PAYSAGES - EAST ASIA - China
China - SouthWest China (西南地区, Xīnán Dìqū) - Tibet - NorthWest China (中国西, Zhōngguó Xīběi) - ...
"Tibet in Agony: Lhasa 1959", by Jianglin Li (2016) - "Seven Years in Tibet" (Sieben Jahre in Tibet, 1953) - "Tibet: Through the Red Box", by Peter Sis (1998) - "Across Many Mountains: A Tibetan Family’s Epic Journey from Oppression to Freedom", Yangzom Brauen (2009) - "Red Poppies : A Novel of Tibet" (Hóng Pāo, 1998), by Alai - Ding Ling (1904-1986), "Miss Sophia's Diary and Other Stories" (1928), "In the Darkness" (1933), "The Sun Shines Over the Sanggan River" (1948) - Jia Pingwa (1952), ""Ruined City" (1993), "Happy Dreams" (2007), "The Shaanxi Opera" (2023) - ...
SouthWest China (Xīnán)
Une zone stratégique pour la Chine. Le Tibet et le Yunnan sont proches de l’Inde, du Myanmar, du Laos et du Vietnam. La région fut un carrefour culturel entre la Chine, l'Inde, et l'Asie du Sud-Est. Le Sud-Ouest de la Chine a une histoire riche et ancienne, marquée par des routes commerciales comme la Route du Thé et des Chevaux (Chá Mǎ Gǔdào), qui reliait la Chine au Tibet et à l'Asie du Sud. Le Tibet est crucial pour l’approvisionnement en eau de l’Asie, car les principaux fleuves asiatiques (Yangzi, Mékong, Brahmapoutre, Indus) y prennent leur source...
Aucune autre région ne possède une telle variété d’écosystèmes allant de la jungle tropicale aux hauts plateaux tibétains en si peu de distance. Mais une région fragile face au changement climatique (fonte des glaciers tibétains, sécheresse au Yunnan, déforestation). Le Sud-Ouest de la Chine abrite d'une part, une partie du plateau tibétain, le plus haut et le plus vaste plateau du monde, souvent appelé le "toit du monde", des chaînes de montagnes impressionnantes, comme les Himalayas et les monts Hengduan, les Trois Gorges du Yangtsé (Cháng Jiāng Sānxiá), un site naturel emblématique, et le karst de Guilin et de Yangshuo est célèbre pour ses formations rocheuses calcaires spectaculaires, ses rivières sinueuses, et ses grottes mystérieuses. Et d'autre part l'une des régions les plus riches en biodiversité au monde, avec le Yunnan, "Le Royaume des Plantes" (la plus grande diversité florale de Chine (plus de 30 000 espèces de plantes) et un écosystème unique avec des pandas, des léopards des neiges et des éléphants d’Asie), les Gorges du Saut du Tigre (l’une des gorges les plus profondes du monde, 3 790 m de profondeur), et le Sichuan qui abrite 80 % des pandas géants du monde, notamment dans la Réserve de Wolong ...
Le Sud-Ouest de la Chine est l'une des régions les plus multi-ethniques du pays, abritant plus de 30 groupes ethniques reconnus, dont les Tibétains (la ville de Shangri-La, anciennement connue sous le nom de Zhongdian, est habitée en grande partie par des Tibétains), les Yi (la préfecture autonome de Chuxiong est majoritairement peuplée par l'ethnie Yi), les Bai, les Dai (la préfecture autonome de Xishuangbanna, située dans le sud du Yunnan, est principalement habitée par l'ethnie Dai qui partagent des liens culturels étroits avec les peuples d'Asie du Sud-Est), les Naxi (Lijiang est le centre mondial de la culture Naxi), et les Miao.
Le Tibet est le cœur du bouddhisme tibétain, avec des monastères emblématiques comme le Palais du Potala (Bùdálā Gōng) à Lhasa. Les pèlerinages au Mont Kailash (Gāngrénbōqí) et les visites de monastères tibétains attirent des voyageurs du monde entier. Les minorités ethniques pratiquent souvent des religions traditionnelles, comme le Dongbaisme des Naxi, qui combine animisme et chamanisme. Le tourisme ici se conjuguent en termes de fêtes et de grands marchés, les prix varient selon les voyagistes et le nombre de fêtes ethniques qui permettent d'alimenter bien des selfies colorés ..
Provinces and Capitals:
- Chongqing (重庆市, Chóngqìng Shì) – Capital: Chongqing
- Sichuan (四川省, Sìchuān Shěng) – Capital: Chengdu (Chéngdū Shì)
- Guizhou (贵州省, Guìzhōu Shěng) – Capital: Guiyang (Guìyáng Shì)
- Yunnan (云南省, Yúnnán Shěng) – Capital: Kunming (Kūnmíng Shì)
- Tibet (西藏自治区, Xīzàng Zìzhìqū, Xizang, région autonome) – Capital: Lhasa (Lāsà Shì)
Chongqing
Un décor de film de science-fiction, avec ses lumières, son brouillard naturel et son urbanisme vertical. Une ville-montagne bâtie sur des falaises et des collines, donnant l’impression d’une jungle urbaine verticale, routes et infrastructures sont à plusieurs niveaux, rendant la navigation urbaine complexe mais spectaculaire. Le métro passe à travers des immeubles résidentiels ! (Station Liziba, ligne 2). Statut unique en Chine, Chongqing est une municipalité autonome directement administrée par Pékin (comme Pékin, Shanghai et Tianjin), mais avec un territoire gigantesque (82 400 km2, pesque la taille de l’Autriche) une population de 32 millions d’habitants (l’une des plus grandes agglomérations du monde) et une croissance ultra-rapide avec des gratte-ciels qui surgissent partout : le quartier Raffles City, un complexe architectural avec un pont aérien entre les gratte-ciels, donnant une impression de ville flottante.
Chongqing est surnommée "la ville en 8D" (le "8D Magic City") parce qu’il est possible de sortir du même bâtiment à des niveaux complètement différents selon l’entrée utilisée. Certains immeubles ont une gare ferroviaire en sous-sol et des jardins suspendus sur le toit.
Mais de plus, quoique Chongqing soit située à plus de 2 000 km de la mer, c'est un centre portuaire majeur : le Yangzi traverse la ville, permettant un commerce fluvial massif. C'est ainsi le plus grand port intérieur de Chine, reliant l'ouest du pays aux marchés internationaux via Shanghai. Et alors que d’autres grandes villes chinoises sont plus orientées vers le commerce ou la finance, Chongqing est un centre de production et d’innovation technologique massive ...
Attractions touristiques :
- Dazu Rock Carvings : Ensemble de sculptures rupestres bouddhistes datant du IXe au XIIIe siècle, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
- Croisière sur le fleuve Yangtsé : Point de départ idéal pour une croisière à travers les célèbres Trois Gorges...
"Hongya Cave" (Chongqing), un complexe traditionnel en bois surplombant la rivière Jialing, offrant des restaurants, des boutiques et une vue nocturne spectaculaire....
- Architectural Marvel : Hongya Cave est un exemple frappant de l’architecture traditionnelle de style Bayu, caractérisée par ses bâtiments sur pilotis qui sont construits dans le côté d’une falaise. Le complexe est une structure à plusieurs niveaux qui combine des espaces résidentiels, commerciaux et culturels, créant un village vertical à la fois fonctionnel et esthétique.
- Le site a une histoire qui remonte à plus de 2300 ans. Il était à l’origine une forteresse militaire et a depuis évolué en un centre commercial et culturel animé. Les couches historiques du site ajoutent à son caractère unique, car il reflète le riche patrimoine culturel de la région.
- Intégration avec la nature : Hongya Cave est construit dans le paysage naturel d’une colline escarpée surplombant la rivière Jialing. L’intégration des bâtiments avec les formations rocheuses naturelles et la rivière crée un mélange harmonieux d’éléments naturels et artificiels, ce qui en fait une expérience visuelle et sensorielle unique.
- Le site est un melting pot de différentes influences culturelles, y compris les éléments traditionnels chinois, Bayu et modernes. Cette fusion est évidente dans l’architecture, la cuisine locale et les diverses performances culturelles et activités qui y ont lieu.
- Attraction touristique : La grotte de Hongya est devenue une attraction touristique majeure, attirant des visiteurs du monde entier. Sa combinaison unique d’histoire, de culture et d’architecture, ainsi que son atmosphère vibrante en font une destination incontournable.
- Night Beauty : Le site est particulièrement célèbre pour sa beauté nocturne. Lorsqu’ils sont illuminés, les bâtiments sur pilotis et le paysage environnant créent une atmosphère féerique. Les reflets sur la rivière ajoutent à l’expérience enchanteresse, ce qui en fait un lieu de prédilection pour la photographie et les promenades du soir.
Chengdu (Sichuan)
Capitale mondiale des pandas géants, Chengdu est la seule ville où il est possible d'observer et d’interagir avec eux en captivité et en semi-liberté. Une ville toute en contraste, la culture des maisons de thé est omniprésente, des temples bouddhistes et taoïstes préservés voisinnent avec des gratte-ciels futuristes, et lors que la plupart des villes chinoises sont hyper-intenses, Chengdu a su garder une atmosphère moins tendue. C'est pourtant l’une des villes les plus innovantes de Chine, spécialisée dans l’intelligence artificielle, la biotechnologie et les semi-conducteurs, un hub majeur pour la "Nouvelle Route de la Soie", reliant la Chine à l'Europe via des trains de fret, une industrie du jeu vidéo florissante ..
Attractions touristiques :
- Le Mont Qingcheng, un site sacré du taoïsme, situé à seulement 1h de la ville.
- Le site archéologique de Sanxingdui (fondée il y a plus de 2 300 ans, elle est l’une des villes chinoises habitées en continu depuis le plus longtemps), des bronzes et de sculptures datant de plus de 3 000 ans, suggérant une civilisation avancée et mystérieuse...
- Le Grand Bouddha de Leshan, la plus grande statue de Bouddha en pierre du monde (71 mètres de haut).
- Le Théâtre traditionnel du Sichuan, l’art du changement de masque instantané.
Ba Jin (1904-2005), de son vrai nom Li Yaotang, né à Chengdu, dans la province du Sichuan, est l'un des écrivains chinois les plus influents du XXᵉ siècle. Son pseudonyme "Ba Jin" est une combinaison des noms des anarchistes russes Mikhaïl Bakounine ("Ba") et Pierre Kropotkine ("Jin"), reflétant son engagement précoce envers l'anarchisme. En 1927, il s'est installé en France, où il écrit son premier roman, "Destruction" (Miewang), publié en 1929. De retour en Chine, il publie des œuvres majeures telles que "La Famille" (Jia, Family, 1933), "Printemps" (Chun, Spring, 1938) et "Automne" (Qiu, Autumn, 1940), formant la trilogie "Torrent" (Jiliu, Turbulent Stream). Ces romans critiquent les structures familiales traditionnelles chinoises et plaident pour l'émancipation individuelle.
La première moitié du XXe siècle fut une période de grande agitation en Chine. "La Famille", sans doute l’un des romans chinois les plus populaires de cette époque, reflète bien ce bouleversement et sert de base à la compréhension de ce qui a suivi. Écrit en 1931, "Family" a été comparé à "Dream of the Red Chamber" pour sa superbe représentation de la vie familiale et de la société de son temps. Tiré en grande partie de l’expérience de Ba Chin, "Family" est l’histoire du complexe familial Kao, composé de quatre générations plus des serviteurs. Il s’agit essentiellement d’une image du conflit entre l’ancienne Chine et la nouvelle marée montante pour la détruire, comme elle se manifeste dans le quotidien de la famille Kao (Gao), et en particulier des trois jeunes frères Kao. Nous voyons ici des situations qui, bien qu’elles soient uniques au temps et au lieu de ce roman, rappellent de nombreuses circonstances du monde d’aujourd’hui, le conflit entre les générations et les classes, les amours malheureuses, les activités politiques des étudiants ... Un des professeurs de Ba Jin, Wu Yu, devint ainsi un leader du mouvement de la nouvelle culture qui a critiqué la tradition chinoise dans les années autour de 1919. Wu Yu affirmait que les règles morales exigeant que les jeunes se soumettent aux "anciens" avaient créé des générations de gens faibles et subordonnés. Les enfants élevés dans ce style, a-t-il soutenu, étaient facilement manipulés à l’âge adulte par des dirigeants autoritaires qui imaginaient la nation comme une grande famille et revendiquaient le rôle de patriarche national. et en particulier l’histoire de Juexin -, le fils aîné de la jeune génération de la famille Kao, qui est écrasé par les attentes de son grand-père - exprime bien cette idée dans les termes les plus émouvants. La trilogie est ainsi devenue une partie importante de l’attaque du mouvement de la nouvelle culture contre la vieille culture chinoise et les valeurs confucéennes. La famille et ses suites sont devenues un manifeste clé pour la nouvelle génération de militants politiques et sociaux du 4 mai. Le film de 1956 adapté du roman peut être trouvé dans les magasins de vidéo à travers la Chine et visionné sur Internet...
Durant la Révolution culturelle (1966-1976), Ba Jin fut persécuté en raison de ses opinions politiques. Après sa réhabilitation en 1977, il occupe des postes importants, notamment celui de président de l'Association des écrivains chinois...
