PAYSAGES - EAST ASIA - JAPAN - Île de Honshū , la plus grande île et cœur du Japon, Kantō (Tokyo, Yokohama, Chiba) - ...
Ichiyo Higuchi, "Takekurabe" (1895) - Ranpo Edogawa,"The Case of the Murder on D. Hill" (D-zaka no satsujin jiken, 1925) - Haruki Murakami - Banana Yoshimoto, "Kitchen"(1988) - Natsuo Kirino, "Out" (1997) - Hiromi Kawakami, "Sensei no Kaban" (The Briefcase, Strange Weather in Tokyo, Les Années douces, 2001) - Fuminori Nakamura, "Tsuchi no naka no kodomo" (The Boy in the Earth, 2005) - Sayaka Murata, "Konbini Ningen" (Convenience Store Woman, 2016) - Aoko Matsuda, "Where the Wild Ladies Are", (2016) - Yōko Tawada, "Memoirs of a Polar Bear" (2011) - Shūsaku Endō, "Silence" (Chinmoku, 1966) - ...
Le Japon est composé de quatre îles principales et plusieurs îles secondaires, et 8 grandes régions (chihō), qui jouent un rôle géographique et culturel important, bien que leur fonction administrative soit limitée. Ces régions ne sont pas des entités administratives officielles mais sont couramment utilisées pour diviser le pays en grandes zones géographiques. Le Japon est divisé en 47 préfectures, qui sont des divisions administratives officielles, mais ces préfectures sont souvent regroupées en huit grandes régions ...
- Honshū est l’île principale, où se trouvent Tokyo, Kyoto et Osaka.
- Hokkaidō est la grande île du Nord, une île froide et peu peuplée, connue pour ses paysages naturels, ses stations de ski et ses villes thermales.
- Kyūshū est située au sud du Japon et a un climat plus chaud.
- Shikoku est la plus petite des quatre grandes îles.
- Les Îles de l’archipel Nansei (Okinawa et les îles du sud) s’étendent entre Kyūshū et Taïwan.
Kantō (関東)
La région de Kantō ("Est de la barrière") est située dans l’est de l’île principale du Japon, Honshū. Elle est la région la plus peuplée et la plus développée économiquement du pays. Centrée autour de Tokyo, la capitale nationale, Kantō est souvent considérée comme le cœur politique, économique et culturel du Japon moderne. Ses préfectures : Tokyo, Kanagawa, Saitama, Chiba, Ibaraki, Gunma, Tochigi.
Une région dominée par la plaine de Kantō, la plus grande plaine du Japon, qui abrite la majorité de la population, environ 44 millions d’habitants (environ 35 % de la population japonaise). Des montagnes à l’ouest et au nord, comme les montagnes de Chichibu et le mont Nikkō-Shirane. Des zones côtières, comme Kanagawa et Chiba, bénéficient d’un climat plus doux grâce à leur proximité avec l’océan Pacifique.
Gigantesque métropole, Tokyo, avec plus de 14 millions d’habitants, est la ville la plus peuplée du Japon, centre politique et siège de la plupart des grandes entreprises, banques, et institutions financières, très fortement urbanisée, en particulier dans la zone métropolitaine de Tokyo-Yokohama, l’une des plus grandes mégapoles du monde. La vie urbaine domine, avec une infrastructure de transport de classe mondiale, une culture cosmopolite, et un rythme de vie rapide, surtout dans Tokyo. Kantō abrite certaines des universités les plus prestigieuses du Japon, telles que l’Université de Tokyo (Tōdai), Waseda, et Keio. Tokyo est un centre mondial pour les arts, la littérature, et les sciences. Les musées, galeries, et théâtres y abondent...
Côté futuriste, Shibuya Crossing est l’un des carrefours les plus animés du monde, emblématique de la vie urbaine rapide, - Tokyo Skytree y est la plus haute tour du Japon (634 m), offrant une vue panoramique de la ville, - Odaiba, une île artificielle avec des attractions futuristes, comme le Gundam géant et des centres commerciaux modernes...
Contrairement à New York ou Londres, Tokyo ne possède pas un seul centre-ville, mais plusieurs pôles (Shinjuku, Shibuya, Ginza, Akihabara, Ueno, Ikebukuro, etc.), chacun avec une identité propre. Et l’architecture ultra-moderne côtoie ici des temples et sanctuaires millénaires, créant un contraste peut-être unique au monde ...
- au cœur de la capitale, dans le quartier de Chiyoda, le Palais Impérial de Tokyo (Kōkyo, Imperial Palace Grounds), entouré par les quartiers financiers et gouvernementaux, notamment Marunouchi, Otemachi et Hibiya, et se trouve à proximité de la Tokyo Station. C'est le siège de la famille impériale japonaise depuis 1868, après la restauration de Meiji. Le Jardin extérieur (Kōkyo Gaien) offre une vue sur les célèbres ponts Nijūbashi. Depuis le Palais Impérial, on peut voir les gratte-ciels du quartier financier de Marunouchi, créant un contraste visuel unique entre l'ancien Japon et le Tokyo contemporain...
- dans le quartier d'Asakusa, au nord-est du centre de Tokyo, Sensō-ji, le plus ancien temple bouddhiste de Tokyo (fondé en 628, il est dédié à Kannon, la déesse bouddhiste de la compassion). La porte Kaminarimon ("Porte du Tonnerre") est l’un des symboles de Tokyo, reconnaissable à sa gigantesque lanterne rouge de 4 mètres de haut. Elle est flanquée de deux statues de divinités protectrices : Fūjin (dieu du vent) et Raijin (dieu du tonnerre). Un lieu spirituel mais aussi une attraction majeure, entouré de ruelles traditionnelles et de boutiques historiques, la Nakamise-dori, l’une des plus anciennes rues commerçantes du Japon, datant du XVIIe siècle. Sensō-ji est le théâtre de festivals grandioses, comme le Sanja Matsuri, en mai, où des milliers de porteurs défilent avec des sanctuaires portatifs (mikoshi).
- La Sumida River (Sumida-gawa), la Rivière Iconique de Tokyo, traverse la ville du nord au sud, séparant les quartiers d’Asakusa, Ryōgoku, Sumida et Chuo. Elle est un point de repère majeur reliant la vieille ville d’Edo aux quartiers modernes comme Tsukiji et Hamarikyū avant de se jeter dans la baie de Tokyo. Ses ponts emblématiques racontent l’histoire de Tokyo (le Pont Azumabashi offre une vue splendide sur la Tokyo Skytree (634m, le plus haut bâtiment du Japon), le Pont Ryōgoku mène au célèbre quartier des sumos et du Ryōgoku Kokugikan), les bateaux "Himiko" et "Hotaluna" conçus par Leiji Matsumoto (créateur d’Albator) offrent une croisière futuriste sur la rivière, et le parc de Sumida est l’un des meilleurs endroits de Tokyo pour voir les cerisiers en fleurs au printemps (fin mars - début avril).
- Situé dans l’arrondissement de Taitō, au nord-est du centre de Tokyo, Ueno Park (Ueno Onshi Kōen) est le Grand Parc Culturel et Historique de Tokyo, couvre plus de 53 hectares et abritant musées, temples, sanctuaires, le zoo célèbre pour ses pandas géants, et des espaces verts réputés. Avec plus de 1000 cerisiers, Ueno Park est un des endroits les plus populaires pour le hanami au printemps (fin mars - début avril), des milliers de visiteurs qui viennent pique-niquer sous les sakura en fleurs. Le Musée National de Tokyo (Tōkyō Kokuritsu Hakubutsukan) est ici le plus grand et plus ancien musée du Japon, abritant des trésors nationaux et des objets d’art samouraï et bouddhique. Et l’étang de Shinobazu, célèbre pour ses nénuphars et lotus en été ...
- Situé aussi dans l’arrondissement de Taitō, Yanaka est le Quartier Nostalgique du Vieux Tokyo, celui qui a survécu aux bombardements de la Seconde Guerre mondiale, ce qui en fait l’un des rares endroits de Tokyo où l’on peut encore ressentir l’atmosphère d’Edo et de l’ère Meiji, ses ruelles étroites, ses maisons en bois, ses commerces traditionnels et son ambiance paisible. Yanaka Ginza y est emblématique, une petite rue commerçante de 170 mètres, bordée de boutiques de street food, d’artisanat et de vêtements traditionnels. C'est ausi le quartier des chats errants, et son cimetière est l’un des plus grands et plus anciens de Tokyo, abritant plus de 7000 tombes. Le quartier est particulièrement riche en temples bouddhistes (Kannon-ji est connu pour sa grande statue de Jizō, protecteur des enfants et des voyageurs).
- Dans l’arrondissement de Bunkyō, près du Tokyo Dome et du quartier de Korakuen, Koishikawa Kōrakuen est l’un des plus anciens et plus beaux jardins japonais de Tokyo, datant de l’ère Edo. Contrairement à d’autres jardins japonais, Koishikawa Kōrakuen intègre des éléments de la philosophie chinoise et des références aux paysages célèbres de Chine et du Japon. Fondé en 1629 par Yorifusa Tokugawa, seigneur de Mito et proche du shogun Tokugawa Ieyasu, puis enrichi par son fils Mitsukuni Tokugawa (1628-1701) qui s'est inspiré de la culture chinoise et de la philosophie confucéenne, il intègre de même des références aux paysages célèbres de Chine et du Japon. Le "Kōrakuen", le "Jardin de la Plaisance Retardée", d’après un passage des textes chinois, suggère que les dirigeants doivent d’abord assurer le bonheur de leur peuple avant de se détendre eux-mêmes. Il suit le concept du "Kaiyū-shiki-teien", où chaque pas révèle une nouvelle vue harmonieuse. Il intègre des collines artificielles, des étangs, des ruisseaux et des chemins sinueux, conçus pour créer des perspectives changeantes à chaque détour. L’étang principal Daisensui évoque le célèbre lac de l’Ouest en Chine.
