Fauvisme - Kees Van Dongen (1877-1968) - František Kupka (1871-1957) - Georges Braque (1882-1963) - Rik Wouters (1882-1916) - Nadežda Petrović (1873-1915) - Giovanni Giacometti (1868-1933) - Vassily Kandinsky (1866-1944) - Alexej Von Jawlensky (1864-1941) - ...
Last update : 11/30/2016
Kees Van Dongen (1877-1968)
Kees Van Dongen ne rencontre qu'assez tardivement Matisse, Vlaminck et Derain. Et il reste pourtant l'un des plus violents des Fauves, l'un des plus flamboyants. Son oeuvre aura une répercussion immédiate dans le reste de l'Europe, aux Pays-Bas et en Allemagne principalement. "Torse" qu'il envoie en 1905 au Salon des Indépendants, s'il n'est pas accroché parmi les Fauves, contribue au mouvement : la figure humaine, saisie à mi-corps et isolée sur un fonds sans motif, retrouve une solidité qu'un cerne répété souligne; quant au visage, il est fardé de quelques taches de couleurs qui le construisent...
Il travaille d'abord dans la malterie dirigée par son père et suit les cours de l'Académie de Rotterdam (1895). Il dessine pour le compte du Groene et du Rotterdamsche Nieuwsblad (1896), et les études de scènes de port, de filles de joie que le journal publie font scandale. Il traite d'ailleurs en peinture des sujets analogues et s'exprime déjà dans un style aux simplifications énergiques, haut en couleur. Il arrive à Paris le 14 juillet 1897 et élit domicile à Montmartre, où il est, en 1906-1907, l'un des hôtes du Bateau-Lavoir. À la veille de l'éclatante manifestation du Fauvisme, à laquelle il participe, Van Dongen a produit déjà une œuvre très représentative de son esprit et dont les principaux caractères se maintiendront durant plusieurs années : harmonie audacieuse mais recherchée des accords, touches en animation rapide compensant des zones d'une exécution plus régulière, sensualité complice des visages ou des attitudes. En 1908, Van Dongen envoie des dessins à l'exposition de Die Brücke ; il présente en effet avec les expressionnistes allemands des affinités plus grandes qu'avec les fauves français. En 1913, la liaison de Van Dongen avec la marquise Casati, puis, surtout, en 1916, la liaison avec Léo Jasmy vont orienter la peinture de l'artiste vers le style mondain auquel il devra sa célébrité après la guerre, sorte de compromis entre le portrait officiel et l'affiche. Mais on peut déceler l’intime décadence qui se cache sous la couche du pouvoir et de l’argent dans chacune de ses toiles ..
La Nuit ou la Lune, Van Dongen, Huile sur toile, 1922, palais princier, Monaco
Où rencontrer Kees Van Dongen?
- Finger on Her Cheek, (1910) Museum Boijmans Van Beuningen
- Lady in Black Gloves, (1908) The Pushkin State Museum of Fine Arts
- La valse chaloupée - Mistinguette et Max Dearly, (1906) Private collection
- Maria Ricotti in 'The Temptress', (1921) Musée d'art Moderne de la Ville de Paris
- Modjeska, Soprano Singer, (1907) Museum of Modern Art, New York
- The Red Dancer, (1907-1908) The State Hermitage Museum, St Petersburg
- The Thinker, (1907) Musée & Jardins Van Buuren
- Woman at the Balustrade, (1907-1910) Musée de l'Annonciade, Saint-Tropez
- Woman in a Black Hat, (1908) The State Hermitage Museum, St Petersburg
František Kupka (1871-1957)
Né en Bohême, Frantisek Kupka étudie de 1889 à 1892 à l’Académie des Beaux-Arts de Prague, poursuit ensuite ses études à Vienne, et s’initie à la théosophie et à la philosophie orientale, s’installe à Paris en 1896 , où il s’inscrit aux cours de l’Académie Julian et se fait connaître comme dessinateur satiriste. Il passe par une brève période fauve, marquée par "Rose Haе" (1906), "The Yellow Scale" (1907, Musée national d'Art moderne, Paris), "Lipstick" (1908, Centre Pompidou, Paris) , "Planes by Colors, Large Nude" (1909/1910, Musée Guggenheim, New-York), "Crimson" (1908, Centre Pompidou, Musée National d'Art Moderne), "Family Portrait" (1910, Národní galerie v Praze), "The Gallien girl" (1910, Národní galerie v Praze, Prague) et poursuit son évolution vers une peinture pure et abstraite...