Guiyang (Guizhou)
Guiyang bénéficie d’un climat subtropical doux avec des étés relativement frais et des hivers doux. Elle est souvent appelée la "ville forestière" en raison de sa verdure abondante et du temps agréable, ce qui est assez rare pour une ville à sa latitude. Le Guizhou est réputé pour sa mosaïque de minorités ethniques, avec plus de 18 groupes différents, dont les Miao, Dong, Hui, Yi et Bouyi et, autrefois méconnue. Située à une altitude d'environ 1 100 mètres, Guiyang s'est transformée en un centre névralgique pour les technologies de l'information et le big data (la ville accueille le Guiyang Big Data Exchange et a attiré de nombreuses entreprises technologiques et des centres de données, ce qui lui a valu le surnom de "Big Data Valley"). Guiyang a été à l’avant-garde du développement urbain écologique et durable en Chine. La ville a mis en œuvre diverses initiatives vertes, comme l’écologisation urbaine à grande échelle, des programmes de gestion des déchets et la promotion des sources d’énergie renouvelables ...
Attractions touristiques :
- Le pavillon Jiaxiu, construit il y a plus de trois siècles sous la dynastie Ming, au-dessus de la rivière Nanming, un symbole culturel de la ville. Le pavillon fut construit en 1598 sous le règne de l’empereur Wanli pour promouvoir la réussite scolaire et la prospérité culturelle dans le Guizhou, qui était considéré comme une région éloignée et sous-développée à l’époque...
- Le Parc Qianling, abritant le mont Qianling (1 300m), des temples (Hongfu) et une population de singes en liberté.
- Le village de Qingyan, ancienne ville fortifiée datant de la dynastie Ming, bien préservée avec ses ruelles pavées et son architecture traditionnelle.
- Chutes de Huangguoshu : Situées à proximité (Anshun), ces chutes sont parmi les plus grandes d'Asie, offrant un spectacle naturel impressionnant...
"Kosher Chinese: Living, Teaching, and Eating with China’s Other Billion", by Michael Levy (2011) - L'histoire irrévérencieuse d'un juif américain servant dans le Corps de la Paix dans la Chine rurale, qui révèle les absurdités, les joies et le pathos d'une société traditionnelle en mutation En septembre 2005, le Corps de la Paix a envoyé Michael Levy enseigner l'anglais au cœur de la Chine. Ses hôtes de la ville de Guiyang ont trouvé d'autres utilisations pour lui : expert résident en judaïsme, conseiller romantique et star provinciale du basket-ball, pour n'en citer que quelques-unes. Le récit qu'il fait de la façon dont il a surmonté les grandes différences culturelles pour se lier d'amitié avec ses élèves et ses collègues enseignants est tour à tour poignant et très drôle. Tout en se délectant des particularités de la vie à l'intérieur de la Chine, l'auteur a également découvert que « l'autre milliard » (les personnes vivant loin des villes côtières couvertes par les médias américains) entretient une relation complexe à la fois avec ses propres traditions et avec les changements rapides de la modernisation. À la traîne de l'essor économique de la Chine, ils font l'expérience du côté obscur du « capitalisme aux caractéristiques chinoises » et sont quotidiennement confrontés à la schizophrénie d'idéologies contradictoires. Kosher Chinese est un récit éclairant de la vie des habitants de Guiyang, en particulier des jeunes qui contrôleront bientôt le destin du monde...
Kunming (Yunnan)
La capitale du printemps éternel (Chūnchéng), l’une des villes les plus vertes de Chine, est réputée pour son climat doux tout au long de l'année, est la principale porte d’entrée chinoise vers l’Asie du Sud-Est, ce qui en fait un centre logistique et commercial clé : la "Nouvelle Route de la Soie" passe par Kunming, reliant la Chine au Laos, à la Thaïlande et au Myanmar. L'Université du Yunnan, un pôle intellectuel influent en Asie.
Attractions touristiques :
- Forêt de pierre (Shilin) : Formation karstique spectaculaire composée de piliers de calcaire, souvent décrite comme une forêt de pierres.
- Temple Yuantong : L'un des plus grands temples bouddhistes de la province du Yunnan, avec une histoire de plus de 1 200 ans.
- Lac Dianchi : Grand lac pittoresque offrant des activités de loisirs et des vues panoramiques.
"In Search of Paradise: Middle-Class Living in a Chinese Metropolis", by Li Zhang (2010)
L'anthropologue Li Zhang, originaire de Kunming, capitale de la province du Yunnan, porte un regard ethnographique aigu sur sa ville natale, l’urbanisation rapide et la montée d’une nouvelle classe moyenne chinoise dans les années 1990 et 2000, période de profonde transition économique. L’achat d’un logement est devenu une pierre angulaire de l’identité sociale et de l’ascension économique. Zhang expose comment la privatisation du logement en Chine dans les années 1990 a permis l’émergence d’un marché immobilier spéculatif, favorisant la montée d’une classe moyenne désireuse de s’affirmer par la propriété foncière. Cette transition est vue comme un moyen d’accéder à la modernité et de s’éloigner du passé socialiste. La maison devient un symbole de statut social, voire de réussite personnelle. Elle montre aussi que l’idéal d’un « chez-soi paradisiaque » est largement influencé par les modèles occidentaux et les discours néolibéraux.
Les "gated communities" – des espaces sécurisés et exclusifs : l’auteur s’intéresse aux communautés résidentielles fermées qui se développent dans les grandes métropoles chinoises. Ces quartiers, souvent luxueux, sont conçus pour offrir une vie confortable, sécurisée et éloignée du chaos urbain. Des communautés qui symbolisent une segmentation spatiale et sociale, où la classe moyenne cherche à se différencier du reste de la population.
Le logement comme moteur d'ascension sociale et de stress - Le phénomène de « maison obsession » (fangnu, – littéralement « esclave du logement ») illustre bien comment l’achat immobilier devient un fardeau financier pour de nombreux ménages. Bien que le logement soit perçu comme un signe de succès, il est aussi une source de précarité économique pour les familles endettées.
La transformation des interactions sociales dans la ville - L’habitat fermé modifie les dynamiques de voisinage et les relations sociales traditionnelles. La sociabilité de la classe moyenne repose de plus en plus sur des réseaux fermés et homogènes, réduisant l’interaction avec d’autres groupes sociaux. La gentrification contribue à une reconfiguration des espaces urbains, où les classes populaires sont repoussées en périphérie. Un phénomène répandu désormais dans le monde entier ...
Lijiang (Yunnan)
Témoignage vivant des anciennes routes commerciales de l’Asie, à 2 400 m, Lijiang est le centre mondial de la culture Naxi (Naxi Dongba Culture) : un groupe ethnique issu du plateau tibétain d'environ 300 000 personnes vivant principalement dans la région de Lijiang, dans la province du Yunnan, ainsi que dans certaines parties du Sichuan et du Tibet.
Les Naxi ont su préserver leur riche héritage culturel, qui comprend un système d'écriture unique (composée de plus de 1 400 caractères, leur écriture est considérée comme l'un des rares systèmes pictographiques encore en usage dans le monde), une musique traditionnelle, des pratiques religieuses (la religion traditionnelle des Naxi est le Dongba, une forme de chamanisme qui intègre des éléments animistes et des influences du bouddhisme tibétain) et des styles architecturaux.
La ville ancienne de Lijiang, avec ses ruelles pavées et ses canaux, est un exemple emblématique de l'architecture Naxi et est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO...
Les villes anciennes de Baisha et Shuhe : ces villes anciennes moins connues près de Lijiang offrent une expérience plus tranquille que la vieille ville animée. Baisha est connue pour ses anciennes peintures murales qui mélangent des éléments culturels Han, tibétains et Naxi, tandis que Shuhe est un exemple bien préservé d'un village traditionnel Naxi...
Pour une plongée en profondeur dans Lijiang et la culture Naxi, « Forgotten Kingdom » de Peter Goullart (written by a Russian explorer who lived in Lijiang during the early 20th century), et «The Naxi of Southwest China: A Heritage of Pictographic Language and Belief Systems» de Christine Mathieu (an academic work delves into the unique Dongba religion, pictographic script, and cultural practices of the Naxi people)...
La popularité de Lijiang en tant que destination touristique a apporté des avantages économiques, mais aussi une certaine marchandisation de leur culture et une relative dégradation de l'environnement...
- Tourisme intérieur - Lijiang accueille des millions de touristes chinois chaque année. Par exemple, en 2019, Lijiang a reçu plus de 50 millions de visiteurs, dont la grande majorité étaient des touristes domestiques. Pendant les périodes de pointe, comme la Golden Week, la ville peut être submergée par des dizaines de milliers de visiteurs par jour (le tourisme intérieur a un impact très quantitatif : volume massif de visiteurs, pression sur les infrastructures, commercialisation rapide) ...
- Le tourisme international a un impact plus qualitatif (dépenses plus élevées, visibilité globale, adaptation culturelle ?).
En 2019, la ville a accueilli environ 1,5 million de visiteurs étrangers. Bien que ce chiffre soit bien inférieur à celui du tourisme intérieur, les touristes internationaux ont un impact disproportionné en termes de dépenses et de visibilité internationale ...
- Pour répondre au nombre croissant de touristes, de nombreuses maisons et boutiques traditionnelles de la vieille ville de Lijiang ont été transformées en magasins de souvenirs, bars et restaurants. Cela a dilué l'expérience culturelle authentique et transformé certaines parties de la ville en un espace plus commercial...
- Le peuple Naxi, originaire de Lijiang, a vu son mode de vie traditionnel affecté par le boom du tourisme.
Si le tourisme a contribué à préserver certains aspects de la culture naxi (par exemple, l'écriture dongba et la musique ancienne), il a également conduit à la marchandisation de leurs traditions et certains spectacles culturels, tels que les spectacles de musique ancienne naxi, ont été adaptés aux attentes des touristes, des mises en scène principalement destinées au tourisme international ...
Lijiang est entourée de paysages renommés, combinant montagnes enneigées, rivières et canyons spectaculaires : la Montagne du Dragon de Jade (Jade Dragon Snow Mountain), une célèbre montagne enneigée à plus de 5 596 m d'altitude, et dont le téléphérique amène les visiteurs à plus de 4 500 m, offrant une des plus belles vues de Chine. La Gorge du Saut du Tigre (Tiger Leaping Gorge), une des gorges les plus profondes du monde (3 900 m de profondeur), alimente bien des soifs de randonnée légendaires ...
Mais ces attractions naturelles ont également été confrontées à des pressions environnementales dues au tourisme excessif. L'augmentation du trafic piétonnier, l'abandon de détritus et le développement des infrastructures ont eu un impact sur les écosystèmes fragiles de ces régions...
Les Champs en Terrasses de Yuanyang (Yunnan), un chef-d'œuvre d’agriculture traditionnelle créé par l’ethnie Hani depuis plus de 1 000 ans, célèbre pour son ingéniosité écologique et visuelle : une agriculture en harmonie avec la nature, associant gestion de l’eau, biodiversité et culture du riz. Elles s'étendent sur les pentes escarpées du mont Ailao, descendant jusqu'à la rive sud de la rivière Rouge.
Mais les rizières de Yuanyang ont connu une augmentation de la fréquentation touristique, notamment depuis leur inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2013 : croissance rapide des infrastructures touristiques (hôtels, routes, plateformes d’observation, etc), pression accrue sur l’environnement, notamment par une sur-fréquentation des zones d’observation (ex. Laohuzui, Duoyishu, Bada), un effet d’authenticité menacée (les visiteurs ne perçoivent plus qu’un paysage « carte postale » et non un système agricole vivant), une transformation des activités locales : certaines familles Hani délaissent progressivement l’agriculture pour travailler dans l’industrie touristique. L'image des champs en terrasses est souvent exploitée dans les campagnes de promotion touristique chinoises et internationales ...
Shangri-La is located in the northwestern part of Yunnan Province, near the border with Tibet. It is officially known as Shangri-La City (香格里拉市) and was formerly called Zhongdian (中甸). It is a popular tourist destination known for its stunning natural scenery and Tibetan culture... a paradise on Earth, said China Group Tours in 2025, snow-capped mountains, deep valleys, and vast meadows create a breathtaking backdrop for exploring the region's unique Tibetan cultures and earthly beauties. Many travelers combine Shangri-La with a trip to Lijiang .... !
Shangri-La est une ville et une région située dans la préfecture autonome tibétaine de Diqing (Díqìng Zàngzú Zìzhìzhōu), dans la province du Yunnan, en Chine. Elle est située à 3,200 mètres, dans le nord-ouest du Yunnan, près de la frontière avec le Tibet et la province du Sichuan. Le nom "Shangri-La" a été popularisé par le roman "Lost Horizon" (1933) de James Hilton, qui dépeint un paradis terrestre caché dans les montagnes de l'Himalaya. Bien que le roman soit une œuvre de fiction, la région de Shangri-La en Chine a adopté ce nom en 2001 pour incarner cet idéal de paix, harmonie, et beauté naturelle...
Shangri-La est entourée de montagnes majestueuses, dont les monts Meili (Méilǐ Xuěshān), qui abritent le Kawagarbo (6,740 m), une montagne sacrée pour les Tibétains. Le lac Pudacuo (Pǔdácuò Guójiā Gōngyuán) est un lac alpin cristallin, entouré de forêts et de prairies, classé comme parc national. La rivière Jinsha ( Jīnshā Jiāng), un affluent du Yangtsé, traverse la région.
Shangri-La abrite le monastère de Songzanlin (Sōngzànlín Sì), le plus grand monastère tibétain du Yunnan, souvent comparé au Potala de Lhasa. Ce monastère est un centre spirituel important pour les Tibétains et un lieu de pèlerinage...
