Barcelona, capital de Cataluña y ciudad mediterránea - Gaudi & la Sagrada Familia - Els Quatre Gats y el Modernismo catalan - La Barceloneta - La Diada - Monestir de Montserrat -....
Last update: 11/11/2016 maj 2019
Barcelona est plus que la capitale de la Catalonia, plus que la rivale économique et culturelle de Madrid, plus qu'un des ports les plus actifs de la Méditerranée, c'est une des plus grandes villes de convergence du monde entier, au dynamisme constant, parfois débridé, abritant plus de trois millions d'habitants dans toute sa périphérie, dont plus de 5% d'étrangers, et possédant un front de mer de plus de quatre kilomètres de plages.
Traversée par la célèbre avenue des Ramblas, la Ciutat Vella de Barcelone est l'un des centres-villes médiévaux les plus étendus d'Europe; l'architecture d'Antoni Gaudí a constellé la ville d'oeuvres incomparables, la fascinante Sagrada Família, la Pedrera, le Parc Guëll, et Joan Miró, Pablo Picasso, Dali, Antoni Tàpies en ont fait l'un des grands foyers culturels de l'Europe actuelle.
Foyer de l'identité et de l'exubérance catalane, peu de villes de cette importance ont un tel goût de la modernité : c'est en procédant quartier (bario) par quartier que l'on entre dans Barcelona, se coulant ainsi dans une ambiance magique : le Barrio Gotico, la "vieille ville", le Barrio El Born, connu pour sa vie nocturne, le Barrio Gràcia, le Quartier de l' Eixample, lieu moderniste par excellence, le quartier toujours aussi controversé d'El Raval, Montjuïc, qui offre ses fabuleuses vues sur la ville, les zones de Bogatell et de Ciutadella, qui mènent à cette petite ville dans la ville qu'est Barceloneta..
Mais depuis quelques années, l'attrait touristique de Barcelona est devenu un sujet de préoccupation majeure tant pour les autorités locales que pour ses habitants, voir pour les visiteurs eux-mêmes qui peuvent ne jamais pouvoir atteindre les abords du site désiré tant est important le nombre des touristes de toutes langues suspendus à leurs smartphones et regroupées en couches successives, El Templo Expiatorio de la Sagrada Familia, 4,5 millions de visiteurs, le parc Güell, 2,9 millions, le musée du FC Barcelone, 1,9 million.... Soit 1,7 million d'habitants face à dizaine de millions de touristes, qui s'y arrêtent au moins une nuit, auquel s'ajoutent dix autres millions de personnes, notamment des croisiéristes, qui se contentent d'y passer une journée (Barcelone est devenu l'un des premiers ports de croisières d'Europe, avec 2,6 millions de passagers). Barcelone est d'autant plus exposée que la ville est devenue un gigantesque parc à thèmes riche en expériences parfaitement séquencées ("Navegar por las siempre animadas Ramblas o La Rambla", " Visitar El Barrio Gótico", "Mirar el ingenio creativo modernista de Gaudí", "Disfrutar del arte en el Museo Picasso en el barrio del Born", "Vive la emoción de pisar el terreno de juego del Camp Nou", "Degustar tapas en uno de los bares de la Barceloneta", "Escuchar flamenco en vivo"...) et que sa réputation festive attire les compagnies aériennes low-cost de toute la planète. Depuis lors, restrictions et quotas en tout genre, droit d'accès et limitation des capacités de visite se développent progressivement ...
... auxquels viennent s'ajouter les questions de relatives au surcroît d'autonomie et à l'indépendantisme...
Qué ver, qué hacer, qué experimentar en Barcelona ...
La place de la Catalogne, les premiers pas du touriste planétaire...
Toute visite de Barcelone débute dans le Barri Gòtic (la Ciutat Vella), le quartier gothique d'où s'élance l'imposante masse de la cathédrale du XIIIe siècle (dont la crypte consacrée à sainte Eulalie), à deux pas de la plaça de Sant Jaume, le centre historique qui comporte le Palau de la Generalitat (siège du gouvernement autonome de Catalogne), le Palau Reial Major et la Casa de la Ciutat.
Une promenade à travers un dédale de ruelles médiévales débouche sur la célèbre Rambla, envahie d'un flot ininterrompu de touristes, réalisée pour l'essentiel au XIXe et bordée d'édifices comme le Mercat de la Boqueira, le Gran Teatre del Liceu, ou la place la plus vivante de Barcelona, la Plaça Reial. Ici, ont vécu les premiers habitants de Barcelone, les premiers habitants de la colonie romaine qui a donné naissance à Barcino, c'est aujourd'hui un quartier déserté entièrement abandonné au tourisme, les commerces y sont rares et plus d'un tiers des appartements sont constitués de locations touristiques....
Las Ramblas ou Les Rambles (catalan), la plus connue, chemine de la Place de Catalunya au Monument a Colom, sur la plaça Portal de la Pau : elle débute par la Rambla de Canaletes (l'église Santa Anna est encaissée entre les maisons environnantes) et la Rambla dels Ocells, qui se termine avec l'église de Betlem et le Palau Moja, et la rue commerçante de Portaferrissa ..
Le tronçon correspondant à la Rambla de les Flores (ou Rambla de Sant Josep), illustré jadis par Ramon Casas, comporte le Palau de la Virreina, le fameux Mercat de la Boqueira, et tout proche, la petite plaça del Pi où se dresse l'imposante basilique de la Santa Maria del Pi, la plaça de Sant Josep Oriol et ses nombreuses terrasses....
