PAYSAGES - EAST ASIA - China
China - South China (Huánán Dìqū) - Hong Kong - Macao - ...
Cán Xuě (1953), "Dialogues in Paradise" (1989, Tiāntáng lǐ de duìhuà), "The Embroidered Shoes: Stories" (1997, Xiùhuā xié), "Five Spice Street" (2009, Wǔ Xiāng Jiē) - Liu Yichang (1918-2018), "The Drunkard" (Jiǔ Tú, L’Homme ivre, 1963), "Intersection" (Duì Dǎo, 1972) - Ni Kuang (1935-2022), "Wisely Series" (1963) - Xi Xi (1937-2022), "My City" (1979, Wǒ Chéng), "A Woman Like Me" (1984, Xiàng wǒ zhèyàng de yí gè nǚzǐ) - Yi Shu (1946), "Xibao" (1980) - Dung Kai-cheung (1967), "Atlas: The Archaeology of an Imaginary City" (1997) - ......
South China (Huánán Dìqū)
La région du Sud de la Chine comprend principalement les provinces du Guangdong, du Guangxi et de Hainan. Le Delta de la Rivière des Perles (Zhūjiāng Sānjiǎozhōu) est l’un des pôles économiques les plus puissants du monde et comprend des villes comme Guangzhou (Canton), Shenzhen, Hong Kong, Macao et Foshan, Dongguan et Zhuhai. C'est un des principaux centres mondiaux de la haute technologie, de la finance et du commerce international. Shenzhen est surnommée "la Silicon Valley de la Chine", siège de Huawei et Tencent. Hong Kong et Shenzhen sont parmi les villes les plus modernes du monde.
- C'est une région stratégiquement située sur les Routes du Commerce Mondial : Guangzhou a été un port clé de la Route Maritime de la Soie, Hong Kong est l’un des principaux centres financiers et commerciaux du monde, Macao, ancienne colonie portugaise, est un hub touristique et du jeu, et l’île de Hainan est devenue une zone franche et un centre du commerce international.
- On reconnaît à cette région une identité culturelle et linguistique unique : c'est en effet le berceau de la culture cantonaise (Yuè Wénhuà), l’une des plus influentes en Chine et la langue cantonaise est parlée par des millions de personnes en Chine et dans la diaspora.
- Une Influence mondiale grâce à la Diaspora chinoise : de nombreuses communautés chinoises d’Asie du Sud-Est (Malaisie, Singapour, Thaïlande, Vietnam) sont originaires du Guangdong et du Fujian. Les Chinois d’Amérique du Nord et d’Europe ont souvent des racines cantonaises. La culture du Sud de la Chine a influencé la cuisine chinoise mondiale, le commerce et le cinéma.
- On lui reconnaît une nature et des paysages tropicaux spectaculaires (les montagnes karstiques de Guilin et Yangshuo (Guangxi), l’île de Hainan, surnommée "le Hawaï de la Chine", avec ses plages paradisiaques, et de nombreux parcs naturels et sites classés, comme les cascades de Detian.
De la "Pearl River Delta" (PRD) à la "Greater Bay Area" (GBA)
Le "Delta de la Rivière des Perles" (Zhūjiāng Sānjiǎozhōu) est l’un des pôles économiques les plus puissants du monde et comprend des villes comme Guangzhou (Canton), Shenzhen, Hong Kong, Macao et Foshan, Dongguan et Zhuhai...
C'est un delta fluvial formé par la Rivière des Perles Zhūjiāng), le troisième plus grand fleuve de Chine après le Yangtsé et le Fleuve Jaune. C'est une zone économique en plein essor depuis les réformes de Deng Xiaoping dans les années 1980, et une région ultra-urbanisée avec plus de 85 millions d’habitants (comparable à la région du Delta du Yangtsé autour de Shanghai pour son poids économique et son urbanisation rapide). Un véritable moteur de l’exportation mondiale, produisant une grande partie des biens de consommation de la planète, une région spécialisée dans l’électronique, l’automobile, la finance et la logistique qui génère plus de 20 % du PIB de la Chine.
Les Villes clés du Delta de la Rivière des Perles ...
- Guangzhou (Canton), un centre historique du commerce maritime et de la culture cantonaise, un Hub logistique et industriel, lieu de la célèbre Foire de Canton, la plus grande exposition commerciale au monde, et comparable à Shanghai pour son rôle commercial et culturel.
- Shenzhen, "la Silicon Valley de la Chine", un centre technologique mondial avec des entreprises comme Huawei, Tencent, DJI, qui connu un boom économique fulgurant en seulement 40 ans, une ville pionnière en smart cities et développement durable. Comparable à Tokyo ou Singapour pour son urbanisme futuriste, Shenzhen est un leader mondial en IA, big data et nouvelles technologies, siège d'investissements massifs dans les énergies renouvelables et la transition écologique, et doté d'un réseau de transport ultra-moderne, avec des métros, trains à grande vitesse et taxis autonomes.
- Hong Kong, l’une des places financières les plus importantes de la planète, un pont entre la Chine et le monde, une culture unique, mélange de traditions chinoises et d’influences britanniques.
- Macao, le "Las Vegas de l’Asie", un centre mondial du jeu et du tourisme de luxe, un mélange unique de culture portugaise et chinoise, une ville en plein essor avec des investissements massifs dans les infrastructures.
- Foshan, un centre de production d’électronique, d’électroménager et de céramique, et berceau des arts martiaux du Sud de la Chine, notamment du Wing Chun.
- Dongguan, l'Usine du Monde, un des plus grands centres manufacturiers, notamment pour les produits électroniques, fournisseur clé pour des marques comme Apple, Dell et Samsung, comparable à Shenzhen pour sa puissance industrielle.
- Zhuhai, une ville touristique en plein essor, située juste en face de Macao, connue pour son ouverture et son développement économique rapide, point stratégique du Pont Hong Kong-Zhuhai-Macao, que l'on compare souvent à Miami pour son climat et son attractivité touristique. Zhuhai possède l'un des plus longs littoraux de Chine, avec plus de 140 îles (Îles de Zhuhai )et plages (plage de Xianglu Bay), et une combinaison unique de montagnes, de mer et de forêts tropicales. La Statue de la Pêcheuse est le symbole de Zhuhai, représentant une légende romantique chinoise. Chimelong Ocean Kingdom est un des plus grands parcs aquatiques du monde. De nombreux resorts de luxe et complexes touristiques en construction ...
Un ensemble constituant un Hub logistique et commercial mondial avec le port de Shenzhen (l’un des plus actifs du monde), le pont Hong Kong-Zhuhai-Macao (le plus long pont maritime du monde (55 km), qui relie les trois villes clés du delta), et une connexion aérienne massive avec des aéroports majeurs (Hong Kong, Guangzhou, Shenzhen).
Comparable à la mégalopole de Tokyo-Yokohama pour sa concentration de richesses et d’innovations, l'ensemble constitue un Modèle pour l’Avenir du Développement Urbain en Chine (l'un des principaux projets de Pékin : la Grande Baie de Chine (Greater Bay Area, GBA), dont l'objectif est d'intégrer Hong Kong, Macao et les villes du Delta pour créer une région économique encore plus puissante...
"China's Greater Bay Area: Agglomeration, External Economies, Governance and Urbanization" par Jerry Patchell (2023) : une approche académique intégrant des concepts économiques modernes tels que l'agglomération et la gouvernance urbaine, idéal pour comprendre les défis et opportunités actuels de la région dans le contexte mondial...
"Regional Powerhouse: The Greater Pearl River Delta and the Rise of China" par Michael J. Enright, Edith E. Scott et David Dodwell (2005) : une étude historique couvrant les années précédant 2005, se concentrant sur l'émergence du Delta de la Rivière des Perles comme moteur économique. Les auteurs, experts en compétitivité et en développement régional, se sont penchés sur la transformation rapide du GPRD, qui englobe des villes clés telles que Hong Kong, Shenzhen, Guangzhou et Macao. Ils examinent comment cette région est devenue un moteur économique majeur, non seulement pour la Chine, mais aussi pour l'économie mondiale. Une attention particulière est accordée à Hong Kong, décrite comme un centre financier et commercial international, jouant un rôle pivot dans la connexion entre la Chine continentale et le reste du monde. Les auteurs analysent l'impact des IED (Investissements étrangers directs) dans la région, soulignant comment les politiques favorables et l'environnement d'affaires attractif ont attiré des entreprises multinationales.
Provinces and Capitals:
- Guangdong (广东省, Guǎngdōng Shěng) – Capital: Guangzhou (Guǎngzhōu Shì)
- Guangxi (广西壮族自治区, Guǎngxī Zhuàng Zìzhìqū) – Capital: Nanning (Nánníng Shì)
- Hainan (海南省, Hǎinán Shěng) – Capital: Haikou (Hǎikǒu Shì)
- Hong Kong (香港, région administrative spéciale)
- Macau (澳门, région administrative spéciale)
Guangzhou (Canton, Guangdong)
Population : Environ 18,7 millions d'habitants.
Contrairement aux villes plus tournées vers l’intérieur comme Pékin ou Xi’an, Guangzhou a toujours été ouverte sur l’extérieur via la Route maritime de la Soie. Ville pionnière dans la modernisation de la Chine après l’ouverture économique, Guangzhou est le plus grand port du sud de la Chine depuis plus de 2 000 ans, et fut tant un point clé de la Route Maritime de la Soie reliant la Chine au Moyen-Orient, à l’Asie du Sud-Est et à l’Europe que, depuis le XVIIIe siècle, le principal point d’entrée du commerce extérieur en Chine. Guangzhou est un centre de production médiatique en Chine du Sud, avec de nombreuses chaînes de télévision et plateformes numériques. Plateforme clé pour les influenceurs et livestreaming e-commerce, un secteur qui se développe rapidement sur Douyin (TikTok chinois), WeChat et Taobao Live. Guangzhou est aussi une porte d’entrée pour les entreprises étrangères cherchant à pénétrer le marché chinois via le marketing digital et les réseaux sociaux chinois...
Contrairement au mandarin (langue officielle de la Chine), le cantonais est une langue sino-tibétaine à 9 tons (contre 4 en mandarin), ce qui le rend plus complexe à apprendre. Largement parlé dans le Guangdong, Hong Kong, Macao et la diaspora chinoise (Chinatown en Europe, Amérique, Asie du Sud-Est) : le cinéma de Hong Kong, avec des figures comme Bruce Lee, Jackie Chan, Wong Kar-wai, a diffusé le cantonais à l’échelle mondiale, et la musique cantopop (Cantonese pop) a dominé l’Asie avant l’essor de la K-pop.
Guangzhou est connue pour son climat tropical, ses jardins luxuriants et son art de vivre plus détendu que d'autres villes chinoises plus formelles. Contrairement aux traditions plus confucianistes et bureaucratiques du Nord (Pékin), le Sud a une culture plus pragmatique et marchande : influence taoïste et bouddhiste dans la philosophie de vie, avec une approche plus souple que le Confucianisme strict du Nord.