Georges Braque (1882-1963)
C'est d'abord dans la mouvance des fauves que Georges Braque s'engage après avoir découvert, avec Othon Friesz, en 1905, les dernières peintures de Matisse
dans l’atelier du Couvent des oiseaux, fameuse école d'Art que dirige Matisse à Paris jusqu'en 1911 : "The Saint-Martin Canal" (1906, Collection particulière), "The Gulf, Les Lecques" (1906,
Musée National d'Art Moderne de Paris), "Landscape near Antwerp" (1906, Solomon R. Guggenheim Museum, New York City), "The Port of L'Estaque" (1906, Statens Museum for Kunst,
Copenhagen). Braque découvre donc le Midi, L'Estaque, près de Marseille, La Ciotat, les vibrations de couleurs sont bien là : Braque réalise des marines et des paysages flamboyants, le
voici juxtaposant des touches de couleur pure pour recomposer la réalité d'un petit port méridional et ses bateaux multicolores, creusant les contrastes d'ombre et de lumière, cernant les
ombres vertes et mauves d'un trait sombre et ferme. Mais la composition reste structurée, le paysage reste calme et ordonné, loin de l'exaltation des fauves….
"Mon éducation naturellement avait été faite avec modèle. J'avais appris à peindre d'après nature et, lorsque je fus persuadé qu'il fallait se libérer du modèle, ce ne fut pas du tout facile ... Mais je m'y suis mis et le détachement s'est fait par des poussées intuitives qui me séparaient de plus en plus du modèle. A des moments comme ça, on obéit à un impératif presque inconscient, on ne sait plus ce que cela peut donner. C'est l'aventure".
Ainsi pendant trois années, la peinture fauve domine l'oeuvre de Braque. Mais très rapidement sa propension à privilégier les formes et les volumes l'emporte, le dessin se simplifie, la couleur s'estompe, Braque progresse vers des paysages et maisons en forme de cubes de l'Estaque. En 1906, Braque rencontre Picasso, le 1er octobre 1907 s'ouvre la rétrospective de Cézanne au Salon d'Automne.… et c'est en septembre 1907, alors que Braque séjourne à L'Estaque, que celui-ci quitte l'univers des Fauves....
Rik Wouters (1882-1916)
Natif de Malines, Rik Wouters travaille dans l'atelier de son sculpteur de père, suit en 1900 les cours de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, se prend de passion pour l'oeuvre de James Ensor, cherche sa voie avec son ami Edgard Tytgat (1879-1957), futur illustrateur, et découvre en 1912, à Paris, les impressionnistes et les toiles de Cézanne et de Vincent van Gogh : avec son modèle, Nel Durerinckx, rencontrée en 1905, devenue sa muse et son épouse, sculpteur, le peintre ancre dans le fauvisme une représentation de la femme dans un quotidien où chaque geste prend une spontanéité lumineuse. Rik Wouters disparaît prématurément à l'âge de 33 ans, en 1916, sans pouvoir achever une oeuvre fulgurante et paradoxale, paradoxale car si colorée et éclatante au regard de son existence marquée par de nombreux drames intimes...
La Couleur, une nécessité intérieure - En 1909, le groupe NKV (Neue Kunstlervereinigung München) réunissant des artistes comme Vassily Kandinsky ou Alexej Von Jawlensky, - ils constitueront en 1911, avec Franz Marc et August Macke, le noyau de der Blaue Reiter -, va faire de la couleur un impératif de composition qui s'impose comme une «nécessité intérieure», permet de s'affranchir de la réalité, gagner en autonomie, et finalement aboutir à l'abstraction. Exposé au Salon d’Automne de 1905, Vassily Kandinsky réalise rapidement que la ligne et la couleur peuvent exister pour ce qu’elles sont (vibrations, rythmes, sons, symboles …) et les paysages qu’il peint alors deviennent des «prétextes» à la peinture pure qui gagne en spiritualité...
Vassily Kandinsky (1866-1944)
"Les premières couleurs qui me firent grande impression sont le vert clair et vif, le blanc, le rouge carmin, le noir et le jaune ocre. Ces souvenirs remontent à ma troisième année, ces couleurs appartenaient à divers objets que je ne vois pas aussi clairement que les couleurs elles-mêmes", écrit Kandinsky, et c’est lors d’une exposition Monet présentée à Moscou en 1895 qu’il réalise face à une des peintures, "les Meules", l’extraordinaire potentiel de la couleur dans la peinture, à Paris il découvre l’œuvre de Matisse, Gauguin, Cézanne ou Picasso, mais ne parvient pas encore à s'exprimer véritablement, il lui faudra attendre 1908 et son retour à Murnau pour prendre le chemin de l'abstraction...