La Rambla dels Caputxins débute plaça de la Boqueira, croise le Gran Teatre del Liceul, le Palau Güell, et la magnifique Plaça Reial, les arcades de cette place aménagée entre 1848 et 1859 abritent nombre de restaurants et s'ouvre vers la carrer de Ferran, longue avenue commerçante qui mène à la plaça Sant Jaume puis à la Catedral...
Au Sud de la Rambla, le Monument a Colom et le Port Vell marquent la façade maritime de Barcelona, au Nord, la plaça de Catalunya marque la frontière entre la Barcelone médiévale et la Barcelone moderniste de Lluis Domènech i Montanet, Josep Puig i Cadafalch et surtout Antoni Gaudi...
Eixample, el barrio del Modernismo
L'Eixample est le miroir de l'essor économique et culturel de la bourgeoisie barcelonaise du XIXe et du début du XXe siècle. La Renaixença, mouvement littéraire qui apparaît dans les années 1850, et que porte cette bourgeoisie, précède et inspire le "modernisme". On distingue en général l'Esquerra Eixample (gauche), proche de la plaça Espana et de l'Estació de Sants, et renommé pour sa zone Gayxample, et le Dreta Eixample (droit, ou Dret Eixample) qui concentre l'architecture moderniste, le fameux Quadrat d'Or, et parmi les plus belles boutiques et magasins de Barcelona. C'est la fameuse Avingunda Diagonal, une avenue de 50 mètres de large et de de 11 km de long qui assure ce partage.
La grande bourgeoisie de Barcelona a rivalisé, au début du XXe, de raffinement esthétique dans la construction de leurs logements, décorant à profusion façades, intérieurs, pourtours de fenêtres, vitrages, mais aussi ameublements, en utilisant des matériaux comme le bois, la céramique, le verre plombé ou le fer forgé, dans un style résolument néo-gothique.
Le Palau de la Musica Catalana, situé dans l'étroite carrer de Sant Pere més Alt (Barri Gotic), est le premier symbole attaché tant au modernisme qu'à cette bourgeoisie catalane éclairée du début du XXe siècle : les mosaïques colorées et les sculptures de la façade, les baies vitrées et l'imposante coupole inversée en verre polychrome constituent un véritable hymne au nationalisme et à la musique populaire catalane.
Le singulier design d'Eixample, construit comme une extension du Barcelone du milieu du 19ème siècle : un quadrillage de blocs octogonaux dessiné par Ildefons Cerdà (1815-1876), des coins de rue inclinés permettant à celles-ci de s'élargir à chaque intersection, une trame de longues rues droites se jetant dans de larges avenues et facilitant tous les besoins primordiaux d'un habitat urbain, la lumière du soleil (orientation NW-SE), les espaces verts, la circulation de l'air ambiant, la fluidité des échanges....
Mais c'est dans l'Eixample que débute la fameuse "Ruta del Modenismo", tout autant route du top model et des boutiques les plus luxueuses : partant de la Plaça de Catalunya, nous parcourons successivement la Rambla de Catalunya, le bâtiment en briques rouges de la Fondacio Antoni Tapiès qui porte la sculpture emblématique de l'artiste, "Nuvoli i Cadira", le Passeig de Gràcia qui regroupe les plus beaux bâtiments de l'architecture moderniste, les demeures de la "Manzana de la Discordia" (trois riches propriétaires rivalisant d'originalité, trois palais, trois architectes) : Casa Lleo Morera (Domenech i Montaner, 1905), la Casa Amatller (Puig i Cadfalch, 1900), la Casa Batllo (Gaudi, 1904-1906). Auxquels il faut ajouter la Casa Mulleras, d'Enric Sagnier, et la Casa Bonet, du très peu connu Marceliano Coquillat...
Le MODERNISMDE CATALAN compte cinq représentants, Gaudi, Puig i Cadafalch, Jujol, Doomenèch i Muntaner et Sagnier. Gaudi est le créateur de la Sagrada Familia, de la Casa de les Punxes, de Can Negre, du Palau de la Musica et du Temple du Sacré-Coeur des Jésus, plus connu sous le nom d'église du Tibidabo à Barcelone ...
Mais le parcours de Gaudi et du modernisme n'est pas sans querelles et rivalités. La preuve en est la célèbre "Manzana de la Discordia", un lieu où se concentrent jusqu'à cinq maisons de style moderniste qui a uni et opposé les grands maîtres de ce mouvement. La plus douce de ces demeures, est la Casa Amattller, adjacente à la Casa Batllo de Gaudi : une construction de Puig i Cadafalch (1898-1900) et l'une des premières oeuvres modernistes du Passeig de Gràcia; sa fascination vient de son style gothique catalan aux influences flamandes, et son origine la rattache à une riche famille de la bourgeoisie catalane, les Amatller, un nom associé aux maîtres chocolatiers catalans dont l'histoire remonte au XVIIIe siècle (Gabriel Amatller ouvrira à El Born, près de l'église de Santa Maria del Mar, sa première chocolaterie, et dès 1915, la fabrique Amatller produisait 11000 kg de chocolat par jour). Les carreaux de céramiques, les figures sculpturales et la présence de Sant Jordi, saint patron de la Catalogne, témoignent du goût esthétique d'Antoni Amatller, l'homme qui commanda la rénovation de cette demeure en 1898. Le bâtiment abrite l'Institut Amatller d'art hispanique et ses 30000 titres liés à l'histoire de l'art espagnol, une photothèque de 360000 images ...