Shangri-La est une destination populaire pour les touristes nationaux, en particulier ceux qui viennent des grandes villes chinoises comme Pékin, Shanghai et Guangzhou. La région est connue pour ses paysages naturels époustouflants, sa culture tibétaine et ses sites religieux comme le monastère de Songzanlin. Ces dernières années, le tourisme intérieur à Shangri-La a connu une croissance régulière, avec des centaines de milliers de visiteurs par an.
La forte affluence touristique a conduit à une commercialisation de la culture locale et pour répondre à la demande touristique, des infrastructures modernes sont construites et l'équilibre précaire....
On vend ici de l'expérience touristique garantie unique au monde entier, ....
les villages tibétains Nixi et Tacheng, les sentiers de randonnée comme ceux menant aux monts Meili ou au lac Shudu, des ateliers de thangka (peintures religieuses tibétaines), de poterie, ou de tissage, des festivals tibétains, comme le Losar (Nouvel An tibétain) et le Saga Dawa (célébration de la naissance, de l'illumination, et de la mort de Bouddha).
Le Plateau tibétain (Qingzang Gaoyuan), le "Toit du Monde" (Roof of the World), s'étend principalement sur deux grandes régions géographiques, principalement le Sud-Ouest de la Chine (le Tibet (Xizang) et le Qinghai (Lac Qinghai ), où sont concentrés les vastes hauts plateaux et les montagnes de l'Himalaya (4 500 - 5 000m), puis le Nord-Ouest et une partie du Xinjiang, la Vallée de Jiuzhaigou (province du Sichuan), Shangri-La (province du Yunnan),et le Monastère de Labrang (province du Gansu). Le Mont Everest (8 848 m), la plus haute montagne de la planète, est situé à la frontière sino-népalaise...
- Le plateau tibétain est particulièrement vulnérable au changement climatique. Les températures y augmentent plus rapidement que dans de nombreuses autres régions du globe, entraînant une fonte accélérée des glaciers. Cette fonte menace les ressources en eau douce pour des millions de personnes en aval et augmente le risque d'inondations glaciaires soudaines.
- Le plateau tibétain, en particulier la région autonome du Tibet, attire des dizaines de millions de touristes chaque année, et le surtourisme entraîne érosion des sols (camp de base du mont Everest et lacs sacrés), production accrue de déchets, pollution de l'eau ...
Le tourisme intérieur est le principal moteur du tourisme dans le Qingzang Gaoyuan. Les touristes chinois sont attirés par la beauté naturelle de la région, notamment le palais du Potala (Lhassa, Tibet), le camp de base du mont Everest (Tibet), le lac Qinghai (Qinghai), la Réserve naturelle de Yading (Sichuan). Ces dernières années, le tourisme intérieur a connu un essor considérable grâce à l'amélioration des infrastructures (par exemple, le chemin de fer Qinghai-Tibet) et à la promotion par le gouvernement du tourisme dans l'ouest de la Chine.
En 2019, le Tibet avait accueilli à lui seul plus de 40 millions de touristes nationaux, selon la Commission de développement du tourisme au Tibet. Post-COVID-19, le tourisme intérieur a rapidement rebondi après la levée des restrictions liées à la pandémie, et des millions de visiteurs reviennent chaque année dans la région...
Exploitation commerciale et folklorisation de la culture tibétaine - Le tourisme contribue souvent à une vision exotique et édulcorée du Tibet, mettant en avant une imagerie qualifiée de "romantique" (monastères, moines en robe safran, paysages spirituels) tout en minimisant les réalités politiques et sociales. De nombreuses entreprises chinoises contrôlent l’industrie touristique, et les retombées économiques ne bénéficient pas nécessairement aux Tibétains eux-mêmes. Certains circuits touristiques financés par le gouvernement chinois offrent une narration biaisée de l’histoire du Tibet, insistant sur son appartenance historique à la Chine et minimisant la répression politique ou les revendications d’indépendance. Les visites de monastères sont parfois mises en scène, avec des moines devenus des attractions touristiques sous surveillance stricte...
Le tourisme international dans le Qingzang Gaoyuan est plus restreint en raison des exigences en matière de permis (les touristes étrangers ont besoin de permis spéciaux pour visiter le Tibet) et des préoccupations environnementales (l'écosystème fragile de la région limite le nombre de visiteurs). Le statut politique sensible du Tibet affecte de même le tourisme international.
En 2019, le Tibet a accueilli environ 400 000 touristes internationaux, une petite fraction par rapport aux visiteurs nationaux. Post-COVID-19, le tourisme international a été plus lent à se rétablir. De nombreux voyageurs occidentaux expriment un soutien à la cause tibétaine mais, en visitant le Tibet sous contrôle chinois, ils contribuent malgré eux à la légitimation de la présence chinoise et au financement d’un tourisme contrôlé par Béjing ...
Tibet (Xīzàng Zìzhìqū, Xizang, région autonome)
Historiquement, le Tibet a été un État indépendant jusqu’en 1950, lorsque l’Armée populaire de libération chinoise l’a occupé. En 1959, après une révolte tibétaine réprimée par la Chine, le Dalaï-Lama s’est exilé en Inde et a formé un gouvernement tibétain en exil.Historiquement, il a été un État indépendant jusqu’en 1950, lorsque l’Armée populaire de libération chinoise l’a occupé. Officiellement, le Tibet est une "Région Autonome" de Chine depuis 1965. Le Tibet est l’une des seules régions du monde où une identité nationale distincte est maintenue sous un contrôle étatique aussi fort, générant un débat politique et éthique global : Pékin a mis en place une politique d’intégration forcée pour réduire l’identité tibétaine et considère le Tibet comme un bouclier stratégique contre l’Inde...
Les Tibétains parlent le tibétain, une langue de la famille sino-tibétaine très différente du mandarin, mais Pékin encourage des millions de Han à s’installer au Tibet pour changer la démographie. En 2008, une grande révolte tibétaine a été violemment réprimée, et le Tibet est une des régions les plus surveillées du monde, où la tension entre développement et identité culturelle est omniprésente. Un état de fait qui ne fait pas reculer pour autant le touriste, attirant des millions de visiteurs chaque année : le plateau tibétain, en particulier la région autonome du Tibet, attire en effet des millions de touristes chaque année, avec des chiffres atteignant 40 millions en 2019 (principalement domestique, et à l'international). La construction du chemin de fer Qinghai-Tibet (2006) et l’expansion des aéroports (par exemple, l’aéroport de Lhassa Gonggar) ont rendu la région plus accessible. Pékin encourage le tourisme comme un outil de développement économique et de propagande, mais il est étroitement contrôlé (accès réglementé pour les étrangers, guides de voyage obligatoires pour éviter les "dérives politiques", interdiction aux touristes de certaines zones jugées sensibles).
"Tibet, Tibet: A Personal History of a Lost Land" (2003) est un ouvrage publié par l'historien et journaliste britannique Patrick French, qui mêle récit de voyage, histoire et réflexion personnelle pour offrir une perspective nuancée sur le Tibet, au-delà des clichés souvent véhiculés en Occident. Patrick French s'est intéressé au Tibet dès son adolescence, rencontrant le Dalaï-Lama à l'âge de 16 ans, ce qui a renforcé son engagement en faveur de la cause tibétaine. Au cours de ses voyages, French découvre un Tibet complexe, loin de l'image idéalisée souvent véhiculée. Il rencontre des Tibétains aux opinions variées, certains critiquant la domination chinoise, d'autres reconnaissant les bénéfices matériels apportés par Pékin. French s'interroge sur la fascination occidentale pour le Tibet, souvent perçu comme un lieu mystique et pur. Il critique cette vision romantique qui occulte les réalités politiques et sociales du pays, contribuant à une compréhension simpliste de la situation tibétaine.
"Tibet in Agony: Lhasa 1959", by Jianglin Li (2016)
Jianglin Li, chercheuse indépendante spécialisée dans l’histoire du Tibet et de la Chine, se livre ici à une analyse approfondie des événements tragiques de 1959 à Lhassa, lorsque l’armée chinoise a brutalement réprimé le soulèvement tibétain, entraînant l’exil du 14ᵉ dalaï-lama en Inde. L’auteur s’appuie sur des archives chinoises, tibétaines et internationales, y compris des documents gouvernementaux et des témoignages de survivants, pour tenter de corriger les récits officiels chinois qui minimisent la brutalité de la répression et présenter une reconstruction factuelle et détaillée des événements.
Reconstitution de la montée des tensions sino-tibétaines : Jianglin Li commence par exposer les racines du conflit entre le Tibet et la Chine. En 1950, après la fondation de la République populaire de Chine par Mao Zedong, l’Armée populaire de libération (APL) envahit le Tibet sous prétexte de "libérer" le territoire de "l’impérialisme". En 1951, le "17-Point Agreement" est signé entre le gouvernement tibétain et la Chine sous pression militaire. Ce traité accorde une autonomie limitée au Tibet mais place la région sous souveraineté chinoise. Au cours des années suivantes, Pékin impose des réformes drastiques, inspirées du modèle communiste, qui entrent en conflit avec la structure sociale et religieuse tibétaine, dominée par les monastères et l’aristocratie.
Les tensions vont progressivement s'intensifier, notamment à cause de la collectivisation forcée, qui perturbe l’économie traditionnelle tibétaine, des persécutions contre les moines et les monastères, considérés comme des foyers de résistance, et de l’implantation croissante de colons Han, perçue comme une tentative d’assimilation culturelle.
L’événement central du livre est le soulèvement du peuple tibétain à Lhassa en mars 1959, un tournant décisif dans l’histoire contemporaine du Tibet. Le 10 mars 1959, des dizaines de milliers de Tibétains entourent le palais du Norbulingka, résidence du dalaï-lama, craignant que les Chinois ne l’enlèvent. Les tensions explosent en une rébellion armée, menée par des groupes de résistants tibétains (notamment la Force de résistance Chushi Gangdruk). L’APL déclenche une offensive massive contre Lhassa le 20 mars, utilisant l’artillerie lourde et les bombardements aériens contre les insurgés et la population civile. Après plusieurs jours de combats extrêmement meurtriers, l’armée chinoise écrase la rébellion. Selon les documents militaires chinois, l’APL a mobilisé plus de 10 000 soldats et a tué plusieurs milliers de Tibétains en quelques jours. Les sources tibétaines et occidentales estiment que des dizaines de milliers de civils et de moines ont péri pendant et après l’insurrection.
Face à l’intensité des combats et à l’effondrement de la résistance, le dalaï-lama et son entourage décident de fuir le Tibet. Ils traversent les montagnes de l’Himalaya sous une menace constante de capture. Le 31 mars 1959, le dalaï-lama atteint l’Inde, où il reçoit l’asile politique de la part du Premier ministre Jawaharlal Nehru. Cet exil marque la fin du Tibet traditionnel et le début d’un gouvernement tibétain en exil à Dharamsala. L’auteure examine comment l’exil du dalaï-lama modifie les dynamiques géopolitiques internationales, attirant l’attention mondiale sur la cause tibétaine et exacerbant les tensions entre la Chine et l’Inde.
Après la chute de Lhassa, les représailles chinoises sont impitoyables. L’armée chinoise détruit systématiquement les monastères bouddhistes, qui sont considérés comme des foyers de résistance. Les moines et les intellectuels tibétains sont arrêtés, torturés ou exécutés. Des milliers de civils tibétains sont déportés dans des camps de travail (laogai), où beaucoup périssent à cause des conditions inhumaines. Le livre s’appuie sur des archives chinoises récemment déclassifiées, révélant que la répression de 1959 fut l’une des plus violentes campagnes militaires menées par la Chine communiste.
À partir des années 1960, Pékin lance une campagne de sinisation intensive, cherchant à effacer la culture tibétaine : imposition du mandarin dans les écoles et les administrations, migrations massives de colons Han vers les villes tibétaines, destruction des symboles religieux et culturels, poursuivie durant la Révolution culturelle (1966-1976).
Malgré cette politique, la résistance tibétaine ne disparaît pas et le mouvement pour l’indépendance du Tibet se structure dans l’exil, notamment avec le gouvernement tibétain en exil dirigé par le dalaï-lama. L’auteure montre comment les révoltes tibétaines de 1989 et de 2008 sont en grande partie des répliques tardives de la tragédie de 1959, signe d’un Tibet toujours en lutte contre l’occupation chinoise...
"Essential Tibetan Buddhism", by Robert A.F. Thurman (1998)
Par un professeur de bouddhisme indo-tibétain à l’université de Columbia et spécialiste reconnu du dalaï-lama et du Tibet, un ouvrage qui vise à rendre accessible la richesse philosophique et spirituelle de cette tradition, en expliquant ses principes fondamentaux tout en fournissant des textes essentiels issus des maîtres bouddhistes tibétains. Thurman commence par une introduction historique et doctrinale du bouddhisme tibétain. Il retrace l’histoire de la transmission du bouddhisme depuis l’Inde vers le Tibet et son évolution sous l’influence des maîtres indiens comme Padmasambhava et des intellectuels tibétains comme Tsongkhapa.
Il explique ensuite la spécificité du bouddhisme tibétain, qui repose sur une synthèse des courants mahāyāna et vajrayāna :
- Le mahāyāna met l’accent sur la compassion et le chemin du bodhisattva.
- Le vajrayāna (ou "véhicule adamantin") repose sur des pratiques ésotériques visant une réalisation rapide de l’éveil à travers des rituels, des visualisations et des initiations.
