place aux détails du quotidien et aux petits rituels des personnages, renforçant l’impact émotionnel du récit ...

En Chine, le film a reçu un accueil plus mitigé, certains critiques voyant dans sa nostalgie excessive un regard trop pessimiste sur la modernisation...


- La Grande Muraille de Mutianyu, une section préservée de la Grande Muraille et la plus visitée, située à environ 70 km au nord-est de Pékin : 5,4 km (avec 23 tours de garde), entre 600 et 1 200 m avec des vues panoramiques qui justifient la foule (bien que moins bondée que Badaling, située dans le district de Yanqing, à environ 70 km au nord-ouest du centre de Pékin).


- Nichés au pied des collines de Tianshou, les Tombeaux des Ming (Ming Tombs, Míng Shísān Líng), un ensemble de mausolées impériaux situés à environ 50 kilomètres au nord de Pékin, dans le district de Changping. Ce site historique, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, abrite les sépultures de 13 des 16 empereurs de la dynastie Ming, ainsi que celles de leurs impératrices et concubines. Le tombeau de Changling est le plus grand et le mieux préservé, et la Voie des Esprits (Shen Dao), une allée cérémonielle, bordée de statues de pierre représentant des animaux mythiques et des fonctionnaires, mène aux tombeaux et symbolise le passage vers l'au-delà. Le site est souvent inclus dans les circuits touristiques en raison de sa proximité avec Pékin ..


Les Districts de ... Daxing (le nouvel aéroport géant de Pékin, Běijīng Dàxīng Guójì Jīchǎng, ultra-moderne, conçu par Zaha Hadid). -  Tongzhou, le centre administratif futur de Pékin et la nouvelle cité gouvernementale. - Mentougou, un district rural (Gorges de Longmen, le Village de Cuandixia)...


"I Love Beijing" est le dernier volet d’une trilogie sur Pékin, après "For Fun" (1993) et "On the Beat" (1995), réalisé par Ning Ying : le film suit Desi, un chauffeur de taxi récemment divorcé, qui traverse Pékin en quête d’un nouvel amour et d’un sens à sa vie. À travers ses passagères et ses rencontres, il explore une ville en pleine mutation, où les traditions disparaissent sous l’effet du développement économique : le véritable protagoniste du film est Pékin lui-même. Contrairement aux films qui mythifient Pékin, I Love Beijing montre une ville chaotique, bruyante, en constante transformation. À travers les yeux d’un chauffeur de taxi, on découvre toutes les strates sociales de la capitale, des riches entrepreneurs aux ouvriers migrants. La caméra de Ning Ying capte la disparition des anciens repères et l’arrivée d’une nouvelle Chine individualiste et consumériste. Desi n'est ni un héros, ni un anti-héros, mais simplement un homme ordinaire qui tente de s’adapter à une ville qui change plus vite que lui. Bien que moins connu que des films comme Still Life (Jia Zhangke), I Love Beijing est un précurseur du cinéma urbain chinois moderne, influençant des réalisateurs comme Diao Yinan (Black Coal, Thin Ice) et Wang Xiaoshuai.


"Red Light Revolution" (Sam Voutas, 2010, un réalisateur australien basé en Chine) est une comédie sociale chinoise qui raconte l’histoire de Shunzi, un homme ordinaire qui, après avoir perdu son emploi et son mariage, décide d’ouvrir un sex-shop dans un quartier traditionnel de Pékin. Il se heurte rapidement à la résistance de la société conservatrice chinoise, à la fois dans son quartier et dans le cadre plus large d’un pays en pleine mutation. Un film qui se déroule dans des quartiers populaires (Dongsishiyitiao est l'un des hutongs (ruelles traditionnelles) du district de Dongcheng à Pékin) et montre un visage de Pékin rarement mis en avant dans le cinéma chinois contemporain...

Shunzi (Zhao Jun) est donc un chauffeur de taxi qui n'a tout simplement pas les moyens d'offrir à sa femme le genre de vie qu'elle désire.  Lorsqu'il est licencié par son entreprise, la femme de Shunzi le met rapidement à la porte. N'ayant nulle part où aller, Shunzi retourne dans la cour traditionnelle de ses parents. Les pressions financières augmentant, les parents de Shunzi lui conseillent vivement d'oublier toute dignité et d'accepter n'importe quel emploi qu'il pourra trouver. Suivant les conseils d'un ancien camarade de classe, Shunzi décide d'ouvrir un magasin pour adultes avec le soutien de l'entrepreneur japonais Iggy (Masanobu Otsuka).  La majeure partie de "Red Right Revolution" a été filmée dans le Caochangdi Art District, qui n'est pas très loin de l'autoroute de l'aéroport ...

Le film aborde un sujet délicat, l’essor du commerce des produits érotiques dans une Chine encore imprégnée de valeurs confucéennes et puritaines. Car malgré une politique officielle relativement permissive sur le marché des sex-toys (la Chine en est le plus grand producteur mondial), la perception sociale du sujet reste empreinte de pudeur et de condamnation morale. Mais "Red Light Revolution" ne se limite pas à une simple comédie sur le sexe, c’est une critique subtile des transformations économiques et culturelles du pays, illustrant les difficultés économiques des classes populaires qui doivent constamment s’adapter aux nouvelles réalités du marché.


"Beijing Bicycle" (2001, Shíqī Suì de Dānchē), de Wang Xiaoshuai, nous représente Beijing dans son réalisme brut, montrant à la fois les gratte-ciel modernes et les hutongs traditionnels où vivent les classes populaires. Contrairement aux représentations touristiques, le film met en avant un Pékin chaotique, surpeuplé et en mutation rapide. L’histoire suit un jeune garçon de la campagne qui devient livreur en vélo dans un Pékin en pleine transformation et se fait voler son unique moyen de subsistance. Les inégalités grandissantes entre les nouvelles élites urbaines et les travailleurs migrants venus des campagnes pour chercher un avenir meilleur sont un des thèmes du film. Le film a remporté l'Ours d'argent au Festival de Berlin en 2001, confirmant son importance dans le cinéma mondial...


"Keep Cool" (1997) - Zhang Yimou était surtout connu pour ses films historiques et lyriques comme "Raise the Red Lantern" (1991) ou "To Live" (1994).

"Keep Cool est radicalement différent : c’est un film urbain nerveux, au style visuel chaotique et moderne, marqué par une caméra à l’épaule et un montage rapide. Ce choix esthétique reflète le désordre de la Chine des années 90, en pleine ouverture économique et sociale. Contrairement aux films traditionnels sur Pékin qui montrent des hutongs figés dans le temps, Keep Cool dépeint un Pékin en mutation rapide, bruyant et oppressant. Les néons, la circulation, les rues bondées… Zhang Yimou capture une ville où les rapports humains sont marqués par la vitesse et la violence sociale. C’est l’un des premiers films chinois à représenter le consumérisme et l’individualisme grandissant dans la société post-maoïste. Le film raconte l’histoire de Xiao Shuai, un jeune libraire passionné mais impulsif, obsédé par une femme qui l’a rejeté. Sa quête pour la reconquérir prend un tournant absurde et violent, impliquant des querelles de rue et des malentendus grotesques. Avec sa narration frénétique et son style quasi-documentaire, "Keep Cool" annonce le cinéma urbain des réalisateurs comme Jia Zhangke ("Still Life", "A Touch of Sin"), qui montreront eux aussi une Chine en pleine mutation sociale.

Il a été sélectionné au Festival de Venise 1997, où il a reçu une reconnaissance internationale, bien qu’il ne soit pas aussi célébré que les œuvres précédentes de Zhang Yimou. Le film a été mal reçu en Chine à sa sortie, car il tranchait avec l’image traditionnelle et esthétique du cinéma chinois....


"Spring Subway" (2002, Kaiwang Chuntian de Ditie), de Zhang Yibai, conte une histoire d’amour mélancolique et urbaine, centrée sur Jianbin et Xiaohui, un couple marié vivant à Pékin. Jianbin, au chômage mais incapable de l’avouer, passe ses journées dans le métro de Pékin, observant les passants et réfléchissant à son avenir. Xiaohui, qui ignore la situation de son mari, commence à se rapprocher d’un collègue de travail, doutant de son mariage. Tandis que leur relation se détériore, d’autres histoires d’amour parallèles se croisent dans le métro, entre espoirs, regrets et solitude urbaine. Le métro de Pékin devient ici un espace central, presque un personnage du film, représentant la métropole moderne, où des milliers de vies se croisent sans jamais vraiment se rencontrer. Il symbolise l’errance et la solitude dans un monde en pleine mutation, où même les couples les plus proches finissent par se perdre. Le métro est filmé de manière hypnotique, avec des séquences répétitives qui renforcent l’idée d’un cycle quotidien monotone et oppressant. L’espace clos du métro contraste avec l’immensité de la ville, reflétant l’isolement et les non-dits des personnages. L’ennui et le doute dans les relations de couple reflètent une génération en quête de sens, où l’amour et le mariage deviennent fragiles face aux exigences de la vie contemporaine. 

Avant Jia Zhangke et Lou Ye, Zhang Yibai explore un Pékin urbain et contemporain, loin des représentations historiques ou rurales. Il influence des films ultérieurs qui mêlent romance et critique sociale, comme Suzhou River (2000) de Lou Ye ou Beijing Flickers (2012) de Zhang Yuan.