- Nihonbashi, est un quartier situé au centre de Tokyo, dans l’arrondissement de Chūō, près de la Tokyo Station, au sud de Kanda et Akihabara, et à l’ouest du quartier financier de Marunouchi. Le Quartier Historique et Financier de Tokyo fut le centre commercial d’Edo (ancien Tokyo) dès le XVIIe siècle, sous le shogunat Tokugawa, et est aujourd’hui le quartier des grandes banques et des sièges sociaux de corporations historiques. On y trouve la Bourse de Tokyo, le plus vieux restaurant de tempura du Japon, des échoppes spécialisées en wagashi (pâtisseries japonaises) et des boutiques de dashi (bouillon japonais).
- Shinjuku, situé dans la partie ouest de Tokyo, est le cœur vibrant de ville, centre animé 24h/24, avec des gratte-ciels (la plupart des gratte-ciels de Tokyo sont regroupés juste à l’ouest de la gare de Shinjuku, environ 250.000 personnes travaillent ici chaque jour, créant une agitation sans fin), des zones de divertissement animées, des bars, et des néons. La gare de Shinjuku est un nœud de transport vital, desservant plus de 3,5 millions de passagers par jour. Elle connecte Tokyo aux banlieues et régions environnantes. Tokyo Metropolitan Government Building est un symbole de Shinjuku, avec une vue panoramique sur Tokyo (et parfois le mont Fuji par temps clair). Shinjuku Park Tower est célèbre pour abriter le Park Hyatt Tokyo, lieu emblématique du film Lost in Translation.
Shinjuku Golden Gai, un Voyage dans le Tokyo des Années 1950, une petite zone composée de 200 mini-bars, datant de l’après-guerre...
- Kabukichō , le quartier rouge, ou la ville qui ne dort jamais", situé à Shinjuku, est le plus grand et le plus célèbre quartier de la vie nocturne au Japon, un labyrinthe de bars, de clubs d’hôtesses et d’host clubs, de love hotels et de boîtes de nuit. Néons, foule, et excentricité, et ne pas oublier le côté plus sombre, celui des yakuzas, des attrape-touristes et des prix exorbitants dans certains établissements.
"Kabukicho Bad Trip", un manga yaoi (Boy's Love) écrit et illustré par Eiji Nagisa (2021), offre une vision stylisée du quartier, mêlant fiction et réalité. L'histoire se déroule dans le quartier de Kabukichō entre Tōru Miyama, un jeune homme séduisant et populaire, et Mizuki, un hôte charismatique, mêlant romance, drame et éléments érotiques...
"Sayonara Kabukichō" (Kabukicho Love Hotel), réalisé par Ryuichi Hiroki et sorti en 2014 déroule en une seule journée les histoires entrecroisées de plusieurs personnages liés à un love hotel situé dans le quartier rouge de Kabukichō, à Shinjuku (Tokyo). Un véritable microcosme du Japon urbain moderne, entre solitude, désillusion et espoir, et chaque personnage, à la fin de cette journée, verra sa vie bouleversée par les événements de la nuit. Le film semble critiquer le rêve tokyoïte. Toru Takahashi, le gérant du love hotel, rêvait de travailler dans l’industrie hôtelière de luxe, mais il s’est retrouvé gérant d’un love hotel miteux dans Kabukichō, sans que sa petite amie soit au courant. Il est en conflit avec son patron et doit gérer les nombreux clients aux situations parfois étranges ou désespérées. Sayaka, la petite amie de Toru, rêve de devenir une chanteuse célèbre, mais accepte un casting douteux dans un studio d’enregistrement, qui se révèle être une arnaque à caractère pornographique. Et par hasard, découvre la vérité sur le travail de Toru et leur relation en est bouleversée. Hye-ran, une prostituée coréenne clandestine, rêve d’une meilleure vie au Japon, mais est exploitée par un proxénète et travaille dans l’hôtel de Toru. Elle espèrera pouvoir fuir avec son petit ami coréen, mais leur tentative d’évasion tournera mal. Masaya, une femme mariée qui fréquente un client régulier, découvre que son mari la trompe également, elle doit faire face à ses propres mensonges....
- Shibuya, le quartier symbole de la culture jeune moderne et branchée, un spot touristique mondialement connu. Le croisement de Shibuya (Shibuya Scramble Crossing), situé devant la gare de Shibuya à Tokyo, est l'un des lieux les plus emblématiques du Japon et un symbole mondial de la vie urbaine moderne : en effet, à chaque cycle de feux de circulation, entre 2 500 et 3 000 piétons traversent simultanément le croisement depuis plusieurs directions, une densité qui crée un mouvement fluide et impressionnant. Et le croisement, entouré de bâtiments équipés d'écrans LED géants et de publicités lumineuses, nous renvoie une atmosphère futuriste, surtout la nuit. À quelques pas des centres commerciaux comme Shibuya 109, des restaurants, et des cafés branchés. Le croisement attire des millions de visiteurs chaque année. C’est un endroit où les touristes viennent pour prendre des photos, capturer l'effervescence et ressentir l’énergie de Tokyo. Des œuvres comme Lost in Translation (2003) et Fast & Furious: Tokyo Drift (2006) l'ont immortalisé à l'écran, et reproduit dans des jeux comme The World Ends With You ou Persona 5, qui mettent en avant l’ambiance urbaine de Tokyo.
- Situé dans l’arrondissement de Shibuya, à proximité de Harajuku et du parc Yoyogi, Meiji Jingū, le Sanctuaire Shinto le Plus Révéré de Tokyo, se trouve juste à côté de la station Harajuku et de l’avenue Omotesandō, offrant un contraste saisissant entre la modernité et la tradition.Construit en 1920 et dédié à l’empereur Meiji (1852-1912) et à l’impératrice Shōken (1849-1914), qui ont joué un rôle central dans la modernisation du Japon.
C’est le sanctuaire shinto le plus visité du Japon, avec plus de 3 millions de visiteurs lors du Hatsumōde (première prière de l’année, le 1er janvier). C'est aussi un sanctuaire au cœur d’une immense forêt sacrée, un vaste parc de 70 hectares, planté de plus de 100 000 arbres, offerts par les Japonais du pays entier lors de la construction. L’allée principale qui mène au sanctuaire est une longue promenade paisible à travers une forêt dense, créant une atmosphère de calme et de spiritualité unique à Tokyo. À l’entrée du sanctuaire se trouve un immense torii en cyprès mesurant 12 mètres de haut, l’un des plus imposants du Japon. Ce torii marque le passage du monde profane au monde sacré, une transition vers un espace de recueillement...
- Akihabara, souvent surnommé Akiba, est un quartier emblématique de Tokyo, mondialement connu comme le paradis des otakus (le mot "otaku" désigne une personne passionnée de manière obsessionnelle par un domaine particulier), les passionnés de culture pop japonaise (manga, anime, jeux vidéo, figurines, etc.). Un quartier qui offre une immersion totale dans l’univers des sous-cultures japonaises, des magasins célèbres (Mandarake, Yodobashi Akiba), des salles d’arcade (SEGA Akihabara, Taito Station, des cafés à thème. Aucun autre endroit au Japon (ni dans le monde) n’offre une concentration aussi importante (A noter : au Japon, être otaku peut encore avoir une connotation négative en étant associée à l’isolement et à la consommation excessive de loisirs numériques, alors qu'à l’international, le mot est souvent perçu de manière positive, comme une passion pour la culture japonaise). Ikebukuro est devenu l’une des alternatives aux quartiers otaku (geek) les plus populaires du Japon.
La culture otaku est née au Japon dans les années 1970-80, mais s’est mondialisée avec Internet et la popularité des animes et mangas. Après le succès d’animes et de mangas comme "Astro Boy" (Osamu Tezuka, 1963), une première génération de fans avait commencé à se former. La montée en puissance des conventions de science-fiction et des fanzines (dōjinshi) marque le début dans les années 1970 d’une communauté organisée. Nobuyuki Takahashi, un critique culturel, va populariser le terme "otaku" dans un article en 1983 pour désigner des jeunes extrêmement passionnés par la culture manga/anime, souvent au détriment de leur vie sociale. Akihabara (Tokyo) commence à devenir un haut lieu du fanatisme pour les jeux vidéo et l’électronique. L’anime "Neon Genesis Evangelion" (1995) de Hideaki Anno marque une révolution otaku, combinant psychologie, science-fiction et fanservice. La PlayStation (1994) et la Nintendo 64 (1996) contribuent à l’essor du gaming otaku. Le développement d’Internet permet alors aux otakus de se regrouper en communautés en ligne et d’échanger leurs passions. Via Internet, des plateformes comme YouTube, Crunchyroll, et des forums spécialisés facilitent la diffusion de la culture otaku hors du Japon, réseaux sociaux et conventions internationales (Japan Expo, Anime Expo, Comiket, etc.) achèvent la mondialisation du phénomène. Les otakus sont désormais un moteur de l'industrie culturelle et technologique du Japon ... ("The Otaku Encyclopedia: An Insider's Guide to the Subculture of Cool Japan", Patrick W. Galbraith, 2009).
Une enquête de 2021 estime qu’environ 15% à 20% de la population japonaise s’identifie comme otaku, soit 15 à 20 millions de personnes (mais seuls 1 à 2 millions d’otakus seraient des passionnés "hardcore"). L’industrie manga/anime/jeu vidéo représente plus de 2 000 milliards de yens (15 milliards d’euros) par an. Aux États-Unis, plus de 50 millions de personnes regardent régulièrement des animes. En Europe, la France est le premier marché du manga, avec plus de 20 millions d’exemplaires vendus par an. En Chine, les otakus sont des millions, avec une énorme communauté de joueurs et de consommateurs de contenus numériques ...
"Otaku: Japan’s Database Animals" (Dōbutsuka suru posutomodan: otaku kara mita Nihon shakai, 2001),
Hiroki Azuma, philosophe et critique culturel, utilise les concepts de la postmodernité et de la philosophie française (notamment Jean-François Lyotard, Gilles Deleuze et Jacques Derrida) pour analyser l'évolution du comportement des otaku et leur rapport à la culture japonaise contemporaine. Il décrit un Japon où les grandes idéologies et récits historiques (shintoïsme, nationalisme, modernisation) s'effondrent et où les otaku ne cherchent plus des histoires linéaires, mais consomment la culture sous forme de fragments déconnectés et interconnectables, à la manière d’une base de données en fonction de leurs préférences personnelles.