Ce sont des millions de visiteurs que reçoit chaque année la Casa Batllo, et Gaudi reste d'autant plus toujours un mystère et sa symbologie toujours aussi difficile à déchiffrer. Tout semble pourtant avoir été écrit sur ce bâtiment situé au coeur de Barcelone et qui imite la forme d'un dragon : il y cache pourtant la légende de Sant Jordi et est l'un des joyaux architecturaux les plus emblématiques de l'architecte de Reus. Mais il restait encore à découvrir l'intention initiale de Gaudi. Lorsque le visiteur se rendait sur le patio du bâtiment et contemplait la façade intérieure de la Cas, il n'y voyait rien de remarquable jusqu'à ce que les travaux de restauration qui furent entrepris depuis novembre 2023, révèlent en avril 2024 une nouvelle palette de couleurs, tons blancs et gris sur cette façade intérieure, balcons et grilles en fer forgés d'un blanc éclatant, stucs jaunâtres devenus gris, fenêtres non plus vertes mais d'un ton blanc, mais aussi découverte d'un système de poutres soutenant les balcons, etc.
Située sur le Paseo de Gracia, la Casa Batllo se distingue par ses formes organiques et sa mosaïque trencadis colorée (une technique composée de petits fragments de céramique, de verre et autres matériaux décorant sa façade principale). Commandée par une famille bourgeoise catalane, Gaudi a transformé la demeure en une oeuvre d'art vivante inspirée de la nature et de la mer, des balcons ondulés, des colonnes en forme d'os (Maison des Os). L'intérieur est tout aussi impressionnant tant sont nombreuses les innovations architecturales ; l'escalier principal rappelle la colonne vertébrale d'un animal, un patio lumineux est conçu pour optimiser l'entrée de la lumière naturelle, un plafond évoque la colonne vertébrale d'un dragon, l'une des créatures symboliques de l'oeuvre de Gaudi. Moins connue, la façade arrière symbolise une plante grimpante fleurie, soulignant la capacité de Gaudi à intégrer des éléments végétaux dans l'architecture. Le bâtiment fut déclaré patrimoine mondial par l'UNESCO en 2005.
Le Passeig de Gràcia est aussi l'incontournable devanture de la mode barcelonaise, derrière les imposantes façades, bien des escaliers dissimulés, des portes qui ne peuvent être franchies qu'en sonnant, un luxe confiné, secret, connu des seuls initiés, jusqu'au Majestic, l'hôtel des Arts et des personnalités du spectacle ou de la politique: sa terrasse panoramique du 10e étage, sa piscine extérieure, son mobilier design signé Philippe Starck et sa fresque murale de Philip Stanton constituent le summum du prestige barcelonais.
La Casa Milà (La Pedrera) est l'une des plus belles et des plus connues des oeuvres de Gaudi, l'architecture générale rappelle le mouvement de la mer, et sur la terrasse, une forêt magique de formes capricieuses domine Barcelona (Metro: Diagonal, líneas 3 y 5).
Dans "Vicky Cristina Barcelona" (Woody Allen, 2008) se succèdent la Sagrada Família, le Parc Güell, la Casa Milà (La Pedrera), Tibadabo, le Miro Museu, las Ramblas, le Barri Gòtic, Els 4 Gats, Santa María del Mar et la Méditerranée, près du Port Olympique ...
Empruntant l'Avinguda Diagonal, qui traverse la ville d'est en ouest, et permet d'atteindre la Cité universitaire, le Camp Nou, les Torres Trade, nous passons successivement devant la Casa Quadras (Puig i Cadafalch, 1904), la Casa Terrades ou Casa de Les Punxes en raison de sa toiture en forme d'aiguilles (Puig i Cadafalch, 1905), pour atteindre l'oeuvre incomparable de Gaudi : une quarante d'années consacrées à un projet controversé, inachevé, sans doute inachevable, un temple néo-gothique expiatoire unique au monde dont le chantier débuta en 1882, la Sagrada Familia (metro Sagrada Familia (Ligne Bleue, L5)...
Avec plus de 140 ans d'un projet de construction en constante évolution, la basilique de Gaudi appartient à la "Fundacion Junta Constructora del Temple Explatori de la Sagrada Familia", une entité à but non lucratif chargée de son édification et de sa gestion. La première pierre fut posée en 1882. Initialement conçue comme une église néo-gothique, Antonio Gaudi reprit le projet, en fit une oeuvre unique et y travailla pendant plus de 40 ans, et lui consacrant les 12 dernières années de sa vie : un temple qui devait sonner comme un grand instrument de musique, chaque façade et chaque tour produisant un son différent lorsque le vent les traverseraient ...
Les façades évoquent la naissance, la mort et la résurrection du Christ, les huit tours, les douze apôtres, les quatre évangélistes, la Vierge Marie et le Christ, l'immense flèche de 112m de haut, tout le savoir architectural de Gaudi est mis en oeuvre pour construire une symbolique des mystères de la foi sculptée dans des blocs de pierre dont l'irrégularité native accroît le sentiment d'inachevé. Des matérieux provenant de carrières du monde entier dont chaque bloc de pierre est taillé à la main : il n'y en a pas deux identiques ..
La façade de la Nativité, dite "du Levant", fut la seule construite du vivant de Gaudi : celui-ci savait qu'il ne verrait pas son oeuvre terminée, et cette première étape constitua un premier appel à des fonds pour obtenir davantage de dons et continuer le projet.
Les sculptures de la façade de la Passion furent réalisées, dans la controverse, par Josep María Subirachs: il est notamment l'auteur de l'énigmatique carré magique de la Sagrada Familia.
