Comunidad Autónoma de Aragón - Huesca (Alquézar - Barbastro - Graus) - Zaragoza (Zaragoza) - Teruel (Alcañiz, Teruel) ...
Last update: 11/11/2017
La Comunidad Autónoma de Aragón est la quatrième Communauté autonome espagnole par la superficie, après Castilla y León, Castilla-La Mancha et l'Andalousie (une superficie plus importante que celle de la Belgique ou du Danemark), et Zaragoza, sa capitale, se situe à égal distance de Madrid, Barcelona, Bilbao et Valencia. La faible densité de la population est une de ses caractéristiques, sur plus d'un million d'habitants, la province de Zaragoza en abrite plus de 830.000 (dont Zaragoza 600.000), la province de Huesca, plus de 215.000, et la province de Teruel, un peu plus de 150.000 habitants. Sans aucun débouché maritime, territoire est le plus souvent aride compte tenu des reliefs qui arrêtent les influences océaniques et méditerranéennes (le Parque Nacional de Ordesa y Monte Perdido constitue l'une des parties les plus spectaculaires des Pyrénées espagnoles). Historiquement, la puissance de l'Aragon uni à la Catalogne s'imposa du XIIe au XVe siècle, l'unification de l'Espagne fut ici initiée lorsque Isabelle de Castille épousa Ferdinand le catholique en 1469, et l'architecture, notamment à Teruel, reste marquée par le style mudéjar, ses parements de brique et ses décorations en céramiques, qui se répandirent de la Reconquête jusqu'en 1609. Francisco de Goya y Lucientes (1746-1828) est l'artiste emblématique de l'Aragón, et Las Tamboradas, la fête rythmant la Semaine sainte...
Zaragoza
Capitale de l'Aragón et cinquième ville d'Espagne, à mi chemin entre Madrid et Barcelone, particulièrement dynamique (cf.l’Expo 2008), Zagaroza se situe au centre du bassin de l'Ebre et a su se reconstruire après les dégâts subis lors de la prise de la ville par les troupes françaises en 1808. Avec l'Ebre, la vaste plaza del Pilar constitue le visage emblématique de la ville, l'impressionnante Basilica de Nuestra Señora del Pilar y dressant ses onze coupoles ornées à l'intérieur de fresques dont certaines peintes par Goya, un joyau de l'art baroque construit entre le XVIIe et le XVIIIe siècle et l'une des destinations spirituelles les plus importantes d'Espagne avec la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. C'est dans la Santa Capilla, œuvre de Ventura Rodríguez, que l'on vient se recueillir devant une petite statue de la Vierge, dont on change tous les jours la cape : la mère du Christ serait apparue à saint Jacques en l'an 40, la nuit du 2 janvier, sur le pilier (pilar) qui la porte...
C'est le 12 octobre que se situe la "día de la Virgen del Pilar", les premiers jours s'organise la gigantesque offrande de fleurs au cours de laquelle des milliers de personnes venues du monde entier, vêtues de costumes régionaux, se rendent sur la place du Pilar et déposent auprès de la Vierge des millions de fleurs, et le 13 octobre, l'offrande des fruits (la Ofrenda de Frutos), enfin, le soir venu, le Rosario de Cristal débute, une procession de chars et de lampions en verre parcourant les rues de Zaragoza...
Non loin de la basilique se dressent l'hôtel de ville, la Lonja et le Palacio Episcopal. La Seo, la cathédrale San Salvador, ferme la plaza del Pilar à l'est, construite à partir de 1119 et dotée d'une façade baroque à l'angle de laquelleon peut admirer une décoration mudéjare de briques et d'azulejos. Poursuivant notre chemin, nous rencontrerons l'Iglesia de la Magdalena, au clocher mudéjar, des vestiges du forum romain. A l'ouest de la plaza, se dressent des fragments de remparts romains, l'église San Juan de los Panetes, la Fuente de la Hispanidad, qui dessine la carte de l'Amérique latine, et le Mercado de Lanuza. Plaza del Justicia, la magnifique façade baroque de l'Iglesia de Santa Isabel de Portugal comporte les statues d'Isabel de Portugal, Andrés Avelino et de Cayetano de Thiene, et cette église est au centre de la Semana Santa de Zaragoza (la procesión del Santo Entierro). Nombre d'églises valent un détour. Dans l'étroite Calle San Pablo, l'Iglesia Parroquial de San Pablo, construite au XIVe, offre un magnifique retable de Damià Forment (1480-1540), sculpteur du retable del Pilar et extraordinaire initiateur de la Renaissance en Espagne.