Contrairement aux formes narratives classiques (comme les romans), la consommation otaku se concentre sur des éléments déconnectés qui peuvent être remixés et réinterprétés. Le fameux concept de "moé" (attachement émotionnel aux personnages fictifs) révèlent l'immense investissement affectif des otakus dans des mondes fictifs.
Azuma décrit l’otaku moderne comme un "animal" qui consomme passivement des fragments de culture sans chercher de profondeur ou de signification supérieure. "Animalisation"? Métaphore pour désigner l'absence d'engagement critique dans la consommation culturelle ...
"Beautiful Fighting Girl", de Saitō Tamaki, publié en 2000 et traduit en anglais en 2011. Dans ce livre, Saitō, psychiatre et psychanalyste japonais, analyse la fascination des otaku (fans passionnés de culture populaire japonaise) pour les "belles guerrières" présentes dans les anime et manga. Il explore comment ces personnages féminins, à la fois jeunes, attirantes et combattantes, deviennent des objets de désir et de fantasme pour les otaku. Saitō soutient que cette attraction n'est pas simplement une forme d'évasion ou de perversion, mais qu'elle reflète une relation complexe entre la réalité et la fiction, où les otaku trouvent une forme de satisfaction émotionnelle et sexuelle dans des personnages entièrement fictifs. Il propose que cette dynamique révèle des aspects profonds de la psyché humaine et de la manière dont les individus interagissent avec les mondes imaginaires.
"Japanamerica: How Japanese Pop Culture Has Invaded the U.S" (2006), un ouvrage de Roland Kelts sur l'essor et l'influence de la culture populaire japonaise aux États-Unis. Le livre analyse comment des éléments tels que l'anime, le manga, la musique J-pop et les jeux vidéo japonais ont non seulement gagné en popularité en Amérique, mais ont également transformé des aspects de la culture américaine. Kelts examine les raisons de cette fascination croissante, en soulignant les différences culturelles et esthétiques qui rendent ces produits attrayants pour le public américain. Il aborde également les défis et les malentendus qui surgissent lors de la transposition de ces médias d'une culture à une autre. À travers des entretiens avec des créateurs, des critiques et des fans des deux pays, l'auteur offre une perspective approfondie sur la manière dont la culture japonaise a été adoptée et adaptée aux États-Unis, tout en influençant la production culturelle américaine elle-même. En somme, Japanamerica fournit une analyse détaillée de l'interaction dynamique entre les cultures japonaise et américaine à travers le prisme de la culture pop.
- Akihabara est bien ici le centre de l’innovation électronique, des gadgets high-tech et de la culture geek. Des robots humanoïdes y sont en démonstration, notamment chez SoftBank avec le célèbre robot Pepper. Des magasins 100% automatisés proposent des gadgets, de la robotique et de l’intelligence artificielle. Les dernières innovations en réalité virtuelle et intelligence artificielle sont souvent testées ici.
- A proximité de quartiers prestigieux Akasaka, Azabu, Shibuya et Ginza, Roppongi, au sud-ouest du centre de Tokyo, quartier cosmopolite et branché, est le quartier de l’IA et des startups, les entreprises de cybersécurité, big data et fintech sont implantées ici. Roppongi est aussi le quartier préféré des expatriés et des businessmen, avec des clubs de luxe, des bars sophistiqués et des restaurants étoilés (Mori Tower et les bars rooftop avec vue sur Tokyo). Certains clubs sont célèbres pour leurs soirées avec DJ internationaux et cocktails à 2000 yens...
- Dans le complexe Azabudai Hills, à proximité de la Tokyo Tower, entre Roppongi et Toranomon Hills, teamLab, un collectif artistique international pionnier dans l’art numérique immersif, propose une première exposition "teamLab Borderless", la seconde, "teamLab Planets", à Koto, près de la baie de Tokyo). La première, "Body Immersive" (Botsunyū-gata Art) basée sur l’immersion totale du corps dans l’art numérique : vous marchez pieds nus à travers l’eau, des salles miroirs infinies et des univers interactifs. La seconde, "Borderless World" (Bōdaresu Wārudo) donne à explorer un monde en constante évolution, unmonde numérique sans aucune frontière. Unique au monde, l’art n’est plus seulement ici seulement visuel, mais une expérience à part entière. Non seulement les œuvres réagissent en temps réel aux visiteurs (marcher, toucher ou même respirer peut modifier l'environnement), mis le visiteur ne regarde plus véritalement l’art, il en fait partie. Contrairement aux galeries classiques, où l’art est souvent statique, teamLab dit adopter une vision bouddhiste du monde, tout est éphémère et en perpétuelle transformation, l’espace et le temps sont fluides, sans séparation nette entre l’individu et son environnement. Et bien que Tokyo abrite les plus grandes installations de teamLab, le collectif exporte ses concepts dans le monde entier (Abu Dhabi, Singapour, Shangaï, New York...).
- Harajuku, situé entre Shinjuku et Shibuya, dans l'arrondissement de Shibuya, est la capitale mondiale de la mode alternative, ses styles vestimentaires excentriques (Lolita, Inspiré du rococo et du gothique victorien), Takeshita Street, l'avenue de l’excentricité bordée de boutiques de mode, cafés kawaii et magasins de cosplay, Omotesandō, les "Champs-Élysées de Tokyo" ... et à quelques pas de l'agitation de Takeshita Street, encore et toujours le Meiji-jingū, un des sanctuaires shintoïstes les plus célèbres du Japon : les visiteurs passent sous l'immense torii en bois avant d'entrer dans un univers spirituel. Mais l’explosion des réseaux sociaux a transformé le quartier en spot touristique incontournable, ce qui a entraîné la fermeture de plusieurs boutiques indépendantes ...
- Située dans Minato-ku, la Tokyo Tower (332m) , l’un des symboles les plus emblématiques de Tokyo, inspirée de la Tour Eiffel, offre une vue parfaite sur Shinjuku, Shibuya, Odaiba et le Mont Fuji. Mais c'est la Tokyo Skytree, à l’est du centre de Tokyo, près de la rivière Sumida (Sumida-ku), qui est avec ses 634m la plus haute structure du Japon (et un véritable complexe de loisirs). Sa Tembo Galleria (450 m) est l’un des observatoires les plus hauts du monde avec un couloir en spirale incliné en verre. Shibuya Sky ou Mori Tower sont des terrasses en plein air qui culminent à 230m...
- Asakusa, situé dans l'arrondissement de Taitō, au nord-est de Tokyo, près de la rivière Sumida, son ambiance traditionnelle, son histoire de l'époque Edo, et le temple Sensō-ji, le plus ancien temple bouddhiste et le site spirituel le plus visité de Tokyo. Nakamise-dori, qui mène directement à ce dernier, est une des plus anciennes rues commerçantes de Tokyo, datant de l'époque Edo (1603-1868) : elle est bordée de boutiques traditionnelles vendant des souvenirs japonais (éventails, yukata, porte-bonheur) et de la nourriture de rue typique (taiyaki, melonpan, senbei, ningyo-yaki). Un des meilleurs endroits pour acheter des souvenirs typiquement japonais, dit-on ...
Situé à Asakusa, Yoshiwara était le quartier des plaisirs officiel d’Edo (Tokyo) entre le XVIIe et le XIXe siècle. C’était le centre des oiran (courtisanes d’élite) et des maisons de thé luxueuses. Aujourd’hui, Yoshiwara est un quartier discret mais toujours actif, avec des établissements réservés uniquement aux Japonais ...
- Ginza, luxe et élégance, situé au cœur de Tokyo, près de la gare de Tokyo et de la baie, le quartier du shopping haut de gamme, avec des marques internationales et des grands magasins prestigieux comme Mitsukoshi & Matsuya Ginza. Mais Ginza est aussi un centre de la vente high-tech avec ses magasins du futur avec robots assistants et paiements sans contact, l'automatisation dans l’hôtellerie et les services (hôtels entièrement gérés par des robots), les Showrooms de Sony, Apple, Nissan et autres géants technologiques.
- Odaiba est une île artificielle située dans la baie de Tokyo, accessible via le Rainbow Bridge, le pont suspendu emblématique de Tokyo qui relie Odaiba à Shibaura (illuminé la nuit en plusieurs couleurs) ou le monorail Yurikamome, un quartier populaire pour son architecture futuriste, ses centres commerciaux géants, ses attractions technologiques et ses vues panoramiques sur Tokyo. On y côtoie un centre de divertissement high-tech et futuriste (TeamLab Borderless, un musée d’art numérique immersif, célèbre pour ses installations interactives; DiverCity Tokyo Plaza : Un grand centre commercial abritant la statue du Gundam Unicorn en taille réelle (19,7m), des plages et promenades au bord de l’eau (Odaiba Marine Park, Decks Tokyo Beach), tout un quartier de loisirs avec attractions futuristes (Tokyo Joypolis, un parc d’attractions indoor signé SEGA).
Odaiba est un véritable quartier expérimental où le Japon teste les nouvelles mobilités (taxis autonomes, véhicules électriques, transports futuristes). Des magasins sans personnel où les paiements se font par reconnaissance faciale. Et le centre de recherche en robotique de Toyota y est situé, ainsi que des expositions sur l’intelligence artificielle.
Depuis la baie d’Odaiba, on peut voir les gratte-ciels de Tokyo, le Rainbow Bridge illuminé et, par temps clair, le Mont Fuji au loin. Les croisières depuis Odaiba vers Asakusa offrent une expérience unique, à bord de bateaux futuristes conçus par Leiji Matsumoto (créateur d'Albator)...
Le Japon est un leader mondial en matière de robotique, avec une forte concentration de robots industriels dans divers secteurs. Cette adoption massive de la robotique vise à compenser la pénurie de main-d'œuvre due au vieillissement de la population japonaise et à maintenir la compétitivité industrielle du pays. Selon les données de 2022, le Japon comptait environ 414 281 robots industriels en service, représentant 11 % du parc mondial. La densité de robots dans le secteur manufacturier japonais est particulièrement élevée, avec 631 robots pour 10 000 employés en 2021, comparativement à 274 aux États-Unis ...
Masahiro Mori, "Bukimi no Tani Genshō" (1970)
Masahiro Mori, ingénieur en robotique, étudiant les implications psychologiques et culturelles de la robotique au Japon, introduit le concept de la "vallée de l'étrange" (Uncanny Valley) pour décrire la réaction humaine face aux robots à l'apparence quasi humaine et le malaise ressenti par les humains face à des machines autonomes qui imitent leurs caractéristiques physiques et mentales. Bien que le concept soit connu internationalement, l'essai original reste principalement disponible en japonais.
