Flandre (Vlaams Gewest) - Anvers (Antwerpen) - Bruges (Brugge) - Gand (Gent) - Malines
(Mechelen) - Louvain (Leuven) - ...
Last update : 02/02/2017
Brugge (Bruges) est une ville du Nord de la Belgique et principale attraction de la Flandre occidentale avec ses 5 à 6 millions de visiteurs par an pour une
population de 119.000 habitants (Bruges intra-muros vit essentiellement du tourisme). Bordée par la mer du Nord sur sa face Ouest, à 15km, et par les Pays-Bas au Nord et à l’Est, Brugge a
conservé de son riche passé un centre médiéval parfaitement conservé, avec son beffroi surplombant la place du Markt. Durant le Moyen Age, Brugge est devenue le principal centre commercial de
l'Europe du Nord-ouest, exportant ses draps et ses tissus en laine. Au XVe siècle, Brugge connaît son apogée, la ville devient un centre mondial de la finance et, à la suite des ducs de
Bourgogne, les grands Primitifs Flamands s’y établissent : les oeuvres de Jan Van Eyck et de Hans Memling peuvent être admirées au Musée Groeninge, à l’Hôpital Saint-Jean, dans la Cathédrale
Saint-Sauveur et dans l’Église Notre-Dame. Avec son centre ville cerclé d'un réseau de canaux qu'empruntent un million de touristes l'an, Brugge a reçu le surnom de "Venise du Nord", et le
Rozenhoedkaai est l'endroit le plus photographié de la ville.
La ville s'est ensuite assoupie près de six siècles. C'est au début du XXe qu'elle connaît une véritable renaissance touristique et commerciale avec
notamment la mise en oeuvre du port de Zeebrugge. Steenstraat, Zuidzandstraat, Zilverstraat et Simon Stevinplein représentent les principales artères marchandes de la ville : Brugge compte plus
de 50 chocolatiers en activité et sa dentelle est renommée dans le monde entier.
Enfin, Zeebrugge, station balnéaire et port, est à 30 mn de Bruges.
wat te zien, wat te doen, experimenteren in Brugge...
Visiter la place du Markt, coeur de la cité de Bruges, dominée par le beffroi, véritable symbole de la ville, tour de 83m qui peut être gravie par un escalier en colimaçon de 366 marches…
Visiter la Burgplatz, où se dressent quatre des principaux monuments de la ville : la petite basilique du Saint-Sang (Heiligbloedkapel), qui recèle une célèbre relique, les quelques gouttes du sang du Christ que Thierry d'Alsace, comte de Flandre, rapporta de Terre Sainte en 1150 et dont il fit don à la ville; l'Hôtel de ville (Stadhuis), gothique 1376-1420; l'Ancien Greffe, de style renaissance 1534-1537; le Palais du Franc de Bruges(Paleis van het Brugse Vrije), de 1722-27...
Se promener sur le Groenerei, franchir les deux plus vieux ponts de la ville (Meebrug, Peerdenbrug),
gagner la petite Huidenvettersplein (place des Tanneurs),
et contempler la si romantique vue depuis le Rozenhoedkaai (Quai du Rosaire) sur les canaux, la basilique du Sain-Sang, l'hôtel de ville, le beffroi…
Faire une balade sur les canaux de la ville à partir d'un des cinq embarcadères qu'offre Bruges….
Choisir et visiter un musée emblématique,
- le Musée de Groeninge (Groeningemuseum), renommé pour ses primitifs flamands du XVe siècle et des maniéristes du 16ème siècle (Jan van Eick, Petrus Christus, Hans Memling, Gérard David, Jérôme Bosch, Hugo van des Goes), mais expose aussi le style néoclassique (Suvée, Ducq, Kinsoen, Duvivier, Albert Grégorius et Odevaere) et l’expressionnisme flamand et le surréalime belge (De Smet, Magritte, Minne, Delvaux, Brusselmans, de Permeke, Tytgat et Van den Berghe)...
- le Musée Memling situé dans l'hôpital Saint-Jean (Oud Sint-Janshospitaal), qui expose six chef d'oeuvre de Hans Memling, dont "Le Mariage mystique de sainte Catherine" (1479), la "Châsse de sainte Ursule" (1489), le "Diptyque de Maarten van Nieuwenhove" (1487)..,
- le palais des seigneurs de Gruuthuse (Gruuthusemuseum), qui abrite un musée consacré aux modes de vie du XVème, une des pièces maîtresse des lieux est le buste de Charles Quint réalisé en terre cuite puis peint datant de 1520..