Thurman met en lumière le rôle central du Dalaï-Lama et du système monastique dans la préservation et la transmission de cette tradition.
Puis Thurman détaille les concepts clés, les Quatre Nobles Vérités, qui sont à la base de toute forme de bouddhisme :
- La souffrance (dukkha)
- L’origine de la souffrance (désir et attachement)
- La cessation de la souffrance (nirvāṇa)
- Le chemin vers la cessation de la souffrance (l’Octuple Sentier)
Le concept du karma et la loi de la causalité, expliquant comment les actions influencent le cycle des renaissances (samsāra). La vacuité (śūnyatā), une notion centrale de la philosophie bouddhiste développée par Nāgārjuna, qui montre que les phénomènes n’ont pas d’existence indépendante et que tout est interdépendant. Le Bodhisattva, figure emblématique du mahāyāna, un être éveillé qui choisit de ne pas atteindre le nirvāṇa tant que tous les êtres ne sont pas libérés de la souffrance.
Thurman décrit en particulier les Six Perfections (pāramitā) que doit cultiver un bodhisattva :
La générosité, L’éthique, La patience, L’effort joyeux, La méditation, La sagesse.
Le vajrayāna est souvent perçu comme une voie plus ésotérique et rapide vers l’illumination. Thurman y consacre une grande partie du livre, expliquant :
- Les mantras, formules sacrées répétées pour invoquer des énergies spirituelles.
- Les mandalas, diagrammes symboliques utilisés pour la méditation et les rituels.
- Les visualisations, où le pratiquant s’identifie à une divinité ou un bouddha particulier pour cultiver ses qualités.
- Les initiations (abhisheka), un aspect essentiel du vajrayāna qui nécessite un maître qualifié.
Il insiste sur le fait que ces pratiques nécessitent une transmission authentique et un engagement rigoureux auprès d’un maître spirituel.
Thurman propose ensuite une sélection de textes fondamentaux du bouddhisme tibétain, accompagnés de commentaires :
- Des extraits du "Livre tibétain des morts" (Bardo Thödol), qui décrit les expériences post-mortem et la transition entre les vies.
- Des passages du "Chemin de la Grande Perfection" (Dzogchen), une école du bouddhisme tibétain qui enseigne une réalisation directe de la nature de l’esprit.
- Des enseignements de Tsongkhapa, fondateur de l’école Gelugpa, qui insistent sur l’importance de la logique et de la méditation analytique.
Lhassa (Tibet)
Lhassa, capitale du Tibet, située à 3 656 mètres d’altitude (l’oxygène y est 40 % moins concentré qu’au niveau de la mer, nécessitant une acclimatation pour les visiteurs), la "Ville des Dieux", un centre spirituel et historique du bouddhisme tibétain, - une tradition unique qui diffère fortement du bouddhisme pratiqué dans le reste de la Chine -, est une des villes les plus contrôlées politiquement au monde. À proximité du Mont Everest et entourée de sommets de plus de 5 000 mètres, Lhassa est aussi l’une des villes les plus isolées. Des milliers de moines et pèlerins viennent chaque année pour prier et faire des circumambulations (kora) autour des monastères ...
Attractions touristiques :
- Les principales attractions comprennent le mont Everest (Zhūmùlǎngmǎ Fēng, la plus haute montagne du monde (8 848 m) : le camp de base tibétain offre une vue spectaculaire sur son sommet, contrairement au versant népalais). A environ 8 km du camp de base de l'Everest sur le versant tibétain, le Monastère de Rongbuk (Róngbù Sì), le monastère le plus haut du monde. Le lac Yamdrok (Yángzhuō Yōngcuò) et le lac Namtso (l'un des plus beaux lacs sacrés du Tibet, situé à 4 718 mètres d’altitude, ses eaux turquoise et son environnement montagneux en font un site exceptionnel).
- Palais du Potala (Bùdálā Gōng) : Ancienne résidence du Dalaï-Lama, construit sur la montagne Rouge et merveille architecturale avec plus de 1 000 pièces et une hauteur de 13 étages, ce palais majestueux est un symbole du bouddhisme tibétain et est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO.
- Temple de Jokhang (Dàzhāo Sì) : fusion entre les styles tibétain, népalais et chinois, le temple le plus sacré du Tibet, attirant des pèlerins de tout le plateau tibétain.
- Les maisons traditionnelles tibétaines, conçues pour résister aux climats extrêmes, avec des toits plats et des fenêtres colorées, font face aux nouveaux quartiers, construits par la Chine.
- Barkhor Street : Circuit de pèlerinage entourant le temple de Jokhang, et l’un des derniers endroits où le commerce traditionnel tibétain prospère encore...
- Sera Monastery (Sèlā Sì), à environ 5 km au nord de Lhassa, niché au pied de la montagne de Tatipu, à une altitude d’environ 3 700 mètres : Sera est célèbre pour ses débats monastiques quotidiens, qui se tiennent dans une cour ombragée. Avec Ganden et Drepung, il forme le trio des grands monastères Gelugpa (école des "Bonnets Jaunes"). Fondé en 1419 par un disciple de Tsongkhapa, il a joué un rôle clé dans la diffusion du bouddhisme tibétain. Contrairement à d’autres monastères détruits ou transformés en musées, Sera reste un lieu de formation pour les moines.
- Drepung Monastery (Zhébàng Sì), à environ 8 km à l'ouest de Lhassa, sur les pentes du mont Gambo Utse, à une altitude de 3 800 mètres. C'est le plus grand monastère du Tibet et l'un des plus importants du bouddhisme tibétain. A son apogée, il abritait plus de 10 000 moines, faisant de lui le plus grand monastère bouddhiste du monde. Il est construit comme une petite ville monastique, avec des ruelles, des places et des temples. Chaque année en août, le festival du Shoton se déroule à Drepung, et un immense thangka (peinture sacrée de Bouddha) est déroulé sur la colline du monastère, attirant des milliers de pèlerins et visiteurs.
- Norbulingka Palace (Luóbùlínkǎ), à environ 3 km à l'ouest du Palais du Potala, en périphérie de Lhassa. À une altitude d’environ 3 650 mètres, il se trouve dans une vaste oasis de verdure, contrastant avec les paysages arides du Tibet. Il servait de résidence d'été aux Dalaï-Lamas, tandis que le Palais du Potala était leur résidence d'hiver. Norbulingka s’étend sur 36 hectares, faisant de lui le plus grand parc artificiel du Tibet. Chaque année en août, Norbulingka accueille le Festival du Shoton (Fête du Yogourt), une des plus grandes fêtes du Tibet.
- Ganden Monastery (Gāndān Sì), à environ 40 km à l'est de Lhassa, perché à 4 300 mètres d’altitude sur la montagne Wangbur, dans le comté de Dagzê. Il offre une vue panoramique spectaculaire sur la vallée de la rivière Kyichu. Fondé en 1409 par Tsongkhapa, le créateur de l'école Gelugpa, la plus influente du bouddhisme tibétain.Il est considéré comme le siège spirituel de cette école, aux côtés de Drepung et Sera. Ganden abrite le stupa contenant les reliques de Tsongkhapa, l’une des figures les plus vénérées du bouddhisme tibétain. Son tombeau en or fut détruit pendant la Révolution culturelle mais a été restauré. Bombardé et détruit à 90 % pendant la Révolution culturelle (années 1960), le Monastère lui-même a été partiellement reconstruit depuis les années 1980.
- Yamdrok Lake (Yángzhuō Yōngcuò), à environ 100 km au sud-ouest de Lhassa, dans la préfecture de Shannan. Niché à une altitude de 4 441 mètres, il est entouré par les montagnes enneigées du Himalaya. Avec Namtso et Manasarovar, il est considéré comme sacré par les bouddhistes tibétains. Il est célèbre pour ses eaux bleu turquoise éclatantes, changeant de teinte selon la lumière et la saison. Son forme serpentine, semblable à un dragon, s’étend sur plus de 130 km de long.
- Nam-tso Lake (Nàmùcuò), à environ 112 km au nord-ouest de Lhassa, dans la préfecture de Damxung. Il se trouve à 4 718 mètres d’altitude, ce qui en fait l’un des plus hauts lacs salés du monde. Il est surnommé le “Lac du Ciel” en tibétain, en raison de son altitude et de la pureté de ses eaux. Selon la tradition, le lac est une déité féminine et la montagne Nyenchen Tanglha (7 162 m) est son époux. Entouré par la chaîne de montagnes Nyenchen Tanglha, qui reste enneigée toute l’année. Ses eaux d’un bleu profond contrastent avec les montagnes et le ciel limpide du Tibet.
- Mount Everest Base Camp (North Side, Zhūmùlǎngmǎ Fēng Běipō Dàběnyíng), à environ 520 km au sud-ouest de Lhassa, dans le comté de Tingri, préfecture de Shigatsé. Niché à 5 150 mètres d’altitude, il est l’un des camps de base les plus hauts du monde.Contrairement au camp de base sud (Népal), accessible uniquement après un trek de plusieurs jours, le camp de base nord est accessible en véhicule grâce à une route asphaltée. Il offre une vue spectaculaire et dégagée sur la face nord de l’Everest (8 848 m). Les expéditions qui grimpent l’Everest par la voie tibétaine partent de ce camp. La face nord est considérée comme plus difficile et plus exposée aux vents que la voie népalaise.
- Situé à 5 000 mètres d’altitude, à seulement 8 km du camp de base, le monastère de Rongbuk, est un lieu spirituel clé pour les moines et les alpinistes, le monastère le plus haut du monde. Il offre une vue majestueuse sur l’Everest et constitue un point d’étape pour les visiteurs. À plus de 5 000 mètres, l’oxygène est à 50 % du niveau de la mer, ce qui permet de vivre une expérience proche des conditions des alpinistes.
En raison de l’afflux de touristes et d’alpinistes, le camp a été fermé en 2019 aux visiteurs non alpinistes pour protéger l’environnement. Un nouveau camp pour touristes a été installé à environ 2 km en contrebas...
- Le monastère de Tashilhunpo (Zhāshílúnbù Sì), situé à Shigatsé (Xigazê, Tashilhunpo Monastery), - la deuxième plus grande ville du Tibet -, à environ 250 km à l’ouest de Lhassa. C'est l'un des six grands monastères de l'école Gelugpa (bouddhisme tibétain "à bonnets jaunes"), aux côtés de Ganden, Drepung et Sera. Fondé en 1447 par le premier Dalaï-Lama, il est le siège traditionnel des Panchen-Lamas, la deuxième plus haute autorité spirituelle du Tibet après le Dalaï-Lama. C’est le seul grand monastère tibétain qui a été préservé après la Révolution culturelle chinoise, alors que d'autres ont été détruits ou gravement endommagés. C'est un immense complexe monastique avec plusieurs temples, chapelles et salles de prière.
On y trouve la plus grande statue de Bouddha Maitreya du monde (26,2 mètres de haut), recouverte d'or et incrustée de pierres précieuses et un ensemble de stupas dorés abritant les reliques des Panchen-Lamas. Chaque année, des milliers de fidèles viennent effectuer des kora (circumambulations) autour du monastère et en été, un immense thangka (peinture sacrée de Bouddha) est déroulé sur une colline derrière le monastère...
- Samye Monastery (Sāngyē Sì), à environ 170 km au sud-est de Lhassa, dans la vallée du Yarlung Tsangpo, préfecture de Shannan; niché à 3 580 mètres d’altitude, sur les rives du fleuve Brahmapoutre. Fondé au VIIIᵉ siècle sous le règne du roi tibétain Trisong Detsen, il est considéré comme le premier monastère bouddhiste du Tibet. Il marque le début de l’introduction officielle du bouddhisme au Tibet. Détruit partiellement pendant la Révolution culturelle, il a été progressivement restauré à partir des années 1980...
- Le Palais de Yungbulakang (Yōngbùlākāng), à environ 190 km au sud-est de Lhassa, dans la vallée de Yarlung, préfecture de Shannan. Construit sur une colline rocheuse, à une altitude d’environ 3 700 mètres, offrant une vue panoramique sur sur la vallée du Yarlung, considérée comme le berceau de la civilisation tibétaine. Considéré comme le premier palais royal du Tibet, avant l’ère des monastères et du bouddhisme. Après l’adoption du bouddhisme au VIIᵉ siècle, il fut transformé en temple dédié au bouddhisme tibétain. Il contient aujourd’hui des statues du Bouddha, de Padmasambhava et des rois tibétains. Détruit en grande partie pendant la Révolution culturelle, il a été reconstruit dans les années 1980, grâce à l’effort des Tibétains et du gouvernement.
"Meltdown in Tibet: China's Reckless Destruction of Ecosystems from the Highlands of Tibet to the Deltas of Asia" est un ouvrage publié en 2014 par Michael Buckley, journaliste et photographe canadien spécialisé dans le Tibet et l'Himalaya. Fort de plus de 30 ans de voyages au Tibet,il a été témoin des transformations drastiques de la région et son livre vise à dénoncer les pratiques chinoises qu'il considère comme nuisibles à l'environnement tibétain et aux populations locales.
- Détournement et barrage des rivières : Buckley souligne que les rivières du Tibet, sources vitales pour des millions de personnes en Asie, sont massivement exploitées par la Chine. La construction de barrages et les projets de détournement menacent l'approvisionnement en eau des pays en aval.
- Exploitation minière intensive: le Tibet est riche en minéraux précieux. L'auteur dénonce l'exploitation minière à grande échelle qui dégrade l'environnement et profite peu aux communautés tibétaines.