Les travaux de la façade de la Gloire restent inachevés. "La arquitectura es la ordenación de la luz; la escultura es el juego de la luz", l'architecture est la mise en ordre de la lumière, a écrit Gaudi, et pénétrer à l'intérieur de la basilique, c'est entrer dans un univers organique entièrement voué à la recréation de la lumière naturelle, d'une lumière enveloppante, colorée, atteignant directement l'âme, et dont chaque élément de construction rythme la respiration : l'immense nef centrale, les colonnes arborescentes qui supportent les voûtes en forme d'hyperboles à 40m de hauteur, l'orientation nord-est/sud-ouest du transept de la basilique qui relie la façade de la Nativité à celle de la Passion, les grandes fenêtres et rosaces...
2022, la Torre de Jesucristo comienza ahora a sobresalir del conjunto central del templo....
L'architecte Antoni Gaudí mourut traumatisé en 1926, après avoir été renversé par un tramway, laissant inachevée son œuvre la plus ambitieuse, la Sagrada Familia: à cette époque, il n'avait pu achever qu'une seule des façades latérales, celle de la Nativité et de la crypte, où il fut enterré. Depuis lors, ses disciples ont continué le travail, surmontant toutes sortes de problèmes, surtout économiques. La venue massive de touristes à Barcelone et l'extraordinaire popularité de la Sagrada Familia ont permis à l'œuvre de prendre une impulsion décisive : les quelques 4,5 millions de visites l'an (une moyenne de 12 000 personnes par jour) ont ainsi dégagé plus de 50 millions d'euros relançant les travaux à tel point que les promoteurs de cette oeuvre unique au monde ont désormais fixé une date d'achèvement de la construction, 2026, une date qui correspond au centenaire de la mort d'Antonin Gaudi.
2026? Le centenaire de la mort de Gaudi. A cette date, l'édifice comptera 18 tours : la tour principale, la Torre de Jesucristo, s'élèvera à 172,5 mètres entourée par les tours des quatre évangélistes qui atteindront 135 mètres de haut, et une autre tour de 138 mètres, qui se terminera par une étoile, qui recouvre et éclaire l'abside de la nef centrale et dédiée à la Vierge Marie. Gaudi souhaitait que cette hauteur soit inférieure à celle de la montagne de Montjuic, , considérant que l'oeuvre de l'homme ne pouvait surpasser celle de Dieu.
Depuis 2019, les avancées sont nettement visibles, et la Sagrada Familia est tout simplement en train de modifier considérablement jusqu'à la ville même de Barcelona : si 4,5 millions de visiteurs pénètrent chaque année à l'intérieur de l'édifice, c'est plus de 20 millions qui la contemplent de l'extérieur, modifiant inexorablement les abords et le quartier environnant. Non seulement la Sagrada Familia est devenue le point culminant de Barcelona, mais sa texture de pierre s'est considérablement enrichie, les compléments sculptés et peints mettent désormais en évidence une somme considérable de symboles associés à différentes traditions occultes, ésotériques et hermétiques, Gaudí était un personnage beaucoup plus complexe que l'image du génie qui vit et travaille dans l'isolement que l'on a si souvent retenu...
La Sagrada Familia d'Alicante - Disciple de Gaudi, José Salas (1918-1946) s'est inspiré de la Sagrada Familia pour construire, financé par des dons, le sanctuaire de Santa Maria Magdalena : un sanctuaire situé à Novelda (commune de la province d'Alicante), une petite ville qui offre par ailleurs un musée du Modernisme (construit par Pedro Cerdan), témoins tous deux des liens étroits avec la Catalogne moderniste qu'entretenait alors la petite bourgeoisie commerciale de la Vall de Vinalopo à la fin du XIXe ...
L'Avinguida de Gaudi, qui prend naissance au pied de la façade de la Nativité de la Sagrada Familia, conduit au bâtiment de briques rouges de l'Hospital de Sant Pau, construit entre 1902 et 1912 par Domènech i Montaner, secondés par les sculpteurs Pablo Gargallo et Eusebio Arnau : l'esthétique architecturale a pour finalité d'accompagner la convalescence des malades.
A peu de distance, le Parc Güell, qui abrite par ailleurs la Cas-Museu Gaudi, s'ouvre sur deux bâtiments en forme de champignons, une allée soutenue par des colonnes torsadées semblant avoir poussé du sol comme des troncs d'arbres, un dragon de mosaïques colorées, un escalier qui mène à la salle des Cent Colonnes et qui supporte une grande place circulaire dominant Barcelone, entourée par un interminable banc ondulant. C'est toute l'extravagance de Gaudi qui se donne dans ce qui n'est que l'ébauche d'une ville-jardin idéale. El Park Güell est, après la Sagrada Família ((chaque année quelque 4,5 millions de visiteurs), le deuxième site le plus visité de la ville avec en 2019, un total de 3 150 000 visiteurs, dont 12 % d'espagnols...
On ne peut évoquer le modernisme catalan sans omettre les peintres Santiago Rusiñol (1861-1931) et Ramon Casas (1866-1932), nés tous deux dans des familles de la haute bourgeoisie catalane, qui ont parcouru ensemble la Catalogne, et ensemble effectué de longs séjours à Paris (1890). Ils appartiennent à ce fameux groupe de "Els Quatre Gats", dénomination attachée à ce café-brasserie de la Carrer de Montsió, au rez-de-chaussée d’un bâtiment moderniste de Barcelone construit par l’architecte Puig i Cadafalch, et conçu par Pere Romeu à l'instar des cabarets et cafés-théâtres parisiens : de 1890 à 1903, c'est non seulement un lieu emblématique pour les milieux bohèmes barcelonais, mais une étape sans doute décisive dans la maturation artistique d'un Picasso.