Quant aux autres musées, catégorie divers, Bruges fut la seule ville pendant longtemps à dédier des musées spécifiques tant au Chocolat (Choco-Story) qu'à la Frite (Musée de la Frite), standardisation du tourisme aidant, nombre de villes lui ont depuis emprunté l'idée..
Se recueillir dans l'une des si nombreuses églises de Bruges :
- la modeste Basilique du Saint-Sang (Heilig-Bloedbasiliek) située sur la Place du Burg et accolée à l’hôtel de ville, une façade grise réhaussée par des sculptures dorées ne disposant pas de clocher. Elle comporte deux niveaux, la chapelle Sainte-Basile de style roman datant du 12ème siècle (a seule chapelle romane de toute la Flandre occidentale), et, au premier étage, la chapelle du Saint-Sang, reconstruite au 19e pour accueillir la relique du Saint-Sang...
- la monumentale église Notre-Dame (Vrouwekerk), avec sa tour de 115m qui domine la ville, et qui abrite la "Vierge à l'enfant", une statue en marbre réalisée par Michel-Ange entre 1501 et 1504, les Mausolées de Marie de Bourgogne (1502) et de de Charles le Téméraire (1562),
- la cathédrale Saint-Sauveur (Sint-Salvatorskatedraal) flanquée d'une tour haute de 79 m, la plus ancienne église de Bruges,
- l'église Saint-Jacques (Sint-Jakobskerk), dans le quartier Steenstraatkwartier, riche en objets d'art dont la "légende de sainte Lucie de Syracuse" (1480),
- l'église Sainte-Anne (Sint-Annakerk), la sobriété de son extérieur contraste avec la surprenante décoration baroque de son intérieur, une immense toile peinte en 1685 par le peintre flamand Hendrik Herregouts représentant le jugement dernier surplombe la porte d’entrée tandis que les murs, recouverts de lambris en bois sculpté, supportent des oeuvres de Jan Garemijn,
- enfin l'église Sainte-Walburge (Sint-Walburgakerk), église contre-réformiste par excellence construite au milieu du 17e siècle….
Boire une bière, la Brugse Zot ou la Straffe Hendrik, ou autres marques de bière, plus de 500 camions-citerne acheminent par an à travers les ruelles de Bruges le précieux liquide (un précieux breuvage inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité depuis 2016), acheminement qui prend aujourd'hui la voie d'une pipeline pouvant alimenter la brasserie principale à hauteur de 4 millions de litres de bière l'an ...
- sur le Walplein, l'une des petites places les plus animées de Bruges, peuplées de nombreux restaurants et abritant aujourd'hui l'unique brasserie encore en activité du centre de la ville, De Halve Maan fondée en 1856,
- l'Eiermarkt, au centre duquel se trouve une pompe à eau monumentale surmontée d'un lion et d'un ours qui portent l'écu de Bruges entre leurs griffes (1761),
- la place Simon Stevin (Simon Stevinplein), du nom de l'une des figures du XVIIe siècle que la Flandre ait connu, est toute en longueur, accessible via une des rues commerçantes majeures (la Steenstraat), entourée par de petites rues pavées, les boutiques y alternent avec les cafés,
- la place Jan Van Eyck (Jan van Eyckplein), petite place pavée au bout d’un canal, entre les rues Piegelrei et Spinolarei, au Nord de la cité, jadis point d'accostage des bateaux marchands, aujourd'hui souvent délaissée, on y boit à l'ombre de la statue du peintre ...
- ou le bar aux 300 bières de Korte Zilverstraat ou les 130 bières régionales de De Garre…
Visiter la quiétude du "béguinage" (Beginenhof) et de ses petites maisons blanches qui datent du 15ème au 18ème siècle, un village dans la ville (De Wijngaard), son jardin de couvent silencieux et son musée, datant de 1245 (Marguerite de Constantinople) et isolé de la ville par un mur d’enceintes et des douves, le couvent des béguines abrita de nombreuses femmes ayant choisi de rejoindre la vie religieuse pour quelques temps, ou l'intemporel, c'est une tradition que l'on retrouve à Bruxelles, Gand (Klein begijnhof, XIIIe siècle, Jeanne de Constantinople), Anvers, Louvain (Groot Begijnhof, 1234) et Courtrai (Begijnhof Sint-Elisabeth, 1238), Mechelen, Hoogstraten...
puis gagner le parc Minnewater (Lac d'amour), havre de verdure...