Shin Nakayama, "Robotto ga Nihon o Sukuu" (2006)
"Quand les robots sauveront le Japon", du rôle crucial que la robotique peut jouer dans l'avenir économique et social du pays. L'auteur, président de Yaskawa Electric Corporation, l'un des principaux fabricants de robots industriels au Japon, offre une analyse approfondie des défis démographiques et économiques auxquels le Japon est confronté, et propose des solutions basées sur l'intégration accrue des robots dans divers secteurs. L'anthropologue britannique James Wright, dans "Robots Won't Save Japan" a tenté de relativiser cet optimisme ..
Ichiyo Higuchi (1872-1896), première femme écrivaine reconnue de l’ère Meiji, morte à 24 ans, est étroitement liée à Tokyo. Son œuvre dépeint la vie des quartiers populaires de Tokyo à la fin du XIXe siècle. Ichiyō Memorial Museum (Asakusa, Taitō-ku) est construit à l’emplacement de sa dernière résidence, où elle a écrit certains de ses récits les plus célèbres. Ichiyō Higuchi a vécu près de Yoshiwara, et ce quartier a profondément influencé ses œuvres. Son roman "Takekurabe" (1895) (signifie "comparer sa taille", un jeu d’enfants où l’on voit qui est le plus grand) est l’un des chefs-d'œuvre de la littérature japonaise moderne. Il est d'autant plus étudié dans les écoles japonaises, qu'il illustre la transition douloureuse de l’enfance à l’âge adulte.
Au sein d'un groupe d’enfants et d’adolescents vivant près du quartier des plaisirs de Yoshiwara, à Tokyo, à la fin du XIXe siècle, une intrigue qui porte sur le passage de l’enfance à l’âge adulte et la manière dont les différences de classe et de destin modèlent leur avenir. Il y Midori, fille d’une courtisane de Yoshiwara, vive et insouciante mais consciente de son avenir inévitable dans la maison close de sa famille; Shōtarō, fils d'un riche marchand : il admire Midori mais réalise qu’il ne pourra jamais la sauver de son destin; Nobu, fils d'un moine bouddhiste et destiné à devenir prêtre, mais rejette ce rôle imposé et aime en silence Midori. Chōkichi , le chef du groupe, rude et bagarreur, en opposition avec la douceur de Nobu et de Midori. Des enfants qui jouent ensemble, insouciants, dans les rues près de Yoshiwara, sans comprendre totalement le monde des adultes qui les entoure. Avec l’arrivée de l’adolescence, la fin de l’innocence, dit-on, mais progressivement, les enfants voient surtout la société leur imposer des rôles fixes : Midori sera courtisane, Nobu sera contraint d’entrer au temple et Shōtarō refoulé derrière la barrière infranchissable des distinctions sociales. La scène finale, où Nobu et Shōtarō observent Midori porter un kimono de jeune fille prête à entrer dans la maison close, symbolise la perte de l’enfance et la fatalité des rôles imposés par la société ....
Aujourd’hui, quelques ruelles de Yoshiwara conservent encore l’ancienne atmosphère de l’époque, bien que la zone soit devenue un quartier de "soaplands" (bains privés). Le sanctuaire Yoshiwara Benzaiten, un petit temple bouddhiste fréquenté par les anciennes courtisanes, existe toujours. Ses œuvres sont souvent mises en avant dans les librairies de Jimbochō, le quartier de la littérature et des livres d’occasion...
L’écrivain Sōseki Natsume (1867-1916), considéré comme l’un des plus grands auteurs de la littérature japonaise moderne, est fortement lié à Tokyo. Sōseki a vécu ses dernières années, entre 1907 et 1916 et écrit ses œuvres majeures, notamment "Kokoro", "Sanshirō" et "Moi le chat" dans une maison reconstituée en musée littéraire, le Natsume Sōseki Memorial Museum, 10 min à pied de la station Waseda (Shinjuku). Et près de la station Iidabashi, sa statue ....
Katsushika Hokusai (1760–1849), le maître de l'ukiyo-e et créateur de la série d'estampes "Trente-six vues du mont Fuji" (Fugaku Sanjūrokkei) et de "La Grande Vague de Kanagawa" (Kanagawa-oki nami ura) est étroitement lié à Tokyo, notamment au quartier de Sumida où il est né et a passé une grande partie de sa vie. Situé dans le quartier de Sumida, le Musée Sumida Hokusaiest dédié à la vie et à l'œuvre de Hokusai. Inauguré en 2016, il présente une collection impressionnante de ses estampes, peintures et dessins, ainsi que des expositions temporaires mettant en lumière divers aspects de son art et de son influence. Le bâtiment moderne du musée est une œuvre architecturale en soi (Kamezawa, Sumida-ku). Plus qu’un simple artiste d’estampes, il est un génie du dessin et un innovateur du mouvement et de la perspective.
Haruki Murakami (1949), né à Kyoto, a grandi à Kobe, une ville portuaire cosmopolite, puis a vécu à Tokyo où il a débuté sa carrière d’écrivain : ses œuvres, traduites en cinquante langues et vendues à des millions d'exemplaires, ont conquis un vaste public. Son influence s'étend au-delà de la littérature, touchant la culture populaire et inspirant des adaptations cinématographiques, théâtrales et musicales de ses œuvres. Murakami est également reconnu pour ses traductions en japonais d'auteurs anglophones, contribuant ainsi à la diffusion de la littérature occidentale au Japon.
. Avant de devenir écrivain, Murakami a ouvert un bar de jazz appelé "Peter Cat" à Kokubunji, puis à Sendagaya (deux quartiers de Tokyo). Après le succès de son premier roman Écoute le chant du vent (1979), il quitte progressivement le Japon et vit en Europe et aux États-Unis. Cependant, il revient régulièrement à Tokyo, où il s’installe de nouveau en 1995 après le séisme de Kobe et l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo.
Tokyo est un lieu central et récurrent dans l’univers de Murakami. Elle y apparaît souvent comme une métropole pétrie d’anonymat et de solitude, mais un un monde rempli de portes secrètes et de réalités parallèles. Tokyo devient une quasi métaphore de l’esprit humain, avec ses zones d’ombre et ses échappatoires surnaturelles...
Dans "La Ballade de l’impossible" (Norwegian Wood, 1987), Inspiré par sa propre jeunesse, ce roman décrit la vie estudiantine à Tokyo, entre solitude et quête d’identité; les quartiers de Shinjuku, Kichijōji et Yotsuya y sont évoqués, témoignant d’une ville en pleine mutation. L'histoire de "Chroniques de l’oiseau à ressort" (1994) se déroule dans un quartier résidentiel de Tokyo, où le protagoniste découvre une réalité cachée sous la surface urbaine. Murakami y superpose le quotidien tokyoïte et des éléments de fantastique, renforçant l’impression d’étrangeté de la ville. "1Q84" (2009) présente une version alternative de Tokyo en 1984, où la ville semble décalée, irréelle et remplie de mystères. "Underground" (1997) est l’un des seuls textes non fictionnels de Murakami, consacré à l’attaque du métro de Tokyo en 1995 par la secte Aum Shinrikyō. Il donne la parole aux survivants et aux bourreaux, montrant une Tokyo brisée mais résiliente.
Ranpo Edogawa (1894–1965), pionnier et grand auteur de mystère et de roman gothique, aime dérouler ses récits dans l’urbanité chaotique de Tokyo des années 1920-1940, où modernité et tradition cohabitent. De nombreuses œuvres de Ranpo Edogawa ont été adaptées au cinéma, au théâtre, et à la télévision, contribuant à populariser son œuvre auprès des générations suivantes. Son influence sur le genre policier et le suspense au Japon est immense, inspirant des auteurs comme Seichō Matsumoto et des cinéastes tels que Kon Ichikawa (avec The Inugami Clan).
Il est le créateur de l’un des premiers détectives récurrents de la littérature japonaise, Akechi Kogorō, qu'il met en scène dans "The Case of the Murder on D. Hill" (D-zaka no satsujin jiken, 1925), "The Black Lizard" (Kurotokage, 1934), lutte entre Akechi et une mystérieuse femme fatale, la "Lézarde noire", une voleuse célèbre, avec Tokyo pour terrain de jeu et qui sera adapté au théâtre par Yukio Mishima; "The Fiend with Twenty Faces" (Kaijin Nijū Mensō, 1936), qui introduit l’antagoniste principal d’Akechi, un génie criminel aux multiples identités.
Parmi ses romans, sont particulièrement reconnus : "The Human Chair" (Ningen Isu, 1925), une femme reçoit une lettre d'un artisan racontant qu'il s’est dissimulé à l’intérieur d’un fauteuil pour vivre au plus proche de ses propriétaires. De l’obsession et de la claustrophobie. Dans "The Stalker in the Attic" (Yaneura no Sanposha, 1926), un homme, en quête de frissons, s’introduit dans les greniers de son immeuble pour espionner ses voisins, ce qui le mène à découvrir des secrets troublants.
Dans "Beast in the Shadows" (Inju, 1928), un écrivain de romans policiers enquête sur le harcèlement d’une femme par un homme mystérieux, dans une intrigue où fiction et réalité s’entremêlent. Dans "The Caterpillar" (Imomushi, 1929), un soldat mutilé est soigné par sa femme, dont les sentiments oscillent entre pitié, haine et sadisme.
Parmi ses recueils de nouvelles, "Japanese Tales of Mystery and Imagination" (1956) contient des récits tels que "The Human Chair", T"he Caterpillar", et "The Hell of Mirrors" (Kagami jigoku), chacun explorant des thèmes de l’étrange et du psychologique. Un certain nombre de ses oeuvres explorent avec délectation le macabre et l’étrange, "The Hell of Mirrors" (Kagami Jigoku, 1926), un homme obsédé par les miroirs construit une pièce entièrement faite de miroirs, de l'obsession à l'auto-destruction. Dans "The Strange Tale of Panorama Island" (Panorama-tō Kidan, 1926), un écrivain sans le sou usurpe l’identité d’un ami plus riche , des illusions, des fantasmes de grandeur, et da corruption morale....