C'est dans un palais du XVIe siècle, le Museo Camón Aznar, que l'on pourra admirer la riche collection d'un amateur de Goya: on y expose notamment le premier autoportrait connu du peintre (Autorretrato, 1775), "El dos de mayo de 1808 o La carga de los mamelucos" (1814), "Retrato de Félix de Azara" (1805), "La Gloria o Adoración del nombre de Dios" (1772), Ésope et Ménippe (1778), "El sueño de la razón produce monstruos" (1799), et des oeuvres de œuvres de Juan Sariñena (Vera effigie du Vénérable Luis Beltrán, 1582), Francisco Pacheco (1621), Juan Antonio de Frías Escalante (1633-1669), Corrado Giaquinto (1703-1766), José Luzán (La Venue de la Vierge du Pilar à Saragosse, 1765), Felipe Abás (Le Christ crucifié agonisant, 1804), Francisco Pradilla Ortiz (le magnifique Portrait de la marquise d’Encinares, 1917)...
Le musée emblématique de la ville est le Museo Pablo Gargallo, situé dans le Palacio de los Condes de Argillo, consacré au sculpteur Pablo Emilio Gargallo Catalán (1881-1934), le père de la "sculpture découpée" qui vécut entre Barcelona et Paris (El Gran Profeta, Saludo Olímpico..). Et plaza de San Felipe, la statue d'un enfant assis regarde en direction d'une tour disparue, la Torre Nueva...
Calle de los Diputados se dresse La Aljafería, l'un des palais arabes les plus importants d'Espagne, l'un des rares témoignages d'un grand édifice de l'architecture islamique en Espagne à l'époque des Taïfas, avec la mosquée de Cordoue et l'Alhambra de Grenade, au XIe siècle. Enfin, parmi les principales zones commerciales de Zaragoza, citons la calle Alfonso I, qui relie la place du Pilar au Coso, la calle Don Jaime I, qui débouche sur La Seo, les ruelles du quartier El Tubo, constellé de bars à tapas, qui débouchent sur l'immense et commerçante Plaza de los Sitios..
Aux environs de Zaragoza, au nord, tout près des Pyrénées, la fameuse Comarca de las Cinco Villas témoignent des efforts des rois de Navarre pour reconquérir le territoire placé alors sous la domination musulmane. Et c'est ici que débuta la formation du royaume d'Aragón aux Xe et XIe siècles : Tauste, Sadaba, Ejea de los Caballeros, Uncastillo et Sos del Rey Catolico...
Alquézar
Situé dans la province de Huesca (Aragon), sur les contreforts des Pyrénées, Alquézar est le centre touristique du Parque natural de la Sierra y Cañones de Guara, à 51 km au nord-est de Huesca, sur le rebord du canyon du rio Vero. Au détour de la route, le village apparaît accroché aux rochers, déployant un dédale de ruelles tortueuses jusqu'aux ruines du château Al-Qasr - repris aux Arabes par le roi Sanchez Ier Ramirez à la fin du 11e siècle -, et de la Colegiata de Santa Maria La Mayor, le monument le plus visité de la région. Bâtie entre 1525 et 1532, la Collégiale abrite un atrium, des fresques des XVe et XVIe siècles dédiées à la vie du Christ, la Chapelle del Cristo de Lecina et son retable dédié à l'Assomption de la Vierge, un petit musée diocésain. Avec sa petite Plaza Mosen Rafael Ayerbe, Alquézar offre un minuscule ermitage, Nuestra Sra.De las Nieves, des petites ruelles à toiture et divers belvédères, dont celui de la Sonrisa al viento.
La Sierra y Cañones de Guara est connue pour ses quelques soixante-dix canyons, aux parois souvent abruptes, creusés par les nombreux rios qui ont érodés la roche calcaire de leurs eaux turquoises: les rios Vero, Barazil, Peonera, Formoga constituent les canyons les plus accessibles, le Balces ou l'Otin sont parmi les parcours les plus à risque. Les amateurs de canyoning et d'escalades y trouvent ici cascades, chaos de roches, grottes, piscines et toboggans naturels...
A 25km d'Alquézar, Barbastro est la capitale de la région viticole du Somontano et le point de départ des excursions dans les Pyrénées aragonaises. Sa cathédrale, connue pour être l’un des meilleurs exemples de l’architecture gothique de la renaissance en Aragon, recèle un extraordinaire retable du XVIe siècle...