Chaque année, à l'Ascension (mai), entre 30 000 et 45 000 spectateurs se rassemblent pour assister à la Procession du Saint-Sang (Edele Confrerie Van Het Heilig Bloed) : le style actuel de la procession s’ inspire des années 1400., plus de 1 700 brugeois à pied, à cheval ou dans des chars font revivre des scènes de l’Ancien Testament, de la vie de Jésus et de l’histoire de Bruges, rendant visible une fois l'an la célèbre relique du Sang sacré de Jésus-Christ, rapportée de la deuxième Croisade, d’après le tradition, par Thierry d’Alsace, comte de Flandre (1150) et s'achevant par un office de prière près de la basilique qui lui est dédiée…
Le roman de Georges Rodenbach (1855-1898), "Bruges la Morte" connut une grande notoriété dans la deuxième moitité du 19e siècle : publié d'abord en feuilleton dans les colonnes du Figaro du 4 au 14 février 1892, puis en volume en mai de la même année, ce roman symboliste centré sur une Bruges sombre, morne et grise, miroir d'un personnage central, un veuf qui ne parvient pas à se remettre de la mort de sa femme, contribua au regain d'intérêt pour Bruges, quand bien même ce regain fut-il inspiré par une vision très négative de ses quais, de ses rues désertes, de ses vieilles demeures, ses canaux, son béguinage, ses églises, son beffroi. Un soir, à la sortie de Notre-Dame, Hugues Viane rencontre une jeune inconnue dont la ressemblance avec la défunte le remplit de stupeur : devenant son amant, il espère retrouver le bonheur qu'il a connu, mais le roman s'achève en tragédie, Hugues Viane étrangle Jane lors de la procession du Saint-Sang.
"... Hugues recommençait chaque soir le même itinéraire, suivant la ligne des quais, d'une marche indécise, un
peu voûté déjà, quoiqu'il eût seulement quarante ans. Mais le veuvage avait été pour lui un automne précoce.
Les tempes étaient dégarnies, les cheveux pleins de cendre grise. Ses yeux fanés regardaient loin, très
loin, au delà de la vie.
Et comme Bruges aussi était triste en ces fins d'après-midi ! Il l'aimait ainsi ! C'est pour sa tristesse même qu'il l'avait choisie et y était venu
vivre après le grand désastre. Jadis, dans les temps de bonheur, quand il voyageait avec sa femme, vivant à sa fantaisie, d'une existence un peu cosmopolite, à Paris, en pays étranger, au
bord de la mer, il y était venu avec elle, en passant, sans que la grande mélancolie
d'ici pût influencer leur joie. Mais plus tard, resté seul, il s'était ressouvenu de Bruges et
avait eu l'intuition instantanée qu'il fallait s'y fixer désormais. Une équation mystérieuse s'établissait. À l'épouse morte
devait correspondre une ville morte. Son grand deuil exigeait un tel décor. La vie ne lui serait supportable
qu'ici. Il y était venu d'instinct. Que le monde, ailleurs, s'agite, bruisse, allume ses fêtes, tresse ses mille rumeurs. Il avait
besoin de slence infini et d'une existence si monotone qu'elle ne lui donnerait presque plus la sensation de vivre. Autour des douleurs
physiques, pourquoi faut-il se taire, étouffer les pas dans une chambre de malade ? Pourquoi les
bruits, pourquoi les voix semblent-ils déranger la charpie et rouvrir la plaie ?
Aux souffrances morales, le bruit aussi fait mal. Dans l'atmosphère muette des eaux et des rues
inanimées, Hugues avait moins senti la souffrance de son cœur, il avait pensé plus doucement à la morte. Il l'avait mieux revue,
mieux entendue, retrouvant au fil des canaux son visage d'Ophélie en allée, écoutant sa voix dans la chanson grêle et
lointaine des carillons. La ville, elle aussi, aimée et belle jadis, incarnait de la sorte ses regrets.
Bruges était sa morte. Et sa morte était Bruges. Tout s'unifiait en une destinée pareille. C'était
Bruges-la-Morte, elle-même mise au tombeau de ses quais de pierre, avec les artères froidies de ses canaux, quand
avait cessé d'y battre la grande pulsation de la mer.