Enfin, Guangzhou partage une forte proximité avec Hong Kong et Macao, ce qui lui donne une culture plus internationale et ouverte...
Attractions touristiques :
- Tour de Canton (Canton Tower, Guǎngzhōu Tǎ, 600m), une des plus hautes tours du monde, symbole moderne de la ville, offrant une vue panoramique depuis son observatoire.
- "The Pearl River" (Zhujiang) traverse Guangzhou, offrant des vues panoramiques et la croisière de nuit est une activité touristique populaire. Le Pont de la Rivière des Perles, une prouesse architecturale...
- Île de Shamian : Quartier historique avec une architecture coloniale européenne bien préservée.
- Marché de Qingping (Qīngpíng Shìchǎng): marché traditionnel où découvrir une variété de produits locaux, au cœur de l’ancienne ville de Guangzhou. L'un des meilleurs endroits pour acheter des herbes et ingrédients traditionnels de la médecine chinoise (ginseng, champignons, racines, etc.). Autrefois célèbre (et controversé) pour ses animaux exotiques destinés à la consommation, ce marché a été réformé après l’épidémie de SARS (2003) et l’épidémie de COVID-19.
- Shangxiajiu Pedestrian Street une célèbre rue commerçante bordée de bâtiments d’architecture Lingnan et d’anciennes enseignes de Guangzhou.
- Guangzhou abrite une variété de sites religieux, tels que le "Temple of the Six Banyan Trees" (Liù Róng Sì), - célèbre pour sa Pagode des Fleurs (Huā Tǎ), une structure octogonale de 57 mètres de haut, l’un des temples bouddhistes les plus emblématiques de la ville -, le Temple Guangxiao (Guāngxiào Sì), - un site majeur du bouddhisme Chan (Zen) -, la Cathédrale du Sacré-Cœur (Shíshì Shèngxīn Dàjiàotáng), - construite entre 1863 et 1888 par des missionnaires français et un point de repère majeur dans la ville -, la Mosquée Huaisheng (Huáishèng Sì), - une des plus anciennes mosquées de Chine, supposément construite par Sa'd ibn Abi Waqqas, un des compagnons du prophète Mahomet - ...
Ouyang Shan (1908–2000)
De son vrai nom Yang Fengqi, né dans la province du Hubei, Ouyang Shan est reconnu comme une figure importante de la littérature chinoise moderne, notamment pour ses contributions au réalisme socialiste et pour sa représentation des transformations sociales et politiques de la Chine au XXe siècle. Pendant la guerre sino-japonaise, il a résidé dans les zones contrôlées par la Chine et a rejoint le Parti communiste chinois en 1940. Après la Révolution culturelle, il est devenu président de l'Association des écrivains de la province du Sichuan en 1979. En dépeignant des individus avec leurs contradictions, il s'éloigne des représentations idéalisées, offrant une perspective nuancée sur les transformations sociopolitiques de la Chine. Il est surtout connu pour son roman épique "The Three Families Lane", première partie de sa série en cinq volumes "The Great Changes in a City", une oeuvre, qui se déroule au début du XXe siècle, contant la vie et les luttes de trois familles à Guangzhou dans le contexte des mouvements révolutionnaires en Chine. Trois familles vivant dans le même quartier, chacune représentant des classes sociales et des idéologies différentes : la famille Zhou, une famille représentative de la classe ouvrière, dont le protagoniste, Zhou Bing, est un jeune révolutionnaire idéaliste qui s'engage dans le mouvement ouvrier et la cause communiste. La famille Chen est à l'opposé une famille bourgeoise, aisée, conservatrice et opposée aux changements révolutionnaires. Entre les deux, la famille He, une famille de la classe moyenne, représentant les intellectuels et la petite bourgeoisie. Entre clesmembres de ces trois familles, des relations complexes, des amitiés et des amours, notammenr entre les jeunes générations, en particulier Zhou Bing, Chen Wenyi et He Shouzhen. Avec en toile de fond l'alliance nationaliste-communiste et la scission qui s'en est suivie, l'histoire aborde les thèmes de la lutte des classes, de la loyauté personnelle et de l'impact des bouleversements politiques sur la vie des individus. Le récit est riche en détails historiques, illustrant les tensions sociales et politiques de l'époque, notamment le Mouvement du 30 mai (1925) et l'Expédition du Nord. Il s'agit à la fois d'une histoire personnelle d'amour et de trahison et d'un commentaire plus large sur les changements révolutionnaires qui balayent la Chine.
Cán Xuě (1953)
De son vrai nom Deng Xiaohua, elle est née à Changsha, dans la province du Hunan (son pseudonyme, signifiant littéralement "neige résiduelle", évoque la neige persistante sur les sommets montagneux, symbolisant une résistance tenace) et connu une jeunesse marquée par des épreuves liées aux bouleversements politiques de la Chine. En 1957, lors du Mouvement anti-droitier, ses parents, tous deux employés du New Hunan Daily News, sont accusés de tendances droitières. Son père est envoyé en camp de travail, tandis que sa mère est contrainte au travail forcé à la campagne. Ces événements plongent la famille dans une grande précarité, exacerbée par la famine qui sévit à la fin des années 1950. La grand-mère de Can Xue meurt de faim en 1960.
Ces expériences ont profondément influencé sa vision du monde et son écriture. En raison de ces persécutions, son éducation formelle s'arrête après l'école primaire. Autodidacte, elle se plonge dans la littérature occidentale, notamment les œuvres de Franz Kafka, Jorge Luis Borges et Italo Calvino, qui influenceront son style littéraire. Avant de se consacrer à l'écriture, elle exerce divers métiers, dont celui d'ouvrière dans une usine métallurgique et d'enseignante suppléante en anglais. En 1982, avec son mari, elle ouvre une petite boutique de couture. Can Xue commence sa carrière littéraire en 1983 et publie son premier récit, "Bubbles in Dirty Water", en 1985, "Huáng Ní Jiē", "La Rue de la boue jaune", une rue fictive où les habitants vivent dans des conditions précaires : les aspects sombres de la nature humaine à travers des récits fragmentés et des descriptions surréalistes, reflétant les défis de la société chinoise contemporaine. Son style, souvent qualifié d'avant-gardiste et de surréaliste, se distingue par des narrations non conventionnelles et des images abstraites. Elle explore fréquemment des thèmes tels que le cauchemar, l'horreur et l'absurde, s'éloignant du réalisme traditionnel de la littérature chinoise moderne.
Parmi ses œuvres majeures figurent "Five Spice Street" (2009, Wǔ Xiāng Jiē), "The Last Lover" (2014, Zuìhòu de Qíngrén), qui a remporté le Best Translated Book Award en 2015, et "Love in the New Millennium" (2018). Son travail a été largement traduit, permettant à un public international de découvrir son univers littéraire unique. Malgré une reconnaissance internationale croissante, Can Xue reste une figure singulière dans le paysage littéraire chinois, souvent en marge des courants dominants.
"Dialogues in Paradise" (1989, Tiāntáng lǐ de duìhuà)
Dialogues in Paradise est l’un des premiers recueils de nouvelles de Can Xue, une autrice majeure du postmodernisme chinois, souvent comparée à Kafka et Borges pour son approche de l’absurde et du surréalisme. L’œuvre a été publiée dans un contexte où la littérature chinoise évoluait après la Révolution culturelle, s’ouvrant à des formes plus expérimentales qui remettaient en question la narration réaliste dominante. Ce recueil a marqué une rupture avec la littérature traditionnelle chinoise et le réalisme socialiste, en introduisant une prose fragmentée et un univers onirique, souvent oppressant.
Plutôt que de suivre une intrigue linéaire, ces récits fonctionnent comme des expériences de langage et de perception, où les frontières entre rêve et réalité sont volontairement floues.
Nombre des histoires de "Dialogues in Paradise" plongent les protagonistes dans des espaces hostiles, où les règles de la réalité semblent fluctuantes. Une nouvelle raconte ainsi l’histoire d’un personnage qui découvre un passage secret dans sa maison, menant à un monde étrange où les objets prennent vie et où les lois physiques cessent de s’appliquer; mais cet environnement, d’abord fascinant, devient oppressant, et le personnage ne peut plus en sortir. Dans une autre histoire, une femme se retrouve seule dans une ville fantomatique, poursuivie par des figures indistinctes qui semblent connaître ses pensées. Des récits remplis d’images surréalistes et oppressantes qui évoquent des cauchemars éveillés.
Can Xue explore également la dissolution de l’identité et la perte de repères dans la communication. Dans certaines nouvelles, les dialogues entre personnages semblent ne jamais aboutir à une véritable compréhension. Les phrases sont fragmentées, pleines de malentendus, et parfois, les interlocuteurs échangent des propos qui n’ont aucun lien apparent. L’incompréhension et l’isolement dominent ces interactions. Ainsi, dans une nouvelle, un couple tente de converser, mais chaque phrase prononcée par l’un semble déformer la réalité perçue par l’autre : peu à peu, l’un des personnages commence à douter de sa propre existence, à se demander s’il est en train de disparaître sous le poids des mots de son partenaire.
Plusieurs récits présentent de même des mutations physiques inquiétantes. Des personnages voient leur peau se fissurer, leurs membres se détacher ou leur reflet dans le miroir changer de manière inexplicable. Can Xue joue ici avec la dépersonnalisation et l’angoisse corporelle, un thème qui rappelle les métamorphoses de Kafka. Une nouvelle raconte ainsi l’histoire d’un homme dont l’ombre commence à agir indépendamment de lui, prenant peu à peu le contrôle de sa vie tandis qu’il devient une simple silhouette floue.
Autre motif central, la ville comme espace menaçant et insaisissable. Les personnages évoluent dans des paysages urbains qui se transforment en labyrinthes, où chaque rue semble mener à une impasse ou à un retour en arrière. Les bâtiments semblent vivants, parfois hostiles, et l’espace devient un piège. Dans l’une des nouvelles les plus frappantes du recueil, un homme tente de rentrer chez lui après le travail, mais chaque rue qu’il prend le ramène au même point de départ. Peu à peu, il se rend compte que la ville elle-même se referme sur lui, comme si elle était consciente de son existence.
Enfin, Can Xue déconstruit le langage dans ces récits. Les dialogues sont souvent absurdes, pleins d’échos et de répétitions, créant un effet de déréalisation. Les personnages semblent enfermés dans des systèmes de communication qui ne fonctionnent pas, où les mots se déforment, changent de sens ou perdent leur substance. Dans une nouvelle, un écrivain reçoit des lettres d’un correspondant inconnu qui lui raconte une histoire incohérente. Plus il lit ces lettres, plus son propre monde commence à se modifier, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus distinguer ce qui appartient au texte et ce qui est réel.