Parallèlement à la transformation physique indubitable du paysage de Pékin, illustrée par la démolition des quartiers traditionnels des hutongs et la construction de gratte-ciel, l'essor des technologies de l'information et de la communication, notamment des téléphones portables, a radicalement transformé les relations sociales au sein de la population chinoise ...

"Cell Phone" (2003, Shou Ji ), de Feng Xiaogang, raconte l’histoire de Yan Shouyi (Ge You), un animateur de talk-show à la télévision, dont la vie bascule lorsque son téléphone portable devient le centre d’un scandale personnel. Trompant sa femme avec une autre femme (Wu Yue, Fan Bingbing), il voit son téléphone devenir une arme contre lui-même, révélant progressivement ses secrets et mettant en péril sa carrière et sa vie privée. Une des scènes principales a été tournée, en raison de l'épidémie de SRAS de 2003, à l'hôtel Shangri-la de Qingdao, dans la province de Shandong, à environ 340 miles au sud-est de Pékin, mais elle illustre l'omniprésence des hôtels de luxe cosmopolites situés dans la capitale, qui sont devenus un endroit populaire pour ceux qui planifient un rendez-vous extraconjugal...

Le film montre comment la technologie et la communication mobile transforment les relations humaines et exacerbent l’hypocrisie sociale et les mensonges personnels. Le téléphone portable est utilisé comme une métaphore de l’ère moderne, où l’intimité devient publique et où les nouvelles technologies détruisent les frontières entre vie personnelle et professionnelle, mais c'est aussi une critique l’hypocrisie des élites chinoises, qui donnent une image publique souvent en contradiction avec la réalité privée. 

Sorti en 2003, "Cell Phone" anticipe l’impact des smartphones et des réseaux sociaux sur la vie quotidienne. À l’époque, les téléphones portables étaient en plein essor en Chine, et le film évoque les premières inquiétudes sur la surveillance, la transparence forcée et la dépendance aux technologies de communication. En novembre 2024, la Chine comptait environ 1,81 milliard de téléphones portables, soit une moyenne de 1,3 appareil par personne, et parmi ces utilisateurs, plus d'un milliard étaient abonnés à la 5G, représentant 56 % des utilisateurs de téléphonie mobile. La Chine est devenue le premier marché mondial des smartphones au troisième trimestre 2011, surpassant les États-Unis en termes de ventes...


"The Concrete Revolution" (2004) de Xiaolu Guo, documentaire évoquant l'impact de la modernisation rapide de Pékin, en particulier la construction massive d’infrastructures en préparation des Jeux Olympiques de 2008, et filmant les ouvriers migrants qui travaillent sur ces chantiers, les sacrifices humains et sociaux bien réels derrière l’essor architectural de la Chine : à travers des interviews brutes et des images du développement urbain, une question, quel est le prix du progrès ? La Chine des années 2000 a en effet connu une transformation urbaine spectaculaire, en particulier à Pékin, où des quartiers historiques ont été détruits pour faire place aux gratte-ciel et aux autoroutes modernes. Le film questionne l’idéologie du "progrès" en mettant en évidence les pertes humaines et culturelles engendrées par ces projets pharaoniques. Xiaolu Guo s’intéresse aux ouvriers migrants, qui viennent de provinces rurales pour travailler sur ces chantiers géants, souvent dans des conditions précaires.

Elle montre leur solitude, leur aliénation et leur exploitation, soulignant l'écart croissant entre riches et pauvres dans la nouvelle Chine. Avec une approche visuelle brute et un ton engagé, ce film s’inscrit parmi les œuvres critiques du cinéma documentaire chinois moderne, aux côtés de Jia Zhangke (24 City) et Wang Bing (West of the Tracks)...


"Lost in Beijing" (2007, Pingguo), de Li Yu, est un conte moral qui juxtapose valeurs confucéennes et piliers étincelants de la culture du marché ouvert : l'argent, le consumérisme et la cupidité. Une jeune masseuse Pingguo (Fan Bingbing), qui travaille dans un salon de réflexologie, est violée par son patron, Lin Dong (Tony Leung) et découvre qu'elle est enceinte. Son mari, An Kun (Tong Dawei), un laveur de vitres, tente d’utiliser cet événement pour extorquer de l’argent au violeur. Lin Dong, incapable d’avoir des enfants avec sa femme, se persuade que Pingguo est tombée enceinte de lui, et propose de racheter le bébé. Un marché sordide s’installe entre les deux couples, révélant les fractures morales et économiques d’une Chine en mutation. L’argent devient le seul langage commun, que ce soit dans les relations de travail, de couple ou même dans la gestion d’un viol. An Kun, au lieu de protéger sa femme, tente d’exploiter la situation pour en tirer profit, ce qui montre une société où l’éthique est secondaire face à la survie économique. La maternité devient un bien négociable, dans une logique marchande et cynique. Li Yu adopte une caméra à l’épaule, filmant au plus près des corps et des visages pour accentuer l’intimité et la tension. Les décors urbains sont sombres et anonymes, soulignant l’isolement et la déshumanisation des personnages.

Interdit par la censure chinoise, le film a été accusé de donner une image trop sombre de la société. Les autorités ont ordonné des coupes et des modifications, mais même après une version expurgée, le film a été totalement interdit en Chine.

À l’international, il a été salué pour son audace et sa puissance dramatique, devenant un symbole du cinéma chinois indépendant engagé.


"Go Lala Go!" (2010, Dù Lālā shēngzhí jì) de Xu Jinglei - Inspiré du best-seller chinois "Du Lala’s Promotion" de Li Ke, cette comédie romantique nous présente une vision glamour du nouveau Beijing des affaires : Lala (Xu Jinglei) y est une jeune femme est en quête d'une carrière de rêve au sein d'une prestigieuse entreprise américaine. Lors de son premier jour de travail en tant que secrétaire débutante, elle arrive humblement à pied à son nouveau bureau au Beijing Yintai Centre, le plus haut bâtiment de l'avenue Chang'an, situé dans le brillant quartier d'affaires occidental de Guomao (le Beijing Yintai Centre, 2 Jianguomenwai Avenue, Chaoyang District). Alors qu'elle change ses baskets pour des chaussures plus élégantes avant d'entrer dans le bâtiment, elle est observée par l'élégante assistante du chef du personnel de son entreprise, Rose (Karen Mok), un prototype de ce que Lala deviendra au fur et à mesure qu'elle grimpera les échelons de l'entreprise. La musique rock électronique, caractéristique de nombreuses sitcoms américaines, renforce l'image branchée de ces employés d'entreprises internationales à Pékin. Les décors chics et les personnages à la mode du film - stylisés par Patricia Field de "Sex and the City" (Darren Star, 1998-2004) - placent ainsi Pékin sur un pied d'égalité avec les autres grandes villes internationales. Comme le montre le visage optimiste de Lala à la fin de cette scène, elle est prête à affronter la concurrence féroce pour réussir dans une Chine qui aspire à rattraper l'Occident...


Le district de Xuanwu est l'un des plus anciens quartiers de Pékin, dont l'histoire remonte à plus de 3 000 ans. Il faisait partie de l'ancienne ville de Ji, qui devint plus tard Beijing...

Le district faisait historiquement partie de la ville impériale sous les dynasties Yuan, Ming et Qing. Il servait de centre de gouvernance, de culture et de commerce. Temple of the Azure Clouds  (temple Biyun), situé dans la partie ouest de Xuanwu, est un site culturel et religieux important, reflétant des siècles d'influence bouddhiste. Liulichang Cultural Street, connue sous le nom de «Antique Street», est un centre d'art traditionnel chinois, de calligraphie et d'antiquités depuis des siècles. Elle reste aujourd'hui un centre culturel dynamique. Huguang Guild Hall est un site historique qui servait de lieu de rencontre pour les érudits et les fonctionnaires pendant la dynastie Qing. Il est aujourd'hui un point de repère culturel et un musée. Niujie Mosque est l'une des plus anciennes et des plus importantes mosquées de Pékin. Elle est au service de la communauté musulmane depuis plus de mille ans. Xuanwu abrite également plusieurs églises chrétiennes et temples bouddhistes, reflétant son caractère multiculturel et multireligieux. Le district de Xuanwu combine de manière unique les anciens hutongs (ruelles étroites) et les maisons à cour traditionnelle avec les gratte-ciel et les infrastructures modernes...


Tianjin 

Population : Environ 13,5 millions d'habitants. - Située sur la côte nord-est de la Chine, Tianjin est le plus grand port du Nord de la Chine (le 3e plus grande ville portuaire de Chine après Shanghai et Shenzhen) et une porte d’entrée maritime vers Pékin, à 130 km de celle-ci, ce qui en fait un hub logistique et industriel clé. Elle est traversée par plusieurs rivières et canaux, dont le Grand Canal de Chine, un élément crucial du commerce historique chinois. Tianjin est l’une des rares villes chinoises ayant une histoire coloniale et internationale aussi marquée, comparable à Shanghai (ouverture forcée en 1860 après la Seconde Guerre de l'Opium, elle devient une concession étrangère où plusieurs puissances européennes établissent des quartiers distincts). 