Ce soir-là, plus que jamais, tandis qu'il cheminait au hasard, le noir
souvenir le hanta, émergea de dessous les ponts où pleurent les visages de sources invisibles. Une
impression mortuaire émanait des logis clos, des vitres comme des yeux brouillés d'agonie, des pignons
décalquant dans l'eau des escaliers de crêpe. Il longea le Quai Vert, le Quai du Miroir,
s'éloigna vers le Pont du Moulin, les banlieues tristes bordées de peupliers. Et partout, sur sa tête, l'égouttement froid, les
petites notes salées des cloches de paroisse, projetées comme d'un goupillon pour quelque absoute. Dans cette solitude du
soir et de l'automne, où le vent balayait les dernières feuilles, il éprouva plus que jamais le désir d'avoir fini sa
vie et l'impatience du tombeau. Il semblait qu'une ombre s'allongeât des tours sur son âme; qu'un
conseil vînt des vieux murs jusqu'à lui ; qu'une voix chuchotante montât de l'eau — l'eau
s'en venant au-devant de lui, comme elle vint au-devant d'Ophélie, ainsi que le racontent les fossoyeurs de Shakespeare. Plus
d'une fois déjà il s'était senti circonvenu ainsi. Il avait entendu la lente persuasion des pierres ; il avait vraiment surpris l'ordre
des choses de ne pas survivre à la mort d'alentour. Et il avait songé à se tuer, sérieusement et longtemps. Ah ! cette
femme, comme il l'avait adorée ! Ses yeux encore sur lui ! Et sa voix qu'il poursuivait toujours, enfouie au bout de l'horizon, si loin ! ..."
Au XVe siècle, les élites brugeoises et les diverses confréries religieuses au sein desquelles se côtoyaient nobles, mais aussi les marchands étrangers, et en particulier italiens, se tournent vers Bruges, alors l'un des plus grand centre artistique d'Europe.
Le Musée de Groeninge (Groeningemuseum) abrite la "Vierge au chanoine Van der Paele", peint par Jan van Eyck entre 1434 et 1436, le portrait de Margaret van Eyck (1439), mais aussi des oeuvres de Hugo van der Goes (vers 1440-1482), la "Mort de la Vierge" (1470), "Triptyque de saint Hippolyte" (1475); de Petrus Christus (1410/1420-1475/1476), "L'Annonciation" (1452), "Isabelle de Portugal avec sainte Élisabeth" (1457), une "Nativité" (1452); de Gérard David (1450-1523), "Baptême du Christ", "Justice de Cambyse", (1498), le Triptyque de "Jan Des Trompes" (1505), "Transfiguration"; de Pieter Pourbus (1523-1584), les Portraits de Jan van Eyewerve et de Jacqumyne Buuck, un "Dernier jugement" de 1551; du Maître de la légende de Sainte Lucie, une "Lamentation" (1490), et la légende elle-même (1475); de Jan Provost, le diptyque de la mort et de la pauvreté; de Rogier van der Weyden, un "Saint Luc dessinant le portrait de la Vierge"...
Le Musée Memling, situé dans l'hôpital Saint-Jean (Oud Sint-Janshospitaal), y expose la fabuleuse "châsse de sainte Ursule" et de nombreux chefs-d'oeuvre du peintre Hans Memling (1435/1440 - 1494): Le "Mariage mystique de sainte Catherine" (1479), le "Triptyque de Jan Floreins", le "Triptyque d'Adriaan Reins", le "Triptyque Moreel", le "Diptyque de Maarten van Nieuwenhove"...
Jeruzalemkapel (Chapelle de Jérusalem)
Construite dans la première moitié du XVe siècle d'après les plans du Saint-Sépulcre de Jérusalem par la famille Adornes, la "Jeruzalemkapel", seule église privée de Belgique,
possède un intérieur remarquable. Oppicino Adorno était un commerçant originaire de Gênes : lié au comte de Flandre, il préféra s'installer dans la région au XIIIe siècle et fonda l'une des
familles les plus puissantes de Bruges. Anselme Adorno (1424-1483) et son fils Jean réalisèrent en 1470-1471 un voyage en Terre sainte : la tour de l'église est couronnée par la croix de
Jérusalem surmontée de la roue et de la palme de Sainte Catherine, le tout faisant référence à ce voyage à Jérusalem et au Mont Sinaï.