Dans "The Hut on the Hill" (Shān shàng de xiǎowū), l'histoire est racontée par une jeune femme qui vit avec sa famille dans une cabane isolée sur une colline. Le décor est sombre et oppressant, la cabane étant entourée d'un paysage désolé, presque étranger. Les membres de la famille de la protagoniste sont décrits comme distants, hostiles et émotionnellement détachés. Son père est obsédé par l'idée de creuser des trous dans le sol de la hutte, tandis que sa mère est préoccupée par des tâches étranges et répétitives. La protagoniste elle-même se sent de plus en plus aliénée et paranoïaque, comme si le monde qui l'entoure conspirait contre elle. Elle fait une fixation sur une petite armoire fermée à clé dans la cabane, qu'elle croit renfermer un sombre secret. Au fur et à mesure que l'histoire progresse, les frontières entre la réalité et l'hallucination s'estompent. Les perceptions de la protagoniste sont de plus en plus déformées et elle commence à avoir des visions vives et cauchemardesques. La cabane elle-même semble prendre vie, devenant le symbole de l'enfermement et de la désintégration psychologique. L'histoire se termine sur une note ambiguë, laissant le lecteur dans l'incertitude quant à ce qui est réel et ce qui est imaginé...
"The Old Floating Cloud" (Cānglǎo de fúyún) est centré sur un homme âgé qui réfléchit à sa vie et à ses souvenirs alors qu'il erre dans un paysage onirique et fragmenté. Le récit n'est pas linéaire, il oscille entre le présent et le passé et mêle la réalité à l'hallucination. Les souvenirs du protagoniste sont flous et décousus, suggérant une lutte pour donner un sens à ses expériences et à son identité. Au fur et à mesure que l'homme avance dans l'histoire, il rencontre divers éléments surréalistes et symboliques, tels que des nuages flottants, des ombres mouvantes et des figures déformées. Ces éléments semblent représenter le passage du temps et l'impermanence de la vie. Les souvenirs du protagoniste sont souvent teintés de regret, de nostalgie et d'un sentiment de perte, alors qu'il est aux prises avec la clarté déclinante de son passé. L'atmosphère de l'histoire est mélancolique et introspective, avec un sentiment omniprésent de malaise existentiel. Le voyage du protagoniste est à la fois physique et psychologique, alors qu'il navigue dans un monde qui lui semble de plus en plus instable et inconnu. Le récit se termine sur une note ambiguë, laissant le lecteur s'interroger sur la nature de la mémoire, de l'identité et de la condition humaine...
"The Embroidered Shoes: Stories" (1997, Xiùhuā xié), un recueil d'histoires écrites entre 1986 et 1994, une période marquée par des bouleversements politiques et sociaux en Chine, notamment la mort de Mao Zedong et les événements de la place Tiananmen en 1989. Peut-être le testament de l'esprit créatif...
L'écriture s'est affermie, l’ouvrage a été traduit en anglais en 1997 et a été largement étudié par des critiques internationaux fascinés par l’univers énigmatique et troublant de Can Xue. Les récits, imprégnés d'un ton surréaliste et onirique, explorent des thèmes tels que l'aliénation, la confusion entre réalité et illusion, et les aspects sombres de la nature humaine. Dans "The Embroidered Shoes", le récit tourne autour d'une paire de chaussures brodées, qui sert de symbole central tout au long de l'histoire. Ces chaussures sont fabriquées de manière complexe et véhiculent un sentiment de mystère et d'inquiétude. Le protagoniste, dont le point de vue est souvent décousu et onirique, fait une fixation sur les chaussures, qui semblent avoir une signification non résolue de son passé.
"Five Spice Street" (2009, Wǔ Xiāng Jiē)
Une communauté énigmatique centrée autour d'une femme mystérieuse connue sous le nom de "Madame X.". À travers des récits non linéaires et des perspectives multiples, l'histoire examine les thèmes de la perception, de la réalité et des relations humaines ...
Premier roman complet de l'auteur chinois Can Xue à paraître en anglais, "Five Spice Street" raconte l'histoire d'une rue d'une ville sans nom dont les habitants spéculent sur la vie d'une mystérieuse Madame X. Le roman entremêle leurs suppositions sans fin dans une œuvre qui tient à la fois de la parabole politique et de la fantaisie surréaliste. Certains pensent que X a 50 ans, d'autres qu'elle en a 22. Certains pensent qu'elle a des pouvoirs occultes et qu'elle a ainsi asservi les jeunes hommes de la rue ; d'autres pensent qu'elle est une astucieuse manipulatrice qui joue avec l'esprit des gens ordinaires. Qui est Madame X ? Comment a-t-elle mis les bonnes gens de Five Spice Street à genoux, dans l'adoration ou l'exaspération ? Le narrateur inconnu ne prend pas parti dans l'interminable jeu de visions, d'arguments et d'opinions. L'enquête fait rage, tandis que la rue devient une nuit de Walpurgis où se mêlent spéculations, fantasmes et préjugés. Madame X est un véhicule par lequel les gens mettent leur âme à nu, à travers lequel ils se révèlent tout en essayant de percer le mystère de ses pouvoirs extraordinaires.
"Five Spice Street" est l'un des romans les plus étonnants de ces vingt dernières années. En explorant la conscience collective de cette petite rue de gens ordinaires, Can Xue pénètre les angoisses existentielles les plus profondes de notre époque - que ce soit en Chine ou en Occident - où l'impermanence inévitable de l'identité se débat avec le récit dans lequel l'identité doit se composer.
"Vertical Motion" (2011, Chuízhi Yùndòng)
L'histoire suit un protagoniste engagé dans une tâche apparemment impossible : se déplacer verticalement dans un environnement mystérieux et oppressant. Ce « mouvement vertical » est à la fois un voyage physique et métaphorique, représentant la tentative du protagoniste de se libérer des contraintes de son existence et d'atteindre un état d'être supérieur. Le cadre est vague et onirique, le protagoniste naviguant dans un espace labyrinthique rempli d'obstacles étranges et changeants. L'acte de se déplacer verticalement devient un point central, symbolisant la lutte de l'homme contre la gravité, les normes sociétales ou même les limites de l'individu. Les efforts du protagoniste sont semés d'embûches et le récit est ponctué de moments de frustration, d'épuisement et d'aperçus fugaces d'espoir.
Au fur et à mesure que l'histoire progresse, les frontières entre la réalité et l'imagination s'estompent. Le protagoniste rencontre d'autres personnages qui sont également engagés dans leur propre voyage vertical, mais la communication est fragmentée et souvent absurde. Le récit devient de plus en plus abstrait, le sens de l'identité et du but du protagoniste se dissolvant dans l'acte de mouvement lui-même.
L'histoire se termine de manière ambiguë, laissant le lecteur dans l'incertitude de savoir si le protagoniste a atteint son objectif ou s'il est pris au piège dans un cycle sans fin d'efforts. L'image finale évoque à la fois la lutte et la transcendance, résumant la tension entre les limites humaines et le désir de liberté.
"The Last Lover" (2014, Zuìhòu de Qíngrén)
Lauréat du prix 2015 du meilleur livre traduit pour la fiction, présenté par Three Percent, une ressource pour la littérature internationale Dans le livre extraordinaire de Can Xue, nous rencontrons un assemblage complet de maris, de femmes et d'amants. Enchevêtrés dans des relations compliquées, souvent tortueuses, ces personnages entrent dans les fantasmes des uns et des autres, menant des conversations qui sont « des jeux de devinettes à jamais ». Leurs voyages révèlent les domaines les plus profonds du désir humain, représentés dans la vision de Can Xue par des serpents et des guêpes, des corbeaux, des chats, des souris, des tremblements de terre et des glissements de terrain. Dans les bars de nuit et les rues tortueuses des villes, dans les déserts et les montagnes enneigées, l'auteur crée un monde extrême où chaque personnage « repousse la mort par une performance singulière ». Qui est le dernier amant ? Le roman regorge de personnages très vivants. Parmi eux, Joe, directeur commercial d'une entreprise de vêtements dans un pays occidental sans nom, et sa femme, Maria, qui mène des expériences mystiques avec les chats et les rosiers de la maison. Reagan, le client de Joe, a une liaison avec Ida, une ouvrière de sa plantation de caoutchouc, tandis que Vincent, le propriétaire du magasin de vêtements, fuit sa femme à la poursuite d'une femme en noir qui disparaît sans cesse. À la fin du roman, nous avons accompagné ces personnages dans une longue marche, une recherche naïve, impuissante et abandonnée de l'amour, parce qu'il y a des choses qui ne peuvent pas être arrêtées ou aidées.
"Frontier" (2017, Biānjiāng)
Se déroulant dans une ville mystérieuse, appelée Pebble Town, "Frontier" suit plusieurs personnages dont les vies se croisent de manière étrange et imprévisible. La ville elle-même est un espace liminal, à la frontière de la réalité et de l'imagination, où l'ordinaire et le surréel coexistent. Le récit est non linéaire et fragmenté, les personnages et les événements se fondant les uns dans les autres d'une manière qui défie la narration traditionnelle. Les personnages centraux sont les suivants : Liujin, une jeune femme en quête d'une nouvelle forme de liberté humaine, qui s'installe à Pebble Town et se retrouve mêlée à sa communauté énigmatique. Qianzhi, un artiste reclus qui vit à la périphérie de la ville et incarne l'esprit mystérieux et créatif de la ville. Et divers habitants de la ville, dont chacun semble porter ses propres secrets et luttes, contribuant ainsi à l'atmosphère d'intrigue et de malaise de la ville. Qiming, un gardien obsédé par une femme ouïghoure qu'il a rencontrée autrefois. D'autres personnages notables incluent Marco, né à Pebble Town et fasciné par la Hollande, ainsi que le couple Juan et Nancy, venus de Smoke City. Beaucoup de ces individus sont liés à une organisation mystérieuse appelée le "Design Institute"...
Au fil de l'histoire, les frontières entre la réalité et l'illusion se dissolvent. Les personnages font l'expérience de rêves saisissants, d'hallucinations et de transformations étranges, tandis que la ville elle-même semble se déplacer et changer, comme si elle avait une vie propre. Le récit explore les thèmes de l'identité, de la mémoire et de la quête de sens dans un monde qui semble de plus en plus instable et inconnaissable.
Frontier tente d'unifier les grands opposés de la vie - la barbarie et la civilisation, le spirituel et le matériel, le banal et le sublime, la beauté et la mort, les cultures orientales et occidentales.
"Love in the New Millennium" (2018, Xīn Shìjì Àiqíng Gùshì).