Enfin, le Museu del Modernisme Català (Carrer Balmes, 48), d'ouverture très récente, expose 350 œuvres de toutes disciplines (peinture, sculpture, mobilier, arts décoratifs) une quarantaine d'artistes parmi les plus représentatif de ce mouvement artistique (Joan Busquets, Ramón Casas, Antoni Gaudi, Gaspar Homar, Josep Llimona, Joaquim Mir et Puig i Cadafalch).
La Ribera y El Born,
Le quartier de la Ribera (El Born), quartier historiquement de grands et puissants commerçants, d'artisans et de marins, s'étend du Mercat de Santa
Caterina, marché le plus ancien de Barcelona (1848) , couvert depuis 2004 d'un superbe toit ondulant de mosaïques colorées aux motifs de fruits et de légumes, au Passeig del Born, où se
dresse un second marché, la structure métallique du Mercat del Born, non loin du Parc de la Ciutadella et de la Estació de França. Les marchés couverts font partie intégrante de la vie catalane
et ressemblent ici à des basiliques : l'art de la cuisine est ici un art de vivre, un art festif dont les différents ingrédients font l'objet d'une mise en scène codifiée, élaborée, colorée,
odorante, avec un souci du détail, de la saveur et de l'harmonie peu commun.
La Via Laietana, qui relie l'Eixample au port, traverse la Vieille-ville de Barcelone et sépare le Mercat de Santa Caterina du Barri Gotic où se dresse la célèbre Catedral Santa Eulalia qui abrite, entre autres merveilles, le tombeau de Raimundo de Penafort (XIVe), la crypte de sainte-Eulalie et un retable chef d'oeuvre de Bernard Martorell, la Transfiguration. La grande plaça Nova, qui borde la Cathédrale, conduit, par les petites rues adjacentes qui courent de chaque côté de l'édifice, à la plaça de Saint Jaume, au Palau de la Generalitat et à l'Ajuntament, d'une part, à la singulière pla de la Seu d'autre part (Museu d'Historia de la Ciutat)...
La carrer de Montcada sert de fil conducteur à ce parcours, palais et musées se succèdent, le Palau Berenguer d'Aguilara, la Casa Cervello-Giudice qui abrite la galerie d'art contemporain Maeght, le Palau Dalmases, le Museu Picasso, la Plaça des les Olles, pour atteindre l'iglesia de Santa Maria del Mar (Metro: L4 Jaume I). C'est ici que sévissent nombre de bars à tapas, le fameux Cal Pep (plaça de les Olles) et ses tapas à base de fruits de mer, l'un des plus anciens de Barcelone, couvert de faïences chamarrées, le Xampanyet (Montcada), ou le basque Euskal Etxea (placeta Montcada).
Le Palau Meca, qui héberge le Museu Picasso, vaut pour illustrer les premiers pas que fit l'artiste dans le monde de l'art, après avoir quitté à 14 ans Malaga pour Barcelona. Les oeuvres exposées couvrent la période 1890-1917 : Autoportrait de1896, Première communion, 1896, Science et Charité (Ciencia y Caridad,1897), L’étreinte (El abrazo,1900), Danseuse naine (La nana), 1901, La espera (Margot, 1901), Desamparados, 1903, Toits de Barcelone, 1903, Retrato de la señora Canals (1905), Arlequin (1917) et les 58 huiles qui composent sa série de Las Meninas, inspirée de Velazquez.. Une première période, liée à la brasserie Els Quatre Gats, correspond à l'euphorie de la découverte du modernisme catalan (Rusiñol et Casas rapportent une bouffée d’air frais de Paris) et du post-impressionnisme, il réalise sa première exposition le 1er février 1900, et découvre à la même époque les vives couleurs d'un Anglada Camarasa qui expose à la Sala Parés. Suit une période plus sombre : "Desamparados" (1903) reflète sa période bleue faisant suite à Paris au suicide de son ami Casagemas (1901). C'est le 12 avril 1904 que Picasso quittera définitivement Barcelona pour Paris.
L'église gothique de Santa Maria del Mar, construite au 14e, est le centre spirituel du quartier, célèbre, à l'extérieur, pour sa rosace et ses deux tours-clochers, à l'intérieur, pour cette amplitude de l'espace et d'épuration des formes qui caractérise l'architecture gothique catalane. Alors que la Cathédrale de la Santa Creu respire la monarchie, l'autorité, la richesse, le haut clergé, l'église Santa Maria del Mar est le symbole de l'humilité et de la foi des pêcheurs qui la construisirent.
"La Barceloneta no se vende"? - Barceloneta, un barrio junto al mar en la ciudad de Barcelona, est devenu l'un des grands points d'attractivité deu flux touristiques, son front de mer rivalise presque avec Malibu ne serait-ce que dans les comportements et l'imaginaire de ceux qui arpentent cette longue promenade, allemands, américains, russes ou français, et si le quartier ne dispose que d'un hôtel de 27 chambres, ce sont plus de 600 "pisos turísticos" qui progressivement s'emparent de ce lieu…
La Barceloneta es uno de los barrios más populares y con más carisma de Barcelona. Depuis l'ouverture de Barcelona à la mer avec les Jeux Olympiques de 1992, les plages de la capitale catalane sont devenues un élément indissoluble de la marque Barcelona dans le monde entier et de son succès touristique. Les plages de Barcelone accueillent ainsi environ 4 millions de personnes chaque saison entre mai et septembre, et 10,5 millions si l'on prend en compte l'ensemble de la zone métropolitaine. Et plus encore, sur les quelque 25 millions de visiteurs par an que reçoit Barcelona, les 8 à 9 millions qui passent la nuit en ville sont incités à choisir la capitale catalane pour destination pour ses plages : "las redes sociales anuncian Barcelona como un paraíso mundial del desmadre..."