Les vitraux de l'église de Jérusalem datant du XVIe siècle sont extraordinaires de finesse et illustrent les membres de la célèbre famille des Adornes, accompagnés pour chacun d'entre eux
de leur Saint Patron. Au centre de la nef se dresse, en pierre noire de Tournai, le gisant d'Anselme Adornes et de son épouse, Marguerite Van der Bank, décédée en 1472 : Anselme Adorno fut
assassiné en Ecosse en 1483 et son coeur fut ramené à Bruges pour être déposé auprès de sa femme. Un autel surélevé symbolise la colline du Golgotha où fut crucifié le Christ, et les
instruments de la Passion y sont représentés : ces objets en miniatures ( marteaux, clous, tenailles, échelles) servent d'aide à la contemplation des souffrances du Christ. Dans la crypte,
derrière un portail réalisé en fer forgé, a été reconstituée le tombeau du Christ.
Les Flandres (Flanders , Vlaanderen)
"Les Flamandes dansent sans rien dire Sans rien dire aux dimanches sonnants Les Flamandes dansent sans rien dire Les Flamandes ça n'est pas causant Si elles dansent, c'est parce qu'elles ont vingt ans Et qu'à vingt ans il faut se fiancer Se fiancer pour pouvoir se marier Et se marier pour avoir des enfants C'est ce que leur ont dit leurs parents", chante Jacques Brel (Marieke, Les Flamandes, 1961), né d’une mère bruxelloise et d’un père flamand. L'atmosphère nordique et romantique des cités belges, leur architecture médiévale se mêlant aux lignes avant-gardistes des édifices contemporains, leur patrimoine artistique, de Jan van Eyck, Rogier van der Weyden, the Brueghels, Rubens, Jordaens, Van Dyck à Magritte, la taille des villes à échelle humaine permettant toutes les explorations (zones piétionnes et petites places pleine de charme y prospèrent), la bière et le chocolat, bien sûr, sa gastronomie particulièrement appréciées outre-atlantique, sont quelques-unes des nombreuses raisons qui poussent à visiter les Flandres. Cette région de Belgique, qui compte 6 millions d'habitants (60 % de la population belge), ouverte sur la mer du Nord et qui jouxte la France, au sud, est un but de voyage particulièrement attractif à l'occasion de Noël quand les villes resplendissent des lumières des fêtes. L'histoire de la Flandre depuis l'établissement de la Belgique en 1830 jusqu'avant la Seconde Guerre mondiale est dominée, reste encore dominée, par la lutte des Flamands pour obtenir des droits égaux à ceux de leurs concitoyens francophones, contestations rendues nécessaires du fait des discriminations linguistiques qu'ils subissaient dans un État pensé au départ par des francophones flamands et wallons appartenant à la noblesse et à la bourgeoisie.
Le plus grand centre urbain des Flandres (et le deuxième de la Belgique après Bruxelles) est la cité industrielle, universitaire et commerciale d'Anvers (Antwerpen), installée sur les rives de l'estuaire de l'Escaut. Ville cosmopolite et innovante depuis toujours, elle est célèbre pour ses activités commerciales de deuxième port européen après Rotterdam, pour Pierre Paul Rubens, son fils le plus célèbre, et surtout pour son savoir-faire en matière de taille et de commerce des diamants. Ces dernières années, elle s'est de surcroît découvert une vocation pour la mode, l'art contemporain et le design. À 60 km de distance, à peine, se trouve Gand (Gent), délicieuse cité surgie sur une poignée de petites îles au confluent de la Lys et de l'Escaut, prestigieux centre universitaire international et fascinante métropole à taille humaine, qui a su unir sa vocation industrielle à la richesse d'une longue histoire et de ses initiatives culturelles. Mais le véritable joyau des Flandres est Bruges (Brugge), la ville la plus visitée du pays pour son centre médiéval presque intact, qui est le mieux conservé d'Europe. La ville, qui se situe à 56 km de Gand et environ 10 km de la côte, est reliée à la mer du Nord. A noter dans la région du Westhoek, Ypres, dont les monuments et maisons anciennes ont été reconstruits à l'identique après la Première Guerre mondiale et qui abrite sans doute le meilleur musée consacré à cette tragique guerre...
Malines (Mechelen),
entre Bruxelles et Anvers (30km), la ville de 85.000 hab. compte nombre de monuments et palais, huit églises gothiques et baroques des 14ème au 17ème siècles, dont la cathédrale Saint-Rombaut (St-Romboutskathedraal) du XIIIe siècle et sa vue panoramique du haut des 97 mètres de son clocher, abritant des oeuvres de Michiel van Coxcie (1580), des sculptures de Lucas Faydherbe (1650), un triptyque de Jan Snellinck (1601), Sint-Janskerk et son retable de "l'Adoration des Mages" peint par Pierre Paul Rubens (1619), Onze-Lieve-Vrouw-over-de-Dijlekerk et "la Pêche miraculeuse", autre retable de Rubens (1619), un Stadsmuseum qui expose une "Torture de Saint Victor" d'un maître flamand inconnu (1490), enfin, pourquoi pas, le Martin’s Patershof, une ancienne église transformée en un hôtel de luxe...