A 50km d'Alquézar, Graus, capitale de la Ribagorza, est un petit bourg connu pour les façades peintes du XIXe de sa plaza Major (Casa del Barón, Casa Heredia, Casa Bardaxi). La Basílica de la Virgen de la Peña, de style gothique-renaissance, édifiée sous un rocher, la Peña del Morral, offre une vue panoramique de la ville...
Avec Alcañiz, nous pénétrons dans la province de Teruel, chef-lieu de la comarque de Bajo Aragón et deuxième ville de la province après Teruel, traversée par le Guadalope, un affluent de l'Èbre. La ville est située à 149 km de Teruel, à 105 km de Zaragoza. La province de Teruel possède la plus faible densité de population et un quart de celle-ci vit dans la capitale, le reste dans les 236 villages disséminés dans un décor typique de l'Espagne rurale, de hautes montagnes, de vertes vallées vertes et des plaines arides dans le nord...
Alcaniz est dominée par un monumental castillo qui fut le siège de la commanderie aragonaise de los Catravos au XIIe (aujourd'hui occupé par un parador). Ses rénovations successives permettent de visiter la Torre del Homenaje, connue pour son extraordinaire ensemble de peintures murales exécutées entre 1290 et 1375, et qui traite non seulement de la classique thématique religieuse de la vie du Christ (Visitation, Cène et Passion du Christ, Jugement dernier) mais aussi des thèmes profanes peu abordés à cette époque (combat entre chrétiens et musulmans, campement de l'ordre de Calatrava, cortège de chevaliers quittant une cité fortifiée, chevalier déchu par sa lascivité dans la "docella y el salvaje", entrée de Jaime Ier à Valencia, "las tres damas dolientes" où trois jeunes femmes attristées assistent au départ du chevalier....
Des fragments associés à cet ensemble ont été transférés à l'hôtel de ville et constitue la plus célèbre de ses peintures médiévales, la "Rueda de la Fortuna", symbole de la destinée cruelle de l'homme, retracée en quatre étapes irrémédiables : "regnabo" (le "je régnerai" (reinaré) de l'homme débordant d'ambition), "regno" (le "je règne" (reino) de l'homme triomphant tenant une coupe dans chaque main, symbole de l'équilibre entre passé et futur), 'regnavit" (le "j"ai régné" (reiné) de l'homme en pleine chute, essayant en vain de saisir la coupe qu'il a perdue), enfin "sum sine regno" (le "je n'ai plus de royaume" (estoy sin reino, carezco de reino) de l'homme écrasé par le Temps et le Destin)...
Enfin, la plaza de España offre, outre un Hôtel de Ville d'allure mudéjar (1565-1570), des arcades animées et une haute galerie gothique caractéristique du style aragonais de sa Lonja. Non loin, l'imposante collégiale de Santa María la Mayor, reconstruite au XVIIIe sur les vestiges d'une église du XIVe, associe à sa tour-clocher gothique une façade conjuguant tracés baroques et influences mudéjares...
Teruel...
Au sud de l'Aragon, à 171km de Zaragoza et 141km de Valencia, Teruel, 36.000 habitants, fut construite sur une colline et les nombreux musulmans qui continuèrent à y vivre après sa conquête par Alphonse II d'Aragon en 1171 lui donnèrent le patrimoine architectural de style mudéjar le plus célèbre d'Espagne (mudéjar turolense).
Un style qui mêle le gothique à des éléments de l'architecture islamique et qu'incarnent les quatre tours mudjédares de Teruel : les tours de San Salvador (calle Nueva) et de San Martín, dont les superbes structures de briques et de céramiques bleues et vertes datent du XIIIe siècle. Ces deux tours sont liées à la légende de Omar y Abdalá, deux jeunes gens devenus rivaux par amour de la même jeune femme, Zoraida. Une troisième tour domine l'Iglesia de San Pedro, la Torre de San Pedro, la plus ancienne des tours d'art mudéjar de Teruel, construite dans le dernier tiers du XIIIe siècle. La tour de Santa Maria de Mediavilla, située à côté de la cathédrale de Teruel, complète ce patrimoine exceptionnel...