La Façade maritime de Barcelona s'étend du bas de Montjuic jusqu'à l'embouchure du Besos, en passant par Port Vell, la Barceloneta et les plages d'El Poblenou. La Barceloneta est l'un des quartiers les plus populaires de Barcelona, une langue de terre triangulaire qui s'avance dans la mer, et relie le Port Vell et ses bateaux, la Ronda del Litoral, le sable des plages et le Puerto Olímpico. Le quartier fut édifié pour accueillir les habitants de la Ribera chassés par la construction de la Ciutadella, nombre de pêcheurs s'y installèrent à partir du milieu du XVIIIe : les ruelles y sont étroites, les logements de dimensions réduites, le Mercat délimite la plus grande place de le petite ville, les bar à tapas et restaurants y sont nombreux : un havre de paix relatif tournant le dos au Passeig de Joan de Borboro qui, à partir du métro L4/Barceloneta, voit à toutes heures se déverser un flot de touristes ininterrompu, le plus souvent jeunes, gagnant les plages de Sant Sebastià, Sant Miquel et Barceloneta, la plus ancienne. En fait, toutes sont des plages artificielles, sauf celle de Barceloneta. Sur la plage de Sant Miquel se dresse l'Estel Ferit, sculpture de Rebecca Horn constituée de quatre cubes décalés : construite à l'occasion des Jeux Olympiques de 1992, elle symbolise les mythiques xiringuitos qui avaient peuplé la ligne maritime de Barceloneta. Suivent les plages de Somorrostro, qui précède le Port Olimpic, la Nova Icària et Bogatell, proche de la marina olympique, la plage Mar Bella, orientée windsurfing et naturisme, et, loin des touristes, Nova Mar Bella et Llevant. Le Port Olympic, sur le Moll de Mestral ou sur le Gregal, où se groupent l'Hotel Arts, la Torre Mapfre et Barcelona Fish, la célèbre sculpture métallique en forme de poisson de Frank O. Gehry, est devenu avec le temps le grand pourvoyeur de la nuit barcelonaise avec ses occasions multiples de fiestas en tout genre, "el paraíso de los manteros y el núcleo de las fiestas espontáneas de botellón..."
Los 5 mejores miradores de Barcelona - (1) La "Basílica Santa Maria del Pi" (metro Línea Verde (L3), parada del Liceu), cernée par les places de Pi et Sant Josep Oriol dans le quartier gothique, 54 mètres à gravir par un étroit escalier en colimaçon. (2) El "Park Güell" (metro Línea Verde (L3), paradas Lesseps o Vallcarca), de son immense terrasse de la Plaza de la Naturaleza. (3) Los "bunkers del Carmel" (autobús V17 y 119), dans la partie supérieure du Turó de la Rovira, à 250 mètres de hauteur. (4) Las "terrazas del MNAC" (metro L1, L3 Parada Pl. Espanya), offrant un premier point de vue sur l'Avenida Reina Cristina, la Fontaine de Montjuic, la Plaza España, la lointaine Tour de Collserola et Tibidabo, et un second sur la Sagrada Familia et la Tour Agbar. (5) El castillo de Montjuïc, à gagner via le téléphérique de l'Avinguda Miramar. Le Tibidabo n'offre quant à lui que des vues par trop lointaines....
La Fiesta de la Diada
El día 11 de Septiembre se celebra el Día Nacional de Catalunya, también llamado La Diada..
L'Espagne n'a jamais connu dans son histoire un véritable pouvoir centralisé. Au XIIe siècle, la Catalogne s'est unie à l'Aragon, Raimond Bérenger IV, comte de Barcelone, épouse la fille du roi d'Aragon (1137), marquant l'essor de la Catalogne. Puis s'est constituée l'Espagne des rois catholiques, celle qui surgit du mariage à la fin du XVe siècle de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille, qui a laissé subsister différentes régions à l'identité forte et ancienne. La guerre de succession espagnole (1701-1713) qui suit la mort du dernier représentant de la maison de Habsbourg (Carlos II) et l'établissement des Bourbons sur le trône d'Espagne débouche sur une guerre civile qui voit triompher Felipe V qui impose une tentative de centralisation en supprimant les institutions propres à chaque région (les décrets de Nueva Planta, 1707-1716), dont celles de Valence, d'Aragon, de Majorque et de Catalogne, et imposant le castillan comme langue administrative. Le jour de la chute de Barcelone, le 11 septembre 1714, est devenu le jour la "nation catalane", la fameuse "Diada". Dans la seconde moitié du XIXe, se développe la Renaixença, la volonté de redonner vie à la langue catalane, dans la droite ligne des romantismes qui parcourent l'Europe. Le général Primo de Rivera s'empare du pouvoir en 1923 (coup d'Etat de Barcelone), instaure une dictature et impose le castillan. La Catalogne renoue avec l'autonomie sous la Deuxième république espagnole (1931-1939). Mais la terrible Guerre civile espagnole (1936-1939) qui oppose républicains et nationalistes, puis le régime de Franco (1939-1975) débouchent à nouveau sur la répression du Catalan. Depuis les années 1930, les tensions entre Espagnols, exprimées au travers des différentes régions, est une réalité plus ou moins refoulée qui ne peut être sous-estimée...