Un groupe de femmes naviguant à travers les complexités de l'amour et des relations dans une société en mutation, une narration fragmentée pour refléter les réalités déconcertantes de la vie moderne, créant une atmosphère onirique et introspective. L'œuvre de fiction la plus ambitieuse d'un écrivain largement considéré comme le plus important romancier travaillant en Chine aujourd'hui Dans ce roman sombrement comique, un groupe de femmes vit dans un monde de surveillance constante, où les informateurs se cachent dans les parterres de fleurs et où les faux rapports circulent. Les conspirations abondent dans une communauté qui normalise la paranoïa et la suspicion. Certains tentent de fuir, que ce soit vers une mystérieuse maison de jeu ou vers des maisons ancestrales que l'on ne peut atteindre que sous terre, par des grottes boueuses, des égouts et des tunnels. D'autres cherchent un refuge dans le comté de Nest, où les plantes médicinales traditionnelles chinoises peuvent remodeler ou transporter psychologiquement le moi. Chaque vie est circonscrite par des secrets enfouis et des illusions transcendantes. Les magistrales histoires d'amour de Can Xue pour le nouveau millénaire retracent les nombreux aspects de l'amour - satirique, tragique, transitoire, durable, nébuleux et épanouissant - sur une toile de fond kaléidoscopique de commerce et d'industrie, de fraude et d'exploitation, de sexe et de romance provenant de l'Orient et de l'Occident.
"Barefoot Doctor" (2019, Chìjiǎo Yīshēng)
L'histoire d'une guérisseuse de village et de sa communauté, par l'un des plus grands romanciers contemporains. Dans le village rural de Yun, l'herboriste Mme Yi vit avec son mari dans une maison au pied de la montagne Niulan, où elle cueille des herbes pour traiter les maux des villageois le jour et étudie la médecine la nuit. La maladie et les herbes sont amoureuses, dit-elle à ses patients, se réjouissant lorsqu'ils guérissent et les réconfortant lorsqu'ils ne guérissent pas. Pendant ce temps, elle espère trouver un digne successeur pour reprendre son flambeau. Alors que de jeunes villageois curieux observent Mme Yi et commencent à imiter son travail - en plantant des jardins et en étudiant l'art de la guérison - ils découvrent bientôt que la ligne qui sépare la vie de la mort est poreuse, et que la montagne est plus mystérieuse qu'ils ne l'avaient jamais imaginé. S'inspirant de son expérience de médecin aux pieds nus dans sa jeunesse, Can Xue revient avec un roman transportant qui s'attarde sur les espaces intermédiaires : entre les vivants et les morts, le guérisseur et le malade, la nature et nous.
"I Live in the Slums: Stories" (2020, Wǒ Zài Pínmínkū)
Un nouveau recueil majeur de récits par l'une des voix les plus passionnantes et créatives de la littérature chinoise contemporaine Les récits de Can Xue n'observent aucune convention évidente en matière d'intrigue ou de caractérisation. C'est la seule règle qu'elles suivent. Elles tendent plutôt à décrire un état désordonné et poétique, structuré par l'émerveillement philosophique et la rigueur émotionnelle. Combinant des éléments de la matérialité chinoise - l'amour des choses physiques - et de la pensée abstraite occidentale, Can Xue invite ses lecteurs dans un paysage immersif qui mêle les faits empiriques et l'illusion, mélange le physique et le spirituel, et sonde l'espace entre la conscience et l'oubli. Elle nous emmène dans un lieu à la fois familier et inapprivoisable, qui peut nous rendre hyperconscients du manque de fiabilité inhérent à notre relation au monde qui nous entoure. Délicieuse, enchanteresse et remplie de secrets, la nouvelle collection de Can Xue met en lumière les forces qui donnent des contours au terrain visible que nous reconnaissons comme étant la réalité.
"Mother River" (2025, Mǔqīn Hé)
Dans cette collection, Can Xue présente des récits où le fantastique se mêle au quotidien. Les personnages rencontrent des situations étranges et inexplicables, acceptant l'extraordinaire avec une sérénité déconcertante. Les histoires défient les conventions narratives, offrant des perspectives uniques sur la condition humaine. Les treize histoires de ce recueil sont du Can Xue vintage. Comme dans ses romans (The Last Lover, Frontier) et ses autres recueils (Vertical Motion), l'accent est mis moins sur ce qui se passe que sur l'expérience de la lecture. et « Mother River and » est un court bildungsroman qui raconte l'histoire d'un jeune homme qui décide de devenir pêcheur (et fabricant de cartes sphériques) et qui découvre que l'exercice du rôle lui-même est plus important que le nombre de poissons qu'il attrape. Surréaliste, provocateur et unique, Mother River renforce le statut de Can Xue comme l'un des écrivains les plus complexes
Qin Mu (1919–1992)
Né à Shantou, dans la province de Guangdong, Qin Mu a grandi pendant une période tumultueuse de l'histoire chinoise, ce qui a influencé son développement intellectuel et ses activités littéraires. Il a reçu une bonne éducation et a été profondément influencé par la culture chinoise traditionnelle et la pensée occidentale moderne. Il a commencé sa carrière d'écrivain dans les années 1940 et a rapidement été reconnu pour ses essais, qui se caractérisaient par leur clarté, leur élégance et leur profondeur philosophique. Il a écrit sur un large éventail de sujets, du monde naturel aux questions sociales, mêlant souvent une réflexion personnelle à un commentaire culturel plus large. Essayiste, il s'inspire souvent d'anecdotes historiques, de références littéraires et d'observations de la vie quotidienne pour explorer des thèmes profonds tels que la nature humaine, la moralité et le passage du temps.
"The Charm of the Night" (Yè de Mèilì) est l'un de ses essais les plus célèbres. Il met en valeur sa prose lyrique, sa profondeur philosophique et sa capacité à trouver la beauté et le sens dans les expériences quotidiennes. Ainsi réfléchit-il ici aux qualités uniques de la nuit et à son impact profond sur les émotions et l'imagination humaines. L'auteur commence par observer le passage du jour à la nuit, notant comment le monde se transforme sous le couvert de l'obscurité. Il décrit la nuit comme un moment d'introspection tranquille, où l'agitation de la vie quotidienne cède la place à un sentiment de calme et de mystère. Qin Mu s'appuie sur une variété d'images et de métaphores pour capturer l'essence de la nuit. Il évoque la beauté de la lune et des étoiles, les sons apaisants des créatures nocturnes et la façon dont les ombres et la lumière se mêlent pour créer une atmosphère onirique. Pour lui, la nuit n'est pas seulement un moment de la journée, mais un état d'esprit, un espace où les frontières entre la réalité et l'imagination s'estompent. Qin Mu suggère de même que la nuit a une capacité unique à évoquer des sentiments de nostalgie, de désir et d'émerveillement. C'est un moment où les gens sont plus enclins à réfléchir à leur vie, à leurs rêves et à leurs aspirations. L'obscurité de la nuit, loin d'être effrayante, est présentée comme une force réconfortante et inspirante qui permet aux individus de se connecter à leur moi intérieur et au monde qui les entoure. Et tout au long de l'essai, Qin Mu va tisser autant de références littéraires, historiques ou philosophiques, à l'histoire et à la philosophie, enrichissant ses réflexions d'un contexte culturel plus large. Il établit ainsi des parallèles entre la nuit et la condition humaine, suggérant que, tout comme la nuit est un moment de repos et de renouveau, elle symbolise également l'inconnu et les possibilités infinies de la vie...
Shenzhen (Guangdong)
En 1980, Shenzhen était un simple village de pêcheurs. Aujourd’hui, elle est une mégapole de plus de 17 millions d’habitants et une superpuissance technologique dont le PIB dépasse celui de Hong Kong et de plusieurs pays européens. Shenzhen est le cœur de l’innovation en Chine, abritant des géants technologiques comme Huawei (télécommunications, smartphones), Tencent (jeux vidéo, WeChat), DJI (leader mondial des drones), BYD (véhicules électriques), un des plus grands centres mondiaux en intelligence artificielle, 5G, robotique et blockchain, une ville qui attire les talents du monde entier avec ses incubateurs de start-ups et ses parcs technologiques. Première ville chinoise à adopter massivement le paiement mobile (WeChat Pay, Alipay), un réseau de transports publics intégralement équipé de bus électriques, des projets de ville intelligente avec reconnaissance faciale et gestion automatisée des infrastructures.
Attractions touristiques :
- Le Ping An Finance Centre (599 m), deuxième plus haut gratte-ciel de Chine.
- Le Kingkey 100 (442 m) et d’autres gratte-ciels spectaculaires.
- une ville qui repousse les limites de l’urbanisme avec des quartiers ultra-connectés.
- Window of the World : Parc à thème présentant des reproductions de célèbres monuments mondiaux.
- Des musées interactifs et galeries futuristes, comme le Design Society Museum.
- Le parc des Mangroves de Shenzhen protège la biodiversité au cœur de la ville.
- Village folklorique chinois : Parc culturel mettant en avant les diverses ethnies de Chine.
- Parc Lianhuashan : Espace vert populaire pour les loisirs et offrant une vue sur la ville.
"Learning from Shenzhen: China's Post-Mao Experiment from Special Zone to Model City", un ouvrage collectif dirigé par Mary Ann O'Donnell, Winnie Wong et Jonathan Bach, publié en 2017. Le livre est structuré en trois sections chronologiques, chacune explorant une phase distincte du développement de Shenzhen :
- 1979-1992 : Les débuts expérimentaux de la zone économique spéciale, mettant en évidence les distinctions idéologiques entre capitalisme et communisme.
- 1992-2004 : Les ajustements et les défis liés à l'urbanisation rapide et aux disparités urbaines-rurales.
- 2004 à nos jours : L'évolution de Shenzhen en tant que modèle pour d'autres villes chinoises, avec un accent sur la santé publique, la culture et l'infrastructure.
Shenzhen est devenue un laboratoire d'expérimentations économiques et politiques, influençant les politiques nationales et servant de modèle pour d'autres régions. L'ouvrage met en évidence la manière dont l'État-parti chinois a transformé une zone d'expérimentation locale en un modèle national et mondial. Mais faut-il pour autant généraliser?
Juan Du relativisera cette vision dans "The Shenzhen Experiment: The Story of China's Instant City", déconstruisant les mythes entourant la ville et mettant en lumière le rôle des villages urbains dans son développement rapide.
Entre 2000 et 2016, la population est passée de 7 millions à 11,9 millions, soit une augmentation de 70% en 16 ans. Avant 1980, la région était principalement habitée par des communautés Hakka et Cantonaises. Avec l'essor économique, Shenzhen est devenue un carrefour migratoire, attirant des individus de diverses provinces chinoises. Cette diversité a conduit à une prédominance du mandarin comme langue véhiculaire, bien que les langues locales comme le cantonais et le hakka soient encore parlées dans certaines communautés. La croissance rapide de Shenzhen est largement alimentée par la migration interne. Les "villages urbains" ou "chengzhongcun" sont des zones où de nombreux migrants s'installent, illustrant le mélange unique d'urbanisation rapide et de traditions rurales. Parmi ces villages, Baishizhou, situé dans le district de Nanshan, est l'un des plus emblématiques : entre 150 000 et 200 000 habitants dans des bâtiments étroits. Outre les migrants nationaux, Shenzhen abrite également des communautés internationales notables. Par exemple, une minorité coréenne significative réside dans les districts de Nanshan et de Futian, attirée par les entreprises sud-coréennes implantées dans la ville ...