La ville reflète tous les ambitieux projets d'urbanisme et d'infrastructure de la Chine nouvelle, notamment via sa zone de développement économique et technologique et la nouvelle zone de Tianjin Binhai. Tianjin possède de même une culture locale distincte, avec son propre dialecte, ses coutumes et ses traditions. La ville est connue pour son humour et sa vivacité d'esprit, l' « humour de Tianjin », notamment pour sa contribution au "Xiangsheng", un art de la scène traditionnel chinois qui consiste en un dialogue rapide et plein d'esprit entre deux artistes.  

Attractions touristiques :

- Quartier des Cinq Grandes Avenues (Wudadao) : Zone présentant une architecture coloniale européenne, reflétant l'histoire internationale de la ville.

- Tour du Tambour de Tianjin (Gulou) : Ancienne tour offrant une vue panoramique sur la ville.


Shijiazhuang (Hebei)

Population : Environ 11 millions d'habitants. Contrairement à de nombreuses grandes villes chinoises, Shijiazhuang n’a pas une histoire millénaire de capitale ou de centre culturel majeur. Elle est passée d’un simple village à une métropole moderne en moins d’un siècle.

Son essor est dû principalement à l’arrivée du chemin de fer en 1902, qui en a fait un nœud logistique clé. Située sur l'axe Pékin – Zhengzhou – Wuhan – Guangzhou, elle est devenue un corridor économique crucial, un nœud ferroviaire majeur : Shijiazhuang est un hub pour les trains à grande vitesse, reliant Pékin, Tianjin et l'intérieur du pays. Son essor industriel date du XXe siècle, notamment sous Mao Zedong, lorsqu'elle est devenue un pôle de production industrielle. En 1947, Shijiazhuang est devenue la première grande ville à être contrôlée par le Parti communiste pendant la guerre civile chinoise, en faisant un symbole de la victoire maoïste.

Shijiazhuang figure souvent parmi les villes les plus polluées du monde, notamment en raison de son industrie lourde et de la dépendance au charbon. C'est aussi un géant de l’industrie pharmaceutique : elle est considérée comme le "berceau des antibiotiques chinois", produisant une grande partie des médicaments génériques du pays.

Attractions touristiques :

- Temple de Longxing (Longxing Si) : L'un des plus grands temples bouddhistes de la dynastie Song, situé à Zhengding.

- Mont Cangyan (Cangyan Shan) : Site pittoresque avec des temples perchés sur des falaises et des paysages naturels impressionnants rappelant le célèbre temple suspendu de Datong.

Ce lieu a été utilisé comme décor dans plusieurs films et séries chinoises.


Chengde, située dans la province de Hebei, en Chine, est une ville d'une immense importance historique, culturelle et naturelle. Connue pour ses retraites d'été impériales, ses temples et ses paysages époustouflants, Chengde est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO et constitue l'une des destinations les plus uniques au monde ... 

- Retraite d'été impériale - Construite entre 1703 et 1792 sous la dynastie Qing, la station de montagne servait de retraite estivale aux empereurs pour échapper à la chaleur de Pékin. Il s'agit du plus grand jardin impérial au monde, d'une superficie de 5,6 kilomètres carrés.

- Autour de la station de montagne se trouvent les huit temples extérieurs (Wài Bā Miào), un groupe de temples bouddhistes construits sous la dynastie Qing : le temple Puning est connu pour sa statue massive en bois de Guanyin aux mille bras. Ce temple est une réplique du monastère de Samye au Tibet, et le temple Putuo Zongcheng s'inspire du palais du Potala à Lhassa, ce qui en fait un exemple étonnant de l'architecture tibétaine. Ces temples ont été construits pour renforcer les liens avec les Tibétains, les Mongols et d'autres groupes ethniques minoritaires. La ville a joué un rôle clé dans la promotion des échanges culturels et des relations diplomatiques entre la dynastie Qing et les régions voisines.


Taiyuan (Shanxi) - Population : Environ 4,2 millions d'habitants. - Taiyuan est un pilier de l'industrie lourde chinoise (le Shanxi est la principale province productrice de charbon en Chine). Son développement industriel massif au XXe siècle en a fait une ville comparable à Pittsburgh aux États-Unis ou Essen en Allemagne en termes d’industrie lourde. Et en raison de son industrie du charbon et de l’acier, Taiyuan est souvent classée parmi les villes les plus polluées de Chine...

Attractions touristiques :

- Temple Jinci (Jinci Si) : Complexe de temples anciens dédié à des divinités locales, célèbre pour ses sculptures en bois et ses sources naturelles.

- Musée de Shanxi : Présente l'histoire et la culture de la province du Shanxi, avec une riche collection d'artefacts.


- La vieille ville de Pingyao (classée à l’UNESCO), située à 100 km de Taiyuan, elle est l'une des mieux préservées de Chine avec ses remparts, ses banques anciennes et son architecture Ming et Qing...

Les remparts de Pingyao ont été construits à l'origine pendant la dynastie des Zhou occidentaux (1046-771 avant notre ère) et ont été agrandis et renforcés pendant la dynastie des Ming (1368-1644). Les murailles s'étendent sur 6 kilomètres autour de la ville et mesurent 12 mètres de haut, avec 72 tours de guet et 3 000 créneaux. Ces murailles sont parmi les mieux préservées de Chine et du monde, offrant un lien tangible avec l'histoire impériale de la Chine.

Les rues et bâtiments anciens de Pingyao ont servi de toile de fond à de nombreux films et projets photographiques. Contrairement à de nombreuses villes anciennes transformées en musées à ciel ouvert, c'est une ville vivante où les habitants continuent de vivre et de travailler dans les bâtiments traditionnels. Pingyao est aussi connue comme le berceau de la banque chinoise moderne : le Rishengchang Exchange Shop, créé en 1823, a été la première banque d'épargne en Chine et a joué un rôle crucial dans le développement économique du pays. L'aménagement urbain de Pingyao reflète la planification traditionnelle chinoise, avec un réseau de rues et d'allées en forme de grille. La ville est divisée en zones résidentielles, commerciales et administratives, reflétant la structure sociale de la Chine impériale ...


Liu Cixin (1963), l’un des auteurs de science-fiction les plus célèbres de Chine, n’est pas strictement attaché à une seule région, mais son histoire personnelle et son écriture sont fortement influencées par la province du Shanxi.

Né dans la province du Henan, à Yangquan, il a grandi dans la province du Shanxi, où ses parents ont été envoyés travailler dans des centrales électriques pendant la Révolution culturelle. Il travaillera lui-même comme ingénieur en électricité dans une centrale de Yangquan (Shanxi) avant de se consacrer pleinement à l’écriture. Il se distingue par son approche de la science-fiction réaliste, s’appuyant sur des théories physiques complexes (mécanique céleste, intelligence artificielle, nanotechnologies, informatique quantique, etc.). L’instabilité du problème à trois corps est ainsi un vrai défi mathématique qui illustre les défis des Trisolariens ... 

Son expérience d’ingénieur dans une centrale électrique a nourri son intérêt pour la technologie, l’énergie et les infrastructures massives, qui sont des thèmes centraux dans ses romans, dont "The Three-Body Problem" (Sān Tǐ, Le Problème à Trois Corps, 2008), premier roman asiatique à recevoir le Prix Hugo du Meilleur Roman (2015) : l’histoire commence en 1967, en pleine Révolution culturelle chinoise. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne, voit son père, un professeur d’université, être battu à mort par des gardes rouges pour avoir enseigné la physique « réactionnaire ». Traumatisée et rejetant la société humaine, elle est recrutée pour travailler dans une base militaire secrète, Red Coast (Côte Rouge), un programme chinois de recherche sur la communication extraterrestre. 

(Le premier contact extraterrestre) - Ye Wenjie découvre que la base de Côte Rouge peut envoyer des signaux radio puissants dans l’espace. En 1978, elle capte un message d’avertissement provenant d’un système stellaire lointain, Alpha du Centaure, lui disant de ne pas répondre sous peine de menacer l’humanité. Ye répond malgré tout, envoyant un message d’encouragement aux extraterrestres, les Trisolariens, convaincue que leur venue pourra sauver l’humanité de son autodestruction.

(L’intrigue contemporaine et le jeu des Trois Corps) - Notre époque, Wang Miao, un scientifique chinois spécialisé en nanotechnologies, est recruté par une organisation gouvernementale pour enquêter sur une série de suicides de chercheurs en physique théorique. Il découvre un jeu de réalité virtuelle mystérieux appelé "Trois Corps", qui simule un monde extraterrestre chaotique et son civilisation technologiquement avancée.

Dans ce jeu, Wang apprend que la planète Trisolaris est soumise à des conditions climatiques extrêmes, car elle est prise dans un système stellaire instable à trois soleils, rendant la vie imprévisible et fragile.

(La révélation : L’invasion de la Terre) - Wang Miao découvre que les Trisolariens existent réellement et que le jeu est un moyen de recruter des alliés humains dans un mouvement appelé l’Organisation Terre-Trisolaris (ETTO). ETTO est dirigée en secret par Ye Wenjie, qui voit les Trisolariens comme une solution aux maux de l’humanité. Les Trisolariens ont intercepté le signal de Côte Rouge et envoient une flotte vers la Terre, mais leur voyage prendra 450 ans.

Entre-temps, ils envoient des « sophons », des ordinateurs subatomiques capables de bloquer toute avancée scientifique humaine et de surveiller en temps réel chaque action terrestre.