"Out" (1997), Natsuo Kirino
Un thriller noir mettant en lumière la face sombre du Japon contemporain. Le roman de Natsuo Kirino raconte une histoire de violence aléatoire dans la banlieue tranquille de Tokyo, où une jeune mère qui travaille de nuit et prépare des repas en boîte, étrangle brutalement son mari, un homme violent qui dépensait leur argent dans des clubs d’hôtesses, puis demande l’aide de ses collègues pour se débarrasser du corps et couvrir son crime : Masako Katori, leader du groupe, femme froide et pragmatique qui prend les décisions les plus radicales, Kuniko Jonouchi, endettée et insatisfaite de sa vie, la plus instable du groupe, Yoshie Azuma, une veuve épuisée qui s’occupe de sa belle-mère malade, et Yayoi Yamamoto, la plus jeune, celle qui commet le meurtre initial. Après le crime, Masako et les autres décident de se débarrasser du corps en le découpant et en dispersant les morceaux dans Tokyo. Mais leur plan tourne mal lorsque la police et un criminel de la pègre locale découvrent leur implication. Adapté en film au Japon en 2002 et en manga, "Out" est considéré comme un chef-d’œuvre du roman noir japonais, souvent comparé à Patricia Highsmith et James Ellroy.
Natsuo Kirino (1951), née à Kanazawa, est une figure majeure du roman noir japonais, aux côtés d’auteurs comme Keigo Higashino ou Ryu Murakami. Ses romans, très sombre, sont souvent situés dans Tokyo, où ses personnages tentent de survivre dans un monde impitoyable. Elle a obtenu le Prix des écrivains policiers du Japon (1998) pour "Out", le Prix Naoki pour "Grotesque" (Gurotesuku, 2003), - deux femmes ambitieuses issues d’un lycée d’élite basculent dans la prostitution et sont assassinées -, le Prix Tanizaki (2008) pour "Tokyo Island" (Tokyo-jima), - une femme se retrouve seule sur une île avec un groupe d’hommes après un naufrage...
Dans "Real World" (Zangyakuki, 2003), un adolescent tue sa mère et est aidé par un groupe de lycéennes fascinées par son crime. Nous sommes dans une banlieue résidentielle bondée à la périphérie de Tokyo, quatre adolescentes se fraient un chemin entre l’été chaud et le brouillard et les interminables séances d’apprentissage qui leur assureraient l’entrée dans de bonnes universités. Il y a Toshi, la fiabilité même; Terauchi, l'éternelle étudiante; Yuzan, qui pleure la mort de sa mère et essaie de cacher son orientation sexuelle à ses amis; et Kirarin, la douce, dont les nuits tardives et le comportement imprudent restent un secret pour ceux qui l’entourent. Lorsque le voisin de Toshi est trouvé brutalement assassiné, les filles soupçonnent que le tueur est le fils du voisin, un lycéen qu’elles surnomment Worm. Mais quand il s’enfuit, emportant le vélo et le téléphone portable de Toshi, les quatre filles se retrouvent entraînées dans une véritable tempêtes de sentiments qu’elles n’auraient jamais pu imaginer, et qui surgissent à tant l’intérieur d’elles que du monde qui les entoure. Psychologiquement complexe et astucieux, sombre et inébranlable, Real World est un portrait brûlant et révélateur de la vie des adolescents au Japon, de certains adolescents ...
Dans la collection "Myths Series" de Canongate, des écrivains contemporains réécrivent des mythes anciens. Natsuo Kirino va publier, dans ce contexte, en 2008 "The Goddess Chronicle", un roman mythologique intense et féministe, qui réinterprète un mythe fondateur du Japon sous un prisme sombre et critique, le Mythe d’Izanami et Izanagi qui explique la création du Japon et l'origine de la mort. Natsuo Kirino se livre à une réinterprétation conséquente de celui-ci, l'au-delà dépeint par Kirino est froid, sombre et rempli de souffrances, loin des représentations idéalisées du shintoïsme et la domination masculine dans la spiritualité et la mythologie japonaise bousculée ..
"Kitchen", Banana Yoshimoto (1988)
Les romans de Banana Yoshimoto (1964), intimistes, sont traduits dans plus de 30 langues et très appréciés en Europe et en Amérique latine. "Kitchen" a remporté le prix Kaien (1987) et le prix Izumi Kyōka (1988) et fut un phénomène littéraire au Japon, vendant des millions d’exemplaires...
Une adolescente découvre un secret de famille qui transforme son rapport au monde, dans "Kanashii Yokan" (L'arc-en-ciel, 1992), une jeune femme passe un été avec sa cousine malade et découvre les complexités de l’amitié et de l’amour, dans "Tugumi" (1989), deux récits évoquent la solitude et les souvenirs après la perte d’un être cher, dans "Hardboiled & Hard Luck" (1999), cinq histoires courtes sur l’amour et la reconstruction après une rupture, dans "Deddo Endo no Omoide" (2003, Le Dernier amour de ma vie).
Dans "Kitchen", des personnages qui ont perdu un être cher et cherchent à reconstruire leur vie malgré l’absence, et comment l’amour, l’amitié et le quotidien peuvent aider à surmonter la douleur, et la cuisine assurer la transmission des souvenirs et l’amour à travers les gestes du quotidien. Mikage Sakurai, une jeune femme orpheline qui vient de perdre sa grand-mère, son dernier parent encore en vie, se sent profondément seule et désemparée, cherchant un refuge dans les cuisines, qu’elle considère comme des lieux de réconfort et de chaleur. Recueillie par Yūichi Tanabe, un jeune homme gentil et discret, qui vit avec sa mère Eriko, une femme transgenre pleine de vie et d'élégance, elle s’installe chez eux et commence à retrouver une forme de stabilité émotionnelle. Mais Eriko est brutalement assassinée dans un acte de violence transphobe, Yūichi, profondément affecté, s’enferme dans sa solitude et Mikage, bien que brisée par ces événements, tente de l’aider à surmonter son chagrin, tout en poursuivant sa passion pour la cuisine. Le roman se termine sur une note douce-amère, où Mikage et Yūichi soutiennent mutuellement leurs douleurs et trouvent peu à peu une forme de bonheur ensemble ...
"Lizard" ("Rizādo", Banana Yoshimoto, 1993) - Un recueil de six nouvelles de personnages en quête de rédemption l’amour et la compréhension mutuelle peuvent aider les individus à guérir de leurs blessures passées. - "Je la nommerai ici Lizard, mais pas à cause du petit tatouage de lézard que j’ai découvert sur son intérieur de cuisse. La femme a des yeux ronds et noirs qui vous regardent avec un détachement total, comme les yeux d’un reptile. Chaque courbe de son petit corps est cool au toucher, tellement cool que je veux la ramasser dans mes deux mains. Cela peut me rappeler l’image d’un homme tenant un lapin ou une poulette, mais ce n’est pas ce que je veux dire. Ce que j’imagine, c’est la sensation étrange et chatouilleuse de griffes acérées qui se faufilent dans mes paumes. Et puis, quand j’ouvre mes mains pour jeter un coup d’œil, une langue fine et rouge s’éveille. Reflété dans ces yeux vitreux, je vois mon propre visage solitaire, regardant vers le bas, à la recherche de quelque chose à aimer et chérir. C’est ce que Lizard ressent pour moi..." - Le narrateur est profondément amoureux de sa petite amie, Lizard, une femme qui porte en elle un lourd passé. Son nom évoque une créature capable de régénération, ce qui reflète son parcours de résilience et de guérison après un traumatisme. Le récit suit leur évolution et leur tentative d’affronter ensemble leurs blessures passées. - Un homme se remémore sa relation avec une femme qui possédait un don de guérison spirituelle. À travers leurs interactions, il se rend compte de sa propre incapacité à exprimer ses émotions et de la manière dont elle l’a transformé (Newlywed, Shinkon) - n homme rencontre une femme mystérieuse qui semble voir au-delà des apparences. Elle lui révèle qu’ils ont partagé une connexion dans une vie antérieure. Cette idée le pousse à réévaluer son existence et ses relations, l’amenant à une prise de conscience spirituelle. (Helix, Rasen) - Un couple marié tente de raviver la passion qui les unissait autrefois. Leur voyage à travers la ville et leurs discussions les confrontent aux changements inévitables du temps et aux ajustements nécessaires pour préserver leur amour. (Dreaming of Kimchee, Kimuchi o yume miru). - Une femme qui a grandi dans une secte religieuse et qui lutte pour trouver sa propre identité en dehors des croyances qui lui ont été imposées. Elle doit choisir entre rester fidèle à ses racines ou embrasser une nouvelle vie. (Blood and Water, Chi to mizu)...
Hiromi Kawakami (1958) est née à Tokyo, a d'abord étudié la biologie avant de se tourner vers l'écriture, un style subtil, poétique et mélancolique, avec une touche de réalisme magique ou d’étrangeté dans des situations du quotidien, les relations humaines, l’amour, la solitude.
"Sensei no Kaban" (The Briefcase, Strange Weather in Tokyo, Les Années douces, 2001) - Une relation atypique entre une femme et son ancien professeur dans un Tokyo calme et mélancolique. Tsukiko, trente-huit ans, travaille dans un bureau et vit seule. Un soir, elle rencontre par hasard l'un de ses anciens professeurs de lycée, « Sensei », dans un bar local. Tsukiko ne l'avait jamais appelé que « Sensei » (« Professeur »). Il est de trente ans son aîné, retraité et probablement veuf. Leur relation, qui est retracée par les légères allusions de Kawakami au changement des saisons, évolue d'une reconnaissance superficielle de l'autre alors qu'ils mangent et boivent seuls au bar, à un sentiment agréable de camaraderie, et finalement à une histoire d'amour profondément sentimentale. Alors que Tsukiko et Sensei apprennent à se connaître et à s'aimer, le temps qui passe est perçu à travers les saisons, la nourriture et les boissons qu'ils consomment ensemble. Du saké chaud à la bière fraîche, des bourgeons sur les arbres à l'éclosion des cerisiers en fleurs, le lecteur est enveloppé par un sens aigu du pathos et de la solitude des deux personnages. Adapté en manga par Jirō Taniguchi.