"Schwabing - Nikolaiplatz", "Russian night", 1901-1902, Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich - "Pink Landscape", 1903, Private collection, Amsterdam - "View from the Window", 1904, Solomon R. Guggenheim Museum, New York City - "Park of St. Cloud - Autumn", 1906, Private Collection - "Colorful Life", 1907, Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich - "Autumn Impression", 1908, Smith College Museum of Art, Northampton - "Studie für Herbstlandschaft mit Booten (Study for autumn landscape with boats)", 1908 - "Murnau - View from the Window of the Griesbräu", 1908, Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich - "Study for "Landscape with Tower", 1908, Solomon R. Guggenheim Museum, New York City - "Autumn in Bavaria", 1908, Centre Pompidou - "Murnau, Kohlgruberstrasse", 1909 - "Garden in Murnau", 1910, Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich - "Winter Landscape with Church", Guggenheim Museum...
Alexej Von Jawlensky (1864-1941)
Formé par Repine, Jawlensky s'installe en 1896 à Munich , et c'est en 1905, exposant au Salon d’automne, qu'il rencontre Matisse et que sa peinture prend une tournure décisive intégrant cette "nécessité intérieure" de réduire ce qu'il voit à ce qu'il sent, via des surfaces colorées qui génèrent une réalité picturale autonome : c'est dans ses portraits totalement libres qu'il exprime le mieux cette extraordinaire leçon des Fauves (Jeune Fille aux pivoines, 1909, musée de Wuppertal ; Nikita, 1910, musée de Wiesbaden). En 1909, il prend part avec Kandinsky à la fondation d'un groupe artistique, la Neue Kunstlervereinigung, se rapproche un temps du Blaue Reiter qui se forme autour de Kandinsky, mais peut-être sous l'influence du cubisme et du Jugendstil, il modifie sa peinture en soulignant les formes par des cernes, caractéristique de ses paysages et à ses portraits lors de son séjour en Suisse (1914-1921). Il s'installe par la suite définitivement à Wiesbaden, s'attache à la forme humaine pour la réduire parfois à un schéma graphique ou laisse s'exprimer une couleur assourdie, recréant un véritable monde légendaire. Vers 1934, atteint par une arthrite chronique, Jawlensky abandonne toute référence géométrique pour travailler à la façon des anciennes icônes, avec une gravité douloureuse et plus mystique...
Works: "The Girl Marie", 1903, Private collection - "Self-Portrait in Top Hat", 1904 - "Mediterranean Coast", 1907, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Munich - "Red Roofs", 1907 - "Helena Jawlensky", 1908 - "Small Child", 1908 - "The Dancer Sacharoff", 1909, Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich - "Murnau Landscape", 1909 - "Purple Turban", 1909 - "Schokko in Red Hat", 1909 - "Young Woman with Peonies", 1909, Von Der Heydt Museum - "Ascending Path into the Evening", 1910 - "Female Nude, Sitting", 1910, Städtische Galerie im Lenbachhaus, Munich - "Girl with Black Hair", 1910 - "Girl with Green Face", 1910, Art Institute of Chicago - "Helene in Colored Turban", 1910 - "Schokko in a Wide Brimmed Hat", 1910 - "Sleeping Woman", 1910 - ...
Nadežda Petrović (1873-1915)
Native de Čačak, Petrović (Надежда Петровић) étudia à Belgrade, puis à Munich avec le peintre slovène Anton Ažbe de 1898 à 1903. Après sa période serbe (1903-1910), elle vit à Paris de 1910 à 1912 et devient le peintre féminin serbe le plus important du début du XXe, représentante reconnu du fauvisme avec ses tableaux dominés par de larges surfaces rouges et vertes : "Granica" (1913), "Beach in Bretanji" (1900), "Velikafa" (1905), "Resnik" (1904) figurent au musée de Belgrade...
Giovanni Giacometti (1868-1933)
Natif de Stampa, Giovanni Giacometti se détache des représentations des paysages alpins auxquelles le forme le si symboliste peintre italien Giovanni
Segantini (1858-1899), rencontre Paul Gauguin, Pont-Aven et Vincent van Gogh à travers son ami le peintre Cuno Amiet (1868-1961) et devient ainsi un des grands représentant du "colorisme"
helvétique, aussi audacieux que le néo-impressionnisme....