Et la fin, un avenir incertain : Wang Miao et d’autres scientifiques prennent conscience de la menace d’invasion, mais ils savent que l’humanité a des siècles pour se préparer. Le roman se termine sur une note sombre, avec l’idée que l’humanité est désormais sous surveillance constante, incapable de progresser scientifiquement et prise dans une course contre la montre...

"Le Problème à Trois Corps" est un roman incontournable pour tout amateur de science-fiction ...


Datong (Shanxi)

Population : Environ 3,4 millions d'habitants. Une ville impériale oubliée, ancienne capitale des Wei du Nord, une ville où se croisaient influences mongoles, turques, persanes et chinoises, un rare exemple de transformation urbaine en Chine, où une ville charbonnière tente de redevenir un centre historique et écologique ...

Attractions touristiques :

- La vieille ville de Datong et ses remparts restaurés (murs de 7,2 km de long avec tours de guet, portes monumentales et douves. Contrairement à d'autres villes chinoises qui ont détruit leurs fortifications sous Mao, Datong a décidé de reconstruire intégralement son enceinte, un projet quasi unique en Chine).

- Les Grottes de Yungang (Yungang Shiku, Yugan Caves), l’un des plus grands complexes bouddhistes sculptés dans la roche en Chine, comparables aux grottes d’Ajanta en Inde ou à celles de Dunhuang. Un ensemble de grottes bouddhistes (252) ornées de sculptures monumentales (plus de 51 000 statues bouddhistes), classé au patrimoine mondial de l'UNESCO (Dynastie des Wei du Nord, 460-525 apr. J.-C.). Elles témoignent de l’interaction entre l’art indien, perse et chinois, reflétant la diffusion du bouddhisme sur la Route de la Soie.

- Le Monastère suspendu de Xuankong Si (fondé sous la dynastie Wei du Nord, VIᵉ siècle), construit à flanc de falaise de 75m de haut, un temple dédié aux trois grandes traditions chinoises (bouddhisme, taoïsme et confucianisme), qui défie la gravité ... 


Lu Xun (1881-1936), de son vrai nom Zhou Shuren, né à Shaoxing (Zhejiang), est l'un des écrivains, penseurs et critiques les plus influents de la Chine moderne. Il étudia la médecine au Japon (Sendai Medical Academy) qu'il abandonna pour se consacrer à la littérature, qu’il considère plus efficace pour "guérir l’âme de la Chine". Il appartient au Mouvement du 4 Mai (1919), un tournant intellectuel et culturel qui rejette le confucianisme traditionnel et promeut la modernisation de la Chine. Il est souvent considéré comme le père de la littérature chinoise moderne en raison de son rôle dans l’introduction du chinois vernaculaire (báihuà) dans la littérature et de son engagement critique contre les traditions oppressives de la société chinoise.

Lu Xun est célèbre pour ses nouvelles, essais et traductions, qui dénoncent la condition sociale et politique de la Chine du début du XXe siècle : "Journal d'un fou", 1918 (première œuvre en chinois vernaculaire et une critique du confucianisme et de la société traditionnelle, vue à travers le regard d'un fou qui voit la culture chinoise comme un "cannibalisme", - inspirée de "Journal d’un fou" de Gogol, soulignant l’influence russe sur Lu Xun), "La véritable histoire d'A Q", 1921 (satire d’un personnage naïf, "A Q", qui incarne l’aliénation et la soumission du peuple chinois face aux oppresseurs : l’échec de la modernisation et des réformes en Chine).

 

"The True Story of Ah Q" (1921)

Une nouvelle satirique de Lu Xun, considérée comme l'une des œuvres les plus importantes de la littérature chinoise moderne. L'histoire se déroule pendant la révolution Xinhai (1911-1912) et suit la vie de son protagoniste, Ah Q, un ouvrier agricole pauvre et sans éducation ...

Le narrateur commence dans sa Préface par nous expliquer les difficultés rencontrées pour écrire la biographie d'Ah Q, un individu obscur du village fictif de Weizhuang. Quel genre littéraire semblerait le plus approprié, car la biographie d'Ah Q ne correspond à aucun des genres traditionnels, qu'ils soient officiels ou non officiels. Le nom du personnage pose tout autant problème : après une altercation avec l'Honorable Zhao, personne au village n'ose mentionner le nom de famille d'Ah Q. De plus, le narrateur hésite sur le caractère chinois exact pour son prénom, optant finalement pour "Q", utilisant une lettre de l'alphabet latin, symbolisant ainsi l'anonymat et la rupture avec la tradition.

Ah Q est un personnage profondément imparfait qui incarne les faiblesses et les contradictions du caractère national chinois de l'époque. Il est arrogant, trompeur et incapable d'élaborer la moindre conscience de lui-même. Malgré son statut social inférieur, Ah Q se vante fréquemment de ses victoires imaginaires et méprise les autres, même ceux qui lui sont clairement supérieurs. Il utilise une technique psychologique qu'il appelle « victoire spirituelle » (ou revanche psychologique), se persuadant qu'il est toujours le vainqueur, même en cas de défaite ou d'humiliation évidente.  

Tout au long de l'histoire, Ah Q sera confronté à divers malheurs, notamment à des brimades, à la perte de son emploi et à de fausses accusations. Cependant, il rationalise constamment ses échecs et maintient son sentiment illusoire de supériorité. Son incapacité à affronter la réalité et son recours à l'auto-illusion le conduisent finalement à sa perte.

Lors de la Révolution de 1911, qui met fin à la dynastie Qing, des rumeurs circulent sur l'arrivée imminente des révolutionnaires à Weizhuang. Enthousiasmé, Ah Q parcourt les rues en criant "Rébellion !", effrayant les habitants. Cependant, le lendemain, il découvre que les notables locaux, comme l'Honorable Zhao, ont déjà rallié le mouvement révolutionnaire sans lui. Tentant de les rejoindre, Ah Q est repoussé. Frustré, il assiste impuissant au pillage de la demeure des Zhao par des bandits, regrettant de ne pas avoir été invité à participer.  Ah Q réalise alors que la révolution, qu'il percevait comme une opportunité de changement, est en réalité monopolisée par les élites locales, le laissant toujours en marge. 

 Le roman culminera avec l'arrestation et l'exécution d'Ah Q pour un crime qu'il n'a pas commis. Peu après le pillage, une force armée composée de soldats, miliciens, gendarmes et policiers arrête Ah Q en pleine nuit. Emmené au tribunal en ville, on lui demande de signer un document qu'il ne comprend pas. Ne sachant pas écrire, il tente de dessiner un cercle en guise de signature, scellant ainsi, sans le savoir, sa condamnation à mort. Le lendemain, il est promené dans les rues avant d'être exécuté par fusillade. La foule, déçue par le manque de spectacle comparé aux décapitations d'antan, trouve l'exécution insatisfaisante. Quant à lui, il restera incapable jusqu'au bout de comprendre quoique ce soit à son existence, passée, présente et future  ...

Lu Xun utilise le personnage d'Ah Q pour critiquer la société chinoise de son époque, en particulier sa complaisance, son ignorance et sa résistance au changement. L'histoire est un commentaire puissant sur le besoin d'introspection et de réforme, tant au niveau individuel que sociétal ...


Lao She (1899-1966), de son vrai nom Shu Qingchun, né à Pékin (Beijing), dans une famille mandchoue modeste, professeur de chinois à Londres (1924-1929), où il découvre la littérature anglaise (Dickens, Galsworthy, Conrad) qui influencera son style. Il revient en Chine et s’engage dans le Mouvement de la Nouvelle Culture, défendant un style accessible et engagé. Il soutiendra le Parti communiste chinois après 1949, mais sera persécuté pendant la Révolution culturelle (1966), où il meurt dans des circonstances troubles (suicide ou assassinat politique). Lao She est reconnu pour ses romans sociaux et son théâtre populaire, où il décrit la vie des petites gens et des marginaux : "Rickshaw Boy" (1936, "Le pousse-pousse"), roman emblématique sur la vie à Pékin, un chef-d’œuvre du réalisme chinois, souvent comparé aux romans de Zola ou Dickens. -  "Quatre générations sous un même toit" (1945-1950, Four Generations Under One Roof) évoque la souffrance des familles chinoises, l’oppression coloniale et le patriotisme. - "La Maison de Thé"(1957, Teahouse) est un chef-d’œuvre du théâtre chinois, et couvre cinquante ans de l'histoire moderne de la Chine, de l'effondrement de la dynastie Qing et de la révolution républicaine à la naissance de la République populaire. La pièce réunit plus de soixante personnages, représentant tous les horizons de la vie en mutation. Elle se distingue par la vivacité des personnages et l'utilisation du dialecte pékinois, mais l'essentiel réside dans la vision de l'histoire de Lao She, qui est prophétique des mouvements politiques ultérieurs et de leurs effets désastreux sur le peuple chinois moyen.  -  "Le Ruisseau aux barbes de dragon" (1951) célèbre la transformation socialiste des quartiers pauvres de Pékin après 1949 ..

 

Lao She, "Rickshaw Boy" (1936)

"Le Pousse-pousse" est une critique acerbe de la société chinoise pré-révolutionnaire, mettant en lumière les injustices sociales et l'exploitation des classes laborieuses.