- Désastre écologique et réchauffement climatique : le réchauffement climatique accélère la fonte des glaciers tibétains. Buckley met en garde contre les conséquences de cette fonte sur les écosystèmes et les populations dépendantes des rivières issues de ces glaciers.
- Déplacement des populations nomades : les politiques chinoises ont conduit au déplacement forcé des nomades tibétains, perturbant des modes de vie traditionnels et entraînant des pertes culturelles.
"Seven Years in Tibet" (Sieben Jahre in Tibet, 1953)
Les sept années passées par Heinrich Harrer, alpiniste et explorateur autrichien, au Tibet entre 1944 et 1951, au cours desquelles il a été témoin des derniers jours d’un Tibet indépendant avant l’invasion chinoise de 1950 : un témoignage d'autant plus unique sur le Tibet d’avant l’occupation chinoise, en particulier sur Lhassa, la capitale, et la personnalité du 14ᵉ dalaï-lama, que Harrer en devint le tuteur et ami. Le livre est devenu un best-seller international, traduit en plusieurs langues, et a inspiré un film en 1997, avec Brad Pitt dans le rôle de Harrer.
Le récit commence en 1939, lorsque Heinrich Harrer, alors jeune alpiniste autrichien, est envoyé en expédition dans l’Himalaya pour escalader le Nanga Parbat. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Harrer et son équipe sont faits prisonniers par les Britanniques en Inde, car l’Autriche est annexée par l’Allemagne nazie. Il est détenu dans un camp de prisonniers à Dehradun, au nord de l’Inde, avec d’autres prisonniers de guerre allemands et autrichiens.
Après plusieurs tentatives d’évasion infructueuses, Harrer et son ami Peter Aufschnaiter parviennent enfin à s’échapper en 1944. Leur but est de traverser l’Himalaya pour atteindre le Tibet, alors encore un royaume interdit aux étrangers. Leur périple à travers les montagnes, durant plusieurs mois, est semé d’embûches : conditions climatiques extrêmes, difficultés d’approvisionnement en nourriture, surveillance des autorités britanniques et chinoises.
Après une marche de plus de 2 000 kilomètres, ils atteignent enfin le Tibet, un pays encore mystérieux et largement isolé du monde extérieur. En 1946, Harrer et Aufschnaiter arrivent à Lhassa, la capitale tibétaine. Ils sont d’abord soupçonnés d’espionnage, mais gagnent progressivement la confiance des Tibétains. Ils découvrent un royaume féodal et profondément religieux, centré sur la figure du dalaï-lama et un système monastique puissant. Grâce à ses compétences techniques, Harrer devient rapidement un personnage influent à Lhassa.
En 1948, Harrer est invité à rencontrer le jeune dalaï-lama, alors âgé de 14 ans, qui s’intéresse à la science et à la technologie occidentale. Rapidement, Harrer devient son tuteur personnel et lui enseigne la géographie et les sciences, l’anglais et d’autres sujets liés au monde extérieur. Il devient aussi un conseiller et un ami proche du jeune leader spirituel.
En 1951, lorsque sous la menace, le Tibet est contraint de signer un traité avec Pékin, acceptant son incorporation dans la Chine, Harrer assiste à ces événements avec impuissance, et comprend que son séjour touche à sa fin. Il retourne en Autriche et publie son récit en 1953, faisant découvrir au monde un Tibet bientôt transformé par l’occupation chinoise...
"Tibet: Through the Red Box", by Peter Sis (1998)
Un ouvrage entre récit autobiographique, conte illustré et hommage à un père disparu, utilisant un style narratif enchâssé où réalité et fiction se mêlent, un livre a été acclamé pour son style visuel unique, sa narration poétique et son exploration du Tibet sous une perspective à la fois intime et mythique. Le point de départ du livre est une boîte rouge que Peter Sís découvre après la mort de son père. Cette boîte contient un journal et des dessins de son père, qui était cinéaste et qui avait été envoyé au Tibet en mission secrète dans les années 1950, sous le régime communiste tchécoslovaque. Trois strates narratives se dessinent alors, qui donnent au livre une atmosphère onirique et nostalgique : les récits de son enfance en Tchécoslovaquie sous le régime communiste, où son père était souvent absent en raison de ses missions officielles le journal du père, qui raconte son aventure fascinante au Tibet, un pays alors mystérieux et quasiment inaccessible aux étrangers; un univers imaginaire, où l’auteur mélange les souvenirs réels avec des légendes et des éléments de la mythologie tibétaine.
À travers les pages du journal contenu dans la boîte rouge, Sís retranscrit le périple de son père, qui avait été envoyé au Tibet pour des raisons officielles, mais qui s’était retrouvé pris au cœur d’une expérience mystique et sensorielle. Son père va décrire ainsi un Tibet fascinant et envoûtant, où les paysages montagneux semblent irréels, avec des monastères perchés dans les nuages et des yaks traversant des cols enneigés; où la spiritualité tibétaine baigne chaque aspect de la vie quotidienne, avec des moines en robes safran récitant des mantras et des prières colorant le vent de leurs vibrations; où où le temps semble suspendu, avec des histoires de réincarnation, de moines devins et de palais célestes. Au fil du journal, le père de l’auteur semble peu à peu se détacher de la mission officielle qui l’avait amené au Tibet. Il est happé par l’univers mystique et secret de la culture tibétaine, qui contraste fortement avec l’austérité communiste de son pays natal.
Peter Sís reprend alors la main et, s’inspirant des récits traditionnels tibétains, va construire une narration envoûtante, où la frontière entre histoire et légende est floue. L’histoire est ponctuée de symboles et d’illustrations détaillées, où le bouddhisme tibétain, les moines et les créatures mythiques cohabitent avec les paysages grandioses des montagnes de l’Himalaya. Le style graphique de Sís reflète cette dualité : certaines pages sont lumineuses et détaillées, représentant des scènes réelles du voyage de son père, tandis que d’autres sont plus abstraites et oniriques, capturant l’esprit du Tibet légendaire. Le Tibet n’est pas seulement un lieu physique dans ce livre, mais une métaphore du mystère, du voyage intérieur et du passage du temps...
"Magic and Mystery in Tibet (1929) d’Alexandra David-Néel, exploratrice, orientaliste et écrivaine franco-belge, est l’un des premiers ouvrages à avoir révélé au monde occidental les aspects occultes et spirituels du Tibet, un territoire alors quasi inexploré par les Européens. Elle entreprend un voyage extraordinaire au Tibet entre 1912 et 1924, une époque où le Tibet est encore fermé aux étrangers, se rend dans l’Himalaya et passe plusieurs années en Inde, en Chine et au Népal avant d’atteindre le Tibet. Elle étudie le bouddhisme tibétain en profondeur et devient une érudite reconnue, initiée par des maîtres tibétains. En 1924, elle réalise l’exploit historique de pénétrer dans la ville interdite de Lhassa, déguisée en mendiante tibétaine, devenant ainsi la première femme occidentale à visiter la capitale tibétaine clandestinement.
Son livre mêle récit personnel, observations ethnographiques et analyse des pratiques spirituelles tibétaines, qu’elle présente comme étant d’une profondeur et d’une puissance singulières. L’un des thèmes centraux du livre est la nature du bouddhisme tibétain, qu’Alexandra David-Néel décrit comme étant profondément imprégné de mysticisme et de pratiques ésotériques : le lamaïsme tibétain, issu du bouddhisme mahāyāna et du tantrisme vajrayāna, accorde en effet une grande importance aux pratiques rituelles, aux formules sacrées (mantras) et aux visualisations mystiques. Les moines et yogis tibétains pratiquent des exercices spirituels intenses, visant à développer des capacités extraordinaires et à atteindre un état de conscience supérieur.
David-Néel va consacrer une grande partie du livre aux phénomènes occultes qu’elle affirme avoir observés lors de son séjour au Tibet. Elle décrit notamment des moines et ermites tibétains capables d’exploits extraordinaires grâce à leur discipline spirituelle et mentale. Ainsi le "tummo" (la chaleur psychique) : elle raconte comment certains moines tibétains, appelés ngagpas, utilisent la méditation pour générer une chaleur corporelle intense, leur permettant de survivre dans les conditions glaciales de l’Himalaya. Elle décrit un rituel où les moines, assis nus dans la neige, sont capables de faire sécher des draps trempés simplement grâce à la chaleur produite par leur concentration. Le "lung-gom-pa" (la course mystique) explique ce certains yogis tibétains soient réputés capables de courir sur de longues distances sans s’arrêter, dans un état de transe profonde. La création des "tulpa", des formes-pensées manifestées, est sans doute l’un des aspects les plus fascinants du livre : sa description de la création de "tulpa", une entité formée par la visualisation intense d’un pratiquant avancé. Selon la tradition tibétaine, un yogi peut, par la concentration, matérialiser une entité imaginaire, qui peut même acquérir une autonomie temporaire. Alexandra David-Néel raconte qu’elle a elle-même tenté l’expérience et aurait créé un tulpa en forme de moine jovial, qui aurait fini par devenir indépendant et difficile à contrôler, l’obligeant à le dissiper par des rituels. Ce récit sera l’un des plus mystérieux et controversés du livre...
Elle décrit ainsi une spiritualité tibétaine très éloignée du bouddhisme rationnel occidental, où la pratique intérieure et les pouvoirs mystiques sont vus comme des aspects naturels du chemin vers l’éveil. Bien que le bouddhisme tibétain soit une branche du mahāyāna, il incorpore des éléments de la religion indigène Bön, un système de croyances chamaniques antérieur au bouddhisme. Les esprits et les divinités locales jouent encore un rôle important dans la vie des Tibétains. Des rituels exorcistes et des cérémonies de protection sont pratiqués pour éloigner les esprits malveillants. Alexandra David-Néel assiste à des pratiques d’invocation d’esprits et de divination, qui rappellent les traditions chamaniques de la Sibérie et de l’Asie centrale.
Elle souligne que le Tibet est un carrefour de spiritualités, où le bouddhisme et les croyances animistes se mélangent de manière unique...
"Across Many Mountains: A Tibetan Family’s Epic Journey from Oppression to Freedom", Yangzom Brauen (2009) - L'histoire de trois générations de femmes tibétaines – l'auteure, sa mère Sonam et sa grand-mère Kunsang – confrontées aux bouleversements politiques et culturels du Tibet au XXᵉ siècle. Le récit débute avec Kunsang, l'une des plus jeunes nonnes bouddhistes du Tibet, qui mène une vie paisible dans un village reculé. Son existence est bouleversée en 1950 lorsque l'armée chinoise envahit le Tibet, entraînant la destruction de monastères et la persécution des religieux. Face à cette menace, Kunsang, son mari et leurs deux filles entreprennent une périlleuse traversée de l'Himalaya pour se réfugier en Inde. Durant ce voyage éprouvant, Kunsang perd son époux et sa plus jeune fille, mais parvient à survivre avec Sonam dans des camps de réfugiés indiens. Le destin de la famille prend un tournant inattendu lorsque Sonam rencontre Martin Brauen, un jeune Suisse passionné par le Tibet. Ils se marient et s'installent en Suisse avec Kunsang. Yangzom, leur fille, naît dans ce nouveau pays, grandissant entre deux cultures distinctes. Devenue adulte, elle embrasse une carrière d'actrice et d'activiste, œuvrant pour la cause tibétaine sur la scène internationale.
"Red Poppies : A Novel of Tibet" (Hóng Pāo, 1998), by Alai, un écrivain d’origine tibétaine né en 1959 dans la province du Sichuan, qui conte la transformation du Tibet au début du XXᵉ siècle, à travers le destin d’une famille de seigneurs de guerre tibétains et les tensions entre tradition féodale, influence chinoise et modernité, fut un immense succès en Chine, remportant le prestigieux Mao Dun Literature Prize en 2000.
Le roman se déroule dans une région tibétaine sous domination chinoise, durant les années 1930, une période marquée par le déclin du système féodal tibétain, dominé par les grandes familles aristocratiques et les monastères bouddhistes; les tensions croissantes entre le Tibet et la Chine, alors sous le régime nationaliste du Kuomintang (avant la prise de pouvoir communiste en 1949); et l’arrivée de l’économie moderne et du commerce de l’opium, qui bouleverse les traditions locales (le commerce de l’opium, symbolisé par les "red poppies" (coquelicots rouges) du titre). Alai utilise le microcosme d’une famille tibétaine pour peindre un tableau plus vaste de la société tibétaine en transition. L’histoire est racontée à la première personne par le fils cadet d’une puissante famille de seigneurs de guerre tibétains. S'il est surnommé "le jeune maître idiot", car il est perçu comme intellectuellement limité par sa famille et son entourage, son point de vue naïf et lucide à la fois permet une critique subtile des abus du pouvoir, des superstitions et des conflits politiques. À travers ses yeux, le lecteur découvre un monde à la fois brutal et poétique, où la violence féodale côtoie des croyances mystiques.
Le père du narrateur, un chef de guerre influent, décide de se lancer dans la culture de l’opium pour enrichir sa famille et gagner du pouvoir. Cette décision attire des marchands chinois et étrangers, qui veulent exploiter la production. L’opium devient un facteur de corruption et de transformation sociale, modifiant l’équilibre entre les forces traditionnelles et le monde extérieur. Le roman montre ainsi comment le commerce et l’économie moderne pénètrent une société ancestrale, entraînant des conflits internes et des luttes de pouvoir.