Louvain (Leuven)
à 60km d'Anvers, la ville de 100.000 hab. est capitale de la bière (Anheuser-Busch InBev est le plus grand groupe brassicole au monde de par le volume de bière brassée) et ville universitaire prestigieuse (Katholieke Universiteit te Leuven), bordée par la Dyle, connue pour son hôtel de ville (Stadhuis Leuven), chef-d'œuvre du gothique doté de grandes flèches et décoré de centaines de statues de personnalités locales, de personnages bibliques et de saints, donnant sur la Grote Markt, la collégiale Saint-Pierre (Sint-Pieterskerk)de style gothique tardif qui abrite un magnifique triptyque du peintre primitif flamand Dirk Bouts (1415-1475), fameux pour ses nombreux tableaux religieux et sa maîtrise de la perspective - "Altarpiece of the Holy Sacrament" (1464-67), comportant "Martyrdom of St Erasmus", "The Feast of the Passover", "Prophet Elijah in the Desert", "The Gathering of the Manna", "The Last Supper" -, et un "Edelheere Altarpiece" (1443) d'un maître flamand inconnu, Kerk Sint-Kwintenkerk, et une oeuvre de Jan van den Hoecke, "Entombment" (1625), et pour une toute autre atmosphère Oude Markt, une longue place bordée de bars et de cafés...
Anvers (Antwerp)
L’agglomération anversoise est la deuxième plus peuplée de Belgique, après Bruxelles, et compte 1 250 000 habitants. On dit habituellement que pendant que Bruxelles et Bruges attirent les touristes (sur les 13 millions de touristes dont plus de 6 millions originaires des pays limitrophes, que connaît la Belgique, la Flandre en attire 8 millions, Bruxelles 3 millions), Anvers, elle, vaque à ses affaires. Pourtant, Anvers a dominé aux XVIe et XVIIe siècles la vie intellectuelle, commerçante et artistique des Pays-Bas. La richesse et la splendeur de la cité durant ces siècles se mesurent et se résument sur la place centrale, le Grote Markt, bordée par les sièges des anciennes corporations (XVIe siècle) avec leurs grandes fenêtres et leurs pignons découpés, surmontés de statues dorées.
Parmi ces édifices, le Stadhuis (hôtel de ville) mélange des éléments architecturaux nordiques et flamands avec des rappels de la Renaissance italienne. Au centre de la grand-place, la fontaine de Silvius Brabo (1887) rappelle la légende de ce légionnaire romain qui aurait tué Druon Antigone, un géant cruel qui rançonnait les bateaux passant sur l'Escaut et coupait les mains des mauvais payeurs. Le légionnaire lui aurait ensuite coupé une main pour la jeter dans l'Escaut - d'où l'étymologie populaire du nom flamand de la ville, Antwerpen (de hand werpen, "jeter la main").
Au sud se dresse le plus grand édifice public d'Anvers, la cathédrale Notre-Dame (Onze-Lieve-VrouwekKatedraal), construite en style gothique brabançon, de 1352 à 1521, avec ses sept nefs et ses cent vingt-cinq piliers : c'est la plus grande église du Benelux. Sa masse imposante se dresse entre les maisons qui l'enserrent, dans un grand déploiement de tours, de flèches et de clochetons. Le clocher, de style gothique flamboyant, culmine à 123 m de hauteur; il est célèbre pour son carillon de 47 cloches. Dans l'intérieur monumental, on admirera une somptueuse chaire baroque et quelques chefs-d'œuvre de Rubens, les scènes bibliques les plus émouvantes, reconnait-on, jamais peintes : la Résurrection (1612), l'Érection de la Croix (1610), l'Assomption et la Descente de Croix (1612-14) - une des sept merveilles de la Belgique...
D'autres toiles de Rubens, à côté de tableaux de Van Dyck, de Jordaens et d'autres maîtres flamands du XVIIe siècle, ornent St.-Pauluskerk (Adoration of the Shepherds, 1608), St. Augustinuskerk, Sint-Jacobskerk (Rubens, Our Lady with the Saints, 1634)...