À travers le parcours de Xiangzi, Lao She illustre comment un individu, malgré sa détermination et son travail acharné, peut être broyé par un système oppressif et corrompu. Le roman aborde des thèmes tels que la lutte des classes, l'illusion du rêve individuel face à une réalité implacable, et la déshumanisation engendrée par la pauvreté.

Xiangzi, un jeune paysan orphelin, quitte sa campagne natale pour Pékin avec l'ambition de s'élever socialement. Son rêve ultime est de posséder son propre pousse-pousse, symbole d'indépendance et de réussite pour lui. Travaillant sans relâche, il économise chaque centime, évitant les vices courants de ses collègues tels que l'alcool et le jeu. Après des années d'efforts, Xiangzi parvient enfin à acheter son propre pousse-pousse. Cependant, son bonheur est de courte durée : il est capturé par des soldats seigneuriaux qui confisquent son bien. Malgré cette perte dévastatrice, Xiangzi ne se laisse pas abattre. Lors de son évasion, il emmène avec lui trois chameaux qu'il vend en ville, ce qui lui vaut le surnom de "Camel Xiangzi". Avec l'argent obtenu, il espère reconstruire sa vie, mais les fonds sont insuffisants pour racheter un nouveau pousse-pousse. 

Xiangzi retourne travailler pour le maître Liu, propriétaire d'une entreprise de location de pousse-pousse. La fille de Liu, Huniu, une femme autoritaire et bien plus âgée que Xiangzi, s'intéresse à lui. Par des manipulations et des mensonges, notamment en prétendant être enceinte de lui, elle le pousse à l'épouser. Ce mariage, loin d'apporter le bonheur, plonge Xiangzi dans une existence misérable. Huniu meurt en couches, laissant Xiangzi seul et accablé de dettes. Après la mort de Huniu, Xiangzi tente de retrouver un sens à sa vie en se rapprochant de Xiaofuzi, une jeune femme également en proie à la misère. Cependant, les circonstances les séparent, et Xiaofuzi finit par mourir tragiquement. Dévasté par ces épreuves successives, Xiangzi sombre dans le désespoir. Il abandonne ses rêves, adopte une vie de débauche et finit par perdre toute dignité et ambition, devenant l'ombre de lui-même...


Ma Jian (1953), qui, après la publication en 1987 d'un recueil de nouvelles intitulé "La Mendiante de Shigatze", avait du quitter Pékin pour Hong Kong, puis se réfugier à Londres en 1999 (ses ouvrages sont interdits en Chine), nous offre une critique incisive de la société chinoise et des politiques gouvernementales dans des fictions telles que "The Noodle Maker" (1990, neuf récits interconnectés, mettant en scène des personnages tels qu'un écrivain affilié au Parti communiste et un donneur de sang professionnel, à travers leurs histoires, la corruption, l'absurdité et les contradictions d'un système politique),   "Red Dust: A Path Through China" (2001, un récit autobiographique, le périple de trois ans de Ma Jian à travers la Chine des années 1980, fuyant la répression politique et des régions  les plus reculées d'un pays en pleine mutation), "Beijing Coma" (2008, Dai Wei, les difficiles souvenirs d'un étudiant plongé dans le coma après avoir été blessé lors des manifestations de la place Tiananmen en 1989), "The Chinese Dream" (2018, un haut fonctionnaire chargé de promouvoir le "Rêve chinois", est hanté par des souvenirs de la Révolution culturelle, les contradictions et les abus du pouvoir en place). Mo Yan, prix Nobel 2012, offre une vision plus nuancée et plus symbolique de la Chine. Il est souvent comparé à Gabriel García Márquez pour son utilisation du réalisme magique, mêlant légendes rurales, histoire et satire sociale. Ses romans célèbrent la Chine rurale tout en exposant ses contradictions. L’héroïsme du peuple chinois est privilégié à la critique directe du régime dans le célèbre "Le Clan du sorgho rouge", ou, contrairement à "La Route sombre" de Ma Jian, qui condamne frontalement  politique de l’enfant unique en Chine à travers l’histoire d’une sage-femme impliquée dans des avortements forcés, "Grenouilles" (2009) en évoquera les conséquences tout en laissant au lecteur le soin de l'interprétation ...


Mo Yan (1955), de son vrai nom Guan Moye, est l’un des écrivains chinois contemporains les plus célèbres, connu pour son style narratif unique, mélangeant réalisme, satire, et fantastique. Son pseudonyme "Mo Yan" signifie "Ne parle pas", en référence aux conseils de prudence que lui donnaient ses parents pendant la Révolution culturelle. Il a reçu le Prix Nobel de Littérature en 2012, devenant le premier auteur chinois issu de la Chine continentale à obtenir cette distinction. Son style est influencé par la littérature chinoise traditionnelle, le réalisme magique (Gabriel García Márquez), la satire de Rabelais et le roman moderne occidental (Faulkner, Kafka, Mo Yan cite aussi Lu Xun comme influence majeure).

"Le Clan du Sorgho rouge" (1986, Hóng gāoliáng jiāzú, Red Sorghum) est son roman le plus célèbre, adapté en film en 1987 par Zhang Yimou (Ours d’Or à Berlin) : un récit épique sur trois générations de paysans du Shandong, mêlant héroïsme, guerre sino-japonaise et tradition paysanne, un regard brutal sur la violence, la guerre et la condition humaine (une jeune femme, Jiu’er, qui est mariée contre son gré à un riche propriétaire lépreux. Après la mort de son mari, elle prend le contrôle de la distillerie familiale et devient une figure puissante de son village. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son village est attaqué par les Japonais, et elle joue un rôle clé dans la résistance). - "Beaux Seins, Belles Fesses" (1995, Fēng rǔ féi tún, Big Breasts and Wide Hips), une fresque historique sur l’évolution de la Chine au XXe siècle, à travers le destin d’une femme et de ses neuf enfants : il y aborde les réformes agraires, la Révolution culturelle et les souffrances du peuple. Très controversé en raison de son érotisme et de sa critique implicite du régime. - "Le Pays de l’alcool" (1993, Jiǔguó, The Republic of Wine) se veut satire surréaliste et grotesque de la corruption et des excès du pouvoir en Chine: un enquêteur découvre une société où les élites consomment de la chair humaine, métaphore des abus du régime. - "Grenouilles", (2009, Wā, Frog, Prix Mao Dun 2011) traite de la politique de l’enfant unique en Chine, raconté à travers le personnage d’une sage-femme : il y critique les conséquences des politiques démographiques sur les individus et les familles. - "Sìshíyī Pào" (2003, Pow), une métaphore des transformations économiques et sociales de la Chine, examinant les conséquences de la quête effrénée de richesse et de consommation...

Mo Yan s’est toujours défendu d’être un écrivain engagé politiquement, affirmant que son rôle est de raconter l’histoire du peuple chinois : il est officiellement reconnu par le gouvernement chinois, contrairement à d’autres écrivains exilés comme Gao Xingjian (Prix Nobel 2000, opposant au régime)...


Gao Xingjian (1940)

Premier écrivain chinois à recevoir le Prix Nobel (2000, une récompense qui sera fortement contestée par les autorités chinoises), exilé en France depuis 1987 et naturalisé français en 1998, Gao Xingjian est jugé comme une figure complexe et atypique dans la littérature chinoise. Contrairement à Mo Yan, qui reste publié en Chine, ou Ma Jian, qui critique directement le régime, Gao a été banni du paysage littéraire chinois. Ses œuvres sont interdites en Chine depuis la publication de "La Montagne de l’Âme" en 1990, mais il refuse néanmoins d’être qualifié de « dissident » au sens politique du terme. Pour lui, l’écrivain ne doit pas servir une cause politique : il prône une vision individuelle et esthétique de la littérature, opposée à toute forme d’endoctrinement, qu’il soit communiste ou démocratique. Son rejet du collectivisme maoïste, qu’il a vécu de plein fouet pendant la Révolution culturelle (1966-1976), transparaît dans son œuvre, mais son regard est plus philosophique qu’idéologique.

 

Gao a développé  son concept du "roman total", où l’ego narratif se démultiplie, alternant entre je, tu et il, dans "La Montagne de l’Âme" (Lingshan, Soul Mountain), dans lequel le narrateur, qui porte le même nom que l’auteur, entreprend un voyage à travers la Chine de 15 000 kilomètres dans les montagnes reculées et les forêts anciennes du Sichuan, dans le sud-ouest du pays, après avoir été diagnostiqué par erreur atteint d’un cancer du poumon. Le récit débute par une rencontre fortuite dans un train entre le narrateur et un homme mystérieux qui lui parle de la "Montagne de l'Âme" (Lingshan), un lieu légendaire censé offrir une profonde illumination spirituelle. Intrigué, le narrateur entreprend un voyage à la recherche de cette montagne mythique, traversant diverses régions rurales et urbaines de la Chine. Au cours de son périple, il rencontre une jeune femme énigmatique, marquée par des épreuves personnelles. Leur relation évolue entre attraction et distance, reflétant les complexités des interactions humaines. Parallèlement, il explore des sites culturels et spirituels, temples bouddhistes et ermitages taoïstes, engageant des discussions avec des moines, des ermites et des habitants locaux. Ces échanges l'amènent à réfléchir sur la nature de l'existence, la spiritualité et la place de l'individu dans la société. La quête de la "Montagne de l'Âme" devient une métaphore de la recherche intérieure et de la compréhension de soi. Le narrateur est confronté à ses propres peurs, désirs et souvenirs, naviguant entre réalité et imagination. Les paysages qu'il traverse, des forêts denses aux villages reculés, servent de toile de fond à son mouvement d' introspection profonde ...