Un livre qui ne prend pas parti pour ou contre la Chine, mais montre toute la complexité du passé tibétain...
Tashi Dawa (1959)
Tashi Dawa, également connu sous le nom de Zhaxi Dawa (Dáwá), est un éminent écrivain tibétain chinois. Il est né en 1959 à Batang, dans la province du Sichuan, en Chine. Tashi Dawa est l’un des auteurs tibétains les plus connus à écrire en chinois, et ses œuvres explorent souvent des thèmes liés à la culture tibétaine, à l’identité et aux complexités de la modernité et de la tradition. Certaines de ses œuvres notables comprennent :
- "A Soul of Bondage" ou "Souls Tied to the Knots on a Leather Cord" ou "Tibet: A Soul Knotted on a Leather Thong" (Xīzàng: Jì zài píshéng jié shàng de hún, 1985), suivant les traductions, Les Âmes liées aux nœuds d'une lanière de cuir, l'un de ses recueils de nouvelles les plus célèbres, publié dans les années 1980, un ensemble de récits où le surnaturel et le quotidien se mêlent pour explorer l’âme tibétaine. Des nouvelles reprises dans plusieurs recueils collectifs,"Spring Bamboo: A Collection of Contemporary Chinese Stories", "Best Chinese Stories" (1949-1989), "Tales of Tibet: Sky Burials, Prayer Wheels, and Wind Horses" ...
- "On the Road to Lhasa" (Shàng Lāsà de lùshang, 1985), Sur la route de Lhassa, le voyage d'un personnage en quête de sens vers Lhassa, la capitale spirituelle du Tibet. Le récit est imprégné de descriptions poétiques et de réflexions sur la spiritualité tibétaine, offrant une perspective unique sur la culture et les paysages de la région.
- "The Fury Shambhala" (Nuèdòu Xiāngbālā, 1993), La fureur de Shambhala, la quête mystique du royaume légendaire de Shambhala, un voyage périlleux à la recherche de cet endroit mythique, symbolisant la recherche de la pureté spirituelle et de la sagesse ultime. Le récit aborde des thèmes tels que la foi, le sacrifice et la dualité entre le bien et le mal.
- "The Blue Buddhist Stone Pillar" (Lán sè de Fójiào shízhù), Le pilier de pierre bouddhiste bleu, une perspective unique sur le Tibet, mêlant descriptions poétiques des paysages à des réflexions profondes sur la culture et la spiritualité tibétaines. Tashi Dawa partage ses observations personnelles, ses rencontres avec des habitants locaux et ses méditations sur l'essence du bouddhisme tibétain.
L’écriture de Tashi Dawa se caractérise par une imagerie riche, des racines culturelles profondes et un mélange de réalisme magique et de narration tibétaine traditionnelle.
En plus de ses contributions littéraires, Tashi Dawa s’est également impliqué dans le cinéma et la télévision, élargissant ainsi son influence dans le domaine culturel (Paths of the Soul, 2015). A noter : "Tibet, les années cachées" est un recueil de récits de l'écrivain tibétain Tashi Dawa, publié par les éditions Bleu de Chine(1995) ...
NorthWest China (Xīběi)
Historiquement, le Xibei était un carrefour crucial sur la Route de la Soie (mélange d’influences chinoises, turques, mongoles, tibétaines et persanes), une région immense et aride dominée par des hauts plateaux, des chaînes montagneuses et de vastes déserts (Jiaohe et Gaochang, des ruines bouddhistes millénaires perdues dans le désert). C'est aussi un territoire clé pour la géopolitique chinoise et mondiale, notamment pour ses ressources énergétiques et ses minorités ethniques ...
- Des déserts légendaires, le Désert du Taklamakan (l’un des plus grands et des plus dangereux du monde : "Celui qui y entre n’en ressort pas"), le Désert de Badain Jaran (abritant les dunes les plus hautes du monde, atteignant jusqu'à 500 mètres) et le célèbre Désert de Gobi (l’un des endroits les plus froids et arides du monde, parsemé de formations rocheuses lunaires et de fossiles de dinosaures) ..
- Mais un mélange rare de déserts brûlants et de glaciers éternels, avec la Chaîne des Tian Shan (sommets enneigés et vallées luxuriantes, classés à l’UNESCO), le Plateau du Qinghai-Tibet et les Monts Kunlun (considérés comme sacrés dans la mythologie chinoise).
Le Nord-Ouest de la Chine est l’une des régions les plus multiculturelles du monde, car il a été pendant des siècles un carrefour entre la Chine, l’Asie centrale, l’Inde et le monde musulman, abritant ainsi diverses minorités ethniques : les Ouïghours (turcophones et musulmans) à Xinjiang, les Hui (musulmans sinophones), à Ningxia et Gansu, les Tibétains (bouddhistes)à Qinghai et Gansu, les Mongols (chamanistes et bouddhistes) dans la région intérieure et à Qinghai, les Kazakhs, Tadjiks, Kirghizes, dans le Xinjiang et les montagnes du Tian Shan ...
Provinces and Capitals:
- Shaanxi (陕西省, Shǎnxī Shěng) – Capital: Xi’an (Xī'ān Shì)
- Gansu (甘肃省, Gānsù Shěng) – Capital: Lanzhou (Lánzhōu Shì)
- Qinghai (青海省, Qīnghǎi Shěng) – Capital: Xining (Xīníng Shì)
- Ningxia (宁夏回族自治区, Níngxià Huízú Zìzhìqū, région autonome) – Capital: Yinchuan (Yínchuān Shì)
- Xinjiang (新疆维吾尔自治区, Xīnjiāng Wéiwú'ěr Zìzhìqū, région autonome ouïghoure) – Capital: Urumqi (Wūlǔmùqí Shì)
"China Off Center: Mapping the Margins of the Middle Kingdom", dirigé par Susan D. Blum et Lionel M. Jensen, un ouvrage collectif publié en 2002 qui remet en question l’idée traditionnelle d’une Chine unifiée et homogène : la Chine n’est pas un bloc monolithique, mais un espace de tensions et de négociations entre le centre et les périphéries. Les auteurs mobilisent des disciplines variées : anthropologie, histoire, études culturelles, linguistique et science politique.
L’ouvrage s’intéresse aux récits nationaux officiels et à leur remise en cause par des acteurs en périphérie du pouvoir et explore les marges culturelles, sociales et ethniques de la Chine contemporaine, en s’intéressant aux régions, aux minorités, aux pratiques linguistiques et aux dynamiques identitaires souvent occultées dans les récits dominants (analyses sur des communautés non-Han, comme les Tibétains ou les Ouïghours, influence de la globalisation et des diasporas chinoises sur l’identité nationale, rôle de la langue et des dialectes dans la formation des identités locales et régionales). Un livre qui donne une meilleure compréhension des dynamiques entre centralisation et diversité culturelle dans la Chine du XXIe siècle...
Xi'an (Shaanxi)
Population : Environ 12,9 millions d'habitants.
Xi’an a été la capitale de 13 dynasties chinoises pendant plus de 1 100 ans, dont les célèbres dynasties Zhou, Qin, Han et Tang. Elle était autrefois connue sous le nom de Chang’an, signifiant "Paix éternelle" (Eternal City). C'était le centre du pouvoir impérial et l’une des villes les plus avancées du monde à son époque. Xi’an était aussi le point de départ de la Route de la Soie, le plus grand réseau d’échanges commerciaux et culturels entre l’Orient et l’Occident.
Xi’an possède un quartier musulman animé (Huímín Jiē), où vivent des Hui, une ethnie chinoise musulmane descendant des marchands arabes et persans de la Route de la Soie (Silk Road). La Grande Mosquée de Xi’an (VIIIe siècle, Xī'ān Dà Qīngzhēns), l’une des plus anciennes et des plus belles de Chine, est un mélange unique d’architecture chinoise et islamique.
Xi'an abrite l’université de Xi’an Jiaotong, une des meilleures universités chinoises et un secteur de haute technologie en pleine croissance.
Attractions touristiques :
- L’un des plus grands trésors archéologiques mondiaux (Bīngmǎyǒng, Terracotta Army) : l’armée de terre cuite du premier empereur de Chine, Qin Shi Huang (IIIe siècle av. J.-C.). Plus de 8 000 statues de soldats, chevaux et chars, chacune avec des traits uniques, destinées à protéger l’empereur dans l’au-delà.
- Remparts de la ville : Construit sous la dynastie Ming, ce mur fortifié (13,7 km de long, avec des tours de guet et des portes majestueuses) est l'un des mieux préservés en Chine et offre une vue panoramique sur la ville.
- La Grande Pagode de l’Oie Sauvage (Dàyàn Tǎ, VIIe siècle, Big Wild Goose Pagoda), construite sous la dynastie Tang, est un centre majeur du bouddhisme chinois. Elle abritait les écrits sacrés bouddhistes ramenés d’Inde par le moine bouddhiste Xuanzang (602-664), de son vrai nom Chen Hui, célèbre pour avoir inspiré le roman "Le Voyage en Occident" (Xīyóu jì), l’un des quatre grands romans classiques chinois...
Xuanzang est né sous la dynastie Tang dans une famille lettrée confucéenne, mais il se passionne très tôt pour le bouddhisme. Déçu par l’état des traductions des sutras bouddhiques en Chine, il décide d’entreprendre un voyage en Inde pour chercher les textes originaux et mieux comprendre les enseignements de Bouddha. En 627, malgré l’interdiction de l’empereur Tang Taizong de quitter le pays, Xuanzang s’enfuit secrètement et traverse de nombreuses régions hostiles : le Désert de Gobi, où il manque de mourir de soif, Himalaya, où il affronte des conditions extrêmes, les Royaumes d’Asie centrale (Khotan, Samarcande, Bactriane), où il est accueilli par des souverains bouddhistes. Il arrive enfin en Inde en 630 et y reste près de 17 ans, étudiant au célèbre monastère de Nālandā, alors le plus grand centre intellectuel bouddhique du monde. En 645, Xuanzang retourne en Chine chargé de 657 textes sacrés bouddhiques en sanskrit et devient un traducteur clé du bouddhisme mahāyāna en Chine. Sous la protection de l’empereur Tang Taizong, il supervise la traduction de ces textes à la Grande Pagode de l’Oie Sauvage à Xi’an. Il rédige aussi un récit de voyage détaillé, "Le Grand Rapport sur les Régions Occidentales" (Dàtáng Xīyù Jì), qui est aujourd’hui une source précieuse sur l’histoire de l’Inde et de l’Asie centrale au VIIe siècle).
Au XVIe siècle, son périple inspire le roman "Le Voyage en Occident", écrit par Wu Cheng’en.
Dans le roman, Xuanzang devient le moine Tang Sanzang, un personnage pieux mais naïf. Il est accompagné de disciples mythiques, Sun Wukong (le Roi Singe), Zhu Bajie (le cochon) et Sha Wujing (le moine des sables). Ce récit mélange aventures fantastiques, influences taoïstes et confucéennes, et allégories bouddhiques sur la quête de l’illumination...
"Huaqing Hot Springs" (Huáqīng Chí) - Un complexe thermal historique et un site touristique situé au pied du mont Li (Líshān), à environ 30 km à l'est de Xi’an, dans la province du Shaanxi. Ce lieu est célèbre pour sa longue histoire impériale, sa beauté naturelle et surtout pour son association avec l’histoire d’amour tragique de l'empereur Xuanzong et de Yang Guifei : sous la dynastie Tang (618-907), l’empereur Xuanzong (685-762) fait construire un somptueux palais thermal pour sa concubine bien-aimée Yang Guifei, considérée comme l'une des plus belles femmes de l'histoire de Chine.
Leur amour a pris fin brutalement lors de la révolte d’An Lushan (755), où Yang Guifei a été forcée de se suicider. Un drame qui a inspiré des œuvres littéraires et poétiques majeures comme "La Chanson du chagrin éternel" (Chánghèn gē) du poète Tang Bai Juyi (772-846)...
Ding Ling (1904-1986), une pionnière de la Littérature Féministe et Révolutionnaire Chinoise.
Yan’an (Shaanxi, 1936-1948) - Ding Ling a vécu dans plusieurs régions de Chine, chacune correspondant à une période clé de sa vie et de son engagement politique. Cependant, trois régions ressortent particulièrement : le Hunan (sa province natale), Shanghai et Pékin (lieux de son ascension littéraire), et Yan’an (base communiste où elle s’engage politiquement).
Née dans la province du Hunan, dans le comté de Linli, elle grandit dans une famille de lettrés. Influencée par les idées réformistes et féministes, en particulier par sa mère, qui l’élève après la mort de son père. En 1920, elle étudie au Premier Lycée Féminin du Hunan, où elle découvre la littérature moderne et la pensée du Mouvement du 4 mai 1919. Elle quitte ensuite sa province natale pour Shanghai, puis Pékin. A Shanghai (1923-1927), elle fréquente le cercle des écrivains modernistes et à Pékin (1927-1936), son "Journal de Mlle Sophie" (1928, Miss Sophia's Diary and Other Stories) la propulse au rang d’écrivaine féministe majeure : le personnage de Sophie, une femme tourmentée par ses désirs et ses conflits intérieurs, brise les conventions sur le rôle des femmes en Chine. Une œuvre qui choquera par son honnêteté sexuelle et psychologique, ce qui en fait un jalon de la littérature féministe chinoise...