"The Ten Loves of Mr. Nishino, 2003) - Qui aime M. Nishino ? Minami est la fille du grand amour de M. Nishino. Shiori, endeuillée, est tentée par ses avances sans scrupules. Sa collègue Manami devrait être mieux informée. Sa conquête Reiko chérit son indépendance par-dessus tout. Les amis Tama et Subaru se retrouvent à jouer le jeu de Nishino, mais Eriko aime encore plus son chat. Sayuri est plus âgée, Aichan est beaucoup plus jeune, et Misono a ses propres conquêtes à faire. Pour chacune d'entre elles, la rencontre avec l'insaisissable coureur de jupons M. Nishino sera source de tourments, de désirs et de plaisirs.
"Furudōgu Nakano Shōten" (The Nakano Thrift Shop, La Brocante Nakano, 2005) - Avec ses personnages délicieusement décalés, La friperie de Nakano est un portrait généreux des relations humaines par l'un des auteurs les plus appréciés du Japon. Les objets mis en vente à la friperie de Nakano semblent aussi banals que le personnel et les clients qui les manipulent. Mais comme ces mêmes clients et employés, ils recèlent de nombreux secrets. Si on les examine attentivement, ils montrent les signes d'innombrables extravagances, de plaisirs et de douleurs incommensurables, et des profonds mystères du cœur humain. Hitomi, la jeune femme inexpérimentée qui tient la caisse de la friperie de M. Nakano, est tombée amoureuse de son collègue, Takeo, étrangement réservé. Ne sachant pas comment attirer son attention, elle demande conseil à la sœur de son employeur, Masayo, dont les démêlés sentimentaux font d'elle un guide peu conventionnel. Mais grâce à Masayo, Hitomi comprendra que l'amour, le désir et l'intimité requièrent l'acceptation non seulement des idiosyncrasies, mais aussi de la délicate...
"Manazuru" (2006) - l'histoire d’une femme hantée par le souvenir de son mari disparu. Kei, une femme d'une quarantaine d'années vivant à Tokyo avec sa mère et sa fille adolescente, Momo. Douze ans auparavant, son mari, Rei, a mystérieusement disparu sans laisser de trace. Malgré le temps écoulé, Kei est incapable de tourner la page et reste hantée par cette absence inexpliquée. Un jour, poussée par une intuition inexpliquée, Kei se rend dans la petite ville côtière de Manazuru. Là-bas, elle commence à ressentir des présences surnaturelles, notamment celle d'une femme mystérieuse qui semble la guider. Ces expériences la plongent dans une introspection profonde, brouillant les frontières entre réalité et imagination. Au fil de ses visites à Manazuru, Kei revisite ses souvenirs avec Rei, ses relations avec sa mère, sa fille, et son amant actuel, Seiji. Elle cherche à comprendre les raisons de la disparition de son mari et à trouver un sens à sa propre existence. Elle semblera trouver à la fin du récit une forme de paix intérieure ...
"Suisei" (Soudain j'ai entendu la voix de l'eau, 2014) - Un frère et une soeur reviennent vivre dans la maison de leur enfance. Là où dort enfoui le temps du bonheur, des désirs les plus secrets et les plus interdits, prêts à se réveiller. L’odeur du beurre fondu, les crissements d’un drap de lin, la ritournelle des cigales de montagne, le tic-tac lancinant d’une horloge dans une chambre toujours fermée à clef… Quelle est cette sensation qu’on ne peut oublier, et qui fait encore chavirer le coeur ? Les souvenirs s’emmêlent, le trou noir de l’attentat au gaz sarin de 1995 et la douceur des lèvres du premier baiser, ils passent de l’ombre à la lumière en révélant les liens invisibles qui unissent une famille ; suspendu a ce murmure fragile et tenace comme le fil de la vie, le lecteur retient son souffle...
"Under the Eye of the Big Bird" (2016) - fiction spéculative, écrit par l'un des romanciers contemporains les plus sensibles du Japon, une Terre où les humains sont proches de l'extinction, notre compréhension de la reproduction, de l'écologie, de l'évolution, de l'intelligence artificielle, de la vie en communauté, de la création, de l'amour et de l'avenir de l'humanité sont à réécrire. Dans un futur lointain, les humains sont au bord de l'extinction et se sont installés en petites tribus à travers la planète sous l'observation et les soins de « Mères » et « Certains enfants sont fabriqués dans des usines, à partir de cellules de lapins et de dauphins ; d'autres vivent en tirant leurs nutriments de l'eau et de la lumière, à l'instar des plantes. La survie de la race dépend du métissage de ces êtres extraterrestres et d'autres, mais il est loin d'être certain que les liens, l'amour, la reproduction et l'évolution persisteront parmi les habitants de ce nouveau monde chancelant... Se déroulant en quatorze épisodes interconnectés couvrant des éons géologiques, à la fois technique et pastoral, endeuillé et utopique, Sous l'œil du grand oiseau présente une vision étonnante de la fin de notre espèce telle que nous la connaissons.
"Sandome no Koi" (The Third Love, 2020) - Après avoir épousé son amour de jeunesse Naa-chan, Riko se retrouve prisonnière d'une relation entachée d'infidélité. Un jour, par hasard, elle tombe sur son vieil ami M. Takaoka, qui lui offre amitié, amour et une échappatoire inhabituelle : il lui apprend à vivre à l'intérieur de ses rêves. Ainsi, chaque nuit, elle s'enfonce dans une autre vie : d'abord celle d'une courtisane de haut rang au XVIIe siècle, puis celle d'une dame au service d'une princesse à la fin du Moyen-Âge. Tout en faisant l'expérience du désir et du chagrin dans le passé, Riko en vient à reconsidérer sa vie de femme du XXIe siècle, en tant qu'épouse, mère et amante, et à se demander si, après avoir aimé son mari et aimé M. Takaoka, elle est maintenant prête pour son troisième grand amour.
Aoko Matsuda, "Where the Wild Ladies Are", (2016)
Aoko Matsuda (1979), traductrice japonaise d'oeuvres d'auteurs anglophones tels que Karen Russell, Amelia Gray et Carmen Maria Machado, née dans la préfecture de Hyōgo, revisite dans "Obachan-tachi no iru tokoro" (Where the Wild Ladies Are, 2016) les légendes japonaises et les histoires de fantômes traditionnelles, en leur donnant une perspective féministe moderne.
Des récits de yōkai féminins (esprits surnaturels du folklore japonais), souvent des figures tragiques, sont transformées en femmes de notre temps luttant contre les stéréotypes, qu’il s’agisse de l’apparence, du mariage ou du travail, , le tout est relié par un fil rouge narratif, une mystérieuse entreprise dirigée par M. Tei, un homme qui embauche des femmes-fantômes et leur donne une nouvelle vie, du pouvoir, une voix et une autonomie, un savoir ancestral féminin. Il en est ainsi du mythe de Oiwa, un célèbre fantôme féminin du kabuki ("Smartening Up"), du mythe des femmes-renardes trompeuses, qui ici deviennent des figures de sagesse et d’émancipation ("A Fox’s Life"), de l’histoire du fantôme Ubume, une femme morte en couches qui revient hanter les vivants ("Silently Falling") ..
Sayaka Murata, "Konbini Ningen" (Convenience Store Woman, 2016)
Sayaka Murata (1979), native d'Inzai, dans la préfecture de Chiba, a reçu le prestigieux prix Akutagawa pour "Konbini Ningen" (Convenience Store Woman), une critique du conformisme japonais et de la pression sociale que subissent les femmes qui refusent le mariage : un roman qui fut un immense succès au Japon, avec plus d’un million d’exemplaires vendus, et est devenu l’un des romans japonais contemporains les plus lus à l’étranger (traduction française "Fa Fille de la supérette", Folio)...
Au Japon, une femme de 36 ans qui serait encore célibataire et sans enfant est perçue comme en échec, en marge de la société japonaise traditionnelle. Depuis ses 18 ans, Keiko Furukura travaille en effet dans un konbini (supérette de quartier 24h/24) à Tokyo. Elle aime son travail, car le konbini lui fournit une structure et des règles claires qu’elle peut suivre sans effort. Mais son entourage ne comprend pas pourquoi elle n’a pas de carrière, pas de mari, pas d’enfant. Il est vrai qu'elle est ainsi depuis sa plus tendre enfance, elle a toujours été considérée comme étrange, ne comprend pas les émotions ni les normes sociales, n’a pas de rêves, ni d’ambition, et se conforme à son environnement en imitant les autres et sans se poser de questions. Surgit Shiraha, un homme misogyne et aigri : il commence à travailler au konbini mais refuse les règles et méprise la société, obsédé par l’idée que la société japonaise est encore tribale, rejetant ceux qui ne s’intègrent pas. Keiko décide alors d’entamer une relation arrangée avec lui, espérant ainsi être mieux acceptée socialement. Elle quitte son travail et tente de s’adapter à la société traditionnelle qui'on lui demande d'intégrer. Mais sans le konbini, elle perd son équilibre, réalisant que son vrai bonheur était dans la simplicité et la routine de son travail, ou du moins que travail la protège du monde extérieur, lui permettant d’exister sans effort et lui donne son identité : le monde est ici prévisible et ordonné par le manuel du magasin qui dicte aux employés comment ils doivent agir et ce qu’ils doivent dire, quant à elle, elle copie les modèles vestimentaires et oratoires de ses collègues pour pouvoir jouer le rôle d’une personne normale. C'est donc en toute conscience qu'elle choisira de redevenir "Konbini Ningen", acceptant qui elle est vraiment...
Dans "Chikyū Seijin" (Earthlings, 2018), Sayaka Murata met en scène une autre de ses héroïne, Natsuki, en rupture totale avec la société, une enfant qui ne correspond pas aux attentes, dont la mère est froide et manipulatrice, cherchant à faire d’elle une fille "normale", et qui subit les abus d'un professeur. Sa cousine Yuu est son seul refuge, et, pour survivre, Natsuki s’imagine être une extraterrestre envoyée sur Terre : une vision du monde qui l’aide à supporter la violence et l’absurdité de son environnement. À l’âge adulte, elle va se conformer aux attentes, épouser un homme, mais sans amour ni sexualité, et tenter de jouer le rôle d’une femme normale. En vain. Mais les exigences de la famille de Natsuki augmentent, ses amis se demandent pourquoi elle n’est toujours pas enceinte et les ombres sombres de l’enfance de Natsuki la poursuivent. Fuyant les faubourgs pour la montagne de son enfance, Natsuki rejoint Yuu et son mari dans une maison isolée : les voici convaincus d’être des extraterrestres piégés sur Terre et considèrant la société humaine comme une "usine à fabriquer des humains", une machine déshumanisante. Une dérive qui verse dans l'horreur, ne voulant plus être des "humains-terriens", ils vont au bout de leur logique en détruisant le dernier tabou, l’anthropophagie...