Murong Xuecun, de son vrai nom Hao Qun (1974), est un écrivain chinois né en 1974 dans la province du Shandong, reconnu pour ses œuvres qui explorent les réalités sociales de la Chine contemporaine et pour son engagement contre la censure étatique. Il a débuté sa carrière littéraire en 2002 en publiant en ligne son premier roman, "Leave Me Alone: A Novel of Chengdu" (2002) qui a rapidement gagné en popularité et l'a propulsé sur la scène littéraire chinoise et internationale : l'histoire de trois amis vivant à Chengdu, explorant leurs vies marquées par le désenchantement, la corruption et les excès de la société urbaine chinoise moderne. L'œuvre est saluée pour son réalisme cru et sa représentation sans fard des défis moraux auxquels sont confrontés les jeunes urbains en Chine. Murong Xuecun y critique la perte de valeurs et l'avidité qui caractérisent la société contemporaine.
Dans "Heaven to the Left, Shenzhen to the Right" (2004, Tian tang xiang zuo, Shenzhen wang you), Murong Xuecun conte le parcours de jeunes entrepreneurs qui tentent de réussir à Shenzhen, la ville emblématique du développement économique rapide de la Chine. À travers leurs expériences, les ambitions, les défis et les compromis auxquels ils sont confrontés dans un environnement urbain en pleine mutation, et une critique incisive de la quête effrénée de succès matériel et des sacrifices personnels. Le roman met en lumière les tensions entre les aspirations individuelles et les réalités souvent impitoyables du monde des affaires à Shenzhen. Initialement, l'auteur avait inclus une description des manifestations de Tiananmen de 1989, mais en raison de la censure, il a été contraint de modifier cette partie, la transformant en une simple altercation sur un campus universitaire. Juan Du cite l'auteur dans sa conclusion...
Pour ceux qui sont arrivés récemment dans la ville, le livre présente le « principe de Shenzhen » : « I will invite you for a meal, but will not lend you money as I don’t know if I will ever see you again. And please don’t beg me to find you a job; I found a job myself. But, yes, you are a friend, so stay with me for a few days.» L'absence de sentimentalité dans ces mots contraste radicalement avec les normes sociales typiques de la Chine, à savoir l'hospitalité étendue à des amis extérieurs à la ville. Toutefois, ces mots apparemment durs communiquent également une condition préalable sous-jacente, à savoir l'autonomie, pour que quiconque puisse réussir dans la ville. « Heaven to the Left, Shenzhen to the Right: make one turn and you will end up in an urban village". Entre le paradis et l'enfer, le village urbain est un lieu de transition temporaire, qui peut durer de quelques jours à plusieurs décennies. Pour beaucoup de ceux qui arrivent à Shenzhen, trouver une place chez un ami est un luxe inaccessible ...
"Dancing Through Red Dust" (2008) conte l'histoire d'un avocat sans scrupules qui navigue dans un système juridique corrompu, utilisant des moyens douteux pour parvenir à ses fins. En 2010, il a reçu le Prix de la littérature du peuple pour son ouvrage "China: In the Absence of a Remedy" : Murong Xuecun y expose les mécanismes de manipulation mentale et l'exploitation des individus vulnérables dans ces systèmes frauduleux, offrant une critique plus large des failles du système économique chinois.En raison de ses prises de position critiques envers le gouvernement chinois, Murong Xuecun a été contraint de quitter la Chine en août 2021, craignant des représailles pour ses reportages sur le confinement de Wuhan pendant la pandémie de COVID-19 (Deadly Quiet City: Stories From Wuhan, COVID Ground Zero, 2022). Depuis octobre 2022, il réside à Melbourne, en Australie, où il continue d'écrire et de s'exprimer sur les questions relatives aux droits de l'homme et à la liberté d'expression en Chine.
"Shenzhen: A Travelogue from China" (Shēnzhèn: Zhōngguó de Yīgè Lǚxíng Jì) by Guy Delisle (2000), roman graphique, carnet de voyage, après trois mois passés à Shenzhen, Delisle quitte la ville avec un sentiment étrange, d'inachevé, malgré son ouverture économique, Shenzhen reste une ville sans émotion palpable. Contrairement à Pékin ou Shanghai, Shenzhen est une ville sans passé, construite exclusivement pour l’économie et l’industrie.Fascinante mais dérangeante, car elle incarne l’urbanisme fonctionnel sans profondeur culturelle. Delisle n’arrive pas à se connecter aux habitants, qui restent distants et réservés. La communication est limitée, ce qui renforce son sentiment de solitude et d’incompréhension...
"Shenzheners", by Yiwei Xue (2016)
Un recueil de neuf nouvelles interconnectées de l'écrivain chinois Xue Yiwei, traduit en anglais par Darryl Sterk qui évoquent la vie des habitants de Shenzhen, une métropole chinoise en pleine expansion, souvent perçue comme un symbole du rêve chinois moderne : un ancien professeur d’université, forcé de devenir chauffeur de taxi, écoute les confessions de ses passagers (Shenzhen est une ville sans mémoire, où les vies changent mais la solitude persiste), une femme médecin spécialisée en cancérologie découvre que son propre mari la trompe (même dans une ville hypermoderne, l’amour, la trahison et la mort restent les véritables forces qui gouvernent la vie humaine), un écrivain désillusionné a quitté Pékin pour Shenzhen, pensant y trouver l’inspiration (mais Shenzhen est une ville de silence, où personne ne raconte d’histoires, seulement des transactions et des ambitions..), un ouvrier travaille jour et nuit dans une usine d’électronique, rêvant de devenir riche et de retourner dans son village (mais le rêve chinois n’est pas pour tout le monde), un homme d’affaires français s’installe à Shenzhen, espérant profiter du boom économique (mais il réalise que la Chine moderne est plus capitaliste que l’Occident), la ville récompense les opportunistes, mais écrase les plus faibles ...
"A Floating City" (Fúchéng, 2014), Hao Jingfang (1984)
Une dystopie futuriste qui s’inspire de la réalité sociale de Shenzhen (Prix Hugo 2016 pour la nouvelle "Folding Beijing") et qui permet à l’auteure de poursuivre ses réflexions sur les inégalités en Chine. Diplômée de l'Université Tsinghua, l’une des meilleures universités chinoises, avec un doctorat en économie, Hao Jingfang est une des auteures de science-fiction chinoise les plus influentes aujourd’hui. Elle est souvent comparée à Liu Cixin (auteur de The Three-Body Problem), bien qu’elle adopte une approche plus sociale et philosophique de la science-fiction. Dans "Folding Beijing", imagine un Pékin divisée en trois classes, qui vivent dans des dimensions temporelles séparées, reflétant les inégalités sociales modernes. Trois classes qui n’occupent pas l’espace urbain en même temps, les riches (première classe) vivent 24h/24 dans un environnement luxueux, la classe moyenne (seconde classe) vit seulement quelques heures par jour, et les pauvres (troisième classe) n’ont que quelques heures avant que la ville ne "se plie" et qu’ils disparaissent dans l’ombre. Un jeune ingénieur tente d’échapper à sa condition en découvrant les secrets du système qui contrôle la ville...
Une vision futuriste de Shenzhen et des mégalopoles chinoises? "Folding Beijing" et "A Floating City" montrent comment l’urbanisme peut renforcer les inégalités...
"Vagabonds" (Liúlàng Cāngqióng, 2020)
L’histoire se déroule entre la Terre et Mars, où les deux planètes ont développé des sociétés opposées : la Terre est hyper-capitaliste et individualiste, Mars est collectiviste, mettant l’accent sur l’harmonie sociale. Un groupe de jeunes nés sur Mars est envoyé sur Terre pour comprendre les différences entre les deux civilisations. Ils reviennent sur Mars pleins de doutes, se demandant quelle société est vraiment la meilleure...
"Jumpnauts" (2021) - Du premier contact extraterrestre (la perspective d'un contact extraterrestre sert de miroir, obligeant les personnages et les sociétés à réfléchir sur leur propre nature, leurs peurs et leurs aspirations), des tensions géopolitiques et des philosophies chinoises traditionnelles : dans un futur proche, le monde est divisé en deux grandes alliances : la Ligue Pacifique des Nations et la Division Atlantique des Nations. Les relations entre ces deux blocs sont tendues, chaque camp surveillant l'autre avec méfiance. Au milieu de cette atmosphère de quasi-guerre froide, des preuves émergent suggérant qu'une race extraterrestre hautement intelligente tente de communiquer avec l'humanité. Cette découverte indique également que ces aliens auraient influencé la Terre depuis des millénaires et pourraient bientôt refaire surface. Face à la perspective d'un premier contact, l'archéologue Yun Fan, Jiang Liu (fils rebelle et idéaliste d'une famille aristocratique enrichie par des échanges de cryptomonnaies illégaux) et Qi Fei (chercheur militaire et ancien compagnon de Yun Fan et fidèle aux structures établies) forment une alliance précaire. Ils craignent que la Division Atlantique des Nations adopte une approche militaire agressive, ce qui pourrait conduire à un conflit désastreux. Déterminés à éviter une telle issue, ils entreprennent une mission audacieuse pour établir un contact pacifique avec les extraterrestres avant que les factions militaristes ne prennent les devants. Leur quête les conduit à résoudre des énigmes enracinées dans l'antiquité humaine, à affronter leurs propres démons intérieurs et à découvrir des vérités profondes sur l'univers et la place de l'humanité en son sein. Au fil de leur voyage, les tensions personnelles, notamment le triangle complexe entre Yun Fan, Jiang Liu et Qi Fei, ajoutent une dimension humaine aux enjeux cosmiques.
"Factory Girls: From Village to City in a Changing China" (2008), by Leslie T. Chang, ancienne correspondante du Wall Street Journal à Pékin - Le parcours de deux jeunes femmes sur une période de trois ans, le quotidien de ces migrantes qui quittent leurs villages ruraux pour travailler dans les usines urbaines, en particulier dans la ville industrielle de Dongguan, située dans le delta de la rivière des Perles (le phénomène de migration interne en Chine est considéré comme le plus grand mouvement migratoire de l'histoire humaine, avec environ 130 millions de travailleurs migrants). Chang décrit des usines si vastes qu'elles possèdent leur propre hôpital, cinéma et service d'incendie. Elle explore également les bars karaoké de luxe servant de façades à la prostitution et les cours d'anglais improvisés où les étudiants, dans une dévotion quasi monastique, passent des journées entières devant des machines affichant des mots en anglais. Chang décrit un monde où presque tous ont moins de trente ans, où la perte d'un téléphone portable peut signifier la perte de tous ses contacts, et où quelques cours d'anglais ou d'informatique peuvent propulser quelqu'un dans une classe sociale complètement différente, comment l'usine devient une une opportunité d'émancipation et d'amélioration de leur condition. Leur parcours est marqué par des sacrifices, mais aussi par une détermination à changer leur destin. Toutes les dynamiques de mobilité sociale et les aspirations qui contribuent à l'émergence de la classe moyenne...