ante
La emergencia del movimiento catalán se puede ver, más allá de la independencia, como la movilización de una gran parte de la sociedad civil que pretende
construir un país nuevo y más participativo... Les Catalans représentent 16% de la population espagnole (46,5 millions) vivant sur 6% du territoire, 7,5 millions de Catalans qui en fait ne
partagent pas tant que cela une histoire commune, les années 1930 ont vu s'installer nombre d'Andalous et dans les années 1950 toutes l'Espagne a contribué au peuplement de la région. C'est de
plus, avec l'Andalousie, une région de forte immigration, en provenance notamment d'Amérique latine, de Maroc et de Roumanie. La langue, le catalan, s'est ainsi imposée comme le seul et unique
vecteur de cohésion et d'identité, la culture castillane ne semble n'avoir jamais su tisser les liens d'une histoire véritablement nationale. Depuis le retour de la démocratie et
l'acquisition du statut d'autonomie (1978), cette extrême sensibilité (quasi religieuse) à la langue qui forge l'identité catalane a développé dans une partie de la population l'appréhension
constante d'être à nouveau submergé, étouffé, réprimé, par un pouvoir centralisé qui n'a de forme qu'autoritaire : le dernier référendum de 2017, non validé, aurait été soutenu par 2,5 millions
de personnes (la Catalogne compte 7,5 millions d'habitants et 5,5 millions de votants), difficile dans ce contexte de lancer un processus d'indépendance unilatérale, mais tout autant
d'ignorer les risques d'une fracture sociale lourde de conséquences tant pour l'Espagne que pour l'Europe : un noyau dur de partisans de l'autodétermination demeure et s'auto-entretetient de
Gerona à LLeida. Les élections de novembre 2019 au Congrès (10-N) qui ont vu la victoire de l'ERC-Sobiranistes et la bonne tenue de des 2 autres partis indépendantistes, JxCats-Junts et
Cup-PR, montrent en fait que le bloc indépendantiste est très loin d'atteindre les 50% du corps électoral, recueillant 1.600.000 voix sur 5.000.000 de votants (plus d'un million de votes
blancs). Crainte de la dilution et de la disparition, renforcée par le sentiment, non totalement dénué de réalité, d'être une région dont Madrid, vécu uniquement comme un pouvoir administratif
centralisé, se méfie constamment et qui hésite à leur attribuer autant de libertés qu'au Pais Vasco ou la Navarra. L'absence de dialogue est une évidence : l'indépendantisme ne remet
pas en cause une volonté d'auto-détermination engluée dans des principes d'un autre monde, le populisme, le pouvoir central ne remet pas en question sa façon de gouverner, le fédéralisme est peut
être une voie possible. Pourtant les enjeux mondiaux sont tels que les différentes régions espagnoles ont toutes besoin d'accroître leurs synergies tant économiques que culturelles, et
certains Catalans, à trop vouloir s'enfermer dans un discours unilatéral le plus souvent d'ordre symbolique, en viennent à oublier ce qui fait sans doute la singularité de la Catalogne et son
apport à l'Hispanité, l'ouverture d'esprit et le dynamisme créatif. Au fond, l'émergence du mouvement catalan peut être vu, au-delà de l'indépendantisme, comme la mobilisation d'une grande partie
de la société civile qui entend construire un pays neuf et plus participatif, un désir profond de bouger les lignes, de s'affirmer comme peuple singulier, mais sans véritable réflexion vis-à-vis
des enjeux d'un monde qui a tout à craindre des populismes qu'ils soient de droite ou de gauche. "Reconocer Cataluña como nación y España como un Estado plurinacional es nuestra
manera de entender nuestra unión y la igualdad en la diversidad", une formule intéressante utilisée par que le PSC lors de son 14ème Congrès de novembre 2019...
Monestir de Montserrat - A 60km de Barcelona, le monastère de Montserrat, notamment à l'épreuve de la Guerre civile espagnole, incarne dans l'imaginaire catalan, plus que tout autre lieu, une identité qui se définit d'abord à partir de sa langue, une langue qui porte l'existence même d'une région et qui doit constamment lutter pour ne pas disparaître. Du moins est-ce le sentiment prédominant que partagent nombre de Catalans. Mais c'est aussi le grand mystère du rapport des hommes à leur langue, certains abandonnent leur langue originelle sans se poser la moindre question, d'autres la font cohabiter avec une nouvelle langue d'adoption, et quelques-uns en font une réalité ultime, une quasi-religion, un culte qui structure mentalités et relations, ce qui n'est pas sans poser de redoutables problèmes d'évolution et d'ouverture. Mais au-delà de cette si grande sensibilité aux symboles qui habite le mouvement indépendantiste catalan, la dimension spirituelle de Montserrat dépasse infiniment la quête nationaliste, les pèlerins viennent ici du monde entier en quête d'un message universel...