 

Dans "Le Livre d’un homme seul" (1999, One Man’s Bible), contrairement à "Beijing Coma" de Ma Jian, qui adopte un ton plus militant, Gao préfère le regard introspectif, où la mémoire personnelle devient la seule vérité possible : en 1996, dans une chambre d'hôtel de Hong Kong, Marguerite, l'amante de Gao Xingjian, réveille ses souvenirs d'enfance et de début de vie adulte à l'ombre de Mao Zedong et de la révolution culturelle. Gao, qui s'est exilé en France, s'est rendu dans cette ville-État chinoise influencée par l'Occident, si proche de sa patrie, pour la mise en scène d'une de ses pièces. Ce qui suit, un récit romancé de la vie de Gao Xingjian sous le régime communiste, que ce soit dans les bureaux « ruches » de Pékin ou dans les villes rurales isolées, la vie quotidienne est marquée par la paranoïa et la peur, car les révolutionnaires, les contre-révolutionnaires, les réactionnaires, les contre-réactionnaires et la propagande gouvernementale montent les citoyens les uns contre les autres. C'est un endroit où une simple phrase prononcée dix ans plus tôt peut faire de quelqu'un un ennemi de l'État. Gao évoque la torture spirituelle de la répression politique et intellectuelle...

Dans le théâtre, Gao s’inspirera de Samuel Beckett et Bertolt Brecht pour créer un théâtre de l’absurde. Mais come, contrairement aux pièces révolutionnaires chinoises, son théâtre n’a pas de message politique clair, il sera suspect aux yeux du Parti communiste ("Arrêt de bus", 1983).


Yu Hua (1960), dentiste avant de devenir écrivain, contrairement à Ma Jian, qui adopte un ton dissident, ou Mo Yan, qui préfère la métaphore, Yu Hua décrit frontalement les brutalités de l’histoire chinoise en les mélangeant avec de l’humour absurde et du grotesque pour dénoncer les souffrances causées par la Révolution culturelle et l’absurdité du système chinois. Yu Hua appartient à la génération post-maoïste, celle qui a grandi dans la violence de la Révolution culturelle (1966-1976) avant de voir la Chine s’ouvrir économiquement dans les années 1980-1990. Cette dualité entre souffrance historique et modernisation brutale est centrale dans son œuvre : la Chine d’aujourd’hui, où le capitalisme sauvage a remplacé l’idéologie maoïste, est tout aussi cruelle et incompréhensible...

"Vivre !" (1993, Huózhe, To Live), comment les petites gens sont broyés par l’histoire : Fugui, un riche héritier débauché qui perd tout après avoir ruiné sa famille au jeu. Il devient un paysan pauvre et assiste impuissant aux bouleversements du XXᵉ siècle : guerre civile, famine, Révolution culturelle. Au fil des décennies, tous ses proches meurent tragiquement, et Fugui se retrouve seul avec un buffle comme unique compagnon. L’absurdité des tragédies subies par Fugui en dit long sur la violence du régime maoïste. Zhang Yimou en a tiré un film culte en 1994 ("To Live"), mais celui-ci a été censuré en Chine.

"Zài Xì Yǔ Zhōng Hū Hǎn" (1992, Cries in the Drizzle), récit semi-autobiographique qui suit le jeune Sun Guanglin, grandissant dans une petite ville chinoise, et à travers lui, les complexités des relations familiales et les réalités de la vie rurale pendant la Révolution culturelle. - Dans "Xǔ Sānguān Mài Xuè Jì" (1995, Chronicle of a Blood Merchant, Le vendeur de sang), Xu Sanguan, un ouvrier qui, pour subvenir aux besoins de sa famille, vend régulièrement son sang : à travers ses sacrifices, les défis économiques et sociaux de la Chine maoïste.  - "Shìshì Rú Yān" (1999, Les choses du monde sont comme la fumée, The Past and the Punishments), un recueil de nouvelles reflétant les absurdités et les cruautés de la vie quotidienne en Chine. - "Xiōngdì" (2005, Brothers) se veut satire du capitalisme chinois, de la transition chinoise vers l’ultra-capitalisme. Deux demi-frères, Li Guangtou et Song Gang, grandissent sous Mao, puis deviennent adultes dans la Chine moderne. L’un devient un magnat du capitalisme débridé (vendant des implants mammaires et des concours de beauté grotesques), l’autre reste un idéaliste naïf, broyé par le système. L’hypocrisie d'un gouvernement, qui est passé du dogme maoïste à une adoration sans borne du profit, fut un best-seller en Chine, malgré la controverse.

 

Dans "Le septième jour" (Dì Qī Tiān, 2013, The Seventh Day), Yu Hua revisite la tradition chinoise du voyage post-mortem (le Livre des morts tibétain) et critique la solitude des individus dans la Chine moderne, où les liens familiaux et sociaux disparaissent au profit du matérialisme. Yang Fei, un homme ordinaire, meurt et découvre un "purgatoire chinois" où il doit errer pendant sept jours avant de disparaître. Il rencontre d’autres âmes perdues, victimes d’injustices sociales : des ouvriers exploités, des enfants abandonnés, des dissidents morts en prison...

Dans "La Chine en dix mots" (Shí Gè Cíhuì Lǐ De Zhōngguó, 2010, China in Ten Words), Yu Hua analyse l’évolution de la Chine moderne à travers dix mots-clés, comme "peuple", "leader", "révolution", "argent", raconte des anecdotes personnelles pour illustrer les contrastes entre la propagande maoïste et le consumérisme frénétique actuel, il y dénonce l’amnésie collective : le passé maoïste est oublié, remplacé par une obsession pour l’argent : un livre interdit en Chine, la manipulation de l’histoire par le Parti communiste est en effet insoutenable, on s'en doute ...

"Wénchéng" (2021, Wen City) raconte l'histoire d'un homme à la recherche de sa bien-aimée disparue, le conduisant à la mystérieuse ville de Wen ...


Han Han (1982), écrivain, blogueur, réalisateur, pilote de course, satirique, ironique, provocateur, une célébrité médiatique critique mais toléré : contrairement à Ma Jian, qui est un dissident en exil, ou à Mo Yan, qui est reconnu par le régime, Han Han critique le système de l’intérieur tout en restant une star en Chine, phénomène sans doute unique. Il semble incarner une nouvelle génération de Chinois, désabusée, lucide sur le système, mais sans aucunes illusions révolutionnaires. Han Han ne croit ni au Parti communiste, ni aux dissidents exilés. Il se moque autant des idéologues communistes que des militants pro-occidentaux, qu’il juge naïfs. Un seul message :  le système est corrompu, mais personne ne propose d’alternative crédible, donc ...

 

"Sān Chóng Mén (Triple Door", 2000), critique directe d'un système scolaire chinois qui formate les esprits au lieu de les éduquer (la mémorisation prime sur la réflexion et seule la réussite aux examens compte), fut, malgré une censure partielle, un énorme succès (plus de 2 millions d’exemplaires vendus). 

Dans "Yī Zuò Chéng Chí (A City of One's Own", 2006), Han dénonce la manipulation des masses par l’État et les médias : dans une Chine imaginaire, où le gouvernement contrôle tout, un jeune homme découvre les coulisses du pouvoir et des médias. Il réalise que toute la société est fondée sur le mensonge, et que la liberté n’est qu’une illusion..

"1988: Wǒ Xiǎng Hé Zhège Shìjiè Tán Tán" (1988: I Want to Talk With the World, 2010), un road trip existentialiste, inspiré de "Sur la route de Jack Kerouac", Han Han critique l’absence de sens dans la société chinoise moderne et se veut roman philosophique sur la jeunesse : un jeune homme et une prostituée traversent la Chine en voiture, discutant de la vie, du sens du bonheur et de l’état du pays. Leur dialogue révèle l’angoisse d’une génération qui ne croit plus en rien : ni au communisme, ni au capitalisme, ni aux révolutions...

Dans l'essai "Qīngchūn" (2012, Youth, This Generation), Han Han ironisera sur la "grandeur" de la Chine moderne, qui cache en réalité un pays instable, corrompu et cynique : mais, contrairement aux dissidents exilés, il n’appellera toujours pas à la révolution, préférant décrire l’absurdité du quotidien, une éducation élitiste, mais qui produit des jeunes sans esprit critique, une obsession pour l’argent, mais sans véritable liberté politique, une société ultramoderne, mais avec un gouvernement autoritaire archaïque...


Yan Lianke (1958), un Officier dans l’Armée populaire de libération (PLA), un diplômé de l’Université de Pékin, et l’un des écrivains jugés les plus audacieux de Chine: sans être un dissident exilé comme Ma Jian, ou contrairement à Mo Yan, resté prudent dans ses critiques, Yan Lianke expose de manière directe les absurdités du régime communiste. ll sait parfaitement utiliser le réalisme surréaliste et l’allégorie pour contourner la censure, et a pu écrire sur les tabous chinois (la famine du Grand Bond en avant, la corruption, les camps de rééducation) en étant censuré en Chine, mais pas complètement interdit ...