Avec un recueil de 12 nouvelles, "Life Ceremony, 2022), Sayaka Murata poursuit son travail de sape de la conformité sociale et de l'invidualisme au Japon, mélange habilement des éléments humoristiques et horrifiques pour créer des récits qui sont à la fois divertissants et profondément perturbants. Dans "Poochie", Mizuho est surprise de découvrir que son amie Yuki possède un "animal de compagnie" inhabituel, un homme d'âge moyen qu'elle a recueilli dans le quartier des affaires de Tokyo. Des notions de domestication et de relations humaines sous un angle déconcertant ....
Fuminori Nakamura, "Tsuchi no naka no kodomo" (The Boy in the Earth, 2005)
Nombre d'écrivains semblent obsédés par le thème de l'héritage, douloureux ou non, la possibilité de choisir sa propre destinée face à des attentes prédéterminées est une singulière hantise de soi. Fuminori Nakamura (1977) est originaire de la préfecture d'Aichi, a étudié à l'Université de Fukushima et s'est installé à Tokyo. Auteurs de romans noirs et sombre, il a reçu plusieurs distinctions littéraires prestigieuses, dont le prix Akutagawa en 2005 pour "The Boy in the Earth" et le prix Ōe Kenzaburō en 2010 pour "The Thief".
"The Boy in the Earth", nous plonge dans les profondeurs de la psyché tourmentée et troublée d’un jeune homme, chauffeur de taxi anonyme à Tokyo, qui jusque-là était parvenu à survivre, à grandir dans un orphelinat et à ignorer son passé, particulièrement sombre et dramatique, - abandonné par ses parents biologiques, recueilli par des parents adoptifs qui le maltraitèrent, un père adoptif violent et sadique qui ira jusqu'à tenter de le tuer -, apprend que ses parents biologiques sont encore en vie. Survivre, mais son monde intérieur est un véruitable désert, son inadaptation sociale, totale, sans attache, sans motivation, la douleur physique semble être le seul moyen pour lui de ressentir quelque chose. Cette révélation ravive cette existence marquée par un mal qui le dépasse : peut-il encore vivre avec le poids de ses souvenirs ou se laisser sombrer... Il vit avec Sayuko, une femme alcoolique et instable, qui lui ressemble dans son autodestruction. Leur relation est aussi vide, mécanique, désespérée : ils sont ensemble sans amour ni réelle affection, partageant seulement leur solitude et leur mal-être. Jusqu'à ce que Sayuko soit hospitalisée, ce qui pousse le jeune homme à affronter plus directement encore ses traumatismes ...
"Suri" (The Thief, 2009)
(Traduction française, "Pickpocket", éditions Philippe Picquier) Un livre salué pour sa prose concise et sa capacité à plonger le lecteur dans l'esprit d'un un solitaire, criminel par fatalité, naviguant sans attaches ni relations significatives dans un monde où la survie prime, et où les lignes entre le bien et le mal sont floues. Le roman a remporté le prestigieux prix Kenzaburō Ōe en 2010, renforçant la réputation de Nakamura en tant que maître du roman noir contemporain. Nishimura est un pickpocket talentueux opérant dans les rues de Tokyo. Maître dans l'art de dérober des portefeuilles, il mène une existence solitaire, fuyant les relations trop profondes. Son quotidien est rythmé par des vols minutieusement exécutés, ciblant principalement les riches. Un jour, Nishimura est approché par un ancien complice qui lui propose un cambriolage risqué impliquant des membres de la pègre japonaise, les yakuzas. Malgré ses réticences, il accepte, ce qui le plonge dans un engrenage dangereux aux conséquences imprévues. Parallèlement, il rencontre un jeune garçon dont la mère l'oblige à voler dans les magasins. Voyant en lui un reflet de sa propre enfance, Nishimura décide de lui enseigner les subtilités du pickpocketing, développant ainsi une relation mentor-élève inattendue. Au fil du récit, Nishimura va se trouver confronter à des choix moraux qui remettront en question sa propre existence et le sens de sa vie dans un monde où le destin semble inéluctable.
"Aku to Kamen no Rūru" (2010, Evil and the Mask) interroge la nature du mal, le poids de l'héritage familial et la quête de l'identité personnelle. À travers le parcours de Fumihiro, Nakamura offre une réflexion profonde sur la possibilité de choisir sa propre destinée face à des attentes prédéterminées. Fumihiro Kuki, un jeune garçon est issu d'une famille japonaise riche et influente : à 11 ans, son père lui révèle qu'il a été conçu dans le but précis, semer le malheur et la destruction autour de lui (I created you to be a cancer on the world). La tradition familiale consiste ici à engendrer un enfant dont la mission est de répandre le mal. Pour briser cette destinée imposée et protéger Kaori, une jeune fille adoptée par la famille et dont il est proche, Fumihiro décide de tuer son père. Après cet acte, il disparaît, subit une chirurgie plastique et assume une nouvelle identité, celle de Koichi Shintani. Sous cette nouvelle apparence, il continue de veiller sur Kaori tout en luttant contre les ténèbres héritées de sa famille. En 2018, le roman a été adapté en film au Japon sous le titre "Aku to Kamen no Rūru", avec Hiroshi Tamaki dans le rôle de Fumihiro Kuki.
Dans "Jū" (The Gun, 2002), Toru Nishikawa, un étudiant universitaire à Tokyo, lors d'une promenade nocturne sous la pluie, découvre le cadavre d'un homme sur une berge, avec un pistolet chargé à ses côtés. Saisi par une fascination soudaine, Nishikawa s'empare de l'arme et la ramène chez lui. Cette acquisition marque le début d'une obsession croissante pour le pistolet, qui devient le centre de ses pensées et de ses actions. Au départ, la simple possession de l'arme procure à Nishikawa un sentiment d'excitation et de puissance. Il passe ses journées à la nettoyer, à la manipuler et à fantasmer sur son utilisation. Cependant, cette obsession commence à affecter sa vie quotidienne et ses relations personnelles (il entretient des liaisons avec deux femmes). Au fil du temps, la simple possession ne suffira plus à satisfaire son obsession et Nishikawa ressentira une envie irrésistible de tirer sur un animal, ce qui fait, puis sur une cible humaine ...
Dans "Ōkoku" (The Kingdom, 2011), Yurika, une jeune femme opérant dans le milieu clandestin de Tokyo, se fait passer pour une prostituée, ciblant délibérément des hommes puissants et influents. Lors de leurs rencontres, elle les drogue et prend des photos compromettantes, qu'elle vend ensuite à des fins de chantage. Yurika connaît peu de choses sur l'organisation pour laquelle elle travaille et préfère ne rien savoir : cela lui permet de préserver son anonymat et de ne rien révéler sur sa propre identité. Elle mène une vie solitaire, s'efforçant d'enfouir des souvenirs douloureux. Cependant, lorsqu'une figure de son passé refait surface, Yurika réalise que quelqu'un connaît tous ses secrets et chacun de ses mouvements. Des rumeurs circulent sur un chef du crime nommé Kizaki, décrit comme "un monstre", et Yurika se retrouve piégée dans un jeu du chat et de la souris ...
La région du Kantō s’étend autour de Tokyo et comprend 7 préfectures : Kanagawa, Chiba, Saitama, Gunma, Tochigi, Ibaraki et Tokyo. Bien que Tokyo soit la métropole phare, plusieurs autres villes et sites touristiques sont à ne pas manquer pour découvrir la diversité culturelle, historique et naturelle du Kantō. Tokyo possède l’un des réseaux ferroviaires les plus denses et efficaces du monde, avec plus de 880 gares et 13 lignes de métro. Le Shinkansen (train à grande vitesse) permet de relier Tokyo aux autres grandes villes japonaises en un temps record ....
A environ 15 km à l'ouest du centre de Tokyo (depuis la gare de Tokyo), dans la banlieue résidentielle de l'ouest de la capitale, Meguro, Un quartier prisé des expatriés et artistes, un des plus beaux sites de sakura de Tokyo, (moins bondé que Shinjuku Gyoen), en mars-avril, plus de 800 cerisiers bordent la rivière sur 4 km, créant un tunnel de fleurs spectaculaire; le Meguro Parasitological Museum, un musée unique au Monde sur les Parasites, plus de 300 spécimens exposés ; le quartier branché de Nakameguro, un des meilleurs quartiers de Tokyo pour déguster du wagyu, du sushi et du saké; le Temple Ryūsen-ji, un ancien temple bouddhiste (IXᵉ siècle), lié à la protection contre les catastrophes, et connu pour sa statue de Fudō Myō-ō, divinité impitoyable du bouddhisme ésotérique...
A 25mn de la gare de Tokyo, Mitaka, une Ville Résidentielle à l'Ouest de Tokyo qui abrite le Ghibli Museum, un musée magique conçu par Hayao Miyazaki (1941), le maître de l'animation japonaise (une influence majeure sur Pixar, Disney et l’animation occidentale), et entièrement dédié aux Studios Ghibli : "Mon Voisin Totoro" (1988), deux sœurs découvrent Totoro, un esprit bienveillant de la forêt, "Princesse Mononoké" (1997), un monde en guerre entre les humains industrialisés et les dieux de la nature, "Le Voyage de Chihiro" (2001), tenu pour un chef d'oeuvre absolu (Chihiro, une fillette de 10 ans, se retrouve piégée dans un bain pour esprits, et doit travailler dans ce monde surnaturel pour retrouver ses parents transformés en porcs), "Le Château Ambulant" (2004), Sophie, transformée en vieille femme par une sorcière, trouve refuge auprès du magicien Hauru, l’un des plus grands succès du Studio Ghibli. Et "Le Garçon et le Héron" (2023), un récit mystérieux et initiatique sur la mort et la renaissance ..