La première source d'étonnement à qui gravit la tortueuse petite route qui mène au monastère de Montserrat, s'il ne choisit pas la voie d'un impressionnant téléphérique, c'est la singularité ce ce massif situé en plein coeur de la Catalogne, imposant mais peu élevé (le Sant Jeroni s'élève à 1236m, le monastère est à 720m), aux pentes abruptes, massives, souvent vertigineuses. Les sommets, en dents de scie, ont donné leur nom au massif (Mont-Serrat), et certains d'entre eux, arrondis par l'érosion et le temps, leur ont donné des formes singulières : la Prenyada (la "femme enceinte"), la Trompa de l'Elefant, la Roca forada et La Cadireta, la vertigineuse aiguille du Cavall Bernat (1111m) au sommet duquel on a positionné une figure de la Vierge.
Montserrat est depuis des millénaires un haut lieu d'ermitage, - le monastère de Santa Cecila fut fondé en 942, celui de Santa Maria en 1025 - , et un chemin de pèlerinage associé à Saint Jacques et à Ignace de Loyola. Montserrat devient une abbaye en 1409 et se développe autour du culte de la statue de sainte Marie et sous l'influence de l'ordre des Bénédictins. Mais tout le patrimoine de cette époque et des siècles qui suivirent fut détruit par les troupes de Napoléon en 1811. En 1881, la reconstruction du monastère permet de proclamer la Vierge de Montserrat Patronne de Catalogne. Mais une 2e tragédie frappe la communauté et va plus que jamais donner à Montserrat une dimension spirituelle et culturelle qui participe à l'individualité catalane : durant la Guerre civile espagnole, les nationalistes tuent 23 moines et alors que le régime franquiste interdit l'usage du Catalan dans la sphère publique, le monastère devient le refuge de la culture et des droits de la Catalogne.
La statue de la Vierge de Montserrat, à la dévotion de laquelle les moines bénédictins se vouèrent à partir de la fin du XIIe siècle, est une statue romane en bois polychrome et doré, mesurant 95cm, une vierge assise, en majesté, protégeant l'Enfant sur les genoux, et tenant dans sa main droite la sphère de l'univers. La couleur de son visage et de ses mains (la Vierge noire ou "La Morenata") est due, dit-on, à l'oxydation lente du vernis blanc de plomb et à la fumée des nombreux cierges qui ont longtemps brûlé près de l'autel de la petite église romane qui l'abritait. L'origine de cette statue est totalement inconnue et la légende veut qu'elle ait été découverte dans une grotte vers 880 par des bergers qui avaient suivi un faisceau lumineux apparu dans la montagne : lors de sa tentative de transport vers Manresa, le village le plus proche, la statue aurait en quelque sorte "choisi son lieu de "séjour". Elle fait depuis l'objet d'une dévotion particulièrement populaire, dans le monde entier (de la Corée du Sud à la Russie), jusqu'à 2,7 millions de visiteurs en 2018, 1,7 millions accédant par la route (autocars ou véhicules), une route très pentue sur 8,5km, 620.000 par le Tren Cremallera et 339.000 par le Funicular Aeri, via la ligne Llobregat-Anoia qui part de Barcelone...
Trois incontournables constituent toute visite à Montserrat : atteindre et faire un voeux aux pieds de la statue de la Vierge de Montserrat, écouter en fin de matinée l'Escola Montserratina, se rendre à la Santa Cueva où tout a commencé....
Ecouter le choeur des enfants de l'Escola Montserratina, chantant deux hymnes dédiés à la Vierge, le Salve et le Virolai, tous les jours à 13h en la Basilique. Gagner, après une longue file d'attente, la niche dans laquelle se trouve la statue de la Vierge, au-dessus du maître-autel, et après avoir traversé des petites chapelles latérales décorées de peintures murales : on appose sa main aux pieds de la statue et l'on émet un souhait, souhait qui, s'il est réalisé, exigera de nous une nouvelle visite à Montserrat...
Outre la Basilique proprement dite, son portique et ses deux cloîtres, la plaça de Santa Maria, la place de la Creu (restaurants, boutiques), le visiteur peut se tourner vers l'imposante bibliothèque (le centre de tout monastère bénédictin), la salle capitulaire (lieu de réunion de la communauté), le cloître intérieur, le réfectoire, le musée (qui abrite l'une des plus importantes collections de peinture de la Catalogne, des oeuvres de Marià Fortuny, de Ramon Casas, Santiago Rusinol, mais aussi de Renoir, de Degas, Dali..). On peut aussi s'engager sur quelques chemins extérieurs, le chemin de Croix, le Chemin des Degotall...
A partir du monastère, on peut prendre deux funiculaires, celui de Santa Cueva, qui mène pour une part à la Sainte Grotte où la statue aurait été découverte, et le spectaculaire funiculaire de San Juan qui mène au Mirador de Montserrat et qui, par beau temps, dévoile toute la Catalogne. Le chemin (camino) de la Santa Cueva est long d'un 1km5, un véritable périple en peine nature parsemé de nombreux monuments offerts par des particuliers à la fin du XIXe et début du XXe, et des sculptures représentatives du modernisme catalan, oeuvres de Josep Puig i Cadafalch, Antoni Gaudi, Josep Llimona, en tout une quinzaine de mystères du Rosaire retraçant des épisodes de la vie, de la passion et de la mort du Christ et dont fut témoin la Vierge Marie, sa mère : de singuliers mystères architecturaux dédiés à la joie, à la douleur et à la résurrection du Christ mais aussi à l'assomption de Marie. La chapelle de Santa Cova se dresse à l'emplacement de la grotte d'origine et accueille les voeux des pèlerins. Mais si l'on souhaite rester à Montserrat même, on peut profiter de la vue spectaculaire qui s'offre depuis le Mirador des Apostols, tandis que ne cessent, toutes deux ou trois heures, les ballets incessants des autocars déversant la foule des pèlerins....