Ding Ling rejoint le groupe des écrivains de gauche, influencé par Lu Xun. En 1932, elle est arrêtée par le Kuomintang (KMT) pour ses idées révolutionnaires. "Dans la Nuit Sombre" (1933, In the Darkness), désespoir et de l’oppression des femmes sous le joug du patriarcat et du féodalisme. Libérée en 1936, elle rejoint la base communiste de Yan’an, dans la province du Shaanxi, et devient une intellectuelle de premier plan du Parti, travaillant pour le Département de la Propagande et éditant des journaux révolutionnaires. Mais en 1942, elle critique les inégalités de genre au sein du Parti dans son essai "Réflexions sur la vie des femmes à Yan’an" (de l’hypocrisie du Parti qui prône l’égalité mais perpétue des structures patriarcales), ce qui la met en conflit avec Mao Zedong.
En 1948, elle publie "Le Soleil brille sur le Sanggan" (The Sun Shines Over the Sanggan River), premier roman réaliste socialiste chinois. Elle y décrit la réforme agraire et la vie des paysans sous les nouvelles politiques communistes, mais si elle y célèbre la révolution, elle souligne aussi les injustices persistantes, ce qui lui vaudra des critiques du Parti.
Après la fondation de la République populaire de Chine (1949), elle retourne à Pékin, où elle occupe des postes officiels. En 1957, elle est accusée de "déviationnisme droitier" et envoyée en camp de rééducation en Mandchourie et au Xinjiang pendant 12 ans. En 1966, en pleine Révolution culturelle, elle est harcelée par les Gardes Rouges et est exilée dans des régions reculées jusqu’en 1975. Elle sera réhabilitée sous Deng Xiaoping en 1979 et retournera vivre à Pékin, où elle reprendra une vie publique et littéraire. Elle meurt en 1986, après une carrière marquée par la gloire, la répression et l’exil. (Larson, Wendy (1998), "Women and Writing in Modern China", Stanford University Press - Eber, Irene (2003), "Voices from Tiananmen: Chinese Women Writers and Their Struggle for Democracy". Harvard University Press).
Né en 1952 dans le comté de Danfeng, dans la province de Shaanxi, en Chine, Jia Pingwa a écrit de nombreux romans, essais et nouvelles qui explorent souvent la vie rurale, les traditions culturelles et la complexité des relations humaines dans une Chine qui se modernise rapidement. "Fei Du", traduit en anglais par « Ruined City», publié en 1993, a suscité une vive controverse en raison de son contenu explicite et de sa description critique de la vie urbaine. Il a été interdit en Chine pendant plusieurs années, mais il a depuis été réévalué et est considéré comme une œuvre importante de la littérature chinoise. "Qin Qiang, traduit par «Qin Opera», publié en 2005, a remporté le prix littéraire Mao Dun, l'un des prix littéraires les plus prestigieux de Chine. Il offre une riche description de la vie rurale dans la province de Shaanxi et de l'héritage culturel de la région. "Gao Xing", traduit par "Happy Dreams", et publié en 2007, raconte l'histoire d'un travailleur migrant rural qui tente de faire sa vie en ville, mettant en lumière les défis et les rêves des citadins pauvres de Chine...
"Ruined City", by Jia Pingwa (1993)
Lors de sa première publication en 1993, Ruined City (Fei Du) a été rapidement interdit par l'administration de l'édition d'État de la Chine, ostensiblement en raison de son contenu sexuel explicite. Depuis, le portrait saisissant que dresse l'auteur primé Jia Pingwa de la transformation sociale et économique de la Chine contemporaine est devenu un classique, considéré par les critiques et les spécialistes de la littérature chinoise comme l'un des romans les plus importants du vingtième siècle. La traduction habile d'Howard Goldblatt permet aux lecteurs anglophones d'apprécier pour la première fois ce chef-d'œuvre de satire sociale écrit par l'un des écrivains chinois les plus provocateurs. Alors que l'érotisme, l'exotisme et les détails ésotériques - la « pornographie » qui a suscité l'opprobre des autorités chinoises - sont omniprésents dans "Ruined City", ce récit des imbroglios sexuels et juridiques d'un célèbre écrivain contemporain est un portrait incisif de la politique et de la culture dans une Chine en pleine mutation.
Dans un récit qui va de l'allégorie politique à la parodie, Jia Pingwa suit son antihéros Zhuang Zhidie à travers des liaisons sexuelles de plus en plus prenantes et inévitablement décevantes. Situé dans une métropole moderne où règnent la politique du pouvoir, la corruption et les combines capitalistes, le roman évoque une nostalgie romantique non partagée pour le passé rural prémoderne de la Chine, même si les événements qui se déroulent mettent en garde contre le piège de la nostalgie. Au milieu de la comédie et du chaos, l'auteur insuffle subtilement ses préoccupations sur la place du sérieux intellectuel, de la censure et de l'intégrité artistique dans les conditions changeantes de la société chinoise.
"Happy Dreams", by Jia Pingwa (2007)
Une puissante description de la vie dans la Chine contemporaine en voie d'industrialisation, avec tout ce qu'elle comporte d'humour et de pathos, vue à travers les yeux de Happy Liu, un ouvrier rural charmant et intelligent qui quitte son foyer pour les rues crues et difficiles de Xi'an à la recherche d'une vie meilleure. Après une fin de relation désastreuse, Hawa « Happy » Liu se lance dans une quête pour trouver le receveur du rein qu'il a donné et une vie à la hauteur du surnom qu'il s'est donné. De sa maison rurale de Freshwind à la ville de Xi'an, Happy n'emporte qu'une attitude éternellement positive, son meilleur ami dévoué Wufu et une paire de chaussures à talons hauts qu'il espère remplir de l'amour de sa vie. À Xi'an, Happy et Wufu trouvent des emplois de ramasseurs d'ordures qui trient les déchets de la ville, mais Happy refuse de se laisser décourager par des débuts peu prometteurs. À ses yeux, les oiseaux poussiéreux deviennent des phénix, les rues des rivières, et la vie est ce que l'on en fait. Lorsqu'il rencontre la belle Yichun, il s'imagine qu'elle est celle qui comblera son rêve de Cendrillon. Mais lorsque les conditions difficiles de la ville et les inégalités de la société prennent la vie de son ami et ébranlent Happy jusqu'à son âme, il lui faudra plus que son optimisme inébranlable pour s'accrocher à la croyance que quelque chose de meilleur est possible.
"The Shaanxi Opera", by Jia Pingwa (2023)
Un roman sur la modernité et la tradition, l'amour et l'obsession, les changements économiques et les rêves chimériques, le tout avec pour toile de fond une Chine qui s'urbanise rapidement. Dans la Chine de l'après-Révolution culturelle, dans le village en déclin de Freshwind, le destin de deux familles est en train de basculer. Les Bais, autrefois la famille la plus puissante de la région, ont perdu leur statut. Leur belle fille, Snow Bai, incarnation de la tradition, poursuit une carrière dans une forme d'art en voie de disparition. Les Xias, membres enthousiastes du Parti, sont en pleine ascension. Leur fils préféré, Wind Xia, est un politicien urbain dont le mariage avec Snow Bai pourrait unir les deux familles. Mais dans un village qui cherche une nouvelle voie vers la prospérité, les fortunes peuvent changer. Un paria local, Spark, observe tout cela. Ce fouineur invétéré est sujet à d'étranges visions et à des élucubrations, et il est motivé par la seule constante qu'est son amour fou pour Snow Bai. Vaste, drôle, monumental et profondément poignant, "L'Opéra de Shaanxi" de Jia Pingwa est un portrait très observateur de la Chine à l'ère de la mondialisation, des bouleversements sociétaux et de l'influence croissante de la culture populaire.
"The Sojourn Teashop", by Jia Pingwa (2020)
La vie d'un groupe de femmes d'affaires dans la ville fictive de Xijing, reflétant les dynamiques sociales et économiques de la Chine urbaine moderne. Le roman s'articule autour de Hai Ruo, une femme d'affaires indépendante qui dirige le salon de thé éponyme à Xijing. Le roman s'attache à celle-ci et à son cercle de dix autres femmes, surnommées "la Sœurhood" ou "les Onze Pièces de Jade", chacune ayant sa propre entreprise et naviguant dans les complexités de la société urbaine chinoise (des femmes indépendantes offrant une perspective sur la classe moyenne urbaine chinoise contemporain). Le récit débute par l'arrivée d'une jeune femme russe à Xijing, offrant une perspective extérieure sur la ville et ses habitants. Cependant, l'histoire se concentre principalement sur les interactions, les défis et les ambitions des onze femmes. Elles se réunissent régulièrement au salon de thé de Hai Ruo, discutant de leurs affaires, partageant des potins et élaborant des stratégies pour gérer les bureaucraties locales. Les personnages font face à diverses crises : l'arrestation pour corruption d'un contact gouvernemental, le report de la visite d'un Bouddha vivant, la maladie mortelle de l'une des membres et la disparition inexpliquée d'une autre lors d'un voyage à l'étranger. Le roman se termine sur une note mystérieuse avec la destruction du salon de thé dans une explosion, un événement qui reste inexpliqué, illustrant le concept de "guaishi" ou "événement étrange", fréquent dans les œuvres de Jia Pingwa.
Lanzhou (Gansu)
Ancienne porte d’entrée de la Route de la Soie en Chine, à 1 600 m, entourée de montagnes, ville cosmopolite, influencée par plusieurs groupes ethniques, Lanzhou est la seule grande ville chinoise construite directement sur les berges du Fleuve Jaune, le berceau de la civilisation chinoise, le "fleuve mère" de la Chine. C’est l’entrée du Corridor du Hexi, un passage stratégique menant au Xinjiang et au Tibet.
Attractions touristiques :
- Les marchés de Lanzhou vendent des produits d’Asie centrale et du Tibet, créant une ambiance unique.
- Parc de la rivière Jaune : Situé le long du fleuve Jaune, ce parc offre des paysages pittoresques et des monuments culturels (le Rocher de la Mère du Fleuve Jaune est un symbole de la ville)
- Les Grottes de Bingling, situées à 70 km au sud de Lanzhou, creusées dans une falaise au bord du Fleuve Jaune, un site bouddhiste célèbre pour ses sculptures et ses fresques (plus de 200 grottes et 1 000 statues bouddhistes vieilles de 1 600 ans).
Le Fleuve Jaune (Huáng Hé, Yellow River ) traverse une grande variété de paysages, y compris le plateau tibétain, le plateau de Loess et la plaine de la Chine du Nord. Une longueur de plus de 5464 kilomètres (3395 miles) de long, ce qui en fait l’un des plus longs fleuves du monde. Célèbre pour être la « rivière la plus chargée de sédiments au monde » (most sediment-laden river in the world) : Il transporte une énorme quantité de limon et de sédiments, ce qui donne à la rivière sa couleur jaune-brun caractéristique. Ces sédiments proviennent du plateau de Loess, une région où le sol est fin et soufflé par le vent et qui s’érode facilement. La rivière dépose ces sédiments en aval, créant des terres fertiles mais aussi soulevant le lit de la rivière, ce qui a historiquement conduit à des inondations dévastatrices.
La Fleuve Jaune est souvent appelée la "Mother River of China" parce qu’elle était le berceau de l’ancienne civilisation chinoise. Les plaines fertiles le long de ses rives soutenaient les sociétés agricoles primitives, et c’était le cœur des dynasties Xia, Shang et Zhou. Elle est connue pour ses inondations fréquentes et catastrophiques, ce qui lui a valu le surnom de "China's Sorrow" (Huáng Hé de yōuhuàn). Au fil des siècles, ces inondations ont causé d’immenses pertes en vies humaines et en biens. Le fleuve Jaune a une profonde signification culturelle et spirituelle dans l’histoire et la mythologie chinoises. Il est souvent associé au concept de "Heaven's Mandate" (Tiānmìng) et à l’idée d’harmonie entre les humains et la nature (du droit divin ou de l’autorité accordée à un souverain ou à une dynastie pour gouverner, en fonction de sa vertu et de sa capacité à maintenir l’ordre et l’harmonie) ....
Linxia - Près de la rivière Tao (Táo Hé), qui est un affluent du fleuve Jaune (Huáng Hé), à 150 km de Lanzhou, la capitale de la province du Gansu, Linxia est souvent appelée la « petite Mecque de la Chine » en raison de sa population musulmane importante et de sa riche culture islamique. Linxia est de même le foyer d’un mélange diversifié de groupes ethniques, y compris les Hui, Dongxiang, Bao’an et Salar. Cette diversité se reflète dans les coutumes, traditions et pratiques religieuses de la région.
La ville a donc un fort patrimoine islamique, avec de nombreuses mosquées et écoles islamiques. L’architecture de ces mosquées mélange souvent les styles traditionnels chinois et islamique, créant une esthétique unique. Les mosquées et les institutions religieuses de la ville attirent des érudits et des pèlerins de tout le pays.
Linxia est par ailleurs entouré de paysages naturels magnifiques, y compris les montagnes, les rivières et les prairies...
Dunhuang (Gansu)
Entre le Xinjiang et le Tibet, Dunhuang est une ville-oasis située dans le Nord-Ouest de la Chine, dans la province du Gansu, à la frontière du désert de Gobi et du désert du Taklamakan, dans une région autrefois stratégique de la Route de la Soie (le bouddhisme y est arrivé par la Route de la Soie, d'où l’importance des grottes de Mogao).