Haikou (Hainan)
Le cœur administratif et commercial de l’île, environ 2,3 millions d’habitants, "Coconut City"pour son climat tropical, avec des températures chaudes toute l’année, située au nord de l’île de Hainan (the "Hawaii of China"), face au Golfe du Tonkin, une porte d'entrée essentielle vers la mer de Chine méridionale.
- Haikou abrite le géoparc mondial de l'ensemble volcanique de Haikou, un site reconnu par l'UNESCO qui comprend d'anciens cratères volcaniques, des tunnels de lave et des formations géologiques uniques. C'est l'une des rares villes au monde à posséder un tel paysage volcanique.
- Haikou est un creuset de cultures, mêlant la culture chinoise traditionnelle aux cultures indigènes des minorités ethniques Li et Miao. Cette diversité culturelle se reflète dans ses festivals, sa cuisine et son architecture.
- La province de Hainan, dont Haikou, est en train d'être transformée par le gouvernement chinois en un port de libre-échange d'importance mondiale. Ce projet ambitieux vise à créer une plaque tournante pour le commerce international, le tourisme et l'investissement, faisant de Haikou une ville économique et politique unique.
- La ville possède des sites historiques bien préservés, comme les vieilles rues de Qilou, qui présentent un mélange de styles architecturaux chinois et européens du début du XXe siècle.
Sanya (Hainan)
Située sur l’île tropicale de Hainan, Sanya est la principale station balnéaire de Chine, connue pour ses plages de sable blanc, son climat tropical et ses complexes hôteliers de luxe (la baie de Haitang accueille certains des hôtels les plus luxueux de Chine). C'est la seule ville de Chine à posséder un climat tropical toute l’année (Températures moyennes de 25°C, avec plus de 300 jours d’ensoleillement par an). Présence de chaînes hôtelières prestigieuses comme Ritz-Carlton, Four Seasons et Atlantis et des millions de touristes chinois et internationaux chaque année (le Nouvel An lunaire) ...
Le "Bodhisattva Guanyin de Hainan Sanya", situé dans la zone de tourisme culturel de Nanshan à Sanya, sur la côte sud de l'île de Hainan, est l'un des sites bouddhistes les plus importants au monde et l'une des principales attractions touristiques de Hainan. La statue mesure 108 mètres de haut, ce qui en fait l'une des plus hautes statues de Guanyin au monde. Elle présente un design unique à trois faces, chaque face représentant Guanyin sous une forme différente, l'une des faces est tournée vers l'intérieur des terres, bénissant la terre et ses habitants et les deux autres sont tournées vers la mer de Chine méridionale, symbolisant la protection et l'orientation des marins et des voyageurs. Les trois formes représentent la compassion, la sagesse et la paix de Guanyin (Guanyin, également connue sous le nom d'Avalokiteshvara, est en effet un bodhisattva vénéré dans le bouddhisme Mahayana, incarnant la compassion et la miséricorde).
Hong Kong
Région administrative spéciale de Chine et l’une des métropoles les plus dynamiques, stratégiques et cosmopolites du monde. C’est un centre financier, un hub technologique, un carrefour commercial et un melting-pot culturel où se mêlent influences chinoises et occidentales. La Bourse de Hong Kong (HKEX) est l’une des plus influentes au monde, notamment pour les IPOs (introductions en bourse) : aucun contrôle des capitaux et une monnaie stable (dollar de Hong Kong indexé sur le dollar américain), une base pour les multinationales, les banques et les fonds d’investissement.
- Ancienne colonie britannique (1842-1997), Hong Kong a conservé des influences occidentales tout en restant ancrée dans la culture chinoise, soit une société bilingue (anglais et cantonais), où l’Occident et l’Asie se croisent naturellement et un système juridique distinct de la Chine continentale, basé sur la common law britannique.
- Porte d’entrée vers la Chine continentale et l’Asie du Sud-Est, c'est l’un des plus grands ports à conteneurs et aéroports de fret du monde doté d'un système douanier ultra-efficace qui facilite l’import-export.
- Hong Kong possède l’une des plus impressionnantes skylines du monde, avec plus de 7 000 gratte-ciels. Le Two International Finance Centre (IFC), la Bank of China Tower et le ICC sont des icônes architecturales.
- Comparable à Singapour et Séoul pour son urbanisme ultra-moderne et efficace, le métro (MTR) est l’un des plus modernes, ponctuels et propres au monde, les ferries reliant Hong Kong, Kowloon et les îles créent un mode de transport pittoresque, et l’aéroport international de Hong Kong est un hub majeur, avec des connexions vers toutes les grandes villes du monde.
Mais la ville connaît des défis environnementaux considérables, une qualité de l'air à préoccupante, une gestion des déchets complexes (la ville génère plus de 4 millions de tonnes envoyées chaque année dans des décharges déjà saturées).
Hong Kong est l'une des villes les plus inégalitaires au monde, avec un fossé croissant entre les riches et les pauvres. La densité de population élevée et le coût exorbitant de l'immobilier ont conduit de nombreux résidents à vivre dans des logements subdivisés ("appartements cercueils").
Depuis l'adoption de la loi sur la sécurité nationale en 2020, les libertés civiles à Hong Kong ont été considérablement restreintes. Les manifestations pro-démocratie ont été sévèrement réprimées, avec de nombreuses arrestations et condamnations de militants et de politiciens de l'opposition.
Attractions touristiques :
- Le Quartier de Mong Kok, l'un des endroits les plus denses et animés au monde (environ 130 000 habitants par km2), le quartier le plus densément peuplé de la planète, avec une ambiance unique et un paradis du shopping avec des marchés emblématiques. L'esthétique cyberpunk de Mong Kok a inspiré des films (Ghost in the Shell, Blade Runner 2049) et des jeux vidéo grâce à son ambiance unique (néons, immeubles serrés, chaos organisé, ses marchés de rue côtoyant des gratte-ciel et des centres commerciaux high-tech). Mong Kok a longtemps été associé aux triades (la mafia chinoise), en raison de son activité intense et de son histoire criminelle ("Infernal Affairs" (2002), thriller culte qui a inspiré "The Departed" de Martin Scorsese, ou "As Tears Go By", de Wong Kar-wai (1988), avec Andy Lau et Jacky Cheung dans une histoire de gangsters tragique) ...
- Le Pic Victoria (552m), le point le plus élevé de l’île de Hong Kong et le panorama urbain le plus spectaculaire du monde, un des points de vue les plus emblématiques sur une mégapole, avec une vue à 360° sur la skyline et la baie de Victoria. Accessible via le légendaire Peak Tram, l'un des funiculaires les plus anciens et les plus pentus au monde. Le Peak Tower, une structure futuriste offrant des restaurants et des plateformes d’observation.
- Le spectacle lumineux "Symphony of Lights" illumine chaque soir la baie de Victoria : un spectacle quotidien où les gratte-ciels de Hong Kong s’illuminent en synchronisation avec de la musique. Vue idéale depuis l’Avenue des Stars à Tsim Sha Tsui ou en bateau sur la baie de Victoria.
- Tian Tan Buddha, l’une des plus grandes statues de Bouddha en bronze assis au monde (34 mètres de haut, 250 tonnes), située sur l’île de Lantau, accessible par un téléphérique avec vue panoramique : le Ngong Ping 360 (6 km, l'un des plus longs téléphériques aériens du monde).
- Hong Kong a été un centre du cinéma asiatique, avec des icônes comme Bruce Lee, Jackie Chan et Wong Kar-wai. L'Avenue of Stars, un hommage aux légendes du cinéma hongkongais, avec des empreintes de stars comme Bruce Lee, Jackie Chan et Wong Kar-wai (comparable au Walk of Fame de Hollywood).
- Le Temple de Wong Tai Sin, l'un des temples les plus célèbres de Hong Kong, connu pour exaucer les vœux des visiteurs (comparable au Temple Senso-ji de Tokyo).
- Disneyland Hong Kong, le seul Disneyland au monde où le château a été entièrement repensé et reconstruit (le Castle of Magical Dreams), une fusion unique entre culture chinoise et magie Disney.
- Ocean Park, un des Plus Grands Parcs d’Attractions sur une Île, un mélange de parc d’attractions, aquarium et réserve animalière sur plus de 91 hectares.
- Île de Cheung Chau, une île de pêcheurs où l’on peut échapper au tumulte de la ville, célèbre pour le Bun Festival (festival des petits pains), une fête unique au monde.
- Le Pont Hong Kong-Zhuhai-Macao, le plus long pont maritime du monde, une prouesse d’ingénierie reliant Hong Kong, Macao et Zhuhai sur 55 km.
La guerre sino-japonaise, qui débuta en 1937, vit fuir vers Hong Kong de nombreux écrivains chinois, tels que Mao Dun, Xia Yan, Ba Jin, Xiao Hong, Xiao Jun, Dai Wangshu et Xiao Qian, marquant un début d'épanouissement littéraire, mais sans réelle participation d'écrivains locaux : et lorsque les Japonais ocupèrent Hong Kong en 1942, les habitants du continent repartirent immédiatement. Vint une deuxième migration des écrivains du continent lorsque la guerre civile a éclaté en Chine en 1946: là encore, Hong Kong ne servait que de refuge à une relative liberté d’expression et de publication, et permettait aux deux camps opposés — les nationalistes et les communistes — de faire connaître leurs idées et d’attaquer les autres. Mais encore une fois, des œuvres sans influence locale. La création de la République populaire de Chine en 1949 eut un impact à très long terme sur la littérature de Hong Kong, des auteurs pro-communistes sont retournés sur le continent, tandis que beaucoup d’autres ont fui le nouveau régime. La fermeture de la frontière en 1951 endigua le flux et toute influence littéraire. Malgré les difficultés économiques et un très faible lectorat, de nombreux auteurs basés à Hong Kong ont continué d’écrire et de publier, certains bénéficiant de l’aide de la "Asia Foundation of the United States", qui a contribué à la création de ce que l’on appelle la «Greenback culture» dans l’histoire littéraire de Hong Kong : Xu Xu (Xu Chuanzhong) et Xu Shu (Xu Bin), Li Huiying (Li Dongli), romancière, et Sima Changfeng (Hu Ruoguo), essayiste, venus à Hong Kong de la Mandchourie (attaquée par les Japonais en 1931). En 1952, Zhang Ailing, née à Shanghai, est retournée à Hong Kong et fut chargée d’écrire deux romans anticommunistes, "Yangge "(1954; The Rice Sprout Song; écrit en anglais mais publié pour la première fois en chinois) et "Chidi zhi lian" (1954; Naked Earth). Mais une littérature sans aucune véritable attache avec la région ...