La Chine qu'évoque Yan Lianke oublie son passé, où l’histoire officielle écrase la mémoire collective, il en dénonce la propagande et l’aveuglement du peuple face aux mensonges du Parti, et critique autant la dictature politique que la mentalité servile de la population...

Inspiré des récits du Grand Bond en avant (1958-1962), où des millions de Chinois sont morts de faim, Yan Lianke décrit dans "Les Quatre Livres" (2010), Sìshū, The Four Books) qui se déroule dans un camp de rééducation, une Chine absurde, où les intellectuels dénoncent leurs amis pour quelques grains de riz. Un livre interdit immédiatement après sa publication.

Dans "Le Rêve du village des Ding" (2006, Dīngzhuāng Mèng, Dream of Ding Village), inspiré d’un scandale réel des années 1990, où des cliniques clandestines ont transmis le SIDA à des milliers de paysans chinois, un vieil homme malade raconte les derniers jours des victimes, dans un récit hanté par les fantômes : nous sommes dans un village rural du Henan, des paysans vendent leur sang à des trafiquants et des milliers sont infectés par le VIH, mais le gouvernement cache la catastrophe. Le livre a été banni en Chine...

 

"Servir le peuple" (2005, Wèi Rénmín Fúwù, Serve the People) s'attaque à la propagande maoïste. Un jeune soldat entretient une liaison sexuelle avec la femme de son supérieur, sous un énorme panneau de propagande marqué "Servir le peuple". Chaque fois qu’il brise un symbole maoïste, sa maîtresse devient plus excitée. Parodie des slogans révolutionnaires chinois et censure immédiate ...

"Les Chroniques de Zhalie" (2013, Zhàliè Zhì, The Explosion Chronicles) s'empare du thème de la folie du capitalisme chinois, que ce soit boom immobilier chinois, où des villes entières sont construites sans habitants, ou mégalomanie des élites locales, prêtes à tout pour se glorifier. Le village de Zhalie, une petite bourgade insignifiante, veut devenir la plus grande ville de Chine : le maire lance un projet délirant, rase des forêts, détruit des maisons, construit des tours fantômes… pour un résultat des plus absurdes, une ville démente, vidée de ses habitants, où personne ne vit réellement ...

"Le Jour où le soleil s'est éteint" (Rìxī, The Day the Sun Died), un récit onirique où un village entier sombre dans un état de somnambulisme collectif, révélant les désirs cachés et les sombres secrets de ses habitants - "Les Années, les mois, les jours" (Nián-Yuè-Rì, Years, Months, Days), recueil de nouvelles ..


Wang Shuo (1958) est l’un des écrivains les plus influents et controversés de la Chine contemporaine. Connu pour son style provocateur (un ton irrévérencieux et satirique, souvent en rupture avec le réalisme socialiste officiel), satirique et urbain (un langage populaire et argotique, fidèle au parler des rues de Pékin), il a révolutionné la littérature chinoise des années 1980 et 1990 en s’éloignant des thèmes révolutionnaires traditionnels pour explorer la culture populaire, les marginaux et les jeunes désillusionnés dans une Chine en mutation rapide. 

"Wán Zhǔ" (1987, The Troubleshooters) conte l'histoire de trois jeunes hommes à Pékin qui créent une entreprise offrant des services inhabituels pour résoudre les problèmes personnels de leurs clients, reflétant les absurdités de la société urbaine chinoise des années 1980. - "Yībàn Shì Huǒyàn, Yībàn Shì Hǎishuǐ" (1988, Half Flame, Half Brine), une relation passionnée et destructrice entre un homme et une femme, les conflits émotionnels et les désillusions de la jeunesse chinoise contemporaine. - "Qiānwàn Bié Bǎ Wǒ Dāng Rén" (1989, Please Don't Call Me Human), satire politique racontant l'histoire d'un homme ordinaire choisi pour représenter la Chine dans une compétition internationale de force, une critique des excès du nationalisme et des absurdités bureaucratiques et peut-être l'un des romans les plus subversifs de la littérature chinoise contemporaine.  - "Wánr De Jiùshì Xīntiào" (1989, Playing for Thrills) un thriller dans lequel le protagoniste, ancien soldat, tente de reconstituer les événements entourant la disparition mystérieuse d'un de ses amis, plongeant dans les méandres de sa propre mémoire et de la réalité. - "Wǒ Shì Nǐ Bàba" (1991, I Am Your Father") évoque le fossé entre les générations et le désenchantement de la jeunesse chinoise dans un pays en mutation. 

"Dòngwù Xiōngměng" (1991, Wild Beasts, Les Animaux féroces) est un de ses romans les plus célèbres (adapté en film sous le titre "In the Heat of the Sun", 1994), qui raconte la jeunesse d’un adolescent dans le Pékin des années 1970, sous la Révolution culturelle, avec une vision teintée de nostalgie et de désillusion : le point de vue d’un jeune voyou charmeur et désinvolte, loin des héros maoïstes traditionnels. - "Kàn Shàngqù Hěn Měi" (1998, Looks Beautiful), l'histoire d'un jeune garçon dans une maternelle de Pékin, offrant une perspective innocente mais perspicace sur les dynamiques sociales et éducatives de la Chine urbaine...

De nombreux romans de Wang Shuo ont été adaptés au cinéma, souvent en collaboration avec des réalisateurs renommés comme Jiang Wen ..

Dans les années 2000, il s’est éloigné de la scène littéraire, déclarant que l’ère de la vraie subversion était terminée en Chine. Il reste cependant un auteur culte, souvent redécouvert par les nouvelles générations chinoises en quête d’un regard plus libre et plus critique sur leur société.


North East China (Dōngběi) 

Autrefois appelée la Mandchourie, cette région a joué un rôle stratégique et géopolitique majeur en Asie de l'Est, influençant l’histoire de la Chine, du Japon et de la Russie. C'est l’une des régions les plus froides de Chine, avec des hivers rigoureux où les températures chutent en dessous de -30°C dans le Heilongjiang, une région de grandes plaines, de montagnes et de forêts, avec des paysages similaires à la Sibérie russe et à la Mongolie intérieure. Le fleuve Amour (Heilongjiang) marque la frontière avec la Russie, et la région possède des influences russes visibles dans l’architecture et la culture. 

Ce fut le berceau de la dynastie Qing (1644-1912), les Mandchous, qui ont conquis la Chine et fondé la dynastie Qing, viennent de cette région. Sous l’occupation japonaise (1931-1945), le Dōngběi fut transformé en Mandchoukouo, un État fantoche du Japon dirigé par le dernier empereur de Chine, Puyi. Et un champ de bataille majeur entre la Chine, le Japon et la Russie (Guerre russo-japonaise de 1904-1905).

Le Dōngběi fut le premier centre industriel moderne de la Chine, avec une forte production d’acier, de charbon, et de machines lourdes. Pendant l’ère communiste, il était connu comme "le grenier industriel de la Chine", comparable aux régions industrielles de la Ruhr en Allemagne ou du Midwest américain. Depuis les années 1990, il fait face à un déclin économique en raison de la restructuration industrielle et de la concurrence des provinces du Sud.

Harbin, capitale du Heilongjiang, est souvent appelée la "Moscou de l’Orient", avec son architecture européenne et ses églises orthodoxes (ex. Église Sainte-Sophie). L'influence japonaise est aussi forte, notamment dans l’urbanisme de Shenyang et Dalian. La culture locale mélange des éléments chinois, mandchous, mongols, coréens et russes ...

 

Provinces and Capitals:

- Liaoning (辽宁省, Liáoníng Shěng) – Capital: Shenyang (Shěnyáng Shì)

- Jilin (吉林省, Jílín Shěng) – Capital: Changchun (Chángchūn Shì)

- Heilongjiang (黑龙江省, Hēilóngjiāng Shěng) – Capital: Harbin (Hā'ěrbīn Shì)

 


Shenyang (Liaoning)

Population : Environ 8,1 millions d'habitants.- Située dans la plaine du Nord-Est, Shenyang est le plus grand centre urbain et économique de la région Dōngběi. C'est un nœud ferroviaire et routier majeur, reliant Pékin, Harbin, Dalian et la Mongolie intérieure. Son rôle de passerelle entre la Chine et la Corée du Nord lui donne une importance géopolitique stratégique. Une forte influence japonaise et russe, visible dans l’architecture et les infrastructures laissées par l’occupation japonaise et l’influence soviétique après 1949.

Attractions touristiques :

- Palais impérial de Shenyang (Mukden Palace) : Ancienne résidence de la dynastie Qing, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, bien que plus petit que la Cité interdite de Pékin ..

- Tombe Fuling : Lieu de sépulture du fondateur de la dynastie Qing, également classé au patrimoine mondial.

- Rue Zhongjie : Une des plus anciennes rues commerçantes de Chine, idéale pour le shopping et la découverte de la cuisine locale.


Dalian (Liaoning)

Population : Environ 6,7 millions d'habitants. - Située sur la péninsule du Liaodong, Dalian est entourée par la mer Jaune et la mer de Bohai, ce qui en fait un carrefour maritime entre la Chine, la Corée du Sud et le Japon. C'est l’un des ports les plus importants de Chine, spécialisé dans le commerce international, le transport de conteneurs et le raffinage pétrolier. L’architecture russe (1898-1905), avec ses avenues larges et ses bâtiments en pierre, est encore visible aujourd’hui : Dalian passera ensuite sous domination japonaise après la défaite russe en 1905, modernisant la ville, construisant ses infrastructures portuaires et y développant l’industrie...