Mais Dunhuang est surtout célèbre pour ses grottes bouddhistes de Mogao (les grottes des Mille Bouddhas, The Mogao Caves, Mògāo Kū), une cité monastique souterraine, creusée dans la falaise, à 25 km au sud-est de Dunhuang : 492 grottes réparties sur 1 600 mètres de long, des peintures murales couvrant 45 000 m2 (un record mondial), 2 400 statues et sculptures en argile polychrome (la grotte 96 abrite un Bouddha géant de 35,5 mètres, le plus grand de Mogao), des temples et sanctuaires creusés dans la roche. Une véritable encyclopédie visuelle millénaire du bouddhisme (1 600 ans d’histoire, avec des œuvres datant des IVe au XIVe siècles), avec des fresques racontant la vie du Bouddha (scènes de naissance, éveil, nirvana), les Jātaka (contes des vies antérieures du Bouddha), les caravanes de la Route de la Soie (avec des marchands persans, ouïghours et chinois), des mandalas et divinités protectrices du bouddhisme tantrique.
"Spatial Dunhuang: Experiencing the Mogao Caves", by Wu Hung (2023)
Un éminent historien de l'art chinois, propose une analyse novatrice des grottes de Mogao en se concentrant sur leur dimension spatiale. Plutôt que de suivre une approche chronologique traditionnelle, il examine ces grottes bouddhiques comme des sites physiques et historiques à appréhender sensoriellement. Une analyse qui se porte sur la disposition physique et son influence sur l’expérience du visiteur et les pratiques religieuses qui se sont déroulées ici, la conception architecturale, le placement des peintures murales et des sculptures et les façons dont ces éléments interagissent pour créer un environnement sacré...
Découverte en 1900 et cachée pendant près de 1 000 ans, la "Bibliothèque Secrète" (Library Cave) et les Manuscrits de Dunhuang, plus de 50 000 manuscrits, dont le Sutra du Diamant (868), le plus ancien livre imprimé au monde...
Avant d'entrer dans le site principal, les visiteurs passent par le Centre d’Exposition des Grottes de Mogao, puis sont ensuite conduits en navette jusqu’aux grottes elles-mêmes, situées à environ 25 km de Dunhuang.
En 2019, les grottes de Mogao ont accueilli environ 1,15 million de visiteurs, dont une majorité de touristes chinois et un nombre croissant de touristes internationaux. En 2023, le nombre de visiteurs a recommencé à augmenter, avec des estimations dépassant à nouveau le million de visiteurs annuels. Les grottes de Mogao ont une capacité d'accueil limitée pour protéger les fresques et les sculptures fragiles. Environ 6 000 visiteurs par jour sont autorisés, avec des quotas encore plus stricts pour les grottes les plus sensibles...
A compléter par deux merveilles naturelles, dans le désert de Gobi, ..
- à 6 km au sud de Dunhuang, les Mingsha Sand Dunes (Míngshā Shān, "Montagnes de sable chantant"), un phénomène acoustique rare (lorsque le vent souffle, les dunes produisent un son grave et résonnant, parfois comparé à un tambour ou à un avion en vol), et des dunes au sable fin et doré, contrastant avec le bleu du ciel et l’oasis verdoyante en contrebas, des dunes qui changent de forme sous l’effet du vent ..
- et nichée entre les dunes de Mingsha Shan, le "Crescent Moon Spring" (Yuèyá Quán), une oasis qui forme un lac en forme de croissant de lune, un "miracle naturel" en plein désert (l’eau ne s’est jamais asséchée depuis plus de 2 000 ans, malgré les tempêtes de sable).
Un Site fréquenté depuis plus de 2 000 ans par les caravanes de la Route de la Soie, mais menacé par le surtourisme et le changement climatique ...
Xining (Qinghai)
L’une des villes les plus multiculturelles de Chine (on y entend parler plusieurs langues, tibétain, mandarin, mongol et arabe) et carrefour entre les cultures tibétaine, musulmane et chinoise : à une altitude de 2 275 mètres, Xining est la plus grande ville du plateau tibétain. Un climat extrême et un environnement unique entre montagnes, lacs sacrés et déserts, un patrimoine bouddhiste et musulman exceptionnel, notamment avec le monastère de Kumbum, et un centre géopolitique et écologique crucial pour la Chine (à la frontière du Tibet, du Gansu et du Sichuan).
Principale porte d’entrée vers le Tibet (passage obligé pour les étrangers), Xining est le départ du train le plus haut du monde (Qinghai-Tibet) reliant Xining à Lhassa.
Attractions touristiques :
- La Mosquée Dongguan, mélange d’architecture chinoise et islamique (toits en pagode et minarets), avec sa capacité de plus de 50 000 fidèles, est un des plus grands lieux de culte islamique en Chine.
- Situé à 25 km de Xining, fondé en 1577 en l’honneur du fondateur de l’école Gelugpa, Tsongkhapa, maître du Dalaï-lama, le Monastère de Kumbum (Ta'er Si), célèbre pour ses statues en beurre de yak, ses fresques et ses mandalas, est un centre bouddhiste majeur, attirant des pèlerins tibétains, mongols et chinois.
- A 150 km de Xining, le Lac Qinghai, le plus grand lac salé de Chine (à 3 200 m d’altitude, situé en plein plateau tibétain).
La région autonome du Ningxia est une petite région du Nord-Ouest de la Chine, enclavée entre le Gansu, la Mongolie-Intérieure, et le Shaanxi, située le long du fleuve Jaune (Huang He), qui irrigue la région malgré son climat aride. Créée en 1958, elle est la seule région autonome chinoise dédiée au peuple Hui, un groupe ethnique musulman sinisé. Environ 36% de la population est Hui : contrairement aux Ouïghours, ils parlent mandarin mais conservent leur identité musulmane, forte présence de mosquées et d’écoles coraniques (madrassas), notamment à Yinchuan (la culture Hui à Yinchuan est davantage tolérée, mais une identité qui pourrait être assimilée progressivement par Bejing ?) ...
Yinchuan
Située dans une oasis fertile au bord du Fleuve Jaune, mais entourée par le désert de Tengger, Yinchuan est une ville à forte identité musulmane et l’un des rares endroits où l’on voit un islam à la chinoise, sans influence turcique ou persane dominante.
Situés à 35 km de Yinchuan, les "Pyramides de Chine", les tombeaux des empereurs de la dynastie des Xia de l’Ouest (1038-1227, un royaume puissant rivalisant avec les Song et les Liao), inspirées du stupa bouddhiste, mais aussi des tombes mongoles et tibétaines, et ressemblant aux pyramides égyptiennes, mais construites en terre battue. Peu de civilisations ont laissé une trace aussi énigmatique : les Xia de l’Ouest étaient un royaume bouddhiste sinisé, mais influencé par les Mongols et les peuples du Tibet...
Xinjiang Uygur Autonomous Region
Le Xinjiang est la plus grande région administrative de Chine en superficie. Il est situé dans l'extrême Nord-Ouest du pays, bordant plusieurs pays d'Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Afghanistan, Pakistan, Mongolie). Le territoire est composé de vastes déserts (Taklamakan, Gurbantünggüt), montagnes (Tian Shan, Kunlun), et steppes arides. Il fait partie de la route historique de la soie et est un carrefour culturel entre l'Asie centrale et la Chine.
La population comprend une importante minorité ouïghoure (45%, 11M), ainsi que des Han (42%, 10M), Kazakhs (6%), Hui (4%)et autres groupes ethniques (la proportion de la population Han a augmenté de manière significative depuis les années 1950 ..)
Contrairement aux autres minorités chinoises telles que les Hui, autres musulmans sinophones, les Ouïghours revendiquent une identité distincte de la culture Han, une culture islamique plus proche de celle de l’Asie centrale. Les Ouïghours parlent le ouïghour, une langue turcique proche de l’ouzbek et du kazakh et l'Islam qu'ils pratiquent majoritairement est sunnite (de rite hanafite), mais avec des influences soufies.
Les tensions entre les Ouïghours et le gouvernement chinois sont profondes et remontent à plusieurs décennies. Depuis les années 2010, la Chine a mis en place un système de surveillance de masse au Xinjiang (caméras, reconnaissance faciale, contrôles policiers fréquents). Les "camps de rééducation" (ou centres de détention) ont été dénoncés par plusieurs organisations internationales, où des Ouïghours seraient détenus pour des raisons idéologiques ...
Le bassin du Tarim est la région où se trouve la plus grande concentration de la population ouïghoure, notamment dans les villes de ..
- Kachgar (Kashgar), à 1 289 m d’altitude, entre désert et montagnes, le dernier grand bastion culturel ouïghour. Contrairement à Ürümqi, largement sinisée, Kachgar conserve un mode de vie traditionnel et une culture profondément turcique et islamique. Son architecture, ses marchés et son artisanat rappellent davantage Samarkand ou Boukhara que Pékin ou Shanghai. La Mosquée Id Kah, la plus grande mosquée de Chine et un des symboles du monde ouïghour, construite en 1442 et pouvant accueillir jusqu’à 20 000 fidèles. Le Grand Bazar de Kachgar et l’un des derniers marchés aux bestiaux traditionnels encore en activité en Asie. Mais déclin du tourisme international depuis les années 2010, en raison du climat politique extrêmement tendu (forte sinisation, avec destruction progressive de la vieille ville) ...
- Hotan (Hetian), connue pour son artisanat et son commerce traditionnel.
- Aksu (Aksu), région agricole importante.
- Kucha (Kuqa), ancien centre bouddhiste et carrefour historique.
Le nord du Xinjiang (région du Junggar), moins peuplée par les Ouïghours, est dominée par d'autres groupes ethniques comme les Kazakhs et les Han ...
- Urumqi, la capitale du Xinjiang, où la communauté ouïghoure cohabite avec une forte population Han.
- Turpan, ville-oasis historique, connue pour son rôle dans l’ancienne Route de la Soie, et le point le plus bas de Chine et le deuxième plus bas du monde après la mer Morte...
Ürümqi (Xinjiang)
Située à environ 2 500 km du littoral le plus proche (l’océan Arctique et l’océan Pacifique), record mondial de la ville la plus éloignée d'un océan, Ürümqi ("beaux pâturages" en mongol) connaît climat continental extrême avec des hivers très froids (-20°C en moyenne) et des étés chauds (+35°C). Jadis carrefour entre la Chine, l’Asie centrale, la Perse et l’Europe, la ville est aujourd'hui un hub commercial majeur entre la Chine et les pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan), une des villes les plus ethniquement diverses de Chine, de traditions chinoises, turciques et islamiques, même si elle est marquée par des tensions identitaires (Han, majoritaires, env. 75%, Ouïghours, env. 13%). Centre militaire et politique pour contrôler l’Ouest de la Chine et stabiliser les relations avec l’Asie centrale, dans une région clé pour le pétrole, le gaz et les nouvelles routes de transport dans le cadre des Nouvelles Routes de la Soie (BRI, Belt and Road Initiative), la ville, sous tension, connaît une expansion rapide (gratte-ciels, infrastructures modernes, lignes de train à grande vitesse reliant Pékin et Lanzhou). C'est un des lieux les plus sensibles de la Chine contemporaine...
Attractions touristiques :
- Grand Bazar d’Ürümqi, l’un des plus grands marchés d’Asie centrale, et la Tour du Bazar (80 m de haut) offrant une vue panoramique sur la ville.
- Musée régional du Xinjiang (exposition célèbre des momies du Tarim, datant de plus de 3 800 ans).
Ürümqi est un point de passage important pour visiter le Xinjiang, mais les véritables joyaux de la région se trouvent plutôt dans des villes comme Kachgar, Turpan ou le désert du Taklamakan ...
- Le Lac Karakul (3 600 m d’altitude) et sa vue sur le mont Muztagh Ata (7 509 m).
- Le Lac Tianchi (Lac du Ciel), à 110 km à l'est d’Ürümqi, au pied du mont Bogda (5 445 m).
- Les Monts Tian Shan, chaîne de montagnes classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
- Désert de Gurbantünggüt, le deuxième plus grand désert de Chine, au nord d’Ürümqi.
La Route du Karakoram (Karakoram Highway, KKH) est une route mythique reliant Kachgar (Chine, Xinjiang) à Islamabad (Pakistan) traversant trois des plus hautes chaînes de montagnes de la planète, Himalaya (Everest, Nanga Parbat), Karakoram (K2, deuxième sommet du monde), Hindou Kouch (Afghanistan, nord Pakistan), soit 1 300 km, dont environ 400 km en Chine et 900 km au Pakistan ...
Côté chinois,
- Kachgar (point de départ) – Ancienne ville caravanière de la Route de la Soie.
- Lac Karakul – L’un des plus beaux lacs de haute altitude.
- Muztagh Ata (7 509 m) – Montagne emblématique des grimpeurs.
- Tashkurgan – Dernière ville chinoise avant la frontière, peuplée de Tadjiks.
- Col de Khunjerab (4 693 m) – Passage vers le Pakistan, avec des yaks et des marmottes visibles à cette altitude.
Côté pakistanais,
- Sost – Première ville pakistanaise après la frontière.
- Vallée de Hunza – Considérée comme un paradis terrestre, avec des paysages incroyables.
- Glacier du Rakaposhi (7 788 m) – Visible depuis la route, proche de Karimabad.
- Islamabad – Capitale du Pakistan et terminus officiel de la KKH.
Construction 1959 - 1979 (20 ans de travaux, impliquant plus de 24 000 ouvriers chinois et pakistanais) et modernisée avec l’aide de la Chine depuis les années 2010 (projet CPEC – China-Pakistan Economic Corridor)...