Il fallut attendre les années 1960 pour qu'enfin certains auteurs (non natifs) en viennent enfin à écrire sur Hong Kong, rejoints par de plus jeunes écrivains nés à Hong Kong même.
Liu Yichang est arrivé à Hong Kong en 1948 et a été rédacteur en chef du journal influent "Qianshuiwan" («Repulse Bay») et, plus tard, du magazine littéraire "Xianggang Wenxue" («Hong Kong Literature»). Xi Xi (Zhang Yan) fut sans doute la plus grande écrivaine de Hong Kong ..
L’achèvement des négociations avec la Grande-Bretagne dans les années 1980 pour le retour de Hong Kong à la Chine, et le transfert effectif de Hong Kong à la Chine en 1997, ont entraîné un nouvel afflux de personnes du continent. Certains d’entre eux ont commencé à écrire, mais contrairement aux générations précédentes, la plupart n’étaient pas des écrivains établis ..
Une période, 1980-1997, qui correspond à l'âge d’or du cinéma hongkongais : Hong Kong devient en effet l’un des plus grands centres cinématographiques mondiaux, rivalisant avec Hollywood et Bollywood. Cette période est marquée par une créativité débordante, une diversité de genres et des figures emblématiques qui influencent encore aujourd’hui le cinéma international. Les Shaw Brothers Studios dominent la fin des années 70 avec leurs films de wuxia et de kung-fu, puis déclinent progressivement face aux nouvelles générations. Bruce Lee a déjà révolutionné le genre dans les années 70, mais dans les années 80, Jackie Chan, Jet Li et Sammo Hung modernisent le kung-fu en y ajoutant humour, cascades et acrobaties impressionnantes...
Liu Yichang (1918-2018)
Né à Shanghai, Liu Yichang (de son vrai nom Liu Tongyi) a étudié la littérature à l’Université Saint John’s de Shanghai avant d’être contraint de fuir vers Hong Kong en 1948 en raison de la guerre civile chinoise, et sera pendant plusieurs décennies, jusqu’à sa mort en 2019 à l’âge de 99 ans, la figure paternelle de la scène littéraire moderne de Hong Kong. En tant qu’éditeur de la revue Hong Kong Literature, il a été largement respecté pour avoir nourri des jeunes talents tels que Leung Ping-kwan (celui-ci a déménagé à Hong Kong avec ses parents de la province du Guangdong en 1949, et s'affirma comme un poète prolifique, "Lotus Leaves" est l’anthologie la plus complète à ce jour des traductions de son œuvre) et Xi Xi, et a joué un rôle crucial dans l’innovation formelle et thématique de la fiction hongkongaise en introduisant le modernisme littéraire...
Parmi ses œuvres les plus connues figurent "The Drunkard" (Jiǔ Tú, 1963), considéré comme le premier roman chinois utilisant la technique du courant de conscience, et "Intersection" (Duì Dǎo, 1972), composé de deux histoires interconnectées. Ces deux romans ont inspiré les films primés de Wong Kar-wai, "2046" et "In the Mood for Love", respectivement. En plus de sa carrière littéraire, Liu a été un chroniqueur prolifique, éditant 13 journaux en Chine, à Hong Kong, à Singapour et en Malaisie, écrivant en moyenne 13 000 caractères chinois par jour.
"The Drunkard" (Jiǔ Tú, L’Homme ivre, 1963)
Ecrit dans un contexte d’incertitude politique et culturelle, alors que Hong Kong est une enclave entre la Chine maoïste et l’influence occidentale, un écrivain alcoolique sans nom, marqué par son éducation chinoise classique et influencé par la modernité occidentale, tente de survivre en écrivant des romans de gare et des scénarios de films commerciaux. Incapable de s’adapter aux exigences du marché littéraire, il sombre progressivement dans l’alcoolisme et la dépression, l’ivresse devient une métaphore de l’exil intérieur et de la rupture avec la réalité. Un style narratif qui adopte une technique proche du stream of consciousness, avec une prose fragmentée et introspective. Le personnage oscille entre réalité, souvenirs et hallucinations, créant un effet de désorientation qui reflète sa dérive psychologique. Roman pionnier du modernisme chinois, il a été mal reçu à sa sortie mais est aujourd’hui reconnu comme un chef-d’œuvre et aura une forte influence sur les écrivains hongkongais ultérieurs et sur le cinéma hongkongais...
"Another day of rain, on my rusty emotions. My thoughts chase one another in and out of wreaths of smoke. Gently opening the window, I see raindrops blinking on a branch. Water slides down the leaves with the fluid steps of a dancer. I turn on the radio. God calling. Probably a good time to go out. In the bar, a waiter in white is serving drinks. Across the table from me is a pair of sparkling eyes. (I could build a whole pulp fiction character just from those eyes. The mistress of the kungfu master Wong Fei-hung, levitating outside a skyscraper in Queen’s Road, in the classic move ‘Rolling the Shutter Upside Down’, peering in at the secretary sitting on Wong’s lap.) My thoughts are still playing hide and seek in the smoke-rings, but now a puff of the corner of the room air blows the rings away. A bottle of melancholy, a cube of empty air in the corner of the room, and now our twin glasses of brandy are intertwining intimately. Time never wearies, the minute hand never gives up its futile pursuit of the hour. Happiness like a wanderer hovers somewhere behind the equal sign of an equation.
Un autre jour de pluie, sur mes émotions rouillées. Mes pensées se chassent les unes les autres dans des volutes de fumée. En ouvrant doucement la fenêtre, je vois des gouttes de pluie clignoter sur une branche. L'eau glisse sur les feuilles avec les pas fluides d'une danseuse. J'allume la radio. Dieu appelle. C'est sans doute le bon moment pour sortir. Dans le bar, un serveur en blanc sert des boissons. En face de moi, une paire d'yeux pétillants. (Je pourrais créer tout un personnage de roman policier rien qu'à partir de ces yeux. La maîtresse du maître de kungfu Wong Fei-hung, en lévitation devant un gratte-ciel de Queen's Road, dans le mouvement classique « Rolling the Shutter Upside Down », observant la secrétaire assise sur les genoux de Wong). Mes pensées jouent toujours à cache-cache dans les anneaux de fumée, mais une bouffée d'air dans le coin de la pièce les fait s'envoler. Une bouteille de mélancolie, un cube d'air vide dans le coin de la pièce, et maintenant nos deux verres de cognac s'entrelacent intimement. Le temps ne se lasse pas, l'aiguille des minutes n'abandonne jamais sa vaine poursuite de l'heure. Le bonheur, tel un vagabond, plane quelque part derrière le signe égal d'une équation.
"Intersection" (Duì Dǎo, (Intersection / Tête-Bêche, 1972)
Son œuvre la plus célèbre, un roman expérimental qui se distingue par une narration fragmentée et parallèle, marquant un tournant dans la littérature hongkongaise. Il met en parallèle les pensées de deux personnages anonymes, un vieil écrivain et un jeune homme, dans les rues de Hong Kong, deux logiques de pensées simultanées de deux personnages qui ne se croisent jamais directement. Le vieil écrivain, exilé, est issu de la Chine continentale, il vit à Hong Kong dans un sentiment de nostalgie et de solitude. Il se remémore son passé, ses amours perdues et la grandeur de la littérature classique chinoise, tandis qu’il observe la ville moderne autour de lui. Le jeune homme est quant à lui immergé dans la culture urbaine de Hong Kong, navigue entre bars, néons et rencontres fugaces. Son existence est marquée par l’instabilité, la vitesse et l’éphémère, en opposition totale avec la nostalgie du vieil écrivain. Le récit alterne entre les monologues intérieurs des deux personnages, qui se superposent et se répondent en écho, créant un effet de tension et de dissonance temporelle (un procédé littéraire est inspiré du monologue intérieur joycien).
Dans les années 80, le genre "Heroic Bloodshed" alimente une nouvelle étape de l'âge d’or du cinéma hongkongais, mêlant violence stylisée, drames fraternels et codes du film noir. Ces films sont caractérisés par des fusillades ultra-chorégraphiées et des héros tragiques (A "Better Tomorrow", John Woo, 1986, "Hard Boiled", 1992). Hong Kong excelle aussi dans la comédie burlesque et loufoque avec Stephen Chow, le Maître du mo lei tau (comédie absurde), on pense à "Fight Back to School" (1991) ...
"Intersection" est non seulement une œuvre-clé du modernisme en littérature chinoise, mais a directement influencé Wong Kar-wai (1958), qui s’en est inspiré pour la structure narrative de "In the Mood for Love" (2000) et "2046"(2004).
Né à Shanghai, Wong Kar-wai immigre à Hong Kong avec sa famille en 1963. Il grandit dans un environnement bilingue, influencé par la culture chinoise, hongkongaise et occidentale. Il étudie le graphisme avant d’intégrer l’industrie cinématographique dans les années 1980 comme scénariste. "Days of Being Wild" (1990), son premier film, un récit fragmenté sur l’amour et la fuite du passé, inspiré par la nostalgie hongkongaise, est esthétiquement proche des films de Godard et de la Nouvelle Vague. "Chungking Express" (1994), deux histoires parallèles sur des policiers et des amours impossibles, propose une esthétique influencée par le pop-art et la photographie de rue. "Fallen Angels"(1995) est une variation plus sombre du précédent. En 1997, avec "Happy Together",- une histoire d’amour entre deux hommes en exil à Buenos Aires -, il remportera le Prix de la mise en scène à Cannes. Mais c'est avec "In the Mood for Love", inspiré par "Intersection" de Liu Yichang (un homme et une femme découvrent que leurs conjoints les trompent, développant un amour impossible), qu'il réalise un chef-d'œuvre du cinéma d’auteur mondial. Il réalise une suite, "2046" (2004), un film labyrinthique sur l’amour perdu, mêlant science-fiction et drame sentimental, un tournage chaotique mais un film culte...
Dans "In the Mood", la scène de l’escalier sous la pluie est considérée comme emblématique, celui d'un amour qui ne peut s’épanouir mais ne peut disparaître. M. Chow (Tony Leung) et Mme Chan (Maggie Cheung) se retrouvent sous une pluie battante, coincés dans un escalier exigu. C'est un moment clé où leur amour interdit atteint un sommet de tension et de retenue. Ils savent qu’ils doivent se séparer pour éviter le scandale, mais leurs émotions sont trop fortes pour être ignorées. La pluie, la lumière tamisée et le cadrage resserré amplifient le sentiment d'intimité et de douleur silencieuse. Chaque plan est une peinture, inspirée du cinéma d’Ozu et la valse de Yumeji’s Theme est devenue l’un des thèmes les plus reconnaissables du cinéma mondial...