Dalian est souvent surnommée la "Hong Kong du Nord" en raison de son urbanisme moderne, son littoral et son ouverture sur le monde. Elle attire des investissements étrangers, notamment japonais, sud-coréens et européens. Enfin, Dalian est réputée pour son industrie de la mode, organisant chaque année le Dalian International Fashion Festival.

Une forte culture de la consommation et du luxe, avec des centres commerciaux modernes et une forte présence de marques internationales...

Attractions touristiques :

- Place Xinghai : Une des plus grandes places urbaines du monde, souvent utilisée pour des événements et des festivals.

- Parc de la mer de Binhai : Parc côtier offrant de belles vues sur la mer Jaune, idéal pour les promenades.

- Quartier russe : Zone historique avec des bâtiments de style russe, reflétant l'histoire de la ville.


Harbin (Heilongjiang)

Population : Environ 10,6 millions d'habitants.

Ville unique en Chine, elle est célèbre pour son climat glacial, son héritage russe, son festival international de sculptures sur glace et son importance géopolitique et économique. Traversée par le fleuve Songhua, qui gèle en hiver et devient un site touristique majeur, la ville en effet connaît un climat subarctique, avec des hivers parmi les plus froids de Chine (-30°C à -40°C), ce qui lui vaut le surnom de "Ville de glace". À la fin du XIXe siècle, Harbin était une simple bourgade avant que les Russes ne la transforment en un centre ferroviaire clé, et l’architecture européenne domine le centre-ville, avec des bâtiments de style russe, byzantin et baroque. Le commerce avec la Russie est une priorité, Harbin jouant un rôle central dans les échanges sino-russes.

Attractions touristiques :

- Festival international de la sculpture sur glace et neige(Harbin Ice and Snow Festival) : Événement annuel présentant des sculptures de glace impressionnantes (comparable au festival de glace de Sapporo (Japon) et aux sculptures de glace de Québec).

- Église Sainte-Sophie (Saint Sophia Cathedral) : Ancienne église orthodoxe russe emblématique de l'architecture de la ville.

- Rue centrale (Zhongyang Dajie) : Rue piétonne historique avec des bâtiments de style européen, idéale pour se promener.

- Le Parc du Tigre de Sibérie constitue l’une des plus grandes réserves de tigres de Sibérie au monde.


Chi Zijian (1964)

Chi Zijian est une romancière chinoise contemporaine, originaire du Heilongjiang, une province du Grand Nord-Est de la Chine, à la frontière entre la Chine et la Russie. Elle est surtout connue pour son roman "Goodnight, Rose" (Wǎn’ān Méiguī, 2009) et surtout pour "The Last Quarter of the Moon" (É'ěrgǔnà Hé Yòu'àn, 2005, "Sur la rive droite de la rivière Argun"), une fresque poétique sur la culture des Evenks, un peuple nomade de Sibérie éleveurs de rennes et vivant dans les forêts du Heilongjiang, racontée à travers les souvenirs d’une vieille femme Evenk. Dans les années 1930, le monde intime et isolé de la tribu est bouleversé par l'invasion de la Chine par l'armée japonaise. Les Evenki ne peuvent éviter d'être entraînés dans le conflit brutal qui marque le premier pas vers la fin de leur isolement. Traduit en plusieurs langues, ce roman est une méditation sur l’identité et la perte des traditions. "Tales of the Arctic Village" (2002), recueil de contes et légendes du Grand Nord chinois, mêlant folklore et réalisme ... 


Changchun (Jilin)

Population : Environ 7,7 millions d'habitants.

Elle est unique en raison de son rôle historique en tant qu’ancienne capitale du Mandchoukouo sous l’occupation japonaise (1932-1945), - c'est une ville conçue avec un plan urbain moderne dès l’époque japonaise, avec de larges avenues, des espaces verts et une symétrie architecturale. Mais c'est aussi le centre de l’industrie automobile chinoise moderne : Changchun produit ainsi des voitures pour Volkswagen, Toyota, Hongqi (marque de luxe chinoise utilisée par les dirigeants du PCC).

Changchun abrite des universités prestigieuses, telles que Jilin University, considéré comme l'une des meilleures de Chine, et Changchun University of Science and Technology, spécialisée en ingénierie et technologie.

La ville est aussi le plus grand centre de production cinématographique de Chine avant Pékin et Shanghai : le Changchun Film Studio, surnommé "Hollywood du Nord-Est", a produit de nombreux films classiques chinois...

Attractions touristiques :

- Palais de l'empereur fantoche (Wei Huang Gong) : Résidence de Puyi, le dernier empereur de Chine, lorsqu'il était le dirigeant de l'État fantoche du Mandchoukouo.

- Parc de la culture et des sculptures : Parc présentant diverses sculptures et offrant un espace vert pour se détendre.

- Musée de l'industrie automobile de Changchun : Expositions sur l'histoire de l'industrie automobile en Chine ...


Jilin (Jilin)

Population : Environ 4,4 millions d'habitants.

Contrairement à Changchun, qui est la capitale provinciale et un pôle industriel majeur, Jilin est une ville plus pittoresque, connue pour ses paysages naturels, ses rivières gelées et son importance dans l’histoire de la Mandchourie. Elle est particulièrement réputée pour ses hivers spectaculaires et son rôle croissant dans les sports d’hiver, en faisant l’un des principaux centres de ski et de tourisme hivernal en Chine.

Attractions touristiques :

- Rivière Songhua : Connue pour le phénomène naturel du givre en hiver, créant des paysages enchanteurs.

- Monts Changbai : Chaîne de montagnes offrant des opportunités de randonnée et abritant le lac Tianchi.

- Temple de Wenmiao : Ancien temple confucéen bien préservé, offrant un aperçu de la culture traditionnelle chinoise.


Xiao Hong (1911-1942) est l’une des grandes figures féminines de la littérature chinoise et une figure clé du modernisme chinois, aux côtés de Lu Xun, Ding Ling et Shen Congwen. Reconnue pour son réalisme poétique et ses récits poignants sur la vie dans la Chine rurale, elle a laissé une empreinte profonde dans la littérature chinoise du XXe siècle avant de mourir prématurément à 31 ans, en pleine guerre sino-japonaise. 

Née à Hulan, Heilongjiang, dans le Nord-Est de la Chine, d’une famille aisée, mais souffrant d’une relation difficile avec son père autoritaire, elle fuit un mariage arrangé en 1930 et se retrouve abandonnée et sans ressources.  Après plusieurs années d’errance et de difficultés financières, elle se réfugie à Harbin, où elle commence à écrire et publie ses premiers poèmes et essais. En 1932, elle rencontre l’écrivain Xiao Jun, qui devient son compagnon et collaborateur littéraire. Ensemble, ils publient "Le Champ de vie et de mort" ( Shēngsǐ Chǎng, 1935, The Field of Life and Death), un roman puissant sur la vie dans un village mandchou sous la domination japonaise : ele y décrit l’oppression des paysans et des femmes, notamment à travers des portraits de mères et d’épouses contraintes à des existences douloureuses. Le roman attirera l’attention de l’écrivain Lu Xun, une figure majeure de la littérature chinoise moderne.

"Les Récits de Hulan" (Hūlán Hé Zhuàn, 1941, Tales of Hulan River) constitue son œuvre la plus célèbre, inspirée de son enfance dans la ville de Hulan : un récit semi-autobiographique qui dépeint la ruralité chinoise avec une mélancolie poétique, exposant la cruauté et l’absurdité des traditions féodales. Xiao Hong a également écrit de nombreuses nouvelles et chroniques sur les thèmes de la guerre sino-japonaise (1937-1945) et de l’exil.

Son couple avec Xiao Jun est tumultueux, elle subit des violences conjugales. Elle vit dans la pauvreté et l’exil, se déplaçant de Harbin à Pékin, puis à Shanghai, Wuhan et enfin Hong Kong, où elle meurt en 1942, un Hong Kong occupé par les Japonais : elle y meurt d’une maladie non soignée à seulement 31 ans...


Lu Yao (1949-1992), de son vrai nom est Wang Weiguo, est connu pour ses récits réalistes mettant en scène la vie des paysans et des jeunes générations confrontés aux défis du développement de la Chine.

"La Vie" (1982), son premier grand succès, raconte le parcours de Gao Jialin, un jeune paysan ambitieux, tiraillé entre les valeurs rurales et les opportunités offertes par la modernisation de la Chine (adapté en film en 1984, un grand succès du cinéma chinois). "Une Vie ordinaire" (1986-1989), est largement lue et étudiée en Chine, et continue d’inspirer des générations par son message de persévérance et d’espoir face à l'adversité. Une trilogie monumentale qui lui vaut le Prix Mao Dun de littérature en 1991, la plus haute distinction littéraire en Chine, et qui décrit l’ascension sociale de Sun Shaoping et de sa famille, des paysans du Shaanxi cherchant à s’élever par l’éducation et le travail acharné. Un roman épique de plus de 1 000 pages, souvent comparé aux grands romans réalistes européens. Lu Yao meurt prématurément en 1992, à l’âge de 42 ans, épuisé par la maladie et par son engagement total dans l’écriture. Ses romans continuent d’être lus massivement en Chine ...