Au XVIIe siècle, les jésuites ont donné à leur église Saint-Charles-Borromée une façade inspirée de modèles romains, qui justifierait son attribution traditionnelle à Rubens, dans la période qui suivit le séjour de l'artiste en Italie, une thèse qui n'est toutefois étayée par aucun document. Les souvenirs les plus marquants du grand peintre flamand se trouvent dans la maison de Rubens (Rubenshuis), demeure où l'artiste a habité de 1610 à sa mort (1640) et dont il fit un atelier riche d'un grand nombre de peintures.
Vers la moitié du XVIe siècle, les Anversois nantis se mettent à collectionner des œuvres d'art. Vers 1610, des peintres anversois comme Frans Francken II choisissent de représenter leurs cabinets d'art. Ils donnent ainsi naissance à un nouveau genre pictural local, dont Le cabinet d'art de Sebastiaan Leerse est un bel exemple (KMSKA)..
L'imposant musée royal des beaux-arts d'Anvers (KMSKA, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen), en face duquel se tient la singulière "Fontaine profonde" de la sculptrice espagnole Cristina Iglesias, abrite une riche collection de peintures, sculptures et dessins du XIVe au XXe siècle, des primitifs flamands, Lucas Cranach (Eve), Jean Fouquet (Madone entourée de séraphins et de chérubins, 1452), Quinten Metsijs (Triptyque des menuisiers, 1503), Joachim Patinir (Paysage avec la fuite en Égypte, 1516), Pieter Bruegel l’Ancien (La Danse de la mariée), Joachim Beuckelaer (Le marché aux légumes, 1567), de Peter Paul Rubens (Venus Frigida, 1614, Fils prodigue, 1618, L'adoration des mages, 1624, Gaspard Gevartius, Le triptyque Rockox), Adriaen Brouwer (Vieil homme dans une taverne), de Rembrandt (Le prédicateur Eleazar Swalmius, 1637), Cornelis de Vos (Abraham Grapheus, 1620), Jacob Jordaens (Les vieux chantent, les jeunes piaillent, 1638), Franciscus Gijsbrechts (Vanitas, 1677),...
... Alfred Stevens (Le sphinx parisien, 1867), Henri De Braekeleer (L'Homme à la chaise, 1875), Alexandre Cabanel (Cléopâtre essayant des poisons sur des condamnés à mort, 1887), Henri Leys (La visite d’Albrecht Dürer à Anvers), Henri De Braekeleer (Le Repas), Léon Frédéric (Les boëchelles, 1888), Theo Van Rysselberghe (Maria Sèthe à l’harmonium, 1891), Gustave De Smet (Les mangeurs de moules, 1923), Frits Van den Berghe (Paul Gustave Van Hecke et sa femme Norine, 1923), Gustave Van De Woestyne (Gustave et sa soeur, 1923), une collection James Ensor, le peintre des masques et de scènes étranges et grotesques, la plus importante au monde (La mangeuse d'huitres, 1882, Après-midi à Ostende, 1881, L'intrigue, 1890) et celle de Rik Wouters, la plus vaste (La repasseuse, 1912)...
Le musée Mayer Van den Bergh est installé dans un bâtiment néogothique bâti en 1901. Dédié au conservateur et académicien Fritz Mayer Van den Bergh, il abrite les 3098 œuvres d'art rassemblées par le collectionneur à la fin du XIXe siècle : tableaux, sculptures, céramiques, monnaies et argenterie, sans oublier quelques chefs-d'œuvre de la peinture, tels que "La Dulle Griet" (1564), de Bruegel I'Ancien, spectaculaire évocation de la guerre, St Catherine of Alexandria and St Barbara de Lucas Cranach, ..
Rockoxhuis (Rockox House), un musée, deux maisons, Den Gulden Rinck, celle de Nicolaas Rockox (1603), bourgmestre d'Antwerpen et amateur d'art et à côté de Fortuyne (1622), demeure du peintre Frans Snijders et de son épouse Margriete de Vos, expose "Les Douze Proverbes" (1558) de Bruegel Ie jeune, une étude de tête d'homme d'Anthony van Dyck...
La création contemporaine est à l'honneur au MuHKA, le musée d'Art contemporain aménagé dans un ancien silo à céréales, ainsi qu'au MoMu, musée de la Mode, qui est consacré aux vêtements qui ont marqué l'histoire de la mode. C'est dans les années 80 qu'ont émergé les "Six d'Anvers" (Dries van Noten, Anne Demeulemeester, Walter van Beirendonck et Dirk Bikkembergs), consacrant l'essor de la mode belge...