Ni Kuang (1935-2022)
Né à Zhenhai, dans le Zhejiang, en Chine, Ni Kuang a déménagé à Hong Kong dans les années 1950. Il est l’un des écrivains les plus prolifiques et populaires du monde de langue chinoise, plus de 300 romans et scénarios ("One-Armed Swordsman", 1967, un des premiers films de sabre hongkongais révolutionnaires; "The 36th Chamber of Shaolin", 1978, film de kung-fu culte mettant en vedette Gordon Liu), y compris des histoires d’arts martiaux, des romans policiers et des essais. La série "Wesley" (Wèisīlǐ Xìliè), l’œuvre la plus célèbre de Ni Kuang, - un classique de la science-fiction chinoise -, met en scène un scientifique-aventurier nommé Wesley qui enquête sur des phénomènes mystérieux et surnaturels. La série mêle science-fiction, aventure et mystère, et a été adaptée dans de nombreux films, séries télévisées et bandes dessinées ("Blue Blood Man", une histoire sur des extraterrestres vivant secrètement parmi nous - "The Deadly Rock", un rocher maudit aux pouvoirs surnaturels ...).
Ni Kuang est l'un des "quatre grands talents de Hong Kong", aux côtés de Jin Yong, l'un des auteurs de romans wuxia (arts martiaux) les plus célèbres du monde sinophone, Wong Jum Sum, un parolier prolifique, compositeur et animateur de télévision, et Chua Lam, écrivain, critique gastronomique et producteur de films.
Xi Xi (1937-2022)
En 1950, à l'âge de 12 ans, Xi Xi, de son vrai nom Cheung Yin (également connue sous le nom de Zhang Yan), émigre avec sa famille de Shanghai à Hong Kong. Elle commence sa carrière en tant qu'enseignante après avoir été formée au Grantham College of Education. Parallèlement, elle développe une passion pour l'écriture et publie ses premières œuvres dans les années 1950. À 39 ans, elle décide de se consacrer entièrement à la littérature. Son pseudonyme, "Xi Xi", est choisi pour sa signification graphique, représentant une jeune fille jouant à la marelle, un jeu qu'elle affectionnait durant son enfance. Elle est devenue rapidement l'une des écrivaines les plus emblématiques de Hong Kong, reconnue pour sa contribution significative à la littérature chinoise contemporaine.
- "My City" (1979, Wǒ Chéng) est le roman le plus célèbre de Xi Xi, souvent considéré comme un classique moderne de la littérature hongkongaise. Ecrit dans un style proche du collage, mêlant prose, poésie et illustrations, l'intrigue suit un groupe de jeunes gens naviguant dans la vie du Hong Kong des années 1970, une métropole vibrante, chaotique et en constante transformation. Le roman met en scène des lieux emblématiques comme Nathan Road, Mong Kok, les marchés de rue et les immeubles vétustes qui coexistent avec la modernité naissante. La narratrice est une jeune femme qui analyse son environnement avec une sensibilité poétique, ses amis, de jeunes adultes issus de classes populaires, nentre aspirations modernes et réalités économiques difficiles. Les personnages de la ville , de petits commerçants, des chauffeurs de bus, des vendeurs ambulants, toute la diversité de Hong Kong...
- "A Woman Like Me" (1984, Xiàng wǒ zhèyàng de yí gè nǚzǐ) : Un recueil de nouvelles dont celle qui lui donne son titre, voit une jeune femme solitaire et introspective, se raconter en tant qu'employée dans une morgue, maquillant les cadavres pour leur donner une apparence paisible avant leurs funérailles. Son métier, souvent perçu comme morbide ou tabou, la place en marge de la société et l’éloigne des normes conventionnelles du mariage et de la féminité. Elle évoque sa vie avec un mélange de mélancolie et d’acceptation, détaillant son rapport à la mort, aux corps qu’elle prépare et à son propre isolement. Malgré son talent pour restaurer une apparence paisible aux défunts, elle se sent invisible aux yeux des vivants. Un jour, elle rencontrera un homme dont elle tombe amoureuse. Cependant, lorsqu’elle lui révèlera son métier, il ne l'acceptera pas. Cette expérience renforce son sentiment d’exclusion et lui fait prendre conscience qu’elle est condamnée à une forme de solitude en raison du poids des conventions sociales et des préjugés.
- "Mourning a Breast" (1992, Āi Dào Rǔfáng) : Ce roman poignant relate son expérience personnelle avec le cancer du sein, offrant une réflexion profonde sur la maladie et la féminité.
- "Flying Carpet" (1996, Fēi Zhān), du réalisme magique pour explorer le passé colonial, l'hybridité culturelle et l'avenir incertain de Hong Kong.
- "The Teddy Bear Chronicles" (1981, Wánjù de Gùshì) : Un recueil d'essais et de photographies mettant en scène des ours en peluche, symbolisant des aspects variés de la vie et de la société.
En 2019, elle a été honorée du Newman Prize for Chinese Literature, reconnaissant son impact durable sur la littérature chinoise.
Yi Shu (1946)
De son vrai nom Ni Yishu, Yi Shu est la sœur cadette de Ni Kuang, un auteur renommé de science-fiction. À l'âge de cinq ans, elle émigre à Hong Kong avec son frère. Dès 17 ans, elle entame une carrière de journaliste au Ming Pao. Plus tard, elle poursuit des études en gestion hôtelière à Manchester, au Royaume-Uni. Au fil des décennies, Yi Shu a publié plus de 250 romans, principalement des récits romantiques contemporains (romance genre) se déroulant à Hong Kong. Les œuvres de Yi Shu ont été largement lues dans le monde sinophone (féminin), notamment en Chine continentale, à Hong Kong, à Taïwan et en Asie du Sud-Est. Ses romans ont été adaptés en films, en feuilletons télévisés et en pièces de théâtre, ce qui a renforcé son influence. Parmi ses œuvres notables figurent "Rose’s Story" (Méiguī de Gùshì), "Modern Woman" (Xiàndài Nǚxìng), "Perhaps in Another Life" (Yuánwǔ) ..
"Xibao" (1980,The Wilderness" ) est l'un de ses romans les plus célèbres : il conte la vie de Jiang Xibao, une jeune femme issue d'un milieu modeste, qui rencontre Xie Conghui, une riche héritière. Conghui présente Xibao à son père, Xie Congzi, un homme d'affaires influent. Malgré leur différence d'âge, Xibao et Congzi entament une relation, offrant à Xibao une ascension sociale rapide. Cependant, cette liaison entraîne des complications émotionnelles et des sacrifices personnels pour Xibao. Le roman explore des thèmes tels que l'ambition, le pouvoir, l'amour et les compromis dans une société matérialiste. En 2021, elle a été honorée par le Hong Kong Arts Development Council pour sa contribution exceptionnelle à la littérature.
Dung Kai-cheung (1967)
Auteur de romans, de nouvelles et d'essais, Dung Kai-cheung est l'un des écrivains contemporains les plus respectés de Hong Kong. Son roman "Atlas: The Archaeology of an Imaginary City" explore une version fictive de Hong Kong, mêlant réalité et imagination. Dung est également professeur de littérature et contribue activement à la scène littéraire locale.
"Atlas: The Archaeology of an Imaginary City" (1997)
Situé dans la ville de Victoria, disparue depuis longtemps (un monde fictif similaire à Hong Kong), « Atlas » est écrit du point de vue unifié de futurs archéologues qui luttent pour reconstruire une métropole palpitante. Divisé en quatre sections - « Théorie », « La ville », « Rues » et « Signes » - le roman réimagine Victoria à travers des cartes et d'autres documents et artefacts historiques, mélangeant des scénarios du monde réel avec des personnes et des événements purement imaginaires, tout en incorporant des anecdotes et des commentaires et critiques sociaux réels et fictifs. À l'instar des aventures quasi fictives de Paul Auster, Jorge Luis Borges et Italo Calvino dans la lecture et la relecture de cartes, le roman de Dung Kai-cheung remet en question la représentation du lieu et de l'histoire, ainsi que les limites des supports techniques et scientifiques dans la reconstitution d'une histoire. Il illustre au mieux la polyvalence et l'expérimentation de l'auteur, ainsi que l'évolution rapide de la culture littéraire chinoise, en mêlant la fiction, la non-fiction et la poésie dans une histoire sur la réussite et l'échec de la reconquête des choses que l'on a perdues. Jouant avec une variété de styles et de sujets, Dung Kai-cheung aborde de manière inventive le destin de Hong Kong depuis sa « rétrocession » par les Britanniques en 1997, qui a officiellement marqué la fin de la domination coloniale et le début d'un avenir inexploré.
"A Catalog of Such Stuff as Dreams Are Made" (1999)
A novel that combines elements of science fiction and historical fiction, examining the relationship between humans and technology.
Publié pour la première fois en 1999, il comprend quatre-vingt-dix-neuf esquisses de la vie juste après la rétrocession de l'ancienne colonie britannique à la Chine. Chacune de ces histoires en miniature part d'un objet éphémère, généralement un produit de consommation ou un phénomène de la culture pop, et développe des instantanés tour à tour comiques et poignants de la vie urbaine. Les esquisses de Dung sont centrées sur des objets autrefois à la mode qui évoquent le monde au tournant du millénaire, tels que Hello Kitty, Final Fantasy VIII, une disquette Windows 98, un téléphone portable à clapet, des Air Jordans et des shorts cargo. Le protagoniste de chaque pièce, généralement une jeune femme, est frappé par une obsession étrange, voire irrésistible, à l'égard d'un objet ou d'une mode. Les personnages se lancent dans de brèves liaisons ou relations qui ne durent pas plus longtemps que les modes qui les ont déclenchées. Dung mêle des détails quotidiens très vivants - les tartes aux œufs portugaises, les émissions de télévision japonaises, le métro de Hong Kong - à des situations souvent fantastiques ou absurdes. Ce catalogue de produits disparus met en lumière la manière dont les gens utilisent les objets pour définir, voire inventer, leur propre personnalité. Cette œuvre majeure de l'un des écrivains les plus doués et les plus originaux de Hong Kong, l'archéologie de la fin du vingtième siècle de Dung, aborde les questions éternelles du consumérisme, de la nostalgie et de l'identité.
Malgré son succès, le déclin du cinéma hongkongais après 1997 est d'évidence, alimenté par la rétrocession à la Chine (1997), l’émergence de la Chine continentale (Pékin devient un nouveau centre cinématographique, avec des budgets plus élevés et une censure plus stricte) ...