La province de Teruel expose plus que toute autre la "ruta por el mudéjar aragonés" : l'église de Santiago el Mayor à Montalbán, construite vers la fin du XIIIe siècle, la tour de l'église de Nuestra Señora de la Asunción, à Muniesa, édifiée au XVIe siècle, la Catedral et l'Iglesia parroquial de la Magdalena, à Tarazona, un incontournable, l'Iglesia parroquial de Santa María, à Tauste, majestueuse…
C'est en général, en arrivant par la gare minuscule de Terruel, que l'on prend contact avec cette petite ville en gravissant les marches de l'extraordinaire escalier du Paseo del Óvalo construite en 1920 et qui mène au centre historique....
Teruel est aussi une ville de légende, celle de la célèbre histoire des amants de Teruel qui reposent aujourd'hui dans un mausolée qui leur est entièrement dédié (Mausoleo de los Amantes). La légende remonte au XIIIe siècle, Diego de Marcilla ne pouvait obtenir la main de sa bien-aimée, Isabel de Segura, que s'il parvenait en cinq ans à faire fortune, mais il revint un jour trop tard après que le père de celle-ci l'ait donné en noces à un riche noble local. Le coeur brisé, il mourut aux pieds de la jeune épouse qui lui refusait un baiser; mais celle-ci, le lendemain, expira alors qu'elle embrassait le corps de Diego avant qu'on l'inhume; il fut décidé de les enterrer ensemble. Chaque année la ville recrée Las Bodas de Isabel…
Le Mausoleo de los Amantes est en fait annexé à l'Iglesia de San Pedro, une extraordinaire église construite au 14e siècle dans le style de l'art mauresque aragonais, une seule nef couverte d'une voûte nervurée, sans transept et avec des chapelles latérales entre les contreforts, très colorée et magnifiquement restaurée, le retable de l'autel principal de style Renaissance en bois sculpté...
Les principales petites rues convergent toutes vers la plaza del Torico, une place ornée en son centre d'une colonne surmontée de la sculpture d'un petit taureau, devenu le symbole de la ville. Autour de cette place, plusieurs façades de style art nouveau construites au début du XXe siècle, comme la Casa Ferrán ou La Madrileña...
Toute l'animation de Teruel est ici concentrée autour de la plaza del Torico,, les terrasses bondées, exception faites bien-entendu des heures les plus chaudes de la journée…
La Catedral de Santa María de Mediavilla, construite au XIIIe siècle sur une église antérieure, est tenue pour un élément important du patrimoine mudéjar de Teruel, on y admire sa tour carrée, l'une des plus anciennes tours mauresques d'Espagne (1257) et ses tourelles avec leur décoration en céramique, une coupole de style mudéjar comme on en trouve que dans les cathédrales de Zaragoza et de Tarazona. A l'intérieur de la cathédrale, de remarquables plafonds à caissons datant du XIVe siècle et couverts de thèmes décoratifs mais par trop fortement rénovés…
La vieille ville de Teruel, dont la restauration n'est pas achevée, est isolée de ses quartiers les plus modernes par un précipice que comblait jadis l'aqueduc de los Arcos, une construction du XVIe siècle, qui acheminait l'eau et assurait le passage piétonnier, que complètent aujourd'hui au sud deux autres ponts, qui traversent el barranco de San Julián, le Viaducto de Fernando Hué (1929), uniquement piétonnier, et le viaducto Nuevo (1992, 231m, 8.000 véhicules par jour, sur la route historique vers Valencia). Dans la partie plus moderne de Teruel, se trouvent le Palacio de Congresos et Dinópolis, un parc thématique sur les dinosaures..
El torico se pone el pañuelo - La "fiestas de la vaquilla del ángel" est la principale fête de Teruel, pendant trois jours la petite ville triple sa population, près de 100.000 personnes plongent dans l'euphorie collective : la rue est en fête, populaire, spectacles de rue, concerts, présentation de taureaux, lâchers de génisses et corridas dans les arènes, sans oublier moment gastronomique par excellence (el reconocido Jamón de Teruel D.O.P). Ici la fête débute, comme toutes les fêtes de cette petite ville, par un hommage à son emblème le plus précieux, le "torico", la sculpture du petit taureau qui surmonte une colonne de 6m de haut située au centre de la plaza del Torico : deux "peñistas" escaladent la colonne pour y placer le traditionnel mouchoir rouge autour du cou du petit taureau, l'institution est assez récente (1982) et a pris depuis de l'ampleur. La ville commémore ainsi en début juillet sa fondation, une fondation que la légende attribue à des chevaliers aragonais qui, s'emparèrent de la forteresse musulmane à laquelle un taureau les avait conduits. Au même moment, à 300km de là, débutent à Pamplona les fameuses fêtes de San Fermin...