Palais anciens et architectures modernes se succèdent le long de la rue Meir, lieu idéal pour le shopping. Le quartier Het Zuid, dans le secteur sud de la ville, est à la fois élégant et très animé, avec ses boîtes de nuit glamour, ses restaurants branchés et ses nombreuses galeries d'art sur la rive de l'Escaut. Entre le centre historique et le port, le quartier résolument tourné vers l'avenir, Het Eilandje, accueille le centre d'art contemporain Extra City et le nouveau Museum aan de Strom, conçu par les architectes hollandais Willem jan Neutelings et Michiel Riedjik....
Gand (Ghent)
Au confluent de la Lys et de l'Escaut, Gand est la première ville étudiante de Belgique, son port maritime est le troisième du pays (Haven van Gent), - accessible par le Canal Gand-Terneuzen qui rejoint la Mer du Nord. Gand, qui compte que 450.000 habitants et tranche par son dynamisme avec Bruges, attire chaque année près de deux millions de visiteurs ne serait-ce qu'au travers de sa "Gentse Feesten" en juillet (l'un des plus grands festivals d'Europe). Le centre historique de la ville offre aux touristes le charme de ses perspectives médiévales, ses balcons fleuris et ses vues romantiques sur les canaux. ll se développe autour de la courte rue du Limbourg, site des principaux joyaux architecturaux de la ville. Les rues pittoresques du Patershol, bordées de petits restaurants, de cafés populaires et de bars branchés, sont considérées comme un must et la deuxième plus grande ville européenne du XVIe siècle compte plus de bâtiments classés que toute autre ville du pays. Ainsi le "Geeraard de Duivelsteen" ou "château de Gérard le Diable", ancienne résidence des seigneurs de Gand, et la cathédrale Saint-Bavon.
C'est dans cette dernière, Sint-Baafskathedraal, où sont exposés le célèbre "Polyptyque de L'Agneau mystique" (The Ghent Altarpiece) de Van Eyck (1432), l'un des grands trésors de la culture nord-européenne et qui a été l'objet d'une considérable restauration (et sujet de nombreux vols), la magnifique "Entrée de saint Bavon au cloître", de Rubens (1623),
un triptyque du Calvaire, de Hugo van der Goes (1465-1468)... Le beffroi, une tour élancée, construite en 1380, se dresse entre la cathédrale et l'hôtel de ville; elle abrite un carillon de 53 petites cloches qui sonne tous les quart d'heure. Elle domine la cité du haut de ses 91 m, et la vue est éblouissante...
Le long des deux quais du Graslei (quai aux Herbes) et du Korenlei qui encadrent l'ancien port marchand sur la Lys, les palais des anciennes corporations se suivent. Au n°14 se dresse la façade gothique et Renaissance de la maison des Francs-Bateliers, suivie par la maison des Mesureurs de grain, d'époque romane, premier exemple d'une façade avec pignon à degrés, typique des architectures flamandes....
Au bout du Graslei, au confluent de la Lys et de la Liève, se dresse l'imposant Gravensteen (château des Comtes), édifié en 1180 sur le modèle des châteaux des croisés en Syrie, jadis demeure des comtes de Flandre, puis Monnaie d'État, prison et fabrique de coton. La vue de la ville depuis le pont Saint-Michel est superbe....
Ne manquez pas non plus la visite du Museum voor Schone Kunsten (musée des Beaux-Arts), temple classique proposant une importante collection très diversifiée d'art flamand, du Moyen Âge à la première moitié du XXe siècle. On pourra y admirer deux chefs-d œuvre de Jérome Bosch, "Saint Jérôme en pénitence" (St Jerome in Prayer, 1505) et "La Montée au calvaire" (Christ Carrying the Cross, 1515-1516), mais aussi Marten de Vos, "The Family of St Anne" (1585), "Allegory of Fertility" et "Assumption of the Virgin" de Jacob Jordaens, le fameux "The Kitchen Maid", de Pieter Cornelisz van Rijck (1628), et le singulier "Portrait of a Kleptomaniac" de Théodore Géricault (1820), ...
Pour l'art contemporain, il faut se rendre au SMAK (Stedelijk Museum voor Actuele Kunst), l'une des institutions européennes les plus dynamiques consacrées à l'avant-garde artistique (mouvement cobra, pop art, art minimal, art conceptuel, arte povera), fondé par le pope d'art belge Jan Hoet dans le Citadelpark : sa réputation s'est acquise dans l'inattendu...