A 30mn de la gare de Tokyo, via la Ligne Yurikamome, le Toyosu Market, situé dans le quartier de Toyosu, arrondissement de Kōtō, le plus grand marché de poisson du monde, ouvert en 2018 pour remplacer l'ancien marché de Tsukiji (Chūō-ku, qui reste l'un des meilleurs endroits de Tokyo pour déguster des sushis, des fruits de mer grillés et d’autres spécialités japonaises). Il traite quotidiennement environ 1 000 tonnes de produits de la mer, soit près de 25 % du marché japonais de gros de poissons et abrite la célèbre enchère de thon rouge, qui attire des acheteurs du monde entier. Et bien que le Japon soit l'un des principaux consommateurs de poisson au monde, il n'est pas le plus grand en termes de consommation par habitant, étant devancé par des pays comme le Portugal...
A 1h depuis Tokyo en train (JR Yokosuka Line), Kamakura, ancienne capitale du shogunat de Kamakura (1185-1333), c'est un mini-Kyoto près de Tokyo, célèbre pour ses temples, ses sanctuaires et son atmosphère historique : le Grand Bouddha (Kamakura Daibutsu), une statue en bronze de 13,35 mètres, emblématique du Japon, le temple Hase-dera, célèbre pour sa statue de Kannon, ses jardins et sa vue sur la mer, le sanctuaire Tsurugaoka Hachiman-gū, le cœur historique de Kamakura, dédié aux samouraïs.
Située entre Kyoto et les banlieues tentaculaires de Tokyo, la région centrale de Honshu incarne les contrastes du Japon d’aujourd’hui. Sa ceinture côtière densément peuplée comprend Yokohama et Nagoya, les deuxième et quatrième villes du pays, tandis que l’intérieur contient ses montagnes les plus hautes et les plus sauvages, avec le mont Fuji ainsi que les Alpes du Nord et du Sud du Japon, avec de nombreux sommets dépassant 10000 pieds (3000 m).
A 30 min en train depuis Tokyo (JR Tokaido Line, Keihin-Tohoku Line), Yokohama, métropole portuaire et deuxième plus grande ville du Japon (3,7 millions d'habitants en 2023), une ville jugée plus aérée que Tokyo avec plus d’espaces verts et une meilleure qualité de vie, un centre culturel actif, tel que le quartier de Minato Mirai 21 (un complexe ultra-moderne avec la Landmark Tower, le musée Cup Noodles et la grande roue Cosmo Clock 21). Une ville historiquement internationale (le plus grand Chinatown du Japon). Le terminal Osanbashi est une porte d’entrée majeure pour le commerce international et le tourisme (croisières, plus de 4 millions de visiteurs par an). Un centre technologique, avec des entreprises dans l'automobile, la robotique, la biotechnologie et l'IA. Mais Yokohama reste en dépendance de Tokyo, les trains et métros reliant les deux villes sont extrêmement bondés. Enfin, en raison de sa localisation côtière, Yokohama reste exposée aux typhons et aux risques de tremblements de terre.
A 50 kilomètres au nord-est de Tokyo, à Ushiku dans la préfecture d'Ibaraki, l’Ushiku Daibutsu, une statue, dédiée à Amida Nyorai (Bouddha de la lumière infinie), qui mesure 120 mètres, ce qui en fait l’une des plus grandes statues de Bouddha au monde. Elle est entourée de jardins magnifiques, parfaits pour la méditation. Lors du Golden Week (fin avril - début mai), une période de congés très populaire au Japon, les sites touristiques comme l’Ushiku Daibutsu sont particulièrement bondés...
A 140 km au nord de Tokyo, 2h en train, la ville de Nikkō, située dans la préfecture de Tochigi, au centre-est du Japon, un lieu sacré depuis des siècles, accueillant pèlerins et touristes attirés par son atmosphère mystique (Nikkō wo minakereba 'kekkō' to iu na).
Réputée pour son patrimoine historique, ses sanctuaires et temples classés au patrimoine mondial de l’UNESCO :
- Tōshō-gū, un mausolée richement décoré de Tokugawa Ieyasu, le fondateur du shogunat Tokugawa, et le célèbre singe "Ne pas voir, ne pas entendre, ne pas dire".
- Rinnō-ji, un temple bouddhiste fondé en 766, abritant des statues de Bouddha en bois doré;
- Futarasan-jinja, un sanctuaire shinto fondé en 782, dédié aux divinités des montagnes environnantes),
- et ses paysages naturels (Kegon Falls, une cascade majestueuse de 97 mètres de haut, Chūzenji, un lac pittoresque situé près de Nikkō, formé par l’éruption du mont Nantai).
A 3h en train + bus depuis Tokyo, Kusatsu Onsen, l’un des trois plus grands onsen du Japon, Kusatsu est réputé pour ses eaux chaudes aux vertus thérapeutiques. A 1200m d'altitude, un immense champ de sources chaudes où l’eau jaillit à 55-95°C et coule dans de longs canaux en bois (L’eau de Kusatsu est naturellement trop chaude pour être utilisée directement : les habitants pratiquent le "Yumomi", une technique traditionnelle consistant à remuer l’eau avec de longues pagaies en bois pour la refroidir). Kusatsu est une destination thermale prestigieuse et historique, considérée comme l’un des meilleurs onsen du Japon pour ses eaux naturelles d’une pureté exceptionnelle, qui proviennent directement du volcan actif Mont Shirane, une eau antibactérienne et efficace contre les douleurs musculaires, la fatigue, les maladies de peau et les problèmes circulatoires. C'est, dit-on, l’un des meilleurs endroits au Japon pour se baigner dans un onsen en extérieur sous la neige, et l'une des trois meilleures sources thermales du Japon, aux côtés de Gero Onsen (Gifu) et Arima Onsen (Hyogo) ...
"Fukai mizu no naka de: Nihon no furo", Akira Mizubayashi ( In Deep Waters: The Japanese Bath, Dans les eaux profondes : Le bain japonais, 2018)
Le Japon est l’un des rares pays où le bain thermal est une véritable pratique quotidienne pour la détente, d'autant que les onsen sont des lieux de communication naturelle, où les Japonais échangent et créent du lien social. Et la nudité est obligatoire ...
Un onsen est une source thermale naturelle alimentée par l’activité volcanique du Japon: on compte dans le pays environ 110 volcans actifs, ce qui permet une grande diversité de sources thermales naturelles, soit environ 27 000 sources thermales et plus de 3 000 stations onsen à travers le pays. Le bain onsen est une institution au Japon, non seulement pour ses vertus thérapeutiques, mais aussi comme un rituel culturel et social. Chaque onsen a une composition unique, offrant une expérience différente selon la région visitée. C’est bien plus qu’un simple bain : c’est un art de vivre, ancré dans l’histoire, la spiritualité et la nature du pays. Dans le shintoïsme, l’eau des sources chaudes est considérée comme sacrée et purificatrice, et beaucoup de temples bouddhistes sont proches des onsen, car l’eau chaude est vue comme un moyen de purification du corps et de l’âme.
Dans cet essai, Akira Mizubayashi explore la pratique culturelle du bain au Japon, en mettant en lumière ses aspects sociaux et philosophiques. Il décrit le bain japonais comme un rituel qui transcende la simple hygiène pour devenir un moment de partage et de convivialité, comparant les bains publics japonais (sentō) aux cafés occidentaux en tant qu'espaces de socialisation. À travers des anecdotes personnelles et des références littéraires et cinématographiques, l'auteur analyse comment cette pratique reflète les particularités de la société japonaise et sa relation à l'espace public. Il aborde également des thèmes plus profonds, tels que la structure sociale du Japon et les défis politiques contemporains, notamment après la catastrophe de Fukushima en 2011.
"Ryokan", Chris McMorran (2022)
Hakone est une ville située dans la préfecture de Kanagawa, à environ 80 kilomètres à l’ouest de Tokyo, dans la région du Kantō. C'est une destination populaire au Japon, connue pour ses onsen (sources thermales), ses paysages spectaculaires, et sa proximité avec le mont Fuji.
Les Ryokan y sont nombreux ..
Au milieu du déclin de nombreuses communautés rurales du Japon, la station thermale de Kurokawa Onsen est un endroit rare et lumineux. Ses deux douzaines d’auberges traditionnelles, ou ryokan , attirent près d’un million de touristes par an désireux d’admirer son paysage, de découvrir son hospitalité et de se baigner dans ses sources chaudes. Ces ryokan ont ainsi incité les jeunes des villages à rentrer chez eux pour reprendre les entreprises familiales prospères et raviver la communauté. Chris McMorran a passé près de deux décennies à faire des recherches sur les ryokans de Kurokawa, y compris une année entière d’accueil des invités, de transport des bagages, de bains de lavage, de nettoyage des salles, de vaisselle et de discussions avec leurs collègues et propriétaires au sujet de leur travail, de leurs relations, de leurs préoccupations et de leurs aspirations. Il présente les réalités du travail ryokan-célébré, désordonné, ignoré, exploitable et libérateur ...
Ryokan ?
Un ryokan (旅館) est une auberge traditionnelle japonaise, située dans des régions rurales ou près des onsen pour permettre une relaxation totale dans un cadre naturel, et qui offre une expérience unique, mêlant hospitalité japonaise (omotenashi), cuisine raffinée, et immersion dans les traditions locales,
- Tatamis : Les chambres sont équipées de sols en tatami et de portes coulissantes (shoji).
- Futon : Les lits traditionnels japonais, appelés futons, sont disposés sur le sol.
- Onsen : De nombreux ryokans disposent de bains thermaux naturels.
- Kaiseki : Les repas servis sont souvent sous forme de kaiseki, un menu traditionnel composé de plusieurs plats élaborés.
Les ryokans privilégient une atmosphère paisible et authentique, mettant en avant la simplicité et l’esthétique japonaise. Séjourner dans un ryokan est une occasion de découvrir le mode de vie traditionnel japonais, des rituels du bain aux repas servis dans les chambres.
("Ryokan: Japan’s Finest Spas and Inns", Akihiko Seki, 2007; "The Japanese Spa: A Guide to Japan’s Finest Ryokan and Onsen", Akihiko Seki, 2005).